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Indre 1914-1918 - Les 68, 90, 268 et 290e RI
31 mars 2005

Fin de secteur

Présent dans le secteur d'Ypres depuis la mi octobre, le 290e RI quitte enfin le secteur d'Ypres:

"Le 26 mars un ordre de la 18e D.I. nous informait que nous serions relevés dans la soirée par le 268e et que nous quitterions définitivement le secteur d'Ypres.
La relève se fit en effet dans la première partie de la nuit. Nous passions la deuxième partie au cantonnement à Ypres. Au jour nous avons gagné Wlamertinghe.
Le pauvre village avait joliment changé d'aspect. Les Allemands l'avaient à moitié démoli à coups de canon. Certaines façades de maisons portaient de longues traînées de sang, qui ne pouvaient provenir que de personnes qui furent surprises dans la rue par les obus".

Sources: Eggenspieler "Un régiment de réserve en Berry - Le 290eRI" Bourdier 1932 

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28 mars 2005

La sentinelle

LA SENTINELLE

Mouillé s'il pleut, transi s'il gèle,
Las d'entendre choir comme grêle
Balles, pétards, bombes, obus
Les pieds dans l'eau jusqu'aux chevilles
Et grelottant sous mes guenilles,
Je sens mes pauvres os fourbues.

Aux cours des longues nuits de garde,
Dans les ténèbres je regarde
Si la pointe d'un casque luit,
Aux heures calmes, qu'on redoute,
Scrutant le silence, j'écoute,
Pour percevoir le moindre bruit.

... Un coup de pioche - Est ce une mine?
J'ai peur! Pourtant je me domine
Et j'accepte - s'il faut mourir -
De ne jamais revoir la blonde
Qui fut pour mon coeur en ce monde
Le seul rêve et le seul désir.

J'accepte de mourir sans gloire.
(On ne lira pas dans l'histoire
Ce qu'un soldat est devenu.)
Que mon trépas reste anonyme
Le courage est plus magnanime
Quand le héros tombe inconnu.

Me suffit la pensée altière
D'être cette nuit la frontière
Droite et vivante du Pays.
En mon corps s'incarne mon âme,
Si je recule, je l'entame;
Si j'avance, je l'agrandis.
 

Ce poème est issu de l'ouvrage de Maurice Laurentin "Carnets d'un fantassin de 1914".
Lieutenant au sein du 77e Ri du 9e CA, Maurice Laurentin n'allait pas tarder à quitter ce régiment pour venir au sein du 268e RI.

27 mars 2005

Pâques 1915

Pâques, en 1915, tombait aux alentours de début avril. Aux armées aussi, on fête la Pâques, parfois avec les moyens du bord ou dans des conditions inhabituelles. Voici ce qu'en rapporte le colonel Eggenspieler:

"Le 3 (avril 1915), le régiment se trouvait à Esquelbec où il est resté encore pendant les deux journées suivantes. Le jour de Pâques se trouvait juste être un de ces jours. Aussi le régiment a-t-il organisé une messe solennelle, avec musique et chant, comme certainement les habitants n'en avaient jamais vue. Des formations sanitaires qui se trouvaient à demeure dans la localité, nous avaient prêté le concours de leurs artistes. Le Sergent Bouchard, grand et beau soldat, en temps de paix, Vicaire à Vatan, officiait. Il était superbe dans sa chasuble sur laquelle il avait épinglé sa décoration russe de Saint-Georges. Un brancardier du régiment, ancien Prix de Rome, tenait les orgues. Il a fallu prendre quelques précautions avec cet artiste qui avait un fort penchant pour les spiritueux. Pour éviter tout accident, il a fallu lui adjoindre toute la matinée un Sergent, avec consigne formelle de l'empêcher de toucher à quelque narcotique que ce fut. La précaution était bonne. Notre artiste s'est acquitté magistralement de sa mission musicale. L'église était comble, aussi bien de militaires que de civils. Le Général Lefèvre présidait en personne la cérémonie".

Sources: Eggenspieler "Un régiment de réserve en Berry - Le 290eRI" Bourdier 1932

25 mars 2005

Usure de la troupe

"Il y avait en moyenne quatre à cinq hommes mis hors de combat par jour, soit de quinze à vingt par période de tranchée de quatre jours. Il y avait le même nombre d'évacuations pour la même période. Le régiment perdait donc de trente à quarante hommes par semaine dans un secteur où il n'y avait plus d'attaque. On s'explique donc l'appel incessant des unités combattantes à leurs dépôts, et l'énormité de la circulation entre l'intérieur et le front, dans un sens comme dans l'autre. Dans les trois mois de séjour au Bois du Polygone, il est arrivé environ 1.200 hommes au régiment. Ces hommes provenaient de tous les dépôts de la 9e Région, ce qui a modifié passablement la composition initiale, berrichonne du régiment.

Les renforts arrivaient habillés et équipés de neuf. Ce sont eux qui ont amené les premières culottes de velours. Pour commencer, elles n'avaient pas de passe-poils, elles pouvaient donc être considérées comme des effets civils. On a craint que les Allemands, en faisant prisonniers des hommes portant des culottes civiles, ne les considérassent pas comme des combattants et les fusillent. Les Allemands après tout, étaient bien capables de chicanes de ce genre. On a alors vivement recommandé aux hommes de munir leur culotte de passe-poils avant d'entrer en ligne. Je ne me rappelle pas comment ils s'y sont pris pour exécuter ce travail. Je crois bien qu'ils n'ont rien fait du tout".

Sources: Eggenspieler "Un régiment de réserve en Berry - Le 290eRI" Bourdier 1932

23 mars 2005

Saint Charles de Potyze

En cette fin mars 1915, le GQG a décidé du départ du 9e CA. Les hommes de troupes ne le savent pas, mais il leur reste encore peu de jour à tenir.

Lors de son long séjour en Flandres, le 9e CA a connu de nombreuses pertes. Le sang de France s'est écoulé dans les terres de Belgique.

Aux alentours d'Ypres, nombreux sont ceux qui y sont inhumés, mais aussi nombreux sont ceux qui disparurent à jamais dans cette terre de Flandres.

Le cimetière français Saint Charles de Potyze est le principal lieu de mémoire du secteur.

Découvrez ce lieu au travers d'une vidéo visible via un excellent site (en anglais) :

Saint Charles de Potyze

Sources vidéo : http://www.firstworldwar.com

Site à visiter absolument, au moins pour les illustrations, cartes, et autres documents…

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17 mars 2005

La vie sur le front des Flandres en mars 1915

"La majeure partie de notre front se trouvait toujours dans le Bois du Polygone, mais nous avons été notablement déplacés vers la gauche. C'est là, au-delà du ruisseau que la tranchée de première ligne était si mauvaise. Elle était établie en contre-pente sur une croupe. Les Allemands ne pouvaient pas la voir de front; par contre, ils la battaient d'enfilade avec une mitrailleuse.

C'est à peu près en même temps qu'on modifiait l'occupation du secteur, que j'ai dû abandonner mon P.C. de la chaumière. A un moment donné, des troupes du Génie sont venues établir un réseau de fils de fer en avant du P.C. Ce réseau correspondait à une deuxième ligne de défense qu'on projetait d'installer, en vue d'une occupation prochaine du secteur par des troupes anglaises. Le Génie exécutait ses travaux en plein jour. Le résultat ne se fit pas attendre. Dès le second jour, les obus allemands rappliquèrent sur la position, si bien qu'au bout de trois ou quatre jours, le Génie dut renoncer à ses travaux. Il s'en alla, mais ma pauvre chaumière qui n'était pour rien dans ce qu'avait fait le Génie, resta en place. Elle fut englobée dans les représailles allemandes. Les artilleurs allemands plaçaient des fusants si exactement sur le faîte que force fut d'évacuer le vieux home, parce que les fusants ne sont, en général, qu'un prélude aux percutants. Je dus pour 24 heures demander asile au Capitaine Legros, commandant notre groupe d'artillerie. Pendant ce temps, j'ai déniché une belle maison du côté de Westhock. Il y en avait là tout un groupe sur une croupe bien en vue. Elles étaient toutes intactes. Je choisis la plus éloignée du chemin et nous nous y installâmes. Pendant longtemps, nous y avons été tranquilles. Mais, peu à peu, la situation s'est gâtée. Les Allemands ont dû s'apercevoir de la circulation à laquelle donne forcément lieu un P.C. de régiment. En tout cas, des obus, tous les jours plus nombreux et plus menaçants, arrivaient vers la maison, au point que nous jugeâmes prudent de creuser un abri sur la façade arrière. Quand les obus devenaient réellement menaçants, il se passa des scènes comiques dans notre cuisine. Le cuistot était un vieux colonial. Je ne sais pas s'il avait pris l'habitude des balles dans ses campagnes d'outre-mer; en tout cas, il n'avait pas rapporté celle des obus. Certain soir, pendant qu'il était dans l'exercice de ses fonctions, des obus allemands rasèrent le faîte de la maison. A chaque obus le cuistot exécutait une pirouette avec sa poêle à la main. Plus les obus passaient bas, plus le cuistot faisait ses pirouettes près du sol. Finalement, ne trouvant plus moyen de se baisser davantage, notre cuistot disparut dans l'abri derrière la maison, après avoir, cette fois, abandonné sa poêle. L'orage passé il revint tranquillement achever son dîner".

Sources: Eggenspieler "Un régiment de réserve en Berry - Le 290eRI" Bourdier 1932

13 mars 2005

Des remerciements, cela ne fait pas de mal

En ce 13 mars, les sujets à traiter sur le blog sont nombreux, cependant il manque toujours l'indispensable à savoir le Temps. L'établissement d'une liste des "Morts pour la France" des unités indriennes m'occupe pleinement. En ce moment, cette activité est traitée en parallèle de la numérisation de l'historique d'une unité soeur: le 66e RI de Tours via le fascicule "le Six-six à la guerre".

Depuis quelques mois, j'effectue un relevé systématique du site "Mémoires des Hommes" à la recherche des hommes des 68, 90, 268 et 290e RI, mais aussi 65 et 66e RIT, 9e escadron du train, 9e section d'infirmiers militaires et autres unités spéciales du  9e Corps d'Armée. Après avoir lu plein de livres, et relevé les noms cités, recherché via le net sur les forums et les arbres généalogiques, fait appel aux bonnes volontés ..., il ne restait plus que le relevé systématique par ordre alphabétique.
Actuellement, 160.000 fiches ont été visionnées soit 12% du nombre total.
Concernant nos unités: j'ai collecté 3300 fiches dont:
68e RI, 268e RI, 66e RIT: 1714 fiches
90e RI, 290e RI, 65e RIT: 1504 fiches

Seconde étape, le recoupement avec le site "Sépultures de guerre" afin d'éventuellement connaître le lieu de repos de ces Hommes, la cerise sur le gâteau étant lorsque certains correspondants me transmettent des photos des dites sépultures rencontrées lors de leurs promenades.

Je profite de ce message pour remercier mes généreux donateurs dont les principaux se reconnaîtront, qu'ils soient d'Artois, du Nord, de Belgique, de l'Est,... du Berry bien évidement ou même des Yvelines, des Alpes Maritimes ;-)

Merci aussi et surtout à Mireille, de me supporter devant mon micro toute la soirée

10 mars 2005

Passage à la 18e DI (suite)

"Le remaniement du secteur a eu pour conséquence de nous faire changer de cantonnement. Nous quittions notre vieux patelin boueux de Wlamertinghe pour la petite ville d'Ypres. Nous ne perdions pas au change. Quoique la ville eût déjà reçu un nombre considérable d'obus, et que beaucoup de maisons fussent éventrées, il y avait dans la partie Nord des rues entières encore intactes. Nous allions également être beaucoup plus près des lignes, ce qui devait faciliter grandement le jeu des relèves. Au lieu de rentrer au cantonnement à 6 ou même à 7 heures du matin, les hommes allaient y être entre minuit et 1 heure.

Les Compagnies au repos et la C.H.R. étaient installées dans la partie Nord-Ouest de la ville, autour de la place du Marché, où il y avait comme locaux une caserne du Génie et la prison. Entre les deux, se trouvait une place, qui s'appelait la Plaine d'Amour, et qui semblait être un terrain d'exercice. Au bout de ce terrain était la Gendarmerie. Les Allemands tiraient fréquemment dans cette direction. Un jour un obus est tombé sur la caserne du Génie et a blessé deux hommes.

Il n'y avait à Ypres que deux compagnies. Les quatre jours de repos se passaient en vaccinations continuelles contre la fièvre typhoïde. En principe, l'immunisation comprenait deux séries de piqûres, séparées par un intervalle de huit jours. Mais si la deuxième série n'avait pas réussi, on recommençait à la première, de sorte que certains hommes n'en finissaient jamais. Je comprends que ceux-là aient été dégoûtés de la vaccination. Le Général Dubois, qui est venu me voir un après-midi, en voyant une colonne de vaccinés traverser la place, était fort en colère quand je lui eus dit que ces hommes ne venaient pas de l'exercice, ainsi qu'il se l'imaginait, mais de l'infirmerie. Malgré qu'on vaccinait avec tant d'ardeur, il n'y eut aucun accident grave.

L'occupation du secteur comportait le régime suivant. Un bataillon avait trois compagnies en ligne, et la quatrième en soutien. L'autre bataillon avait deux compagnies en réserve de la première ligne, et deux compagnies au repos à Ypres. Les deux bataillons alternaient tous les quatre jours. Moi-même, j'alternais tous les quatre jours pour le commandement en ligne ou à Ypres".

Sources: Eggenspieler "Un régiment de réserve en Berry - Le 290eRI" Bourdier 1932

9 mars 2005

Passage à la 18e DI

Début mars 1915, le 9e corps d'armée est toujours dans la région d'Ypres et cela depuis la fin d'octobre 1914, alternant ainsi périodes en ligne et périodes de repos. Jusque là, rattachés à la 17e DI, avec les 68e et 90e RI, les 268e et 290e RI changent d'affectation, voici ce qu'en rapporte le chef de corps du 290e, le colonel Eggenspieler :

"Le 3 mars 1915, une modification importante se produisit dans le secteur. La 17e D.I. fut retirée des lignes et nous fûmes rattachés à la 18e D.I.

Le Général Guignabaudet commandant la 17e D.I., malgré qu'il eût toujours l'arrière-pensée de la tranchée perdue par le régiment, lui a néanmoins adressé un ordre du jour très élogieux avant son départ. Je le transcris d'autant plus volontiers ici, que plus tard il nous est arrivé fréquemment d'être rattachés à des divisions, où nous consentions les plus gros sacrifices, et qui nous ont laissés repartir sans un mot de remerciement. C'est une faute de la part des Chefs d'ignorer ce qu'une troupe a accompli sous leurs ordres.


            Ordre

Au moment où le 290e quitte la 17e Division, le Général Commandant tient à lui exprimer toute sa satisfaction et tous ses remerciements pour les excellents services qu'il a rendus pendant les quatre mois et demi qu'il a été sous ses ordres.

Dans les différents secteurs où il s'est trouvé, son attitude au feu justifie pleinement la mesure prise récemment par le Général Commandant en Chef, de ne plus faire de distinction entre les régiments, et dans la nouvelle offensive qui se prépare, le 290e régiment saura certainement se tailler une bonne part dans le succès.
Au Q.G., le 4 mars 1915.
Le Général Commandant la 17e D.I.,
Signé : GUIGNABAUDET".

Sources: Eggenspieler "Un régiment de réserve en Berry - Le 290eRI" Bourdier 1932

8 mars 2005

On n'a pas tous les jours vingt ans

On a pas tous les jours vingt ans, ainsi le chantait Berthe Silva, mais en ce 2 mars 1915, soit vingt ans plus tôt, le jeune officier Carpentier aurait certainement souhaité les fêter autrement, dans d'autres circonstances et en d'autres lieux.

"2 mars- Nous sommes au repos à Saint Jean près d'Ypres. Les officiers du bataillon et ma compagnie fêtent mes vingt ans. Les Allemands troublent notre joie en bombardant violemment le village. Au dessert, nous sommes obligés d'abandonner la table. C'est vexant. Pas moyen d'être tranquille".

Sources : « Un cyrard au feu » Marcel Carpentier Editions Berger Levrault 1964

Sources audio : Berthe Silva 1935 http://bmarcore.club.fr/class-O/BO133.html

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