Eugène AUBARD Un territorial dans la Grande Guerre (1915)
Le journal d'un pépère
du 65ème Régiment d'Infanterie Territoriale
Année 1915
Janvier 1915
1er janvier:
Le matin repos et nettoyage, le soir marche. On touche chacun 7 noix, une pomme, une mandarine, 2 quarts de vin chacun et une bouteille de champagne en quatre.
Une carte envoyée le 2 janvier 1915 à son fils Camille
"Envoi de Aubard Maurice - 65e Territorial - 8ème Compagnie.
1er janvier 1915
Mon cher Camille
Je suis en bonne santé et t'envois mes meilleurs
voeux de bonne année et de bonne santé
et t'embrasse bien fort.
Eugène"
Le 2:
Le matin corvée de bois. A midi école de bataillon. Les bleus sont mis à l’ordre. Pour ma part un lieutenant me dit que je porte mon fusil comme un escargot porte un parapluie.
Le 3:
Les nouveaux manœuvrent seuls, ils espèrent nous dresser, y réussiront-ils ?
Du 4 au 10:
Exercice toujours
Le 11:
Aux tranchées pour s’amuser
Le 12:
Tir à Crepy en valois
Le 13:
Tranchées le matin, le soir revue. Mauvais temps
Le 14:
Le matin et le soir exercices de tranchée, le soir à 8h marche
Les 14 et 15 janvier:
Même travail. Dans la nuit nous recevons l’ordre de marcher en avant
Le 16:
Départ à 5 h par Crepy, Villers Cotteret, nous couchons à Dampleux à 6 km de Villers Cotteret, nous arrivons à 4h du soir, distance 30km. Nous touchons du pain seulement et le lendemain matin nous touchons la viande avant de partir.
Le 17:
Nous partons à 6h et demie sans manger, nous faisons la grand’halte à 12h et demie à Toucy, arrivée à Chacrise à 5h. Nous mangeons un bifteck et espérons bien dormir après 30km. Encore à 10 h du soir sac au dos et nous partons pour Billy sur Aisne remplacer d’autres troupes. Nous arrivons trop tôt. Nous attendons 2 heures sous une averse de neige, on est tout blanc. Nous nous couchons le 18 à 3 heures du matin
Le 18:
On se lève tard. Les boches nous envoient des marmites, elles éclatent à 500 mètres de nous sur la hauteur. Nous partons à cinq heures pour Acy la Campagne. On occupe le village du Carrier et doit soutenir la 7eme compagnie dans les tranchées en cas d’alerte.
Le 19 :
Repos, défense de sortir, le soir à 10 h alerte, nous devons nous tenir prêt à partir, on se recouche tout équipés. Nous grelottons toute la nuit.
Le 20:
Même travail. A 5 h du soir je prends la garde aux issues du village, à 10 h la 6eme compagnie nous relève . Nous passons une bonne nuit.
Le 21:
Il pleut, dans la soirée des obus passent au dessus de nous et vont éclater à 1 km sur le bourg.
Le 22:
Beau temps ; Les aéros se promènent. Nous ne sortons pas. Le soir les Boches envoient des obus de nouveau. Ils tuent 5 chevaux.
Le 23:
Il fait froid. Le soir à cinq heures travail aux tranchées jusqu’à 8h.
Le 24:
Nos pièces envoient des obus à leur tour. Le soir aux tranchées de 8h à 5h du matin.
Le 25:
Nous envoyons le matin des obus sur l’Aisne. Le soir je vais au clayonnage. Les Prussiens bombardent le coteau opposé et incendient un hangar. On envoie toujours des obus, nous travaillons à la protection des phares
Le 26:
Le matin repos. A 5 heures nous partons aux tranchées notre section construit une chambre de repos. A minuit nous allons nous reposer dans un moulin
Le 27:
A 4h nous revenons au travail et continuons jusqu’à 5h du soir. Violente canonnade, les Allemands ne répondent pas. A 8h nous partons aux tranchées, je prends la faction sur les bords de l’Aisne à Venizel. Canonnade continue une partie de la nuit. Il fait très froid. A minuit nous sommes relevés nous restons jusqu’à 6h dans les chambres de repos.
Le 28:
Nous grelottons car il a gelé très fort. Notre secteur part du pont de Venizel qui n’est pas sauté jusqu’à une sucrerie. Nos batteries continuent à envoyer des obus sur les tranchées boches au delà de Ste Marguerite. Le matin quelques coups de fusil sont tirés. J’entends siffler les premières balles. De trois à cinq heures les Allemands envoient des shrapnels dans un petit bois de l’autre côté de l’Aisne, ils éclatent à 100m de nous. On nous relève à 4 heures du soir. Bonnet est blessé. Nous mangeons dans la chambre de repos.
A ce moment les Allemands attaquent. Vive fusillade pendant 10 minutes et les nôtres très inférieurs en nombre abandonnent et reculent jusqu’à Venizel.
Nous allons nous reposer dans la chambre de repos à 1km il est 9h. A 16h sac au dos et nous revenons dans le bois où nous restons sur une petite route jusqu’au lendemain 29 à 6 heures.
Il fait un froid terrible et c’est le 3eme nuit que je ne dors pas . toute la nuit nous trottons sans pouvoir se réchauffer on s’endort debout et on ressemble plutôt à des fantômes qu’à des hommes. Je n’ai jamais tant souffert du sommeil et de lassitude depuis trois jours que je trotte pour me réchauffer.
Le 29
A 6 heures, nous allons à la chambre de repos pour dormir mais il fait trop froid impossible de se réchauffer.
la canonnade continue . A 8h du soir nous retournons aux tranchées jusqu’à minuit. Je me repose dans un boyau qui a un mètre 30 centimètres de large et qui sert de salle à manger et de salle à coucher. Le canon peut tonner je ne l’entends pas.
Le 30 janvier
De minuit à 6h je prends la faction dans la tranchée, il fait un peu moins froid . Je retourne au boyau et dors pendant 3 heures. Au réveil ce n’est plus le même, je suis revenu à la vie. On entend quelques coups de fusil et toujours le canon . A 4 heures la fusillade commence, les Allemands sont dans le bois à 300m ils envoient des balles dum-dum, en éclatant elles font le bruit d’un coup de fouet. On leur répond et pendant un quart d’heure les balles pleuvent, nos mitrailleuses se mettent de la partie et notre 75 leur envoie quelque chose et jusqu’à six heures il fouille le bois, les obus en éclatant font un bruit de tonnerre et surtout à la fin on leur envoie des obus à la mélinite ; c’est effrayant, la terre en est ébranlée.
Je ne prends pas part à l’action nous sommes en réserve, mais j’ai la trouille tout de même pourtant je verrai pire que cela.
Nous sommes relevés à 6h et demie et nous revenons à Acy le Bas, comme je dors bien…
Le 31
Repos mais impossible de trouver de vin
Février 1915
Le lundi 1° février
Je me lève à 9h, je cous ma couverture, je mange la soupe et me recouche. Dans la soirée duel d’artillerie à 7 heures. Violente canonnade , l’écurie en est ébranlée.
Le 2
Violente canonnade à 6 heures et dans la journée nous sommes encore de repos, dégel et grand vent, le soir toujours le canon.
Le 3
Nous prenons la garde au Jury village de la commune d’Acy
Le 4
Nous sommes relevés à 11 heures du matin, le soir repos
Le 5
Départ à 5 heures pour faire des tranchées sur les bords de l’Aisne. A 9heures on reçoit des balles, aucun n’est atteint, les tranchées ennemies sont de l’autre côté. Nous revenons à 11 heures le soir repos.
Le 6
Calme sur tout le front à part quelques coups de canon. A 6h et demie nous partons porter des bourrées pour assainir les tranchées où l’eau monte jusqu’à mi-jambe. Retour à minuit.
Le 7
Le matin repos, à 6 heures du soir nous allons travailler aux tranchées, l’eau tombe, retour à minuit.
Le 8
A midi nous allons au bois faire des bourrées pour les tranchées retour à 5 heures du soir.
Le 9
Le jour repos, le soir aux tranchées retour le 10 à 1 heure
Le 10
A midi nous retournons à la roperie porter des sacs de ciment pour faire des abris de guetteur retour à 5 heures du soir.
Le 11
A 7 heures garde au Jury jusqu’à 5 heures du soir. A 6 heures départ pour les tranchées le soir nous sommes de réserve. Le soir à 9h en patrouille vers Venizelle retour à 11 h. Du côté de Soissons violente canonnade le ciel en est tout embrasé.
Le 12
Le jour je prends la faction. A 6h du soir départ pour les tranchées dans la boue jusqu’à mi-jambe. A minuit je prends la faction sur les bords de l’Aisne, je ne distingue rien ; dans la boue jusqu’au genou très en colère, pour peu je flanquerais le tout dans la rivière. Canonnade comme j’en ai jamais entendue.
Le 13
A 4 heures je reviens au boyau dans la boue. L’eau tombe jusqu’à midi et nous chasse, les sacs sont tous mouillés, j’ai la joue enflée et la fièvre. Il faut rester là quand même, dans la soirée averse, à 7 heures nous allons dans la chambre de repos.
Le 14
A 7 h je prends la faction. Il fait beau et tout sèche. A 6 h du soir nous reprenons les tranchées. Je pars à minuit pour les tranchées au même endroit, il fait froid et c’est mouillé. A 6 heures le 15 je reviens
Le 15
Pas de repos, toujours dans la boue, nous ne sommes pas reconnaissables. A midi les Allemands nous font un concert instrumental, ils ne s’ennuient pas. Le général de Grandmaison vient nous voir, nous sommes relevés à 7 h et nous allons coucher à Acy le Bas.
Le Général Loyzeau de Grandmaison en inspection le 11 février.
Il devait succomber le 19 février 1915 à Soissons des suites de blessures reçues.
Le 16:
Repos
Le 17 et le 18 février:
Quelques corvées nous sommes en cantonnement d’alerte.
Le 19:
Corvée. Des obus tombent aux environs. Le soir nous revenons au Carrier
Le 20:
Le matin repos. Des obus tombent sur le village, pas d’accident. Le soir nous allons au bois au clayonnage, il fait très beau.
Le 21:
Repos et beau temps.
Le 22 et le 23:
Même travail.
Le 24:
Le matin nous allons chercher du bois pour la cuisine, nous abattons un arbre et l’emportons. A 150m un obus tombe juste à la place où nous étions et coupe un autre arbre. Le soir bombardement de Acy le bas ; plusieurs maisons sont abîmées
A partir de ce jour la flemme me prends et j’oublie d’écrire ; en tout cas se sont les impressions d’un « bleu »
Mars 1915
Le 30
Nous prenons les tranchées à la sucrerie , averse de neige jusqu’à minuit
Le 31
Il fait froid mais beau
Avril 1915
Le 1er:
Forte gelée, le matin beau , dans la soirée fort bombardement.
Le 2:
Forte gelée. Un aéroplane allemand est abattu entre Serches et Ambrief. Le soir à dix heures je fais une patrouille, rien à signaler.
Le 3:
Un peu d’eau une partie de la journée, nous sommes relevés à 8 h du soir, il pleut
Le 4:
Jour de Pâques, nettoyage, revue. A 6h le soir je prends la garde au carrier aux issues. Il pleut toute la nuit et le matin
Le 8:
La Couvrelles, Serches, Acy le haut deux jours. Chacrise 7 jours travail de nuit. Maast et Violaine un jour
Le 27:
Départ pour Puiseux 30km très chaud
Le 29:
Départ pour Ambleny 18km
Mai 1915
Exercice jusqu’au 6 mai
Le 6:
Départ pour le travail. Vingré par Roches. Je vois les bombes pour la première fois. On part à 2 h du matin et revenons à 9h du soir, averse avec tonnerre
Carte Etat-Major 1/80.000e Secteur Ambleny - Vingré
Le 7:
Nous devons partir à la même heure et au même endroit. Je vais à la visite et on m’arrache une dent.
Le 8:
Nous retournons à Vingré au même travail. Nous recevons des obus, plusieurs n’éclatent pas.
Vingré - Intérieur bombardé de la ferme Amory
Ruines de la Ferme de Confrécourt
Le 9:
Repos
Le 10:
Départ d’Ambleny pour le Port-Fontenoy. Nous couchons dans une ancienne carrière
Le 11:
Nous allons porter le manger au 40eme de ligne dans les tranchées. En sortant nous sommes saluées par une rafale de 77, pas d’accident.
Le 12:
Nous continuons
Le 13 mai:
Encore le matin nous sommes arrosés pendant tout le trajet par les obus, nous portons la soupe quand même et personne n’est touché. Le soir à 8 heures : de garde.
Le 14:
Continuation de la garde
Le 15:
Nous portons les vivres à la 6eme compagnie ; pendant le repas nous recevons des gros obus à quelques mètres de la tranchée, pas d’accident. Le soir nous prenons la tranchée à notre tour
Le 16:
Beau temps, bombes très près
Le 17:
Pluie
Le 18:
pluie et toujours des bombes. Le soir à 3 heures les Allemands attaquent un petit fortin, vive fusillade et ça nous vaut de l’alerte la nuit et le 19.
Le 19:
Dans la journée le 77 nous rend visite, pas d’accidents.
Le 20:
En alerte toute la nuit, journée calme et beau temps. Le soir vers 9 heures nouvelle attaque du fortin et pendant un quart d’heure vive fusillade et grenades une partie de la nuit ; fusillade de temps à autres, nous restons tous jusqu’à 3h1/2 du matin
Le 21:
Beau temps, toujours quelques shrapnells.
Le 22:
journée assez calme, nous sommes relevés le soir et ma demi section prend la garde à Fontenoy.
Le 23:
Garde jusqu’à midi et nous partons dans un bois jusqu’au soir, départ à 8 heures et arrivée à St Pierre d’Aigle à 2 heures du matin
Le 24:
Nous repartons à minuit et arrivons à Muret les Crouttes à 7 heures
Les 25 26 et 27:
Repos
JMO 169e BI
Mardi 25 mai 1915
Le 2e bataillon du 65e vient entre 8 et 9 heures occuper les cantonnements suivants:
5e et 8e Cies: Les Crouttes
6e Cie: Muret
7e Cie: Hartennes
Le 3e bataillon et l'état-major de régiment relevés de la première ligne, vient cantonner à Saint-Pierre Aigle
et Dommiers
Le 28:
Au travail au dessus de Serches
Le 29:
Pareillement, nous faisons 20 km par jour.
Le 30:
Départ pour la ferme de la Siege, commune de Couvrelles
Le 31:
Toujours au travail.
Juin 1915
Le 1er:
Nous travaillons à 1 kilomètre, il fait très beau et chaud
Les 2 3 4 et 5:
De même, nous continuons les chambres de repos pour l’artillerie.
Le 6:
A 1h départ pour les Crouttes, arrivée à 3 heures. Toute la matinée le canon tonne sans arrêt, nous sommes en alerte et devons être prêts à partir au premier moment
Le 7:
Le matin corvée de lavage, toujours en alerte, il fait très chaud
Le 8:
Toujours aux Crouttes nous partons le soir pour le Siege
Les 9 10 11 12:
Toujours au travail
JMO 85e DIT - 10 juin 1915
Par ordre général n°160 en date du 9 juin du Général commandant la 6e armée, la 85e Division est disloquée.
Les 65 et 66e Régts deviennent la réserve d'infanterie du 37e CA (ex 5e groupe de Divisions)
Le 67e Régt passe à la réserve d'infanteire du 7e CA
Le 68e Régt passe à la réserve d'infanterie du 35e CA
L'artillerie de la Division est placée sous les ordres du colonel Cdt l'artillerie du 37e CA
Les 65 et 66e RIT sont donc affectés au 37e Corps d'Armée, et forment la réserve d'infanterie du CA. On notera que ce changement d'affectation n'impacte en rien le journal d'Eugène. Aucune mention, le travail continue.
Le 13:
Corvée de lavage le matin, le soir au travail
Le 14:
Aussi au travail
Le 15:
Nous partons à 1 heure pour les Crouttes, le soir départ des Crouttes à 6 heures du soir , nous passons par Muret, Nampteuil, Chacrise, Ecurie Septmont et nous arrivons à Berzy le Sec le 16 à 2 heures, nous y restons jusqu’au 21
Le 21 juin:
Je prend la garde, départ à 5 heures et arrivée à Hartennes à 8 heures. Repos jusqu’à midi et départ pour le travail. Nous fendons du bois et le portons dans un champ et chargeons les camions.
Du 22 au 27:
Même travail, pluie le 24 et le 25
Le 28:
Au soir départ pour Saconin par Chaudun et Missy, arrivée à minuit.
Le 29:
Départ pour le travail à 7 heures du soir, et retour le 30 à 5 heures.. Nous travaillons à quelques kilomètres de Soissons auprès de Pernan.
Juillet 1915
Du 1 au 3:
Même travail de jour, départ à 3 heures et retour à 17 heures
Le 3:
En arrivant nous prenons la garde à six heures jusqu’au lendemain à 12 heures
Les 5 6 et 7:
Départ et retour à la même heure
Le 8:
Repos
Tous les jours Saconnin reçoit quelques obus mais sans accident
Du 9 au 13:
Toujours au travail
Le 14:
Repos, beaucoup d’eau. On a son litre et l’ordinaire est amélioré. Sitôt le repas du soir terminé, les Allemands nous envoient le dessert : un obus coupe un peuplier pas loin de nous. Le soir la pluie recommence.
Le 15:
Repos de jour, le soir violent bombardement, nous n’avons pas de pertes. Le soir travail de nuit
Du 16 au 18:
Travail de nuit et toujours entre Soissons et Fontenoy
Du 19 au 22:
Même travail
Les 23, 24 et 25:
Même travail et pluie, temps froid
Les 26,27 et 28:
Je vais à la visite pour les palpitations et il fait mauvais temps
Le 29:
Toujours à la visite . Beau temps aussi les avions en profitent et ils sont fortement canonnés. Le soir violent bombardement mais pas d’accident.
Les 30 et 31:
Exempt de service
Août 1915
Le 1er:
Le matin les Boches arrosent nos batteries qui sont sur la hauteur
Le 2:
Au matin je fais la lessive. Le soir pluie
Le 3:
Travail de jour
Le 4:
Je vais au travail le jour toujours du côté de Pernan
Les 5, 6 et 7:
Travail de nuit
Le 8:
Repos
Le 9:
Travail de jour, nous recevons de marmites
Le 10:
Repos
Le 11:
Départ de Saconin à 8 heures du soir, arrivée à Chaudun à 11 h
Le 12:
Nous restons à Chaudun
Le 13 août:
Départ à 4 heures pour Maast par Droizy et Muret les Crouttes. Arrivée à 10 heures
Le 14:
Repos
Le dimanche 15:
Exercice et défilé devant le colonel
Le 16:
Exercice toujours et vers midi violent orage
Le 17:
Marche manœuvre par Cury et Branges
Les 18 et 19:
Exercices
Le 20:
Marche par Launoy, Arcy Ste Restitue, Branges, environ 16 km
Le 21:
Exercice
Le 22:
Repos, corvée de lavage
Le 23:
Manœuvre vers Muret, il fait très chaud
Les 24 et 25:
Le matin manœuvre et le soir exercice
Les 26 et 27:
Toujours exercice
Le 28:
Repos et revue départ pour Serches à 7 heures du soir, en route violent orage, on se mouille un peu. Arrivée à Serches à 9 heures
Le 29:
Repos, installation
Le 30:
Nous allons au travail vers Acy le haut
Le 31:
Aussi
Septembre 1915
Le premier:
Aussi
Les 2, 3 et 4:
Toujours au travail
Le 5:
Repos
Les 6, 7, 8, 9:
Toujours au même endroit, beau temps
Le 10:
Le matin travail, de garde le soir jusqu’au 11 à 18 heures, beau temps, nuit froide
Du 12 au 24
Toujours le même travail
Le 24:
A 11 heures ordre est donné de rapporter les outils et le soir nous allons entendre le commandant qui nous lit la proclamation du généralissime:
« Soldats de la République ! Après des mois d'attente qui nous ont permis d'augmenter nos forces et nos ressources, tandis que l'adversaire usait les siennes, l'heure est venue d'attaquer pour vaincre et pour ajouter de nouvelles pages de gloire à celles de la Marne et des Flandres, des Vosges et d'Arras. Derrière l'ouragan de fer et de feu déchaîné grâce au labeur des usines de France, où vos frères ont nuit et jour travaillé pour vous, vous irez à
l'assaut tous ensemble, sur tout le front, en étroite union avec les armées des Alliés. Votre élan sera irrésistible.
Il vous portera d'un premier effort jusqu'aux batteries de l'adversaire au-delà des lignes fortifiées qu'il nous oppose.
Vous ne lui laisserez ni trêve ni repos jusqu'à l'achèvement de la victoire. Allez-y de plein cœur pour la délivrance du sol de la patrie, pour le triomphe du droit et de la liberté. Joffre. »
J. Joffre, 24 septembre 1915
Le 25:
En alerte, mauvais temps
Le 26:
Je fais la lessive. A 10h nous recevons l’ordre de départ pour 15 heures, nous arrivons aux Crouttes par le Mont de Soissons, Violaines, Maast à 17 heures.
Les 27 et 28:
En alerte
Le 29:
Revue par le colonel au dessus de Violaines
Le 30:
Présentation du drapeau le soir
Octobre 1915
Le premier:
Exercice
Le 2:
Départ pour Violaines à 7heures et demie, le soir exercice à 1 heure
Le 3:
Repos
Le 4:
Exercice
Le 5:
Travail
Le 6:
Exercice
Le 7:
Travail
Le 8:
Exercice
Le 9:
Toujours travail du côté d’Acy le Haut à 9 kilomètres
Le 10:
Repos
Le 11:
Exercice
Le 12:
Travail
Le 13:
Tir
Le 14:
Repos
Le 15:
Départ de Violaines à 2 h du soir par Nampteuil, Muret, droizy, Chaudun, Cravançon arrivée à Dommiers à 8 h, distance 20 km
Le 16:
Départ de Dommiers à 6h du soir par Cravançon Mersin, nous prenons les tranchées à l’arrivée à 9h du soir. Je prends sur les bords de l’Aisne jusqu’au 17 à deux heures.
Le 17:
Brouillards toute la nuit et la journée. A 6h du soir nous faisons une patrouille sur les bords de la rivière et ensuite je prends la faction jusqu’à minuit. A 7 heures quelques coups de fusil entre les sentinelles opposées et une patrouille ennemie qui avait traversé en barque, finalement ils se retirent laissant un blessé et un prisonnier.
Le 18:
A midi je prends à la maison du pécheur jusqu’à minuit. Il fait froid
Le 19:
Repos toute la journée, je ne prends qu’à minuit au poste 8
Les 20, 21 et 22:
Même chose
Le 23:
Nous faisons une patrouille sur les bords de l’Aisne par le brouillard et nous rentrons tout trempés jusqu’au genoux.
Le 24:
Nous revenons à Mercin, je vais à la visite
Du 24 au 30:
Travail de nuit et faction jusqu’à minuit
Le 31:
Nous retournons aux tranchées, le soir à six heures patrouille et poste 8 jusqu’à minuit
Novembre 1915
Le premier:
Mauvais temps, à minuit à la cabane du pécheur jusqu’au lendemain à midi
Le 2 et le 3:
Faction au même endroit
Le 4:
Jusqu’à midi de même , à minuit au poste 10
Le 5:
Poste 10 jusqu’à 6 heures, a minuit de garde aux abris jusqu’à 6 heures
Le 6 novembre:
Dans la soirée travail et patrouille
Le dimanche 7:
Le matin corvée et à midi au pécheur jusqu’à minuit
Jusqu’au 24:
Toujours le même travail
Le 24:
Le soir patrouille, nous recevons quelques coups de fusil, pas d’accident.
Le 25:
Aussi, nous ripostons et tout se passe bien
Décembre 1915
Le premier:
Nous sommes relevés par le 66ème territorial à 8 heures du soir par la pluie et nous allons coucher à Dommiers par Vaux, Saconin.
Le 2:
Arrivée à 1 heure du matin
Le 3:
Nous repartons à 6 heures et la pluie ne cesse pas de la journée, arrivée à Maast par Chaudun, Hartennes, Droizy et Muret à midi.
Le 4 et le 5:
Toujours la pluie et repos
Rien d’important jusqu’au 25
Le 26:
Départ en permission de Maast à 5 heures. Nous partons de Chacrise à 7 heures par Oulchy, la Ferté Milon, Meaux et gare de l’est. Petite promenade à Paris et déjeuner 80 rue Traversière, retour par le métro et départ de la gare de l’est à 16h35.