Canalblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité

Indre 1914-1918 - Les 68, 90, 268 et 290e RI

8 mai 2006

Remerciements pour leur patience

Je ne pouvais passer sous silence ma reconnaissance envers Mireille et Clément pour leur patience, voir leur abnégation à me supporter pendant une semaine.

mireilleclement_lorette1

Merci à vous deux

Publicité
Publicité
7 mai 2006

L’attaque allemande du 7 mai et les contre-attaques de la 152e division.

Les instructions (nota JC : de la veille) ne pourront même pas recevoir un commencement d’exécution. L’ennemi devance, le 7 mai, toute initiative française.
Le bombardement devient « effroyable » à partir de 3h30. Les hommes n’ont plus d’autres abris que les trous d’obus. Les pertes sont très sensibles. Comme cadres, il ne reste plus en 1ère ligne au début de l’après-midi aucun officier au bataillon Quillet, 4 seulement au bataillon Durand. Le bombardement s’étend au Crochet ; il est très violent vers 5 heures, se ralentit vers 9 heures, reste ensuite faible jusque vers 15 heures.
Partie vers 15h45, l’attaque allemande crève la ligne française aux deux ailes du bataillon Durand et à la jonction des bataillons Quillet et Baffet. Des groupes ennemis s’infiltrent en direction de Pommerieux ; d’autres progressent jusqu’au ravin de le Passerelle, dans la région de la cote 221.
Sans se laisser émouvoir par les menaces qui pèsent sur leurs communications, les bataillons de 1ère ligne résistent sur leurs emplacements, établissent de crochets défensifs sur les flancs débordés, font intervenir leurs mitrailleuses en soutien, dont le tir fait des ravages considérables dans les rangs ennemis.
Cette ferme attitude des éléments avancés fixe au sol l’assaillant.
Plus en arrière, le colonel Paqette incite d’une part le lieutenant-colonel (commandant le 114e RI) à renforcer le bataillon Durand et à contre-attaquer « à temps ». Il met, d’autre part, le bataillon en réserve de brigade sur la deuxième position à la disposition du lieutenant-colonel Oudry (commandant le 125e RI) pour contre-attaquer l’ennemi sur son flanc gauche : « Disposez du bataillon Berthoin et de la ½ CM, lui dit-il. Je me charge de tenir la croupe au nord-est d’Esnes », qui va se trouver en effet privée de ses occupants jusqu’à l’arrivée du bataillon de Vignéville (réserve de division). Ce dernier est dirigé moitié sur le boyau de la Rascasse, moitié sur le bois en Peigne ; il n’atteindra ces positions qu’au matin du 8.
En suivant de son observatoire (croupe nord d’Esnes), toutes les phases de la lute, le lieutenant-colonel d’Olce a pu se rendre compte que la situation de la gauche du bataillon Durand reste toujours critique, en dépit d’une contre-attaque effectuée par le capitaine Trucy (commandant la compagnie de réserve du bataillon) qui a ramené au chant de la Marseillaise la gauche du bataillon sur son emplacement primitif ; il décide de faire intervenir le bataillon Conscience.
Ce dernier se met en mouvement en 16h45, traverse, sous le tir de barrage ennemi, le ravin de la Passerelle, en ligne d’escouades par un, dans un ordre parfait. La 1ère compagnie (capitaine Gaillard) aborde en tête les pentes sud-est de Pommerieux, bouscule à la baïonnette les groupes allemands qu’elle rencontre sur son chemin, vient se fondre sur la ligne. Les autres compagnies du bataillon l’y rejoignent dans la nuit. Le bataillon Durand très éprouvé peut ainsi être relevé entièrement le lendemain à 3 heures.
Plus à l’est, le 125e régiment déclenche avec une égale rapidité et autant de décision ses contre-attaques.
« J’avais compris, écrit le lieutenant-colonel Oudry dans son rapport sur le combat du 7 mai, en voyant l’avance allemande, que l’ennemi tentait d’encercler ma droite. Je résolus de le devancer en engageant immédiatement mon 2e bataillon (bataillon Berthoin) qui n’était même pas à ma disposition, en le poussant droit au nord pour donner la main aux fractions qui tenaient encore et me donnaient un point fixe pour manœuvrer et de me rabattre face au nord-ouest pendant que les 2 compagnies du 1er bataillon (2e et 3e compagnies du bataillon Quillet) attaqueraient face au nord nord-est pour donner la main à l’autre point fixe qui luttait désespérément sur 304.
J’abandonnais donc carrément aux Allemands la route vers l’arrière de nos lignes afin que la contre-attaque ait encore plus d’effet. Je ne mis qu’une section de mitrailleuses, les sapeurs, les téléphonistes et les pionniers pour les arrêter le plus longtemps possible. La 11e compagnie, très éprouvée la veille, était maintenue à la Camargue pour faciliter l’entrée en ligne du 2e bataillon. Celui-ci, alerté depuis longtemps, se déclenche au premier signal donné. Toute la manœuvre se fit en terrain découvert et l’entrée en ligne du bataillon se fit aussi correctement qu’au terrain de manœuvre … »
Partie du boyau de la Rascasse, avec le boyau du Prado comme axe de marche, la compagnie Picard (3e compagnie du bataillon Quillet) franchit de même le ravin de la Passerelle sous un tir de barrage d’artillerie et d’infanterie, balaye les fractions ennemies qui se sont glissées jusqu’au ruisseau, escalade les pentes sud-est du plateau, vient couronner la cote 304. La crête elle-même étant intenable sous le feu, la ligne est reportée à une cinquantaine de mètres en arrière, sur la contrepente, où se fait (en A) la liaison avec le 114e régiment. Elle est ensuite prolongée à droite par un peloton d’abord, puis par la 4e compagnie entière et par la 2e CM du bataillon.
Ainsi, le 7 au soir, le front de la 152e division est rétabli dans son intégrité sur la contrepente de 304 ; les sentinelles peuvent accéder à la crête qui reste interdite à l’ennemi. Plus à l’est, la ligne A-B-C-D-Le Crochet est également occupée ; seule reste aux mains des Allemands une enclave de 200 mètres aux alentours du point B (carrefour d’Aix et du boyau du Prado).
Il a été fait une centaine de prisonniers au cours de ces combats.

Sources : « Les combats de la cote 304 en mai 1916 » –Capitaine Laxagne – Revue Militaire Française

2 mai 2006

Ypres 1914-1915

Alors que la course à la mer a pris fin du côté de Dixmude, les troupes françaises ont pris position autour d'Ypres.

A partir d'octobre 1914, la 1ère bataille d'Ypres commence.
Parmi les troupes françaises se trouvent le 9e CA. Les secteurs d'intervention oscillent entre Zonnebeke, Zillebeke, Wallemolen, Vlamertinghe, Fortuyn, Wieltje, ...
Nombreux sont les soldats qui tombèrent en terre de Flandres.
Grâce à mes dépouillements, j'ai actuellement retrouvé plus de 1500 soldats tombés en Belgique. Et la liste sera encore longue à établir, puisque seule une partie des fiches "Mémoires des Hommes" a été dépouillée.

Symbole de cette souffrance, la ville d'Ypres a subi les malheurs de la guerre. Dès le 22 novembre 1914, les Allemands commencèrent le bombardement de la cité des Drappiers.

ieper_18
Ypres en 1918


ypres_place_060419_11
Ypres en avril 2006

Le fait est à relever: les traces de la présence française sont rares. Ceci est certainement lié au fait que la présence anglaise à partir du printemps 1915, à presque totalement éclipsé la présence française.

Sur la facade de la Halle, au niveau de l'entrée du superbe musée "In Flanders Field", un eplaque rappelle la mémoire des combattants français de cet "Hiver oublié"

 

AMIS VISITEURS
Pour vos recherches de sépultures, utilisez le site http://www.memoiredeshommes.sga.defense.gouv.fr/fr/article.php?larub=44&titre=sepultures-de-guerre

Sinon utilisez le site belge http://www.gonewest.be/fr/la-liste-de-noms

ypres_plaque_060419_1

29 avril 2006

Visite à Saint Charles de Potyze

Le 19 avril dernier, un jour important, profitant de notre séjour artésien à Ablain Saint Nazaire, nous avons pris la décision de nous rendre à Ypres. Traversée du Nord-Pas de Calais puis arrivée en Belgique, direction Ieper.
Visite de la ville d'Ypres, de ses Halles et de l'excellent musée "In Flanders Field". Ensuite direction Zonnebeke, pris par le temps, nous nous concentrons sur la visite de Saint Charles de Potyze.

potyze_entree_060419_1
Entrée de Saint Charles de Potyze

Dans la nécropole de Saint charles de Potyze reposent 4171 soldats français (3547 en sépultures). Nous avons pû voir les deux sépultures des soldats inconnus retrouvés le mois dernier.

060419 270


Sur ces 3547 sépultures, 256 concernent des soldats des régiments indriens. Chaque sépulture a donc fait l'objet d'une photo. Si un de vos aieux reposent à Potyze et faisait parti des 68, 90, 268 ou 290e RI, je me ferai un plaisir de vous transmettre une photo de sa sépulture.

Moment d'émotion et de profond recueillement, de cette journée restera un souvenir intense. Je ne pû m'empêcher de penser à Lucien Bessonneau qui disparu corps et âme dans ce secteur, le 3 décembre 1914.

potyze_necropole060419_1
Saint Charles de Potyze

Sur la photo ci-dessus, au fond, on peut apercevoir le monument comémoratif sur lequel figurent les plaques du 9e CA. De chaque côté, se trouve des sépultures de soldats inconnus ainsi que deux ossuaires contenant 609 corps.

Depuis ce message, les arbres du fond de la nécropole ont été abattus, dégageant la vision sur la plaine.
Voici l'ossuaire de la nécropole entourant le monument "Hommage de la population Yproise"

 

060419 110

060419 112 060419 111

 

26 avril 2006

Sejour en Artois

Les vacances sont finies.
Voici le temps aussi de consulter le résultat de ma collecte photographique. Le bilan de ce séjour en Artois est très positif. Ma première sortie terrain a été très enrichissante.

Elle m'a tout d'abord permis de rencontrer mes amis du forum Pages 14-18 et de les rencontrer de visu. Magistralement orchestrées par les ch'tis du forum, les visites du site de Lorette ont été très enrichissantes.

Plus tôt dans la semaine, un séjour a Ypres m'a permis de me rendre à Zonnebeke ainsi qu'à Saint Charles de Potyze où reposent tant de soldats des régiments indriens.
Dans cette nécropole entre Ypres et Zonnebecke, j'ai ainsi eu l'occasion de penser à Lucien Bessonneau, mon arrière grand-oncle.

Avec l'aide de mon amie Mireille et de mon fils Clément, 254 sepultures ont été retrouvées à Ypres. En comptant celles des deux nécropoles artésiennes ("Notre Dame de Lorette" et "La Targette"), 350 sépultures ont été répertoriées.

jeromemireille060420
Mireille et Jérôme à La Targette (par Clément)

De temps en temps, je reviendrais sur ce séjour et ses enseignements.

Publicité
Publicité
20 avril 2006

Positions de l’artillerie du 9e CA

L’organisation de l’artillerie est la suivante :

a)       Les artilleries divisionnaires assurent les barrages de secteur. Partie de cette artillerie (l’AD17 en particulier) est installée en terrain découvert, dans la région de la cote 310. Sa situation y est « à peu près intenable » (La 17e DI perd 10 canons en 4 jours, du fait du feu, avant l’attaque allemande, 2 dépôts de munitions sautent). Le colonel Gascouin, commandant l’artillerie du 9e CA, pense à camoufler par un procédé nouveau ou même à changer les emplacements des batteries trop exposées ; mais ses propositions ne peuvent être réalisées à temps.

b)      Les divisions disposent en outre d’une artillerie lourde courte (2 batteries de 155C à la 17e DI, 1 batterie de 155CTR à la 18e DI) qui apparaît bien insuffisante, surtout quand on la compare avec celle de l’ennemi qui écrase de gros projectiles les tranchées de première ligne, sans que l’infanterie française en voie tomber d’analogues chez l’adversaire.

c)       Comme contre-batterie, le 9e CA dispose d’un total de 3 batteries de 95, 6 batteries de 120L, 2 batteries de 155L, formées en 2 sous-groupements (Maury et Clerc) établis aux abords de Vigneville et dans le bois de Béthelainville.

d)       Une artillerie lourde d’armée installée dans le bois de Lambechamp et sur le plateau nord de Vigneville est enfin susceptible d’agir sur le front du groupement Curé ; elle comprend 2 batteries de 100 TR (groupe Vaillant), 5 batteries de 105 (groupes Brunon et Blondeau), 2 batteries de 120L (groupe Dory), 2 batteries de 155L (groupe Sainte Claire-Deville). Cette ALA, en position à l’ouest de la Meuse, est aux ordres du colonel Stahl qui l’a répartie en 2 sous-groupements (Jamet et Brunon) ; quand elle agit en liaison avec le 9e CA, son action est réglée par le colonel Gascouin. Ce dernier établit le plan de tir journalier, dans lequel il répartit les objectifs (batteries, ravitaillements, observatoires, etc…) d’après les renseignements sur l’activité ennemie que lui fournissent le SRA ou les troupes du front, les ballons et les avions

Répartitions des ballons :
Réglage : 68e compagnie d’aéro pour le 9e CA ; 59e compagnie d’aéro pour les 2 groupements d’ALA
Surveillance de l’armée : 34e compagnie d’aéro pour le secteur de la rive ouest de la Meuse
Répartition des avions :
Escadrilles d’artillerie du CAMF35 et MF33 ; sections d’ALA du secteur ouest n° 228 et 221

Sources : « Les combats de la cote 304 en mai 1916 » –Capitaine Laxagne – Revue Militaire Française

19 avril 2006

Positions de l’infanterie du 9e CA

Elle est occupée par la 17e division (PC de Béthelainville) qui tient le secteur entre la Hayette et le bois Carré. Sa brigade de tête (33e brigade, PC à la cote 310) est en ligne, s brigade de queue (304e brigade, PC à Béthelainville) en réserve.
La 33e brigade (90e et 68e RI) est répartie en 2 sous-secteurs de régiments. Chacun de ces régiments a 2 bataillons sur le front, - au total 10 compagnies et 20 mitrailleuses en 1ère ligne, 6 compagnies et 20 mitrailleuses en soutien. Le dernier bataillon du 68e RI est en réserve de brigade à Esnes ; le dernier bataillon du 90e est avec la 304e brigade (268e et 290e RI à 2 bataillons) en réserve de division plus en arrière. Les 2 bataillons du 290e à Vigneville et à Béthelainville ; le bataillon 90e et les 2 bataillons du 268e au bois Saint Pierre.
A la gauche de la 17e, la 18e division tient le secteur entre le bois Carré et le bois d’Avocourt. Sa brigade de tête (66e et 32e RI) tient le bois Camard, le saillant 287 et les tranchées qui le relient au bois d’Avocourt ; sa brigade de queue a un régiment en réserve de division (77e RI échelonné : 1 bataillon au Peigne, 1 bataillon à Favry, 1 bataillon à Montzéville), un régiment en réserve de corps d’armée (135e RI à Jubécourt).
Le général Curé, commandant le 9e CA, est établi à Ville-sur-Cousances ayant sous ses ordres l’ensemble du front entre le bois d’Avocourt et la Hayette.
La 152e division (moins 1 groupe d’artillerie de campagne qui est en ligne) est en réserve de la IIe armée dans la région de Vaubécourt.

lange_generalcure1

Le Général Curé

Sources : « Les combats de la cote 304 en mai 1916 » –Capitaine Laxagne – Revue Militaire Française

« L’attaque principale allemande contre la cote 304 » - Albert Lange –Editions Berger Levrault

18 avril 2006

La situation du secteur de la cote 304

Occupé immédiatement après l’attaque allemande du 9 avril, le secteur de la cote 304 n’a pu être organisé complètement. La 39e division (20e CA), en raison des pertes qu’elle a subies, n’a consacré en effet que des effectifs limités aux travaux. La 17e division, entrée en ligne le 21 avril, a porté son activité en première urgence sur la construction d’abris en 1ère ligne (20 entrées sont ouvertes), le renforcement des défenses accessoires, l’approfondissement des boyaux de circulation et l’établissement de pistes avec l’arrière. Il eût fallu, d’après les exécutants, 3 à 4 semaines de tranquillité relative pour rendre le secteur habitable.
Sauf dans la partie du ravin de la Hayette, la première position est établie sur le plateau de la cote 304. Ses pentes nord, pentes raides en espalier, descendent vers l’ennemi qui peut y ajuster son tir comme sur une cible.
Ses pentes sud, où se développe un embryon de tranchées (boyau de Martigues, réduit D), si elles échappent aux vues directes, sont enfilées en revanche par les batteries ennemies de la région de Forges ou de la cote du Talou qui peuvent battre dans les mêmes conditions le ravin de la Passerelle, Esnes et les villages plus au sud.

Au moment de l’attaque allemande, l’organisation réalisée sur le plateau comporte :

-          une 1ère ligne, entre le bois Eponge et le Crochet, tranchée de tir, étroite, d’une profondeur moyenne de 1m60, protégée par un réseau large d’environ 10 mètres, où les abris ne sont pas encore creusés.

-          Une ligne de soutien, à 200 ou 300 mètres en arrière, qui n’est formée que de tranchées peu profondes avec un réseau de 4 à 8 mètres ; elle est interrompue ;

-          Une 3e ligne, pratiquement inexistante, sauf, dans le sous-secteur de droite (La tranchée d’Aix et le Bec) ;

Une ligne de contrepente (réduit D) à peine ébauchée. Cette position est donc inachevée. Elle ne présente qu’une force de résistance limitée, en raison de sa situation sur le terrain, du manque d’abris et de communications.

CombatsCote304

Sources : « Les combats de la cote 304 en mai 1916 » –Capitaine Laxagne – Revue Militaire Française

17 avril 2006

La situation générale sur la rive gauche de la Meuse

Les attaques exécutées par les Allemands du 21 février au 5 mars 1916 les ont amenés, sur la rive droite, au contact de la ligne des forts de la place de Verdun. Leur avance déborde ainsi de plusieurs kilomètres les positions françaises établies sur la rive gauche ; mais elle est prise à son tour de flanc par la masse des batteries abritées en arrière du mouvement de terrain des bois Bourrus. Avant donc de poursuivre ses efforts en direction de Verdun, le commandement allemand se voit contraint de refouler l’artillerie française et d’étendre, le 6 mars, son offensive sur la rive gauche de la Meuse.
Pareille attaque ne peut plus réaliser la surprise. Organisés en profondeur, les Français ne cèdent que pied à pied le terrain. Après avoir Forges, Régneville et la Cote de l’Oie, les Allemands sont arrêtés, à l’est, devant le Mort-Homme ; après avoir surpris, à l’ouest, les défenses du bois d’Avocourt, ils sont maintenus de même à sa lisière. Leurs efforts portent alors sur le saillant que forment les lignes françaises entre Haucourt et Béthincourt, saillant qui est définitivement évacué par ordre le 8 avril.
A cette date, le général Pétain espère « arriver à arrêter complètement l’ennemi. Mais le choix de la position, écrit-il au général en chef, a une très grande importance. Je demande donc qu’on me fasse confiance et qu’on ne se laisse pas impressionner par quelques reculs partiels prémédités.
Un nouveau front est constitué en effet, sur les hauteurs du Mort-Homme et de la cote 304, s’appuyant à Cumières et à la « charnières » du bois d’Avocourt. Le commandant de la IIe armée estime que la « situation sur la rive gauche n’est pas mauvaise »
Sa conception défensive en face des procédés d’attaque employés par l’adversaire est exposée dans une lettre du 11 mai adressée au général en chef.
Après avoir dépeint l’attaque allemande du début sur Verdun, où les opérations ont été entamées sur un front important, mais sont demeurées sans succès, le général Pétain ajoute :
« Les Allemands ont alors modifié leur tactique ; au lieu de disperser leur tir sur de grands fronts, ils canalisent maintenant leurs projectiles sur des fronts  restreints, qu’ils battent en profondeur ; ils taillent ainsi des couloirs que de leur infanterie peut suivre sans rencontrer ni un obstacle, ni un homme.
On réussit quelquefois, il est vrai, à s’opposer à l’irruption de l’ennemi en exécutant des contre-préparations en face des points d’attaque que semble révéler le bombardement, mais comme l’heure de l’attaque  est inconnue, comme on ne voit rien dans la poussière et la fumée causée par le bombardement, on ne peut pas toujours avoir au moment voulu la densité de feu qui interdirait à l’ennemi de sortir de ses tranchées ; on ne peut pas toujours empêcher l’infanterie de progresser dans le couloir que lui a ménagé son artillerie où, encore une fois, on ne voit rien, et de venir occuper un terrain dont les défenseurs ont été annihilés.
Toujours est-il que, malgré les précautions prises et notre dépense en projectiles, les tentatives de l’ennemi ont réussi assez souvent.
Le nouveau procédé des Allemands, qui consiste essentiellement à attaquer avec beaucoup d’artillerie et peu d’infanterie, leur coûte, il est vrai, des projectiles, mais permet à l’attaque de durer très longtemps et impose  à la défense une usure considérable. En effet, ignorant les points menacés d’une attaque, la défense est obligée d’être forte partout et de mettre en ligne des effectifs élevés, qu’il faut renouveler souvent ».

Sources : « Les combats de la cote 304 en mai 1916 » –Capitaine Laxagne – Revue Militaire Française
« L’attaque principale allemande contre la cote 304 » - Albert Lange –Editions Berger Levrault

eggen_p334

12 avril 2006

Quand le sort désigne ses futures victimes

Voici un extrait de l'ouvrage Vie et mort des Francais 1914-1918 (Ducasse-Meyer-Perreux - Editions Hachette 1959) qui indique comment le 9e CA, initialement mis en réserve pour la future bataille de la Somme, se trouva finalement envoyé sur Verdun où les pertes étaient telles, que les moindres réserves étaient désignées pour payer leur tribut au manège infernal:

On ne saurait lire sans émotion rétrospective ce télégramme du général Joffre au général Pétain (dont l'armée dépendait directement du généralissime), le 2 avril 1916:
"Vous devez tout faire pour que je ne sois pas obligé de faire appel au dernier corps entièrement frais que j'ai de disponible (le 9e) pour l'instant et dont le maintien en réserve a une importance évidente vis à vis de nos alliés, ainsi qu'en raison de nos projets ultérieurs".

Le général Pétain répondait le 12 avril:
"L'envoi de nouvelles unités est nécessaire. Je demande donc avec insistance que ces nouvelles unités soient choisies parmi celles qui n'ont pas encore paru sur le front de Verdun".

Ce même jour, le général Joffre se décidait à mettre le 9e corps en route pour Bar le Duc et demandait en échange un corps d'armée fatigué.

Sources : Vie et mort des Francais 1914-1918 (Ducasse-Meyer-Perreux - Editions Hachette 1959) 

 

 

Publicité
Publicité
Indre 1914-1918 - Les 68, 90, 268 et 290e RI
Publicité
Visiteurs
Depuis la création 623 417
Indre 1914-1918 - Les 68, 90, 268 et 290e RI
Newsletter
34 abonnés
Publicité