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Indre 1914-1918 - Les 68, 90, 268 et 290e RI
20 mars 2015

Eugène AUBARD Un territorial dans la Grande Guerre (1914)

Il s’agit là d’une reprise de ce que j’avais entrepris, il y a plusieurs années, à savoir la confection d’un site dédié aux régiments de l’Indre et que j’ai depuis abandonné. Je reprend donc le contenu de ce site et au travers de plusieurs messages je vais reporter le journal d’un territorial du 65ème RIT. Chaque année du conflit fera donc l'objet d'un message spécifique et sera diffusé chaque jour à venir.

journal E Aub 2


Issu d’un carnet complété lorsqu’il en avait le temps ou l’envie, notre territorial au travers de son récit nous permet de mieux visualiser ce qu’endurèrent nos aïeux. Point de grande littérature, ce carnet ne vous permettra pas de bouleverser notre vision de l’époque, mais il vous permettra de découvrir notre soldat.

Vous n’y trouverez pas de récits de combats, d'envolées lyriques, de relations d’exploits guerriers, mais la vie monotone des territoriaux et les souffrances d’un pauvre bougre qui a fait ce qu’on lui a dit de faire, en silence et sans se plaindre. Le texte est succint, se limitant parfois à quelques mots pour résumer les faits subis. En deux ou trois occasions cependant vous trouverez un sentiment de détresse, d’impuissance et de « ras le bol » mais toujours à mots couverts. Par pudeur on ne se plaint pas ; la "territoriale"  c’est la "planque", d’autres souffrent plus.

.eugene aubard en 1898 au 90°RI
Eugène Aubard
90ème RI - Service militaire en 1898

Voici donc Eugène Aubard, qui, comme souvent en Berry avait pour prénom …. Maurice, Eugène étant le prénom usuel, pas celui de l’état-civil.
Il est né en 1877 à Sarzay (36), une petite commune rurale qui fut si chère à George Sand, lors de ses séjours en vallée noire.

Sarzay


En 1914, il a été mobilisé comme des millions de français, mais trop âgé il a été versé dans la territoriale (les "pépères") ce qui lui a évité de faire partie des combattants de première ligne et lui a certainement sauvé la vie. De 1914 à 1918, il a été cantonné dans la région du "Chemin des dames" entre Soissons (02) et Reims (51) et a tenu jusqu’en janvier 1918, sur un petit carnet, un journal écrit au crayon d’une petite écriture fine et régulière. Ce journal a été pieusement conservé par son fils et est parvenu jusqu’à son petit fils.
Ce journal s’interrompt en janvier 1918; évacué sur Brest (29) avec une importante tumeur à un œil, il y est soigné et ne remontera plus au front. Il passera le reste de la guerre au dépôt de son régiment à Châteauroux (36) à garder les voies ferrées.

Revenu de la guerre affaibli, il contactera une maladie pulmonaire et, malgré des cures à la Bourboule en 1922, 1923 et 1924, Il décédera en 1925. Son décès interrompra les études de son fils Camille qui, destiné à devenir instituteur, reviendra à 17 ans en tant que chef de famille reprendre la petite exploitation agricole au village du Ponderon, commune de Sarzay.

Je tiens à vivement remercier le petit-fils d’Eugène Aubard qui m’a transmis ce carnet. S’il se reconnaît, qu’il n’hésite pas à me recontacter, j’ai honteusement perdu ses coordonnées (Nota 2017 Voir les commentaires de Lauriane  qui m'a permis de citer Jean Marc Aubard).
Merci donc à Jean Marc pour le prêt des documents et merci à Lauriane)

AVERTISSEMENT: La transcription des carnets a été effectuée telle qu'elle. Une fois mise en parallèle avec les Journaux de Marche, elle laisse apparaitre un décalage de date. Le parti pris de ne pas corriger et de laisser les textes tels quels, est volontaire.

 

Le journal d'un pépère
du 65ème Régiment d'Infanterie Territoriale
Année 1914

Octobre 1914 (à cette date, selon le JMO, la division est cantonnée dans le camp retranché de Paris)

16 octobre 1914:
Départ de Chateauroux à 2 h du soir. Issoudun, St Florent, Bourges, Saincaize, Nevers, Le Creusot, Montchanin,Gray Hte Saône arrivée le 17 à 7 h du matin.

Le 17:
Au lieu de se diriger vers Besançon comme nous en avions reçu l’ordre nous reprenons le chemin de Paris. Départ de Gray à 10 h, arrêt à Culmont-Chalindrey, départ à 3 h et demie Langres, Chaumont, Bar sur Aube, Troyes, Noisy le sec

Le 18:
arrivée au Bourget le 18 à 4 heures. Départ à 2h du soir. Crepy en Valois, arrivée à Villers Cotteret à 9 heures du soir.

Le 19:
Départ le 19 à 8 heures arrivée à Vierzy à 10h. Départ à pied arrivée à Saconin à 3 heures.

Le 20:
Repos. Nos aéros survolent les lignes allemandes, violente canonnade contre eux sans résultats du reste. Les copains sont partis aux  tranchées. Ils reçoivent des obus, pas d’accidents.

Le 21:
Début, l’eau tombe, il tonne beaucoup

22 et 23:
continuation de la canonnade, nous brûlons un village

24:
départ de Saconin, nous couchons aux Puiseux, mal couché

Décembre 1914

Le 16:
très froid à l’arrière

 JMO 85e DIT:
Situation d'ensemble de la 85e Division Territoriale au moment où elle aborde la période ses opérations actives.
16 décembre 1914 – Ordre de bataille

La division a été mobilisée à Châteauroux du 2 au 8 aout; elle est arrivée dans le camp retranché de Paris, le 9 aout. En dehors de l'adjonction temporaire des 86 et 87e Territoriaux (29 aout) n'a été modifiée que dans les détails. Il est, à la date du 16 décembre, le suivant:
Général de division Chapel, commandant la 85e divisionnaire
Commandant Lipman, chef d'état-major

Médecin principal de 2e cl. Péradon, directeur du Service de santé
Adjoint à l'intendance Bernal, directeur de l'Intendance
Payeur particulier Lévêque, chef du service du Trésor et Postes
169e brigade d'infanterie: Général Martineau
                65e régiment d'infanterie territorial: Lt Colonel Knoll
                66e régiment d'infanterie territorial: Lt Colonel Moret
170e brigade d'infanterie: Général Tariel
                67e régiment d'infanterie territorial: Lt Colonel Baguery
                68e régiment d'infanterie territorial: Lt Colonel De Castries
Artillerie divisionnaire: Capitaine Faybesse
                1 groupe de 75: 41, 42, 43e batteries du 32e régiment
7 et 8e escadrons du 7e Hussards: Chef d'escadrons Du Laurens
Groupe de Brancardiers divisionnaires et Ambulance (20e Train et 22e section d'infirmiers)

Le 25:
départ 25 Villers Cotteret, Crepy en Valois, arrivée à Trumilly à 4 h, distance 30km, très fatigué, rien à manger, pas de bois, pas de vin. Couché dans un grenier très froid. Mauvais Noël.

JMO 85e DIT
Etat sanitaire de la 85e DIT - Rapport décadaire du médecin divisionnaire.
Crepy, le 25 décembre 1914
L'état sanitaire a été satisfaisant pendant les mouvements de troupe occasionnés par le changement des cantonnements.
A la suite des marches, le nombre des maladies n'a pas augmenté sauf pour le 68e régt dans lequel cette augmentation a persisté et se manifeste encore bien qu'en résumé, l'état n'y soit pas mauvais. Je dois signaler que c'est justement ce régiment dont les cantonnements laissent le plus à désirer. Les défectuosités de ces cantonnements ont été signalées et ils ont été améliorés, surtout au point de vue de leur tenue et de leur hygiène.
D'ailleurs, la création d'équipes sanitaires facilitera considérablement la tâche et on devra exiger qu'à l'avenir, les abords des cantonnements sur les feuillées soient tenus dans un état d'extrême propreté. Le cantonnement du 67e régt est très bien installé sous tous les rapports. ceux du 66e régt sont satisfaisant. Le 65e régt prendra possession de ses cantonnements ce soir et ils seront surveillés d'une façon particulière en raison de l'apparition dans une des  compagnies de quatre cas de fièvre typhoïde qui remontent déjà à quelques jours et sans qu'il y ait de nouveaux cas signalés.
L'état sanitaire a été malgré le temps pluvieux et de brouillard, assez satisfaisant.
On constate surtout des affections saisonnières:
Grippes sans caractère infectieux, angines simples, bronchites et rhumatismes.
L'alimentation ne laisse rien à désirer.
Signé: Péradon

Les 26  27  28:
On ne fait pas grand chose. Mauvais temps.

Le 29:
de garde, nous avons un bon poêle, bonne journée

Le 30:
continuation de la garde jusqu’à 11 h. Le soir repos.

Le 31:
Mauvais temps, changement de cantonnement, arrivée à Rocquemont

 

L'année 1915

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Commentaires
L
Bonjour, je viens de découvrir avec beaucoup d'émotion certaines lettres que mon arrière grand père Eugène a transmis à mon grand père Camille. Vous dites que vous avez perdu les coordonnées de la personne qui vous a transmis les carnets contenant les lettres, je pense qu'il s'agit de mon oncle Jean Marc Aubard. Bien cordialement. Lauriane
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