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Indre 1914-1918 - Les 68, 90, 268 et 290e RI
13 janvier 2011

Une fratrie au régiment du Blanc - Les 4 frères Souchaud (2)

Continuons le parcours de la famille Souchaud qui eu ses 4 enfants au sein des régiments blancois. Après Denis Souchaud (1880-1915), voici donc Pierre.

Pierre SOUCHAUD est natif d’Adriers, dans la Vienne (86). Il est le fils de Louis et de Marie MICHARDIERE, lui aussi naquit à Baguérand, le 14 avril 1883.
Numéro 53 du tirage de la classe 1903, dans son canton d’Isle Jourdain, il est déclaré «Bon pour le service armée» et intégré dans la liste première partie de la liste des conscrits. Il est incorporé le 16 novembre 1904, sous le matricule 5584 en tant que soldat de 2ème classe au 68e régiment d’infanterie du Blanc, il est envoyé dans la disponibilité le 23 octobre 1906, étant dispensé car il a alors un frère au service militaire.
Sa fiche matricule le décrit comme ayant cheveux et sourcils bruns, yeux bruns, front couvert, nez long, bouche grande, menton rond, visage ovale. Il a une cicatrice sur la joue droite. Sa taille est de 1m81.
Son niveau d’instruction est qualifié de niveau 1, il ne sait que lire.

En 1907, il est classé dans la réserve et accomplit 2 périodes d’exercices (1910 et 1912) toujours au sein du 68ème régiment d’infanterie du Blanc.
Mobilisable, il rejoint le corps le 12 aout 1914, part aux armées le 20 septembre 1914 et y rejoint le 268ème régiment d’infanterie.
Il suivra le 268ème RI jusqu’en juin 1918. A ce moment le régiment de réserve du Blanc est dissous. Les soldats sont alors dispersés dans différentes unités.

RI268_LaSoupe_Extrait
Des vieux de la vieille du 268ème RI qui suivirent le régiment de 14 à 18.

Le 5ème Bataillon et la moitié de la CHR rejoignent le 219ème RI, soit environ 800 hommes. Parmi eux, Pierre Souchaud, mais aussi Maurice Laurentin, alors capitaine à la 19ème compagnie.
Pour suivre le parcours de Pierre Souchaud, on lira donc les deux ouvrages de Maurice Laurentin qui fut au 268ème RI d’avril 1915 à juin 1918. Les deux ouvrages étant : Le sang de France et la victoire des Morts (Editions Bloud et Gay – 1919, 1920)

Voici l’anecdote que Maurice Laurentin racontait à propos de ses vieux briscards qui le suivirent au 219ème RI :
« Une auto stoppe à la queue du bataillon ; un fanion tricolore, orné d’une cravate, annonce un personnage. Un général descend, à peine plus grand que Napoléon, comme lui, corpulent et trapu ; beau visage aux traits immobiles et olympiens. Il s’arrête et nous regarde.
La double rangée de casques se dresse derrière les faisceaux. Un nom court jusqu’à la tête du bataillon, celui du chef qui déjà, au Grand Couronné de Nancy et devant verdun, arrêta l’invasion :
« Castelnau ! »
Du geste et de la voix, le général invite les hommes à demeurer au repos, mais d’eux-mêmes ils se figent au garde à vous lorsqu’il s’approche.
En quelques instants, il sait qui nous sommes, où nous allons ; il comprend nos regrets de quitter un glorieux drapeau et notre inquiétude de n’être plus qu’une épave ; mais nous recueillerons l’héritage de bretons héroïques de la forêt de Pinon ; le régiment que nous allons reformer fut anéanti dans un sacrifice si vaillant que son numéro doit lui survivre. Notre bataillon y entrera sans modifier sa constitution, et bientôt sera fier d’en porter les écussons.
Le général voit toutes les compagnies, dévisage chaque homme. Une brisque de blessure, une croix de guerre, une cicatrice, lui sont une occasion d’interroger le soldat, de rappeler le passé d’un brave, d’évoquer son pays ou sa race :
« Où as-tu gagné ceci ? »
le bout de ruban décoloré prend, sous le doigt de Castelnau, une valeur que le vétéran ne lui connaissait pas encore ; il s’intimide et rougit ; il a mérité tant de fois cette étoile de bronze qu’il ne sait plus où il la gagna ; il hésite entre les souvenirs trop nombreux : Zonnebecke, Lizerne, Souchez, Sailly, …
« A quelle date as-tu été blessé ? »
De cela, il se souvient et quel orgueil d’énoncer trois blessures, trois dates. Chacune évoque une bataille.
De soldat en soldat, par la mémoire du sang versé, le général fait surgir un passé grandiose :
« Tu étais à Prosnes ? à Ypres ? à la cote 304 ?
Et le troupier, mis en confiance, dit les assauts enthousiastes de la Marne, les boues glacées de Belgique, le mur sanglant de Verdun, les ruines dévastées de la Somme, toute l’horreur et la gloire dont se sont emplis les yeux du fantassin.
Il faut les voir se redresser, les gars ! Ils cessent d’être le pioupiou anonyme. Plus tard – s’ils en reviennent – ils diront :
« Quand j’ai répondu çà à Castelnau, mes enfants ! »

Ainsi le 5ème bataillon du 268ème RI devient, le 15 juin 1918, le 6ème bataillon du 219ème RI sous le commandement provisoire du capitaine Laurentin, en attendant le retour du commandant Bauclin, lui aussi de l’ex 268ème RI.

Le 21 février 1919, Pierre Souchaud est mis en congé et démobilisé au dépôt du 68ème RI. Peu avant, il était cité à l’ordre du régiment, le 8 février 1919 : « Au front depuis le début, soldat dévoué ayant toujours donné satisfaction à ses chefs".

Pierre Souchaud se vit alors attribuer la Croix de guerre 1914-18

CDG1418

 

 

Merci à Kévin Souchaud pour m'avoir ouvert les archives familiales
Sources biblio: Maurice Laurentin - La Victoire des Morts - Editions Bloud et Gay 1920
Sources photo: Collection personnelle (Merci à Joel Huret pour les anciens du 268e)

 

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