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Indre 1914-1918 - Les 68, 90, 268 et 290e RI

8 septembre 2010

La 1ère Cie du 90e RI - Des Ardennes à la Marne (08/09/1914)

8 septembre 1914 (5 Km)
5 heures. Réveillés en sursaut par une fusillade toute proche. Des éléments de régiments de réserve aux avant-postes se sont laissés surprendre dans les bois à notre droite. Des fuyards du 348e (52e DI) se replient en désordre vers nous, venant de la direction de la Grande Ferme. Bientôt, nous même recevons l'ordre de retraite. Les nouvelles sont mauvaises. Tués les capitaines G., L. lieutenants de la BUSSIERE, Lieutenant L.; blessés capitaine PENIN, lieutenant d'H. Nous nous établissons derrière le Mont Aout et nous attendons. Les obus tombent dru mais un peu partout. Depuis trois jours nous n'avons rien touché. nous passons la nuit là.

 

19140908

Sources:
Général Carpentier 'Revue Militaire" du 25 février 1954 (n°228)

Site Géoportail IGN

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7 septembre 2010

La 1ère Cie du 90e RI - Des Ardennes à la Marne (07/09/1914)

7 septembre 1914 (8 Km):
Le bombardement commence dès le petit jour. Nous sommes pris complètement en enfilade. Nous faisons face à BANNES et les coups viennent de la direction de MORAINS-LE-PETIT. Impossible de bouger. Nous serions repérés. Il y a tant de boqueteaux que l'artillerie allemande tire au petit bonheur, sans aucun mal pour nous.
J'occupe une petite tranchée avec le lieutenant BOUTON, un sergent et 4 hommes.
Vers 16h le calme se rétablit un peu. J'en profite pour partir avec 2 hommes pour BANNES chercher des victuailles et de l'eau.
A peine étions-nous partis que le bombardement recommence de plus belle. Le 3e bataillon vient de recevoir l'ordre d'attaquer AULNIZIEUX, et la préparation d'artillerie commence. Des batteries de 75 en position derrière la route de BANNES au N.O. du village tirent sans interruption. C'est un vacarme infernal. Les détonations sèches du 75 déchirent nos oreilles. Les Allemands répondent. Nous arrivons à BANNES juste au moment où un obus allemand démolit le clocher. Le 3e bataillon est là. Il se porte en avant par la chaussée qui traverse les marais de SAINT-GOND entre BANNES et AULNIZIEUX. La garde prussienne qui tient le village oppose une résistance acharnée.
Par trois fois les compagnies se lèvent sous un feu d'enfer, se précipitent sur le village à la baïonnette. Elles en atteignent les lisières, et se battant à l'arme blanche, réussissent à y pénétrer. La nuit est venue, et dans le village en flammes la lutte se poursuit de rue en rue, de maison en maison. Le caporal CHOPINET se jette sur un officier prussien, et le transperce de sa baïonnette.  Mais les Allemands embusqués dans les maisons fusillent les nôtres à bout portant. Le commandant JETTE, chef d'Etat-Major de la 17e Division, qui avait rassemblé quelques sections est tué à leur tête en les emmenant pour la 3e fois à l'assaut. Le commandant ROYNE, commandant le bataillon, est blessé. La plupart des officiers sont tués ou blessés, et le village d'AULNIZIEUX reste aux mains de l'ennemi. Le lieutenant de VAREILLES-SOMMIERES, après avoir chargé 3 fois à la tête de la 11e Cie, reçoit l'ordre de regagner BANNES. A la lisière d'un bois, il est arrêté par le cri de "Halte!". Comprenant que ce sont des Allemands, il s'écrie: "A genou, mes enfants. feu à répétition, ce sont les Allemands" et s'écroule percé de balles.
Je rejoins ma compagnie. Pendant mon absence, un obus est tombé dans la tranchée que j'occupais, tuant 4 hommes et blessant grièvement le lieutenant BOUTON.
Je reprends le commandement de la compagnie.
Pas de distribution encore aujourd'hui.

19140907

 

Sources:
Général Carpentier 'Revue Militaire" du 25 février 1954 (n°228)

Site Géoportail IGN

 

6 septembre 2010

La 1ère Cie du 90e RI - Des Ardennes à la Marne (06/09/1914)

6 septembre 1914 (8 Km):
J'occupe avec ma compagnie, un petit bois de pins à 3 km au sud de BANNES, où je me maintiens toute la journée. On me communique l'ordre du jour de FOCH "Tenir coûte que coûte pendant trois jours". Les Allemands sont, parait-il, bousculés à notre gauche. Il ne faut pas qu'ils percent sur nous. Toute la nuit, nous creusons des tranchées face au Nord. Je cherche à me mettre en liaison avec la 11e Cie qui doit occuper BANNES. Il fait affreusement noir. A l'entrée du village, je trouve le cadavre d'un cycliste français dans un fossé. Le village parait inoccupé. Pas de distribution aujourd'hui. La soif nous fait cruellement souffrir.

 

19140906

Sources:
Général Carpentier 'Revue Militaire" du 25 février 1954 (n°228)

Site Géoportail IGN

5 septembre 2010

La 1ère Cie du 90e RI - Des Ardennes à la Marne (05/09/1914)

5 septembre 1914 (25 Km):
Nous sommes repartis à la première heure et marchons toujours vers le Sud. Nous faisons grand'halte entre ECURYE-LE-REPOS et NORMEE, dans un ravin au bord de l'eau. Le colonel réunit les officiers et nous lit l'ordre du jour du général JOFFRE ordonnant la reprise de l'offensive le 6 au matin. La nouvelle se transmet comme une trainée de poudre. Tous, officiers et soldats sont enchantés. Nous allons enfin nous mesurer avec cet ennemi insaisissable devant qui nous reculons sans combattre depuis 12 jours. Les hommes sont ragaillardis. Nous nous sentons plus à l'aise. Nous qui préparions nos hommes à un abandon de PARIS, qui cherchions toutes les bonnes raisons possibles pour leur expliquer cette retraite interminable! C'est fini. Plus de cauchemar. La marche se poursuit allègrement. Nous avons tous la même pensée.Nous allons nous battre enfin! Rien ne saurait être aussi déprimant physiquement et surtout moralement que les sombres journées de retraite que nous venons de vivre. Nous arrivons à FERE-CHAMPENOISE. Le lieutenant BOUTON vient prendre le commandement de la compagnie.
Je vais rendre visite à de braves gens qui m'avaient hébergé 2 mois avant, quand j'étais Saint-Cyrien. Ils me disent leurs craintes. Beaucoup d'habitants sont partis. Faut-il les imiter? Je les en dissuade. Demain, nous reprenons l'offensive. Qu'ont-ils fait? Je l'ignore, mais les jours suivants on se battait dans les rues de la ville.

 

19140905

Sources:
Général Carpentier 'Revue Militaire" du 25 février 1954 (n°228)

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4 septembre 2010

La 1ère Cie du 90e RI - Des Ardennes à la Marne (04/09/1914)

4 septembre 1914 (37 Km):
Et nous repartons. Journée terrible. Toujours le chaleur et il faut marcher, car nous nous sentons serrés de près. Depuis ce matin, le canon tonne sans arrêt, et semble nous suivre  pas à pas. Pourvu que nous ne soyons pas coupés de la Marne. Pressons, pressons. Et les hommes courbent la tête et continuent, farouches serrant les dents, l'oeil mauvais, abrutis de fatigue. nous sommes retardés par un de ces interminables défilés qui nous ont fait cortège depuis la Belgique. Mais l'heure n'est pas aux attendrissements, et voilà les grandes fourragères garées dans un champ. Les pauvres gens font peine à voir. Vieillards, femmes, enfants nous regardent passer et nous injurient. Ils ne comprennent pas pourquoi, nous, soldats, il faut que nous échappions à l'étreinte plutôt qu'eux! Que leur dire? Nous baissons la tête. Nous voici à CONDE. Le canon se rapproche. Enfin, nous sommes passés. On apprend que l'on a désarmé tous les forts de REIMS. Pourquoi?
Nous passons à JALONS, CHAMPIGNEUL et arrivons à VOIPREUX où nous cantonnons.

 

19140904

Sources:
Général Carpentier 'Revue Militaire" du 25 février 1954 (n°228)

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3 septembre 2010

La 1ère Cie du 90e RI - Des Ardennes à la Marne (03/09/1914)

3 septembre 1914 (25 Km):
Alerte à 0 h, nous partons à 3 h.
Nous traversons NOGENT-L'ABBESSE-SILLERY et faisons grand'halte sur le bord de la route vers BEAUMONT-SUR-VESLE. Il fait une chaleur étouffante, il est 10 h. Soudain on entend le bruit d'un moteur. C'est un avion allemand qui survole SILLERY à quelques centaines de mètres et lâche 2 bombes. Il se dirige vers nous. Malgré les ordres, la fusillade éclate. Il est touché, cherche à atterrir, mais à dix mètres de haut il glisse sur une aile et vient s'écraser au sol. Des débris, nous retirons l'observateur, un lieutenant légèrement blessé. le pilote est tué. Nous repartons et venons cantonner à TREPAIL. Très peu entendu le canon aujourd'hui.

19140903

Sources:
Général Carpentier 'Revue Militaire" du 25 février 1954 (n°228)

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2 septembre 2010

La 1ère Cie du 90e RI - Des Ardennes à la Marne (02/09/1914)

2 septembre 1914 (27 Km):
Nous avons marché une partie de la nuit et nous sommes arrivés à 2h du matin à BERRU, où nous demeurons toute la journée. Nous creusons quelques tranchées en avant du village.

19140902

Sources:
Général Carpentier 'Revue Militaire" du 25 février 1954 (n°228)

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1 septembre 2010

La 1ère Cie du 90e RI - Des Ardennes à la Marne (01/09/1914)

1er septembre 1914:
Pas de changement.
Les bruits les plus fantastiques circulent. On dit que le général PAU vient prendre le commandement de notre Armée.
On parle de succès en Lorraine et en Alsace, mais pas de précisions.
A 14 heures, les Allemands attaquent et commencent à nous arroser de percutants. Ce sont les premiers percutants de gros calibres que nous recevons (du 150 probablement). Les batteries françaises tirent à toute vitesse, mais sont immédiatement repérées et contre-battues. J'en ai vu une, obligée à plusieurs reprises de cesser son tir, et le reprendre peu après. Les hommes en bras de chemise servent les pièces. Un obus malheureux fait sauter un caisson et endommage trois canons. Il en reste un. Deux hommes continuent à tirer. L'un apporte les obus, l'autre pointe et tire. C'est splendide.
Nous nous demandions comment les Allemands pouvaient si bien repérer nos batteries, lorsque loin à l'horizon, nous aperçûmes, haut dans le ciel, un ballon de forme allongée. C'était le premier drachen que nous voyions.
Le 90e est arrosé copieusement. J'ai dans ma compagnie 2 tués et 8 blessés. Près de moi, le capitaine B. et le lieutenant D. sont blessés par le même obus.
A 19 h, ordre de battre en retraite. Nous n'y comprenons rien. Nous avons tenu toute la journée et maintenant nous reculons. Naturellement, les cuisiniers que j'avais envoyés à LA NEUVILLE ne nous ont rien apporté.

19140901   

Sources:
Général Carpentier 'Revue Militaire" du 25 février 1954 (n°228)

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31 août 2010

La 1ère Cie du 90e RI - Des Ardennes à la Marne (31/08/1914)

31 aout 1914:
Nous avons cantonné dans un petit hameau, et sommes repartis ce matin à la recherche du régiment qui est dans les parages. Nous rencontrons d'abord le 4e Cie puis, enfin, le reste du régiment vers le MESNIL-ANNELLES. Pauvre régiment! Il a été engagé hier à BERTHONCOURT et a beaucoup souffert: 1 commandant tué, 2 commandants blessés, 1 sous lieutenant blessé, le 3e bataillon décimé, le 68e également.
Le commandant du 1er bataillon (Capitaine PINEAU) ayant été blessé, mon capitaine (CONNEAU) prend le commandement du bataillon. Je prend celui de la compagnie. Il reste 170 hommes environ.
Je m'installe en soutien d'artillerie entre JUNIVILLE et LA NEUVILLE, à hauteur de l'ancienne voie romaine et passe la nuit dans une meule de paille.

 

19140831

Sources:
Général Carpentier 'Revue Militaire" du 25 février 1954 (n°228)

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30 août 2010

La 1ère Cie du 90e RI - Des Ardennes à la Marne (30/08/1914)

30 Aout 1914 (du 30 au 31 inclus: 22 Km):
Pendant la nuit des troupes françaises sont arrivées à RETHEL. Je me mets à la disposition d'un capitaine de tirailleurs qui occupe le pont. Arrivent également 600 hommes du 65e régiment venant du dépot et qui cherchent leur régiment. Le capitaine de tirailleurs les garde avec lui. Nous barricadons le pont, installons des matelas aux fenêtres des maisons et attendons.
Un escadron du 5e cuirassiers passe devant nous. Le canon tape dur à notre droite. Soudain à 800 m à vol d'oiseau, nous apercevons se profilant sur le ciel gris, près du mur du cimetière, une patrouille de cavaliers allemands. Le capitaine de tirailleurs m'envoie avec mes 12 hommes en patrouille de l'autre côté du pont, voir si cette partie de la ville est occupée. Rien, dans les rues. out est fermé. Mes hommes sont sur les trottoirs, les fusils chargés, visant les fenêtres, prêts à tirer. Comme nous arrivons sur une petite place, éclatent quelques coups de fusil très rapprochés, suivis d'une galopade effrénée et 2 chevaux sans cavalier, criblés de balles, viennent s'abattre à nos pieds. Nous nous embusquons dans des embrasures de portes et nous attendons. Des bruits de chevaux au pas se rapprochent et tout à coup, à 50 m, apparaissent 2 cavaliers allemands. Un volée de coups de feu, ils tournent bride et disparaissent au galop.
Nous revenons. Mais les Allemands sont fixés maintenant et bombardent le pont et les maisons avoisinantes. Il se produit un léger flottement. Alors, le capitaine de tirailleurs va s'asseoir sur une chaise au milieu du pont sans paraitre se soucier des obus qui éclatent près de lui. Quelques tirailleurs s'étant débandés, un lieutenant rassemble sa section sur le pont et fait exécuter des mouvements de maniements d'armes. La canonnade augmente d'intensité. On vient nous dire que les Allemands tirent aussi sur un deuxième pont situé en arrière de nous pour nous couper le retraite. Un obus vient d'entrer par une fenêtre dans une chambre, tuant 12 hommes. L'ordre de repli est donné. nous sommes obligés de passer le deuxième pont individuellement, tant il est battu par les balles. Je marche une partie de la nuit, et rencontre la 2e Cie du 90e, perdue elle aussi. Je me joins à elle. Pas de distribution.

19140830

Sources:
Général Carpentier 'Revue Militaire" du 25 février 1954 (n°228)

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