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Indre 1914-1918 - Les 68, 90, 268 et 290e RI
8 janvier 2005

La 24e du 290

Récit du lieutenant Ramez.

"La 24e compagnie en quittant Euvy le 8 au matin s'est portée jusqu'aux abords Nord de Gourgançon vers 11 heures. Là, le commandant de la compagnie a donné à chaque section un front très étendu (environ 250 mètres) avec mission d'organiser la défense de Gourgançon en avant, face au Nord et au nord-est. Une demi-heure après environ, contrordre.

A partir de ce moment la compagnie marche sur le chemin Gourgançon - cote 122 - Moulin de Connantre, en formation de pointe d'avant-garde. Je commandais les éclaireurs et reçus à deux reprises différentes la visite du Colonel Hirtzmann. Je ne crois pas me tromper de chemin, car je me souviens nettement avoir quitté cette direction au moment où le chemin en question coupe la route Corroy-Fère-Champenoise, environ à mi-distance entre Corroy et la cote 130.

A partir de ce moment la compagnie prend la direction de Fère-Champenoise jusqu'à la cote 130. Le colonel et ses éclaireurs montés passent en avant de nous. Une batterie de 75 est établie exactement sur cette cote, sa droite appuyée à la route. Au moment où nous arrivons à sa hauteur des rafales d'obus de moyen calibre (105 ou 150 probablement) tombant très justes, font taire la batterie et dispersent l'échelon.

La 24e compagnie fait un à gauche et rentre dans les bois de sapins à l'Ouest de la toute. Quelques shrapnells nous poursuivent sans nous occasionner de pertes. Il est à ce moment environ 18 heures.

En suite la compagnie redescend vers Corroy, parallèlement à la route Fère-Champenoise-Corroy. Nous arrivons dans ce village vers 20 heures. On cantonne à l'extrémité Est. Il y avait également dans le village le 93e et un troisième régiment dont je ne me rappelle plus le numéro.

Le 9 au matin la compagnie sort de Corroy et se dirige vers les sapins à l'Ouest de la cote 130. Nous pénétrons dans ces sapins au point marqué A. J'ignore totalement la mission de la compagnie et encore plus l'emplacement et la mission éventuelle du régiment. Le Capitaine ne me communique aucun renseignement, cependant je suis le seul officier autre que lui à la compagnie.

La compagnie descend alors directement vers la Pleurs. Nous arrivons aux environs du point marqué B vers 7 h. 30 à 8 heures. Quelques obus percutants de petit calibre (105 au plus) tombent de temps à autre dans nos environs.

Suivant le point de chute des obus nous reculons ou avançons.

Au bout d'une heure ou une heure et demie de ce manège, le Capitaine me fait envoyer une patrouille vers le nord-est pour trouver la limite du bois (nous croyions en être à environ 200 à 250 mètres). Cette patrouille revient n'ayant rien trouvé. Une deuxième n'a pas plus de succès. Enfin, je prends le commandement d'une troisième patrouille comprenant le caporal Bénard (conseiller municipal à Châteauroux, m'a-t-on dit) et quatre hommes.

Nous marchons sur un petit chemin environ 400 ou 500 mètres, les autres patrouilles avaient hésité à pousser aussi loin. Nous arrivons au point marqué C d'où nous découvrons la plaine, malheureusement trop tard.

De la lisière des sapins nous apercevons les Allemands en colonnes par quatre à environ 250 mètres (certainement pas plus). On distingue parfaitement au moins un bataillon précédé d'une dizaine de tirailleurs à 50 mètres devant la tête du bataillon. Bénard voudrait tirer, je m'y oppose, notre mission étant avant tout de renseigner.

Un peu avant d'arriver à la lisière j'avais hélé un Lieutenant (j'ignore de quelle unité) commandant une section de mitrailleuses placée contre la rivière (point M). Malheureusement, il ne pouvait voir ce bataillon et tirait sur l'autre rive dans la direction de la cote 120 à l'Ouest de Fère-Champenoise.

J'envoie donc immédiatement Bénard avec mission de prévenir le Capitaine et je continue à observer une ou deux minutes, puis réflexion faite, je décide d'aller moi-même rendre compte et expliquer la situation au Capitaine. Je savais que la confiance en lui était, très mince

Je n'insiste pas sur ce qui se passa au moment où je mis le Capitaine au courant... Finalement, j'obtins de prendre trois sections, il voulut absolument en garder une en réserve. Je fis donc déployer la 1ère (la mienne), la 3° (Daguerre) et la 4e (sergent Deschamps) ; la 2e  (Braquet) resta avec le Capitaine que je ne devais plus revoir avant 18 heures.

Les trois sections avancent, la 1ère  avec une flanc-garde à gauche, longeant presque la rivière. Malheureusement nous faisions du bruit et il fallut un peu exciter les hommes. Nous allons arriver en vue de la plaine, à l'endroit où la troisième patrouille était précédemment (point C). Il est environ 10 h. 30. Encore quelques pas et nous sommes à la lisière. Un son d'harmonica se fait entendre et subitement un feu de salve à bout portant disperse ma section. Cloué sur place par la surprise, je vois alors quelques Allemands s'enfuir. Ils n'ont tiré qu'un seul coup de feu. Quant à ma section et aux autres, elles sont disparues. Force m'est de chercher à les rejoindre. J'ai du reste pu suffisamment voir que la plaine fourmille d'Allemands.

Je ne tarde pas à rencontrer deux de mes sergents et pas mal d'hommes. Les Allemands nous ont laissé approcher de bien près, car sur un sergent blessé à la cuisse (Roner) on voit très bien que la balle va en montant. Quelques Allemands sont dispersés en tirailleurs dans les sapins longeant la lisière. Ils observent vers le Sud. Plusieurs de mes hommes en ont tué en arrivant par derrière eux.

On retrouve ainsi pas mal d'hommes des trois sections engagées et nous sortons des sapins au point D. Les 3e et 4e sections à peu près au complet, la 1ère diminuée de 1 sergent, 2 caporaux et une douzaine d'hommes.

Bénard, le caporal de la patrouille faite avec moi est disparu. On le retrouvera le surlendemain percé de 10 ou 15 balles.

Les Allemands qui ont tiré sur ma section faisaient, je pense, partie d'une flanc-garde qui n'était pas encore arrivée au moment où j'ai vu la colonne allemande en marche vers la cote 130. En tout cas, cette colonne était assez mal couverte et lorsque j'ai connu les ordres donnés à la compagnie, combien j'ai regretté de les avoir ignorés. Il était si facile d'être en place pour 9 heures et même avant à la lisière nord-est des sapins et d'attendre les Allemands, nous eussions eû alors la partie belle.

A notre sortie du bois nous trouvons un bataillon (à effectifs bien réduits) du 65e R.I. commandé par un Lieutenant. Faute de mieux je me joins à lui et nous prolongeons sa ligne à gauche. Cette ligne est figurée en E F.

A ce moment arrive le sergent-fourrier (point D) Blanchet de la compagnie, porteur d'un papier du Colonel ainsi conçu : « Je vous ai envoyé en flanc-garde à la gauche du «régiment, des éléments d'infanterie allemande s'infiltrent par «notre gauche, où êtes-vous ? que faites-vous ? » Je répondis au dos du billet : « En l'absence du Capitaine, le Lieutenant «ramez a l'honneur de faire connaître à M. le Colonel, qu'il «a avec lui trois sections et qu'isolé il s'est joint à un bataillon du 65e R.I. » Je recommandai au fourrier d'indiquer au Colonel mon emplacement.

Il est exactement midi, je me rappelle avoir tiré ma montre.

Peu de temps après, le bataillon en question reçut l'ordre de retraite. Nous participons à son mouvement et nous arrivons à Corroy en passant près de l'église. Le village est rapidement traversé et les obus allemands commencent à nous poursuivre sur la route Corroy-Fresnay.

Notre marche se poursuit jusqu'au point G où nous sommes arrêtés par des officiers d'E.-M. accompagnés de gendarmes, revolver au poing. On me demande : « Quel régiment ? » 290e. Un Capitaine m'indique alors que je dois déployer mes hommes face au. Nord, à environ 400 mètres à l'Est de la route, sur le chemin qu'il m'indique, au point H et d'attendre. Il est environ 13h.30».

Sources: Eggenspieler "Un régiment de réserve en Berry - Le 290eRI" Bourdier 1932

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Commentaires
E
Bonsoir! Ne te m'éprends pas sur mon "titre du commentaire". Je penses toujours à toi,..... concernant les sépultures de FERE-CHAMPENOISE, mais depuis qqs temps, le climat est épouvantable pour réaliser des clichés. J'ai tenté qqs expériences à PONTAVERT (réussies), mais difficiles. J'ai, en attente qqs autres photos de FERE pour te faire patienter (je verrai demain, 20/02/06). D'autre part, cela fait plusieurs fois que je regarde cette carte ci-dessus. J'y passe régulièrement sais-tu ? Corroy, Euvy, Gourgançon,... As-tu des besoins de photos dans ce secteur. Par ailleurs, j'ai découvert un monument sur la périphérie du camp de munitions de CONNANTRAY-VAUREFROY (avec photo, date, nom et tout et tout); cela t'intéresse-t-il?. Pour terminer, en ce qui concerne Nécropole FERE, au plus tard, je m'y rendrai à partir du 11 mars,... je serai en perm,... pour 11 jours ! (C'est pas beau ça !). Bien amicalement. Jean-Pierre THOMAS.
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