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Indre 1914-1918 - Les 68, 90, 268 et 290e RI
31 janvier 2005

Les enfants du Pin

Suite à un rangement de mon bureau, j'ai retrouvé une photo qui m'avait servi pour un relevé Memorial GenWeb.
Il s'agit de la plaque qui se trouve dans l'église du Pin, commune de Badecon. Je n'ai pu m'empêcher de faire le rapprochement avec ma visite d'hier à l'Arc de Triomphe, à Paris.
Donc, ce soir, une pensée pour ces soldats dont les patronymes me sont si familiers et où cependant ne se trouve aucun membre de ma famille directe.

   

Plus d'informations: les relevés de la commune de Badecon Le Pin

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20 janvier 2005

Arrivée au corps - La troupe

« La troupe.

J'eus l'occasion de la voir au cours de deux revues. La première était la revue de départ que j'ai passée moi-même dans la matinée du 17 janvier, et la deuxième était une revue prescrite par le Général Dubois qui commandait le Corps d'Armée.

Les revues de départ aux tranchées se passaient à ce moment dans les champs, au bord Sud de la route de Poperinghe. Le Général Dubois, ainsi qu'il me l'avait annoncé à mon arrivée, affectait au régiment presque tous les renforts qui arrivaient de l'intérieur. Il tenait à me remettre un régiment avec un effectif convenable. C'est ainsi que je reçus plus de 600 hommes dans les journées qui ont suivi mon arrivée. Aussi les compagnies que j'inspectais ne laissaient-elles rien à désirer sous ce rapport. Par contre, ce qui m'a frappé, c'était l'âge des hommes. Je les trouvais vieux. Beaucoup frisaient la quarantaine. Ce n'étaient plus des réservistes, mais des territoriaux. On m'expliqua que les classes de la réserve étaient épuisées, que les jeunes classes de la territoriale se trouvaient dans les régiments territoriaux, de sorte que pour le moment il ne restait que les vieilles classes de la territoriale. C'était donc dans les régiments de réserve qu'on trouvait les hommes les plus vieux de l'Armée. Peu m'importait, mon parti était pris. Je les pris en affection ces vieilles barbes grises. Tous ces vieux n'étaient pas des soldats improvisés. Ils étaient disciplinés et avaient bon esprit. Ils faisaient consciencieusement leur besogne ingrate des tranchées. Ils ne ronchonnaient jamais. Après avoir piétiné pendant six mois dans l'eau et dans la boue du Bois du Polygone ils ont encore trouvé en eux-mêmes assez d'ardeur pour enlever des tranchées allemandes.

Revenons à nos revues. Comme je l'ai dit, celle de l'après-midi avait été prescrite par le Général Dubois. Il devait la passer lui-même. Il en fut empêché au dernier moment, et c'est le Colonel Briant qui le remplaça. La revue eut lieu comme d'habitude sur la pelouse du Château. Outre le 290e, il y avait des unités du 114e et du 125e. Un défilé en colonne par quatre clôtura la revue. Les vieux du 290e défilèrent aussi crânement, et avec autant de brio que les bataillons actifs. Je n'eus plus aucun regret de commander un régiment de réserve ».

Sources: Eggenspieler "Un régiment de réserve en Berry - Le 290eRI" Bourdier 1932

19 janvier 2005

Arrivée au corps - Les Officiers

"Les Officiers.

D'après le souvenir qui m'en reste, le premier officier que je vis était le Capitaine Marsily, qui dans la matinée avait fait le cantonnement du régiment. Je vis ensuite les officiers de l'Etat-major du régiment, le Lieutenant Sohier et le sous-lieutenant Devilliers. Ils avaient fait tous deux la campagne depuis le début, ce qui était précieux pour moi. Le Lieutenant Sohier était mon officier adjoint. Il avait toutes les qualités requises; pour ces délicates fonctions. Il rédigeait les ordres et les comptes rendus comme un véritable officier d'Etat-major. Le sous-lieutenant Devilrers était beaucoup plus jeune que son camarade Sohier. Il était chargé des fonctions de porte-drapeau. En réalité, il faisait sa part des travaux de bureau.

J'entrais ensuite en relation avec les chefs de service. Le premier que j'ai vu était je crois le Lieutenant Patureau-Mirand, un Berrichon de vieille date. Il aimait passionnément son régiment. Il connaissait tous les soldats, au moins ceux originaires du pays. Par son âge il aurait pu rester à l'intérieur. Il n'en a rien fait. Il tenait à suivre son régiment en campagne. Il avait un excellent moral. Dans la dernière année de la campagne il tenait absolument à prendre le commandement d'une unité combattante, jusque là il avait rempli les fonctions d'officier de détail.

J'ai fait connaissance ensuite avec le Lieutenant Maître. Il était officier d'approvisionnement. C'était un grand et solide gaillard, respirant la santé. Parisien d'origine, il était toujours prêt à la blague. Dans son service il était débrouillard comme pas un. Quand personne n'était ravitaillé, le 290e avait sa pitance. Il avait ses méthodes à lui, qui étonnaient les fonctionnaires de l'Intendance.

Le Médecin-Chef était le Docteur Rosenthal. Il était sympathique quoique d'un abord froid, qu'il devait peut-être à son origine nancéienne. Il était plein de sollicitude pour les vieux Poilus du régiment. Il est passé par la suite au 114e où il a eu son quatrième galon ainsi que la Croix.

Il me reste à dire un mot des deux Chefs de bataillon. Celui du 5e bataillon était le Commandant Renard qui, avant mon arrivée, exerçait le commandement du régiment. Il était grand et bien taillé. Avec sa barbe en fleuve il avait un aspect imposant. Il était en campagne depuis le début.

Le 6e bataillon était commandé par le Commandant Mercier de Lacombe. Incomplètement guéri de sa blessure du mois de novembre précédent, il venait de rejoindre le régiment à Wlamertinghe peu après moi. C'était un Chef de bataillon tout jeune sur lequel je pouvais compter en toutes circonstances. Il était apte à se tirer d'embarras dans n'importe quelle situation. Il était regrettable qu'une nouvelle blessure grave reçue à la fin de 1915 l'ait mis dans l'obligation de quitter la troupe.

Je ne parlerai pas en détail de chacun des officiers de compagnie. J'ai fait leur connaissance petit à petit, dans les tranchées et au cantonnement. Il y en avait de jeunes et de vieux. Trois étaient officiers de carrière, les Capitaines Beyler, Beauclin et Collet. Tous les autres étaient officiers de réserve. Tous connaissaient parfaitement leur métier et étaient pour moi d'excellents collaborateurs".

Sources: Eggenspieler "Un régiment de réserve en Berry - Le 290eRI" Bourdier 1932

18 janvier 2005

L'arrivée à la Division

"Mes premiers contacts

Je me rendis d'abord au 90e, commandé à ce moment par le lieutenant-colonel Alquier. C'était un charmant camarade, plein de tact. Il me présenta à ses officiers comme leur Colonel. Je trouvais cette idée pleine de délicatesse. J'allais ensuite au 268e où je trouvais le lieutenant-colonel Michel, qui avait été mon caporal à Saint-Cyr. C'était un excellent camarade avec lequel j'allais collaborer dans une entente parfaite jusqu'au moment où il fut blessé dans le Bois du Polygone. Je retrouvais également le lieutenant-colonel Lapierre, le lieutenant-colonel Benoit. Tous deux étaient des camarades de promotion. Le premier commandait le 68e, le second le 114e. Pour mes débuts je me trouvais donc en plein pays de connaissance.

Je fis ensuite visite aux E.-M. des 17e et 18e D.I. Les Généraux me firent très bon accueil. A la 17e D.I., je retrouvais le lieutenant-colonel Lafont, qui commandait l'A.D. 17. C'était un ancien camarade de l'Ecole de Guerre et de la garnison de Belfort. En prenant congé du Général Guignabaudet, qui commandait la 17e D.I., le Général ne put pas s'empêcher de me glisser dans l'oreille, que le 290e était le seul régiment qui lui avait perdu des tranchées. C'était toujours le souvenir des tranchées de Wallemolen ou de Zonnebeke"

Sources: Eggenspieler "Un régiment de réserve en Berry - Le 290eRI" Bourdier 1932

17 janvier 2005

L'arrivée au 9e Corps

"Au P.C. du 9e C.A.

Un chef d'escadron d'artillerie (Commandant Labruyère), garçon très aimable qui faisait la liaison entre Poperinghe et le P.C. du Général Dubois, m'emmena en auto chez le Général. Celui-ci était encore à table avec ses officiers quand j'arrivai. Il me fit servir à déjeuner, puis il me questionna longuement sur mon passé militaire. Je lui fis connaître que j'avais été pendant quatre ans le délégué du 2e Bureau dans la place de Belfort, qu'avant mon affectation à la place de Cherbourg j'étais désigné pour diriger le 2e Bureau d'une Armée en cas de mobilisation. Dans ce cas, comment cela se fait-il, me fit-il remarquer, qu'on ne vous ait pas affecté à un 2e Bureau ? Je lui répondis que cela eût sans doute été trop naturel. Cela m'a rappelé l'histoire des danseurs et des calculateurs. Cela n'empêche que pour mon compte personnel j'étais enchanté d'aller dans la troupe. J'ai estimé que ce n'était que là que je ferais réellement la guerre. Pour finir, le Général qui m'avait fait un accueil très aimable, devait me causer un désappointement, qui heureusement ne fut pas de longue durée. Vous croyez sans doute aller au 114e me dit le Général. Je lui répondis que oui, la dépêche du Ministre m'affectait à ce régiment. Eh bien ! Non, reprit le Général, vous allez commander le 290e. J'eus le désenchantement du bonhomme qui depuis deux jours a voyagé dans une pensée, et qui brusquement est obligé de s'accommoder à une autre. Va pour le 290e, me dis-je. Cela n'empêche qu'en peu de jours c'était déjà le deuxième mécompte que j'enregistrais. Un ami personnel de l'Etat-major de l'Armée ne m'avait-il pas dit que j'irais au 2e Bureau du G.Q.G. ! Je n'eus aucun chagrin d'avoir manqué cette destination. Je me consolais en me disant que j'ai fait un heureux en laissant cette place libre. Coïncidence curieuse, en parcourant Poperinghe, j'ai appris qu'un Chef d'Escadron d'artillerie venait d'être désigné pour le 2e Bureau, du G.Q.G.

Puisque j'étais au 290e, je me mis incontinent en contact avec les régiments qui cantonnaient à Wlamertinghe. Le 290e était dans les tranchées. Le Général Dubois n'a pas voulu que je prenne mon commandement avant que le régiment fut descendu des lignes".

Sources: Eggenspieler "Un régiment de réserve en Berry - Le 290eRI" Bourdier 1932

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16 janvier 2005

Passation de commandement au 290e

Le 2 novembre 1914, dans le secteur d'Ypres, l'artillerie allemande se mit à tirer. Pour commencer, elle dirigea ses obus sur Saint-Julien puis, le tir fut dirigé sur la région du P.C du 290e. Vers 8 heures, deux obus éclatèrent juste au-dessus de la ferme où était installé le P.C. Le Colonel Hirtzmann fut touché. Il avait deux blessures légères à l'épaule et au côté, mais une plus grave et profonde au-dessous des reins. On l'emporta sur une civière au poste de secours, où le Docteur Rosenthal sonda les plaies, et fit connaître au Colonel que son évacuation s'imposait. Le Colonel s'y résigna

Le Commandant Renard prit provisoirement le commandement du régiment. Les bataillons avaient deux chefs excellents, le Capitaine Simonnet au 5e, et le Commandant de Lacombe au 6e.

Le 13 janvier, le colonel Eggenspieler, parti de Cherbourg le 11, arrive à Poperinghe.

Voici donc son arrivée au sein du 9e Corps d'Armée :

« Ma désignation pour le front

J'étais à la déclaration de guerre Chef d'Etat-major de la place forte de Cherbourg. J'y ai été maintenu en cette qualité jusqu'au mois de janvier 1915. A ce moment une dépêche ministérielle m'affecta au commandement du 114e R.I. J'étais enchanté de cette désignation. Mon maintien dans une place forte, où on ne voyait que des blessés et des prisonniers, finissait par me peser. En ma double qualité d'Alsacien et d'Officier de carrière je tenais absolument à prendre ma part de la guerre. Quand je connus la retraite allemande de la Marne, j'étais désolé. Je m'imaginais déjà que j'arriverais, comme les fameux carabiniers, après la bataille. Il n'en fut rien, j'ai eu largement le temps de guerroyer encore pendant quatre ans.

Mon arrivée

Embarqué à Cherbourg le 11 janvier avec mon ordonnance et mes deux chevaux, je débarquais à Poperinghe le 13 au matin. J'allais aussitôt à la Mairie où se trouvait le Q.G. du 9e C.A. Quand je revins à la gare mon ordonnance, mes chevaux et mes bagages avaient disparu. Personne ne les avait vus. Il a fallu mettre la gendarmerie à leurs trousses. On les retrouva le lendemain installés dans une grange où ils attendaient. Mon ordonnance qui en temps de paix n'avait jamais fait œuvre de la moindre initiative, s'était dit, maintenant c'est la guerre, il faut se débrouiller. Il était allé tranquillement se cantonner avec ses chevaux, se disant, que tout le monde saurait bien vite, où un personnage aussi important que lui, était allé se nicher ».

Sources: Eggenspieler "Un régiment de réserve en Berry - Le 290eRI" Bourdier 1932

31 décembre 2004

Fin d'année

En ce jour du 31 décembre 1914, les unités du 9e CA sont toujours dans le secteur de Zonnebeke.

Louis BARNAGAUD et Louis ROBIN du 90e RI sont tombés sur le champ de bataille du Nord-Est d'Ypres. Le même sort devait concerner ARNAULT Auguste, BERGEAULT Alphonse, MATHERON Louis au sein du 268e RI.

Pendant ce temps, le 2e classe Ernest PHILIPPON du 90e et le sergent Louis BRET du 290e décédaient à l'hôpital d'Abbeville (80) pour le premier et à celui d'Airvault (79) pour le second.

Le sergent BRET était originaire d'Orsennes à quelques kilomètres de mon village d'origine. On peut facilement imaginer, qu'en tant que "pays", il ait connu Lucien BESSONNEAU. Louis BRET est mort des suites de "maladie contractee contractee au front", comment pouvait-il en être autrement au vu des conditions de vie dans les zones de combats?

Louis BARNAGAUD repose maintenant en paix à la nécropole Notre Dame de Lorette (Carre 13 Rg 5 n°2536).

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