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Indre 1914-1918 - Les 68, 90, 268 et 290e RI
29 septembre 2007

Veille d'attaque sur la crête

Le 23 (juillet 1917) nous étions en ligne avec les deux bataillons. La deuxième quinzaine de juillet était particulièrement agitée. L'infanterie allemande était nerveuse, elle était engagée dans de violents combats sur .le plateau des Casemates. Elle demandait â chaque instant des barrages à son artillerie. Nous nous tenions sur nos gardes.
Le 25 l'intensité des tirs s'accentuait. Un violent bombardement s'établit sur tout le front compris entre le Doigt et le plateau des Casemates. On avait donné le nom de Doigt à un boyau situé sur l'éperon au Nord-Ouest de Hurtebise et qui avait vaguement la forme d'un doigt replié au bout. Un déserteur vint se rendre dans nos tranchées. C'était signe d'un événement prochain. Le déserteur nous fit en effet connaître qu'une attaque générale allemande aurait lieu dans la soirée. Vers la fin de la journée un violent tir de préparation s'abattit sur le secteur à notre gauche, tenu par le 90e, et sur Hurtebise qui était dans notre propre secteur. Nous nous tenions prêts, mais aucune attaque ne se déclencha. Le Commandement ne bougea pas. Il n'avait rien à nous dire. Cette situation me rappelait les thèmes tactiques d'avant-guerre où toutes les deux ou trois heures on recevait un renseignement, après lequel il fallait chaque fois dire ce qu'on faisait. Dans le thème du 25 au soir, on ne faisait rien.

Sources: Colonel Eggenspieler - Le 290e RI, un régiment de réserve du Berry

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21 septembre 2007

La chanson du sapeur

                          I
       Pour faire un puit et une mine,
       pour faire une mine et un puit,
       nos gradés ont pris une mine
       grave, grave, très grave, et puis,
       pour faire un puits et une mine,
       le capitaine a ordonné,
       les lieutenants ont répété,
       les sergents ont tous regardé...
           et le sapeur a travaillé.
               Dans la mine,
               dans la mine,
       bon sapeur, chemine, chemine...

                          II
       Pour continuer cette mine,
       cette mine du fonds du puits,
       nos gradés ont pris une mine
       encore bien plus grave, et puis,
       pour continuer cette mine,
       le capitaine a hésité,
       les lieutenants ont calculé,
       les sergents se sont dérangés...
           le sapeur a continué.
               Dans la mine,
               dans la mine,
       bon sapeur, chemine, chemine...

                          III
       Un jour, elle a sauté, la mine,
       cette mine du fonds du puits.
       Nos gradés ont pris une mine
       encore bien plus grave, et puis,
       comme elle avait sauté, la mine,
       le capitaine a toussoté,
       les lieutenants ont fait un thé,
       les sergents se sont écartés...
           le petit sapeur a sauté.
               Dans la mine,
               dans la mine,
       bon sapeur, voici la vermine...

       Vauquois, 1915. 

Jean Arbousset, Livre de Quinze Grammes, caporal.

Sapeur_LucienJonas
Le sapeur - Peinture de Lucien Jonas

 

15 septembre 2007

Secteur du Chemin des Dames

En ce mois de juillet 1917, le 290e RI se trouve à prendre son tour sur le Chemin de Dames. Il est alors dans le secteur tristement célèbre situé entre la Ferme d'Hurtebise et le plateau de Californie, faisant face au Plateau des Casemates, voici ce qu'en rapporte le colonel Eggenspieler:

Nos tranchées s'appuyaient à droite au plateau de Californie et au Moulin de Vauclère, dont on ne voyait plus trace, à gauche elles aboutissaient à la Ferme de Hurtebise dont on ne distinguait plus que les murs de fondation dans la cave. Nos tranchées portaient les noms de Tranchée des Charentes, des Basques, de Spire et de Hurtebise.
Pour nous rendre en ligne, ou en sortir, nous disposions, en cas de bombardement, outre le chemin de Beaurieux, du très bon boyau de Saint-Quentin. Le P.C. de notre Division devait se trouver à Beaurieux, celui de la 18e (à ce moment Général Dillmann) se trouvait au Château du Blanc-Sablon à 100 mètres en arrière du mien.
Celui de la 33e Brigade, dont je relevais pendant les opérations, se trouvait dans le site plaisant du Moulin-Rouge, caché sous une énorme futaie. Quant à notre Brigade à nous, j'ignore où elle se tenait, je n'ai jamais eu à communiquer avec elle. Le P.C. du régiment quand nous étions en ligne se trouvait au plateau triangulaire à 1500 mètres environ au Sud de la bifurcation des deux chemins d'Oulches et de Craonnelle. Je pouvais venir en plein jour et à cheval à 500 mètres; du P.C.
Nos cuisines roulantes avaient trouvé des emplacements très bien défilés dans des abris creusés dans le talus Nord du chemin allant du plateau triangulaire à Oulches.

Eggen_P461

Devant nos tranchées de première ligne, nous avions un bas-fond dans lequel on ne distinguait à peu près rien, à cause de la haute futaie qui le couvrait. Dans ce fond se trouvait la clairière des Frères Anciaux. La crête du Chemin des Dames la dominait d'environ 120 mètres. De notre tranchée de première ligne, on ne voyait rien des lignes allemandes, à cause des arbres et de la forte pente du terrain. C'est à peine si on apercevait de la terre fraîchement remuée sur les pentes Nord de l'Eperon de Californie. La situation de notre première ligne en courtine entre cet Eperon et celui de Hurtebise, n'était pas favorable à une attaque directe. Aussi les Allemands n'y sont-ils jamais venus. Leurs efforts portaient surtout sur les deux Eperons, sur celui de Californie, encore plus que sur celui de Hurtebise.

CDD_Hurtebise
Chemin des Dames - Hurtebise

Comme dans la plaine devant Juvincourt, je me suis intéressé ici à notre travail de préparation d'attaque. Les tranchées allemandes n'étaient de loin pas bouleversées comme celles de la plaine, et cependant les Allemands n'y avaient fait aucuns travaux de bétonnage, et les abris profonds y étaient rares. Il est évident que sur cette hauteur en dos d'âne le réglage du tir d'artillerie a dû être difficile, et pour ainsi dire impossible dans le terrain boisé au delà de la croupe. D'où il ressort que le meilleur terrain pour une préparation d'artillerie est le terrain plat et découvert. Aussi l'attaque a-t-elle progressé bien plus dans la plaine de la route 44, que sur les hauteurs du Chemin des Dames.
Dans les bois du plateau triangulaire, j'ai vu des abris de surface pour des pièces d'artillerie française, qui étaient très bien construits en rondins. Les Allemands ont dû les repérer assez vite parce qu'un certain nombre d'entre eux étaient bien démolis.
Si les Allemands n'ont pas multiplié les abris profonds dans les tranchées, ils ont, par contre, creusé un certain nombre d'abris tunnels qui traversaient tout le plateau d'un versant à l'autre. Ces abris étaient de véritables casernes souterraines. On pouvait y loger des réserves nombreuses et les soustraire aux effets du bombardement.

Le plus fameux souterrain était celui qu'on appelait « La Grotte du Dragon ». Son entrée Sud se trouvait à la Ferme de la Creute, à 800 mètres Ouest de la Ferme de Hurtebise.

CDD_CaverneDragon
Vue prise à l'intérieur de l'entrée principale de la
vieille carrière éboulé par les Allemands le 25 janvier 1915

 

Elle fut enlevée le 25 juin, pendant que nous étions à Chéry-Chartreuse, par les troupes de la Division Gaucher, qui, à la suite de ce brillant fait d'armes, s'appela la Division du Dragon. Le Général Gaucher était un ancien camarade de régiment que j'ai revu avec plaisir à Beaurieux.

Sources: Colonel Eggenspieler - Le 290e RI, un régiment de réserve du Berry

 

Sur la Caverne du Dragon et le secteur Hurtebise,  on lira avec intérêt le livre d'Alain Malinowsky "Le Chemin des Dames : 1. La caverne du Dragon".
Cet ouvrage aborde les journées des 25 au 28 juillet 1917. Les messages suivants n'auront pour but que d'exprimer la vision "forcément restreinte" du colonel Eggenspieler.

9782846730334

http://www.ysec.fr/livre.php?id=65

Plus généralement, pour faire un tour au Chemin des Dames: http://www.chemindesdames.fr/

7 septembre 2007

Avis de concours chez les cyclistes

Voici un article trouvé dans l'Echo de l'Indre en 1907:

Concours de vélocipédiste militaire
Un concours pour l'emploi se déroulera prochainement dans les différentes places de la région. Les réervistes et les territoriaux de toutes les classes de toutes les armes pourront y prendre part qu'ils non-gradés ou qu'ils aient un grade inférieur à celui d'adjudant. Les candidats doiventsavoir lire une carte routière et être reconnus aptes par le médecin. Ils devront accomplir en 6 heures un parcours de 60km sur ue bicyclette qu'ils apporteront. Les candidats doivent aussi savoir démonter et remonter les principales pièces de leur engin.

Quelle était le rôle du cycliste au sein de l'armée française?

Service vélocipédique dans l’armée:

  • Art 1 : Les vélocipédistes militaires aux armées peuvent, soit remplir le rôle d’estafettes chargées d’assurer entre les états-majors, corps de troupe et service, la transmission des ordres, comptes rendus et communications de toute nature, soit être constitués en unités cyclistes combattantes, ou groupés en détachements en vue de leur rattachement à la mobilisation à certaines formations spéciales.
    …………………………………………….
    .

  • Art. 5 : Pendant les marches, la principale mission des vélocipédistes et de relier à la colonne les différents échelons du service de sûreté de la 1èer ligne et l’avant-garde, les flancs gardes et les colonnes parallèles. Leur emploi dans l’intérieur de la colonne est subordonné à la largeur de la route et aux formations de marche ; il ne constitue en tout cas qu’un service accessoire.

  • Art. 6 : Pendant le stationnement, les vélocipédistes sont chargés de la correspondance entre les divers cantonnements . Il y aura souvent intérêt à organiser le service par gîte de cantonnement.
    Aux avant-postes, ils assurent la liaison des différents échelons entre-eux et le corps principal.

  • Art. 7 : Pendant le combat, les vélocipédistes servent principalement à relier les états-majors entre eux et organiser les communications avec l’arrière.
    Dans la zone des actions proprement dite leur emploi est forcément très restreint : cette zone n’est pas leur domaine, puisque les troupes ont quitté les routes et cherchent tous les accidents du terrain .

Chaque unité se devait d'avoir un nombre réglementaire de cyclistes au sein de son effectif.

RepartitionCyclistes

Comme l'indique l'article 7, le soldat avait alors une place enviée. Il posait alors fièrement avec sa monture.

RI090_6eCie_1erPel_Cycliste
1904 - Le cycliste de la 3e Compagnie du 90ème RI

Sources:
Echo de l'Indre - juillet 1907 (Echo du Berry juillet 2007)
Bulletin officiel du ministère de la guerre , « Vélocipédie et automobilisme»  édition méthodique du 10 juin 1905

Merci à Joel Huret pour les extraits du BO

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