La 1ère Cie du 90e RI - Des Ardennes à la Marne (30/08/1914)
30 Aout 1914 (du 30 au 31 inclus: 22 Km):
Pendant la nuit des troupes françaises sont arrivées à RETHEL. Je me mets à la disposition d'un capitaine de tirailleurs qui occupe le pont. Arrivent également 600 hommes du 65e régiment venant du dépot et qui cherchent leur régiment. Le capitaine de tirailleurs les garde avec lui. Nous barricadons le pont, installons des matelas aux fenêtres des maisons et attendons.
Un escadron du 5e cuirassiers passe devant nous. Le canon tape dur à notre droite. Soudain à 800 m à vol d'oiseau, nous apercevons se profilant sur le ciel gris, près du mur du cimetière, une patrouille de cavaliers allemands. Le capitaine de tirailleurs m'envoie avec mes 12 hommes en patrouille de l'autre côté du pont, voir si cette partie de la ville est occupée. Rien, dans les rues. out est fermé. Mes hommes sont sur les trottoirs, les fusils chargés, visant les fenêtres, prêts à tirer. Comme nous arrivons sur une petite place, éclatent quelques coups de fusil très rapprochés, suivis d'une galopade effrénée et 2 chevaux sans cavalier, criblés de balles, viennent s'abattre à nos pieds. Nous nous embusquons dans des embrasures de portes et nous attendons. Des bruits de chevaux au pas se rapprochent et tout à coup, à 50 m, apparaissent 2 cavaliers allemands. Un volée de coups de feu, ils tournent bride et disparaissent au galop.
Nous revenons. Mais les Allemands sont fixés maintenant et bombardent le pont et les maisons avoisinantes. Il se produit un léger flottement. Alors, le capitaine de tirailleurs va s'asseoir sur une chaise au milieu du pont sans paraitre se soucier des obus qui éclatent près de lui. Quelques tirailleurs s'étant débandés, un lieutenant rassemble sa section sur le pont et fait exécuter des mouvements de maniements d'armes. La canonnade augmente d'intensité. On vient nous dire que les Allemands tirent aussi sur un deuxième pont situé en arrière de nous pour nous couper le retraite. Un obus vient d'entrer par une fenêtre dans une chambre, tuant 12 hommes. L'ordre de repli est donné. nous sommes obligés de passer le deuxième pont individuellement, tant il est battu par les balles. Je marche une partie de la nuit, et rencontre la 2e Cie du 90e, perdue elle aussi. Je me joins à elle. Pas de distribution.
Sources:
Général Carpentier 'Revue Militaire" du 25 février 1954 (n°228)
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