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Indre 1914-1918 - Les 68, 90, 268 et 290e RI
28 avril 2008

En avant, vers Loos

Le printemps 1915 voit le retour des tentatives d'offensives.  Christian Mallet, après un parcours  au 22e Dragons, est maintenant au 90e  RI,  la  grande  offensive  se prépare.

Le 29 avril, à Noyelette, avant l'attaque qui devait avoir lieu dix jours plus tard, nous prenions notre dernier grand repos dans un décor d'opéra-comique, parmi des pommiers dont les fleurs neigeaient dans les matins clairs, couchés sur l'herbe jeune qui embaumait, écoutant le clapotis de la petite rivière dans une paix radieuse de printemps tout neuf, et ce devait être pour beaucoup d'entre nous une dernière douceur et une dernière caresse, que la nature voulait donner à ceux de ses enfants qui allaient mourir...


Sources: Etapes et combats, [Christian Mallet] – Plon - 1916

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5 avril 2008

En route pour les Vosges

Le 6 mars au matin nous abandonnions notre centre d'instruction et nous nous retrouvions sur les routes. Le 268e qui avait séjourné dans des cantonnements tout proches des nôtres en fit autant. Le soir nous couchions à Bocqueigney, Damas et Hennecourt, petites localités échelonnées le long de la route de Mirecourt à Epinal. Le temps était beau et il faisait bon marcher. Le lendemain nous contournions Epinal par l'Ouest en même temps que nous passions à travers la région accidentée des Faucilles. Nous couchions le soir à Uriménil, Dounoux et Hadol, au Sud d'Epinal. Le lendemain 8, nous devions déboucher dans la vallée de la Moselle et atteindre Remiremont. Après avoir examiné la carte je me proposais de faire une surprise, à mes vieux Berrichons, en leur faisant apparaître dans toute sa beauté un panorama vosgien. Le chemin que nous suivions passait par Raon-aux-Bois.

RaonAuxBois

Il débouchait dans la vallée de la Moselle en suivant d'immenses lacets. Je me disais qu'au changement de pente on devait avoir brusquement une vue étendue sur la vallée. Je fis donc faire la grand'halte un peu avant la crête qui masquait la vallée, le temps était superbe. La halte terminée on se remit en route bien dispos. Tout à coup en découvrant à leurs pieds la belle vallée de la Moselle encadrée de superbes montagnes couvertes de forêts et la ville de Remiremont tout près, mes gars ne poussèrent qu'un cri de surprise tout le long de la colonne. Jamais ils n'avaient vu un paysage aussi beau.

Remiremont

Tout le long de la descente ce ne furent que des chants et des cris de joie. La jolie petite ville de Remiremont nous promettait un séjour agréable. Nous y passâmes les journées des 8 et 9 mars. Pour mon compte je n'eûs pas beaucoup le temps de visiter la ville. A peine arrivé notre nouveau Divisionnaire, le Général Schmidt, m'annonça sa visite. Il arriva en effet le jour même. Le général était un officier sympathique, jeune et alerte. Il avait longtemps servi en Afrique. Il était de mes petites recrues de Saint-Cyr et de mes anciens de l'Ecole de guerre. Je me rappelait fort bien l'y avoir vu. Il était par surcroît Alsacien, il se rappelait encore convenablement le dialecte du pays. Nous is faire plus amplement sa connaissance à Gérardmer où était son Q.G., et en secteur.

Le 10 mars nous nous sommes remis en route pour gagner Gérardmer. Nous nous y sommes rendus par la route du Nord qui passe par le Tholy. Le 268e qui cheminait toujours à côté de nous a dû suivre la route du Sud. Au Tholy où nous avons cantonné, nous nous trouvions déjà en pleine montagne. Les sommets qui nous avoisinaient dépassaient pour la plupart la cote 800. Toute la campagne était couverte de prés et de forêts. Les Berrichons se demandaient comment les habitants pouvaient subsister dans ce pays de verdure. Pâturage et labourage sont les deux mamelles de la France, disait Sully. Les habitants des Vosges avaient le pâturage, ils devaient donc nécessairement faire venir de l'intérieur les produits du labourage.

Tholly

Le 11 [mars] nous avons atteint Gérardmer. Le chemin que nous suivions nous a fait longer toute la rive Nord du Lac. Notre marche était une promenade touristique. Nous avons ensuite fait une belle entrée dans la ville, Le Général Schmidt pour se faire une première idée du régiment s'était posté sur notre passage. Il a été bien impressionné par l'attitude du régiment, mais ce qu'il a surtout retenu c'est la belle tenue de nos équipages. Il est vrai que ceux-ci constituent un critérium dans l'appréciation de l'esprit d'ordre et de discipline d'une troupe. Aussi mes sous-ordres étaient-ils fiers quand ils pouvaient me montrer les échafaudages des cuisines d'autres troupes.

Gerardmer_152


Gérardmer était une jolie ville, à l'aspect habituel des stations balnéaires ou climatiques. Il y avait de beaux quartiers, mais déserts au moment où nous y étions. Les prescriptions hygiéniques pour la salubrité des rues avaient dû être négligées pendant la guerre. Le soir, de fort mauvaises odeurs se répandaient dans les quartiers luxueux qui étaient précisément ceux qui étaient abandonnés.

Sources: Colonel Eggenspieler - Un régiment de réserve du Berry

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