11 heures, on attaque
Il y a tout juste 90 ans, le capitaine Carpentier nous raconte sa dernière attaque :
16 juin – Mon bataillon est deuxième vague d’assaut. La matinée est splendide. Nos batteries tonnent sans arrêt, inondant de projectiles les tranchées et défenses allemandes et le bois de la Folie, qui sur la crête, est un repaire de batteries allemandes. A notre droite, le 20e corps attaque sur Neuville et le Labyrinthe. A gauche, le 33e vers Souchez.
C’est pour 11 heures.
A 10h50, je fais préparer mes hommes.
Automatiquement et sans autres ordres, je dois à 11 heures aller remplacer en première ligne le bataillon qui vient de charger.
11 heures – La fusillade éclate. Le premier bataillon est parti. Au même instant, les Allemands déclenchent un tir de barrage terrible sur nos premières et deuxièmes lignes. Les 105 et 150 fusants et percutants arrivent par salves de quatre et six coups.
Je prends la tête de la compagnie et nous nous engageons dans le boyau qui conduit à la parallèle de départ.
Cent mètres à peine à parcourir. Les obus éclatent de toutes parts. Par endroit, le boyau est obstrué. Nous avançons quand même. A chaque pas des cadavres qu’il faut enjamber. Des centaines d’éclats viennent se ficher en terre, devant nous.
Un obus rase ma tête et va éclater quelques mètres plus loin au milieu du boyau !! Une bousculade, des râles. Il m’a tué sept hommes dont un de mes bons sergents.
Nous arrivons enfin à la parallèle de départ.
Le colonel est là debout, sur la banquette, insouciant du danger, au milieu des balles et des obus. Jamais je n’ai vu un homme aussi maître de lui que le colonel Alquier.
Sources: Général Marcel carpentier "Un Cyrard au Feu" Berger Levrault 1964