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Indre 1914-1918 - Les 68, 90, 268 et 290e RI
20 février 2015

Vacances à venir, mais spectacle et lecture en prévision

L'heure des congés de février arrive. Direction le Bas-Berry et la vallée de la Creuse plus précisement.

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Afin de ne pas vous laisser sans nouvelles, je prépare une grosse publication sur le blog, liée à la transcription du journal d'un soldat de Sarzay, de 1914 à 1918. J'en profite pour vous signaler un spectacle et la parution d'un ouvrage qui concernent le département.

A signaler, donc, le 14 mars, à Aigurande, la reprise du spectacle qui avait été monté à Eguzon l'été dernier. On notera aussi la tenue d'une exposition 14-18 concernant le conflit.

Affiche Aigurande

 

Un peu plus à l'ouest, mais toujours dans le sud Berry, à Eguzon, au musée de la Vallée de la Creuse plus exactement, il est possible d'acquérir un ouvrage qui s'annonce fort intéressant. Au travers des yeux d'un enfant, il nous donne à lire ses impressions. Pierre Allain a alors 9 ans et est le fils d'une infirmière volontaire de Chateauroux, mais aussi celui du directeur de l'usine Balsan. Je vais profiter des congés pour me procurer un exemplaire.

Enfant

L'ouvrage est disponible à la boutique du Musée de la Vallée de la Creuse, à Eguzon.

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9 février 2015

Dives bouteilles, larcins et conseil de guerre.

Il est intéressant de découvrir le témoignage de quelques cas de condamnations liés à l'usage du vin, élément essentiel de la vie du poilu et ce, à la relecture de l'ouvrage de René de Planhol, "La justice aux armées", alors qu'il était membre du conseil de guerre de la 17ème Division d'infanterie.

On appréciera la lourdeur des peines au vu de l'ampleur des larcins . Que dire des 2 ans pour 2 litres de vin!

Une après-midi d'été, les deux soldats du train Callot et Laprune étaient préposés à la garde d'une voiture de ravitaillement. Accablés de soleil, ils avaient grand'soif; et dans la voiture était un tonnelet plein, - naturellement de « pinard ». Nos deux martyrs de la consigne enduraient, exactement et sans métaphore, le supplice de Tantale. Il y a un stoïcisme où l'humaine faiblesse ne s'élève point sans déchoir. Succombant enfin, ils emplirent leurs bidons et burent deux litres à la santé de la France. Sur ces entrefaites leur maréchal des logis les aperçut et leur libella un motif de punition qui les conduisit jusqu’au conseil de guerre. Le commissaire du gouvernement, contre ces mauvais soldats qui s'appropriaient la ration de leurs camarades, requit: une application rigoureuse de la loi : deux ans de prison, peine bénigne au prix de celle que prévoyait le code parurent suffisants aux juges.

 

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Un autre cas lié à l'usage d'alcool, avec des conséquences qui auraient pu être plus graves:

Un soir, sur les six heures, d'un cantonnement de repos, on avait brusquement conduit aux tranchées la compagnie où servait Poirier. Celui-ci, lors de l'appel, manquait dans son escouade et son caporal se mit à sa recherche. Il le découvrit étendu dans un coin d'une grange, la bouche entr'ouverte et ronflant. Fortement secoué, Poirier ne souleva qu'il demi les paupières, répliqua par un grognement et retomba incontinent dans sa torpeur. Deux hommes vinrent le quérir et le traînèrent jusqu'à la compagnie assemblée sur la place. Il ne se défendait pas, il n'était qu'inerte. Le vent assez vif lui fouetta le visage et lui dessilla légèrement les yeux. Mais comme son capitaine lui ordonnait de prendre sa place dans le rang, Poirier se contenta de le considérer d'un air hébété ; visiblement il ne comprenait rien. Et d'ailleurs il était incapable de se tenir debout ; le lâchait-on, il s'affaissait aussitôt. On dut le livrer aux gendarmes. A l'aube, dégrisé, il s'éveilla dans la prison divisionnaire. Quels ne furent pas son étonnement et, bientôt, son regret ! Une plainte en conseil de guerre fut dressée contre lui, et le commissaire-rapporteur l'inculpa de refus d'obéissance en présence de l'ennemi.

A l'audience, Poirier, par son attitude et sa mine, s'attirait plutôt les sympathies. Grand, bien découplé, la tenue correcte, le regard empreint d'énergie et de franchise, il parlait avec naturel et manifestait sans affectation un repentir qui semblait sincère. Les renseignements du dossier ne démentaient point cette attitude. Poirier, garçon original, ne se pliait pas aisément aux conditions modernes de la vie civile et n'avait jamais pu s'astreindre à avoir un domicile. Voyageant par les routes, il couchait au gré des hasards, dans les auberges, les écuries ou à la belle étoile, s'embauchait pour quelques jours chez les paysans qui avaient un besoin momentané d'ouvriers, travaillait de cent métiers à la campagne ou à la ville, moissonneur ou forgeron, vigneron ou débardeur. Pour ce vagabondage, les gendarmes l'avaient maintes fois appréhendé sans qu'on eût jamais à lui reprocher autre faute. Au contraire, plusieurs attestations de patrons divers certifiaient qu'ils n'avaient eu qu'à se féliciter de son labeur et de sa probité. Type, en vérité, singulier et qu'on n'eût point pensé rencontrer ailleurs que dans le Chemineau de Jean Richepin. Soldat, il s'était bien conduit. Blessé en mars 1915, à peine de retour à son dépôt, il avait demandé à être inscrit dans le premier détachement de renfort et venait, quelques jours. auparavant, d'arriver sur ce point du front. Au cours du voyage, il avait eu la malchance, étant descendu pour quelques minutes à une station, de manquer son train. Pour cette fâcheuse aventure, on l'inculpa une première fois, mais l'instruction se termina par un non-lieu. Poirier, loin d'être répréhensible, avait déployé beaucoup d'initiative et de bonne volonté, puisqu'il avait rejoint son unité deux heures après le détachement. Depuis lors, les chefs de Poirier n'avaient pas encore eu le temps et l'occasion de l'apprécier dans la tranchée. Mais ses notes antérieures étaient excellentes et deux sous-officiers, ses compagnons durant les débuts de la campagne, confirmaient de vive voix ces notes. En outre, plusieurs lettres saisies sur lui et versées au dossier constituaient un précieux témoignage. Écrites après plusieurs mois de guerre par des combattants, camarades de Poirier, pour lui seul et en phrases inhabiles, elles étaient pleines d'une hardiesse narquoise et magnifique ; elles déguisaient de plaisanteries le danger, la fatigue et la mort ; elles faisaient la nique aux Boches et à l'ennui. Elles éclairaient d'une belle lumière les âmes de ceux qui les avaient envoyées et de celui qui les avait reçues.

La faute pour laquelle on le jugeait aujourd'hui ne provenait point d'une intention mauvaise ; mais pour l'exemple il n'est pas douteux que les juges ne fussent disposés à le châtier sévèrement. Aussi ne s'agissait-il que de décider si la loi le leur permettait. C'était le premier cas de cette espèce et le débat juridique, vivement engagé, donna lieu à deux répliques successives de l'accusation et de la défense. Le commissaire du gouvernement arguait que le refus d'obéissance n'a pas besoin d'être exprimé par des paroles: il consiste essentiellement dans la non-obéissance qui est la seule condition juridiquement requise pour le crime. Le défenseur ne contestait point cette thèse, conforme en effet à la jurisprudence du temps de paix ; mais il prétendait que la non-obéissance, pour être qualifiée refus d'obéissance, doit être intentionnelle et volontaire, d'après le texte et les commentaires de la loi : or, évidemment ce n'était pas le cas de Poirier qui, au moment qu'on lui reprochait de n'avoir point obéi, se trouvait physiquement incapable d'obéir ; et d'ailleurs, ivre-mort et ne percevant, même pas l'ordre qu'on lui formulait, il ne pouvait avoir, l'intention de désobéir; donc, aux termes de la loi, il n'était coupable que d'ivresse. A quoi le commissaire du gouvernement opposait que Poirier, lorsqu'il s'était enivré, n'ignorait pas qu'il se mettait ainsi dans l'impossibilité d'obtempérer à une alerte et conséquemment d'obéir. Or c'est volontairement qu'il s'était enivré ; donc, puisqu'il y avait eu chez lui l'intention d'une désobéissance à tout le moins éventuelle, il devait accepter l'entière responsabilité de ses actes.

Le conseil, à l'unanimité, adopta cette interprétation de la loi. Par trois voix contre deux il écarta la circonstance aggravante de présence de l'ennemi : au vrai, je présume que ces deux voix étaient fictives et qu'en aucun cas, même en signant un recours en grâce, les juges n'eussent condamné Poirier à mort. Pour refus d'obéissance sur un territoire en état de guerre, il fut condamné à dix ans de travaux publics. Le général suspendit l'exécution de la peine ; et Poirier, versé dans un autre régiment, n'a point cessé d'y être, bon soldat. Son affaire inaugura une jurisprudence qui fut appliquée fermement à quelques cas analogues. Cette répression, aboutit bientôt à les rendre beaucoup plus rares. Alors la sévérité, du conseil se relâcha sensiblement ; et il eut tendance à se servir plutôt, lorsque des circonstances morales l'invoquaient pour l'accusé, de l'article ayant trait aux soldats qui se sont volontairement mis, dans l'impossibilité de rejoindre leur poste en cas d'alerte, - soit une peine de six mois à deux ans de prison.

Sources biblio: "De la justice aux armées" René De Planhol - Attinger 1917

 

2 autres "comptes-rendus" de procès du même conseil de guerre:

Les gars..., souvenez-vous!... Faut pas faire comme moi... 

Les aventures de Carpion et Rabanos

 

Amis lecteurs, pensez à regarder dans les commentaires, Stéphane nous fait part d'une intéressante analyse. qui permet une mise en relief du texte publié

2 février 2015

9449 diplômes de Morts pour la France, de MONDAIN Emile à RICHARD Louis

Réactualisation 2015 du message originel de 2013.

En 2013, profitant de mes congés et d'une réunion du Comité départemental du Centenaire 14-18, se tenant à Châteauroux, aux Archives Départementales de l'Indre, j’avais passé toute la matinée dans les locaux, profitant de ma présence pour quelques recherches.

Je tiens tout d’abord à me féliciter de cette initiative. Le cadre est très agréable, et j’ai tout particulièrement apprécié l’accueil des agents, leur disponibilité et les conseils apportés. Cela mérite d’être souligné.

J’avais repéré deux cotes dans la série R qui m’intéressaient plus particulièrement, dont une qui concerne les « Diplômes de Morts pour la France » (R982).

CaptureJC2
Sources AD36 - R982

A quoi correspondent ces «Diplômes de Mort pour la France» ? Il s’agit de la mise en application de la loi du 27 avril 1916.

BNF_Diplome_19160427Sources: JO-BNFGallica-Bulletin des lois de la République 1916

Voici donc un exemple de diplome qui fut remis aux familles des défunts:

diplomemortpourf

Pour l'anecdote, sur le sujet, on lira avec intérêt une discussion sur le Forum Pages 14-18. En effet, ce diplome connu 2 versions, la première version généra des réactions au sein de certaines familles de l'époque. Il fut alors nécessaire de publier une seconde version, plus proche des bonnes moeurs.

La trouvaille effectuée aux archives départementales permet de confirmer que la préfecture de l’Indre tenait donc une comptabilité de la remise de ce diplôme, ce qui permet de connaitre la liste des récipiendaires. Ceci vient en complément des listes déjà existantes et que j'essaye de mettre en place (Natifs, noms sur les monuments, …) et permettra une consolidation des données déjà en base.
Deux cahiers contiennent 9449 noms de soldats indriens. L’ordre d’apparition dans la liste est lié à la transmission dudit diplôme. On trouve dans le tableau dressé les données suivantes: Numéro d'attribution, numéro Bordereau, Noms et prénom, Grade, Régiment, Commune, Date de transmission.

Les premiers diplômes furent envoyés dès 1917:

R982_Liste1Sources AD36 - R982

Le dernier est en date du 30 juin 1924. Le numéro d'ordre est alors 9449. Attention, il ne s'agit pas de la liste officielle des Morts pour la France du département, mais cela doit s'en approcher grandement. Je suis d'ailleurs persuadé qu'elle n'est pas complète, les dépouillements et recroisements entrepris le démontre, au même titre qu'apparait bon nombre de noms non présents dans Mémoires des Hommes ou sur les monuments de nos communes.

R982_Liste9449Sources AD36 - R982

Cela permet donc d'avoir une liste de presque 9449 noms d'Indriens. Mais, il est cependant assez difficile de se retrouver dans cette liste, le point d’entrée est la date de jugement ou de transcription. Dans le cadre du dépouillement en cours, il s'avère que quelques familles reçurent des diplomes en double, mais cela permet de valider en grande partie le recoupement dèjà entrepris avec les bases Mémoires des Hommes et Mémorial Gen Web.

Prenons un exemple avec le cas de mon arrière grand oncle Lucien Bessonneau. tout d'abord, voici sa fiche "Mémoires des Hommes"

RI290_MPLF_BessonneauxLucienSources: SHD-Mémoires des Hommes

R982_Liste8244Sources: ADI36-R982

Le jugement eut lieu en décembre 1920, pour une transcription sur les registres du Pin en janvier 1921. Il fallut attendre le 25 octobre 1921 pour une prise en compte par la Préfecture. Lucien Bessonneau se vit attribuer le numéro 8244.
Il semblerait que les diplômes étaient envoyés aux communes, à elles la charge de les remettre aux familles, au vu des nombreux documents joints à cette cote de la série R.

Qu'est devenu le diplôme de Lucien Bessonneau? Je ne le sais pas, ce d'autant que toute la famille Bessonneau repartie après guerre pour le 15e arrondissement de Paris. Sans doute, revenaient ils de temps à autre, puisque mes grands parents se marièrent en 1935 et il fallait bien que Marcel rencontre Fernande pour se fiancer.

Un exemple de diplome au 68ème et 409e RI, celui de Robert FROMIOT: http://indre1418.canalblog.com/archives/2013/03/16/26666295.html

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Nouveauté 2014

Au niveau du département, un fait qui se produisit dans le courant de l'année 2014, vient parfaitement illustrer la remise de ces diplomes, ... justement par leur non-remise.

En effet, en 2014, Didier Bléron et l'équipe municipale de Nuret le Ferron ont retrouvés les diplômes qui étaient rangés au grenier de la mairie, en effet, ils n'avaient jamais été remis aux familles et avaient été conservés au grenier de la mairie, là où Didier les trouva.
Le 11 novembre 2014 fut donc l'occasion de la remise aux descendants.

Les oubliés de Nuret le Ferron (Nouvelle République juin 2014)

L'oubli réparé des poilus de Nuret le Ferron (Nouvelle République 11 novembre 2014)

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Nouveauté 2015

Il m'a fallu du temps pour transcrire les données obtenues à partir de ce fichier et ce n'est d'ailleurs pas terminé. Le but n'est pas de faire une simple saisie, mais bien de recouper avec les sources existantes.
Je me suis appuyé sur le fichier des "Morts pour la France" et des "Non-Morts pour la France" que l'on trouve sur Mémoires des Hommes, ainsi que sur les fichiers existants dans Mémorial Gen Web (liste des monuments aux Morts)

Voici donc les 1000 premiers diplômes distribués dans le département (Fichier Excel protégé, mais seulement à la modification, vous pouvez copier/coller):

DiplomeMPF_AD36R982_1a1000_VersionBlog

Je laisse cela à votre perspicacité, mais voici quelques rapides remarques:

  • Certes, ce sont des cas anecdotiques, mais on notera que dans cette première livraison, des diplomes furent adressés à 7 familles de soldats présents dans le fichier des "Non Mort pour la France" et sur ces 7 diplômes, 6 figurent sur le monument communal.
  • 35 cas de diplômes ont une fiche sur le site "Mémoires des Hommes", mais il m'a été impossible de retrouver le monument aux morts les concernant, soit le relevé sur le site "Mémorial Gen Web" n'est pas disponible, soit le nom ne fut jamais inscrit.
  • 45 diplômes n'ont pas de fiche "Mémoires des Hommes", mais 17 d'entre eux figurent sur les monuments aux morts.
  • Dans la liste, il est à noter que de nombreux cas concernent des soldats provenant des territoires occupés (Nord principalement). Les diplomes sont gérés par la préfecture de l'Indre, certainement du au fait que les familles ont été évacuées et au moment de la remise du diplome, elles sont très certainement hébergées dans le département de l'Indre.

 

A noter que dans ce fichier qui me sert de réference et dans lequel je reporte tous les noms de soldats ayant un lien avec le département (naissance, enregistrement décès, présence MAM, fiche Mémoires des hommes MPF et Non MPF, diplome remis ....) nous arrivons à un nombre de noms dépassant les 

13.500 noms

(à mettre en parralèle avec les 9449 de la liste présentée ci-dessus)

 

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 Aujourd'hui, 27 octobre 2015, je viens de finir la saisie des 2 cahiers. Au final, une fois les doublons clairement identifiés, nous arrivons à 9400 diplomes de Morts pour la France.
Ce travail aura permis de trouver quelques cas nouveaux, mais aussi de s'apercevoir que pas mal d'erreurs d'aiguillages existèrent

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