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Indre 1914-1918 - Les 68, 90, 268 et 290e RI
31 août 2010

La 1ère Cie du 90e RI - Des Ardennes à la Marne (31/08/1914)

31 aout 1914:
Nous avons cantonné dans un petit hameau, et sommes repartis ce matin à la recherche du régiment qui est dans les parages. Nous rencontrons d'abord le 4e Cie puis, enfin, le reste du régiment vers le MESNIL-ANNELLES. Pauvre régiment! Il a été engagé hier à BERTHONCOURT et a beaucoup souffert: 1 commandant tué, 2 commandants blessés, 1 sous lieutenant blessé, le 3e bataillon décimé, le 68e également.
Le commandant du 1er bataillon (Capitaine PINEAU) ayant été blessé, mon capitaine (CONNEAU) prend le commandement du bataillon. Je prend celui de la compagnie. Il reste 170 hommes environ.
Je m'installe en soutien d'artillerie entre JUNIVILLE et LA NEUVILLE, à hauteur de l'ancienne voie romaine et passe la nuit dans une meule de paille.

 

19140831

Sources:
Général Carpentier 'Revue Militaire" du 25 février 1954 (n°228)

Site Géoportail IGN

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30 août 2010

La 1ère Cie du 90e RI - Des Ardennes à la Marne (30/08/1914)

30 Aout 1914 (du 30 au 31 inclus: 22 Km):
Pendant la nuit des troupes françaises sont arrivées à RETHEL. Je me mets à la disposition d'un capitaine de tirailleurs qui occupe le pont. Arrivent également 600 hommes du 65e régiment venant du dépot et qui cherchent leur régiment. Le capitaine de tirailleurs les garde avec lui. Nous barricadons le pont, installons des matelas aux fenêtres des maisons et attendons.
Un escadron du 5e cuirassiers passe devant nous. Le canon tape dur à notre droite. Soudain à 800 m à vol d'oiseau, nous apercevons se profilant sur le ciel gris, près du mur du cimetière, une patrouille de cavaliers allemands. Le capitaine de tirailleurs m'envoie avec mes 12 hommes en patrouille de l'autre côté du pont, voir si cette partie de la ville est occupée. Rien, dans les rues. out est fermé. Mes hommes sont sur les trottoirs, les fusils chargés, visant les fenêtres, prêts à tirer. Comme nous arrivons sur une petite place, éclatent quelques coups de fusil très rapprochés, suivis d'une galopade effrénée et 2 chevaux sans cavalier, criblés de balles, viennent s'abattre à nos pieds. Nous nous embusquons dans des embrasures de portes et nous attendons. Des bruits de chevaux au pas se rapprochent et tout à coup, à 50 m, apparaissent 2 cavaliers allemands. Un volée de coups de feu, ils tournent bride et disparaissent au galop.
Nous revenons. Mais les Allemands sont fixés maintenant et bombardent le pont et les maisons avoisinantes. Il se produit un léger flottement. Alors, le capitaine de tirailleurs va s'asseoir sur une chaise au milieu du pont sans paraitre se soucier des obus qui éclatent près de lui. Quelques tirailleurs s'étant débandés, un lieutenant rassemble sa section sur le pont et fait exécuter des mouvements de maniements d'armes. La canonnade augmente d'intensité. On vient nous dire que les Allemands tirent aussi sur un deuxième pont situé en arrière de nous pour nous couper le retraite. Un obus vient d'entrer par une fenêtre dans une chambre, tuant 12 hommes. L'ordre de repli est donné. nous sommes obligés de passer le deuxième pont individuellement, tant il est battu par les balles. Je marche une partie de la nuit, et rencontre la 2e Cie du 90e, perdue elle aussi. Je me joins à elle. Pas de distribution.

19140830

Sources:
Général Carpentier 'Revue Militaire" du 25 février 1954 (n°228)

Site Géoportail IGN

29 août 2010

La 1ère Cie du 90e RI - Des Ardennes à la Marne (29/08/1914)

29 aout 1914 (25 Km):
A heures, nous repartons. La journée d'hier a été, dit_on, très mauvaise. La Division du Maroc aurait été coupée en deux, les zouaves et les tirailleurs hachés. Le 11e CA repoussé. Le 9e CA serait menacé d'encerclement. De fait, nous avons l'impression d'être serrés de près. Le canon tonne derrière nous, à gauche et à droite. Pas de pause, pas de halte. Les sacs volent dans les fossés. Beaucoup de trainards. Les hommes sont éreintés. Une épidémie de dysenterie achève de les abattre. Je marche en queue de ma section pour ne pas perdre un homme de vue. Les obus nous suivent tout au long de la route.
Nous passons auprès de bataillons de tirailleurs. Ils ont creusés des tranchées de chaque côté de la route pour protéger notre retraite. A 11h, mon bataillon reçoit l'ordre de couvrir celle de la Division. Ma compagnie doit occuper CORNY. Ma section (1ère) doit tenir le lisière à cheval sur le route de MACHEROMENIL, ayant la 2e section à droite, la 3e à gauche, la 4e en réserve.
A peine arrivai-je à CORNY avec ma section, que sur la route de MACHEROMENIL, je vois à 600 m. les Allemands arriver en colonne par quatre. Je porte ma section à la lisière du village, dans les prés et les maisons, et je fais ouvrir le feu.
Les Allemands se déploient en tirailleurs dans les champs et répondent à notre feu, sans pertes pour nous. Il n'en est pas de même pour eux. Couchés sur la pente descendante, ils nous offrent une cible magnifique, mais ne se replient pas. Soudain les premiers obus commencent à arriver dans CORNY. Je me maintiens un moment, puis sur la nouvelle que les autres sections se sont déjà repliées et, faute de pouvoir toucher mon capitaine, je me décide à en faire autant.
Nous traversons le village et gagnons NOVY à travers champs, emmenant nos blessés et poursuivis par les feux des Allemands qui, ayant rapidement traversé CORNY, nous tirent dessus.
A NOVY, personne. Sur la grande route de RETHEL, rien. Où aller? Je n'ai pas d'ordres. Je me décide pour AMAGNE-LUCQUY. Près de la gare, des artilleurs font sauter des caissons qu'ils ne peuvent emmener. Personne n'a vu le 90e? Je continue vers RETHEL avec les 12 hommes qui me restent. Nous nous traînons péniblement. Nous sommes éreintés et affamés. Enfin, à 20 h, j'arrive à RETHEL. Personne, les rues sont vides, les magasins fermés, les volets de fer baissés. On dirait une ville morte.
Je ne peux songer à aller plus loin et j'installe mes hommes dan sle quartier bas de la ville au Sud du premier pont.

19140829

Sources:
Général Carpentier 'Revue Militaire" du 25 février 1954 (n°228)

Site Géoportail IGN

28 août 2010

La 1ère Cie du 90e RI - Des Ardennes à la Marne (28/08/1914)

28 aout 1914 (10 Km):
Toute l'armée doit attaquer. Le 11e CA est à notre droite vers DONCHERY. Toute la journée, canonnade violente, mais nous ne sommes pas engagés. A 21 heures, ordre de battre en retraite. Nous cantonnons au hameau de BELLE-VOLEE (2 km Nord de BOULZICOURT), déjà bondé de troupes. Couchés dans la rue, la tête sur le sec. Les hommes sont éreintés. Pas de distribution. Arrivés à 0h, alerte à 2h.

 

19140828

 

Sources:
Général Carpentier 'Revue Militaire" du 25 février 1954 (n°228)

Site Géoportail IGN

 

 

27 août 2010

La 1ère Cie du 90e RI - Des Ardennes à la Marne (27/08/1914)

27 aout 1914 (30 Km):
2 heures du matin, alerte. Et nous repartons grelottant sous la pluie. Tout la journée se passe en marches et contre-marches. Nous sommes un moment en position au château de MONTAUBOIS, près de DOMMERY.
Finalement, nous arrivons à LAUNOIS.

 

19140827

Sources:
Général Carpentier 'Revue Militaire" du 25 février 1954 (n°228)

Site Géoportail IGN

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26 août 2010

La 1ère Cie du 90e RI - Des Ardennes à la Marne (26/08/1914)

26 aout 1914 (10 Km)
Nous restons toute la journée en position d'attente. Tout le village est organisé. Les habitants à la vue de nos préparations l'évacuent peu à peu. Des bruits sinistres nous parviennent. On dit CHARLEVILLE occupé. A 17 heures, les Allemands attaquent à notre gauche vers RIMOGNE. Ils sont repoussés. Cependant nous recevons l'ordre de battre en retraite. Un quart d'heure après, HARCY est en flammes. Nous marchons vers le Sud. Il fait une nuit affreusement noire et, pour comble de malchance, une pluie torrentielle nous transperce jusqu'aux os. Nous croisons des éléments du 77e. Eux aussi sont en bien mauvais état. Beaucoup d'hommes n'ont plus de sac. Un moment d'inattention et le sac est dans le fossé. On se débarrasse de tout e qui n'est pas strictement nécessaire. Et nous voici à SERVION bondé de troupes.

 

19140826

Sources:
Général Carpentier 'Revue Militaire" du 25 février 1954 (n°228)

Site Géoportail IGN

25 août 2010

La 1ère Cie du 90e RI - Des Ardennes à la Marne (25/08/1914)

25 aout 1914 (20 Km):
A 2 heures, alerte. Nous repartons l'estomac toujours vide. Nous quittons CHARLEVILLE, prenons position sur les hauteurs dominant la ville, puis filons vers le N.O. et arrivons à 14 heures à HARCY où nous cantonnons.

 

19140825

Sources:
Général Carpentier 'Revue Militaire" du 25 février 1954 (n°228)

Site Géoportail IGN

24 août 2010

La 1ère Cie du 90e RI - Des Ardennes à la Marne (24/08/1914)

24 aout 1914 (30 Km):
A hauteur de SUGNY, nous croisons des troupes d'Afrique, zouaves et tirailleurs, qui font des tranchées. Quelques blessés dans l'église. Les habitants nous regardent passer, silencieux. Mais leurs yeux sont pleins de reproche. Eux qui, il y a trois jours, nous accueillaient en libérateurs, nous voient partir maintenant! Nous essayons de les tranquilliser: "Ils ne sont pas encore là!" Mais nous ne les convainquons pas! Et notre cœur se serre, car nous pensons à NAFRAITURE qui doit être maintenant un monceau de ruines. Devant les portes, de grandes fourragères où les gens empilent en hâte quelques vieux meubles, et des ballots d'habits. Derrière on attache les vaches, les veaux et le lamentable cortège nous suit, après un dernier regard à la vieille maison. Dans les champs, des chevaux, des vaches, des porcs abandonnés.
Nous repassons la frontière et arrivons à CHARLEVILLE à 19 heures, ayant, depuis le 23 au matin, parcouru environ 80 kilomètres.
Pas de distribution
Rencontré des hommes du 77e, du 68e, du 135e.
Le 135e aurait eu de grosses pertes.

19140824


Sources:
Général Carpentier 'Revue Militaire" du 25 février 1954 (n°228)

Site Géoportail IGN

 

23 août 2010

La 1ère Cie du 90e RI - Des Ardennes à la Marne (23/08/1914)

23 aout 1914 (30 Km)
2 heures, alerte. Départ direction GEDINNE. Nous passons à HOUDREMONT bondé de troupes, puis entre LOUETTE-SAINT-PIERRE et LOUETTE-SAINT-DENIS où sont campés deux régiments de cuirassiers. Nous croisons des files interminables de convois de toute nature, et quelques prisonniers. Le bruit du canon augmente d'intensité. Les estafettes galopent en tous sens. Subitement, une violente fusillade éclate tout près et nous voyons passer , à brides abattues, un peloton de hussards qui se replie. "Les voilà", nous crient-ils. Et le régiment qui est en colonne de route ! Nous nous jetons dans le bois à notre droite. J'arrive au château de GEDINNE où je me trouve en liaison avec des fantassins du 9ème d'infanterie.
Les hommes sont terrés derrière les arbres, le nez contre la terre, le sac sur la tête. Les balles sifflent et frappent les trons d'arbres avec un bruit sec. On ne voit rien. Impossible de rester là; les Allemands pourraient arriver à dix mètres de nous sans qu'on les voie.
Je ramène mes hommes derrière une haie en bordure de la route, et à 1500 mètres nous voyons les Allemands dévaler la cote 367 en lignes de tirailleurs, comme à la manœuvre. On les aperçoit un instant puis plus rien. Ils se sont couchés dans les betteraves. Une minute , puis ils reparaissent pour s'aplatir 100 mètres plus loin. Et toujours il sort de nouvelles vagues de derrière la crête. Je fais faire des feux de salve, mais sans aucune efficacité probablement. Les balles sifflent de plus en plus. Peu de pertes: 1 tué à la section voisine.
Les obus commencent à éclater, les premiers que nous recevons depuis le début de la guerre, des 77 qui éclatent haut (10 à 15 mètres).
Je reçois l'ordre de repli et viens occuper le cimetière de HOUDREMONT. Je fais crèneler le mur. Mais les obus nous y suivent; démolissant les monuments et faisant sauter les cercueils. Autour de moi, les autres unités se replient. je rejoins mon bataillon et nous reculons vers NAFRAITURE, où nous occupons des tranchées en avant du village, et à 200 m de la lisière d'un bois dont nous surveillons le débouché. La faim se fait sentir.
A 14 heures, des patrouilles ennemies apparaissent à la lisière du bois, tout près de nosu, car notre position n'est pas fameuse.
Les obus commencent à pleuvoir sur notre droite, en direction de BIEVRES, BELLEFONTAINE. Nous apercevons des centaines de petits flocons blancs d'éclatements au-dessus des arbres.
Soudain, à 18 heures, le repli des troupes de droite nous oblige à en faire autant. Mais les 4 compagnies du bataillon, au lieu de se retirer séparément de façon à ne pas attirer l'attention de l'ennemi, ce qui était possible car la nuit commençait à tomber, décrochent ensemble.
Les Allemands s'en rendent aperçoivent, et nous sommes accompagnés d'une grêle de balles et de quelques obus. Des cris malencontreux de "pas de gymnastique" jettent un certain désarroi dans les unités, et ce n'est pas sans peine que je réussis à maintenir l'ordre dans ma section. Nous traversons NAFRAITURE abandonné par les habitants. Au bout d'une heure, nous nous arrêtons dans une clairière. Il fait nuit noire. Les hommes sont éreintés et ont faim.
Dans le lointain des lueurs rouges montent dans le ciel. C'est NAFRAITURE qui brûle. Puis d'autres foyers s'allument, et bientôt l'horizon est jalonné par une ligne de feux. Nous regardons, la rage au cœur,la gorge serrée ...
Nous passons toute la nuit sur cette route de VRESSE. A notre droite, un ravin à pic, à gauche la forêt. Nous avons quitté notre clairière. Les Allemands étaient à nos trousses. On les entendaient parler. Tout à coup, à notre gauche, nous entendons des cris: "En avant! A la baïonnette!" et une fusillade effrénée éclate. Que se passe-t-il? Personne n'en sait rien. Tout un régiment est là, couché,  et l'on entend rien, on ne voit rien.
Et nous reprenons notre marche; on marche 10 minutes. Puis une halte. Pourquoi? On l'ignore. Les hommes tombent comme des masses. Il faut les remettre debout pour repartir. heureusement la perspective d'être prisonnier ne sourit à aucun et ils marchent ... ils marchent toujours.
Enfin le jour parait. Quel soulagement! Quel cauchemar nous avons vécu cette nuit! Nous voici à VRESSE.
Pas de distribution.

19140823

 

Sources:
Général Carpentier 'Revue Militaire" du 25 février 1954 (n°228)

Site Géoportail IGN

22 août 2010

La 1ère Cie du 90e RI - Des Ardennes à la Marne (22/08/1914)

22 aout 1914 (20 Km)
A 2 heures, alerte. Nous filons sur BELLEFONTAINE et je m'établis avec ma section à un croisement de routes, où nous creusons des tranchées. A 16 heures, arrive l'ordre de céder la place au 77ème et de revenir à NAFRAITURE où nous cantonnons.

19140822

Sources: Général Carpentier 'Revue Militaire" du 25 février 1954 (n°228)
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