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Indre 1914-1918 - Les 68, 90, 268 et 290e RI

14 septembre 2005

La 304e Brigade en ligne vers Rivière

Le 290e RI, formant la 304e brigade avec le 268e RI vient prendre la relève de ce dernier dans le secteur de Rivière. Voici comment le colonel Eggenspieler décrit ces mouvements:

"Le 10 (septembre), nous recevions l'ordre de relever le 268e, en ligne au sud-ouest d'Arras.
Le 11 , à 4 heures du matin, nous sommes enlevés en auto-camions. Par des chemins secondaires très difficiles, nous sommes amenés à Monchiet (10 kilomètres sud-ouest d'Arras) où nous débarquons. Nous entrons aussitôt dans un grand boyau, qui nous conduit à Basseux, où nous ressortons du boyau. Les localités de Mouchiet et de Basseux étant séparées par une croupe élevée, on avait creusé le boyau pour pouvoir aller d'une localité à l'autre, sans être vu des lignes ennemies. Malgré le boyau, le mouvement s'est fait successivement par compagnies, se succédant de cinq en cinq minutes. A Basseux nous avons repris les chemins ordinaires pour nous rendre à Rivière. Les guides du 268e se tenaient au château de Grosville, où était installé le P.C. du régiment.La relève se fit aussitôt. Elle était terminée à 11 heures du matin. C'est la première fois que nous faisions une relève en plein jour. C'est dire que le secteur était tranquille. Il était tenu avant nous par des régiments territoriaux. Le secteur était tellement calme qu'aux heures de repas les territoriaux ne laissaient dans la tranchée que quelques guetteurs, les autres hommes s'en allaient manger leur soupe au village. Notre entrée en ligne devait rapidement modifier tout cela.
Nous occupions un front d'environ 600 mètres face à Blairville et au Bois du même nom. Le sol était pierreux (calcaire), les tranchées et boyaux étaient très sains, il n'y avait ni eau, ni boue. On avait de bonnes vues sur le front allemand. A la jumelle on distinguait très bien le réseau de fils de fer. Il était particulièrement développé devant le Bois de Blairville. Dans notre secteur nous avions aussi un petit bois, appelé le Bois des Martinets. Il servait de repère aux Allemands pour le tir aux grosses torpilles. Ils les plaçaient tout autour du Bois et surtout sur la lisière postérieure par rapport à eux.
Pour commencer, l'occupation du secteur était la suivante :
En première ligne : les 18e et 22e.
En soutien : les 17e et 21e.
En réserve : les 19e et 20e, 23e et 24e.
Les compagnies en réserve étaient au repos à Rivière non loin de mon P.C. Celui-ci se trouvait au château de Grosville. Le bâtiment à notre arrivée était encore intact, mais les pièces du rez-de-chaussée et de l'étage étaient démeublées. Je me tenais dans une cave avec mon personnel. Le propriétaire, M. de Grosville, habitait une aile avec quelques domestiques".

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.

Sources: Un régiment de réserve en Berry - Colonel Eggenspieler 1936

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4 septembre 2005

Le coup passa si près que ...

Voici comment le capitaine Laurentin échappa de peu à la mort, et grâce à une pellicule:

"Je suis allé, ce matin, voir le travail au Poste 10, jusqu'à la parallèle la plus avancée en construction. J'y étais avec le général Néraud et le colonel Mariani. Je venais de tirer la dernière pellicule de mon Kodak et le général scrutait les tranchées d'en face au périscope. Mon appareil photo me sauva la vie.
Les Allemands avaient vu sans doute notre arrivée, et le périscope leur permit de déduire la présence d'un chef. Tandis que le général observait, je pensais que je pouvais mettre une nouvelle bobine de pellicules; j'étais à dix pas de lui; devant moi, un petit abri était creusé sous le parapet, dans le tuf de la tranchée. Je m'y enfonçai, jugeant que l'ombre de l'abri préserverait mes pellicules d'un voile que le soleil pouvait occasionner, même avec un appareil qui se charge en plein jour. J'ouvris mon appareil, je retirai la bobine des pellicules tirées. - "Boum!" Un obus éclate contre le parapet dont les pierres me tombent sur le dos. Une claie, posée à cet endroit, est projetée dans la tranchée.
Sans mon appareil, j'aurais été debout à ce moment-là et fatalement atteint. J'eus un peu de peine à finir mon opération (car les pierrailles avaient sali mon appareil, tandis que les Boches continuaient leurs salves, dont les autres coups, d'ailleurs, me furent moins directement adressés que le premier.
"Pas un cheveu ne tombe de notre tête, sans la permission de Dieu..." Pour préserver ce cheveu, il a suffi d'une pellicule de  ... Vest Pocket Kodak!"

 

Sources: Carnet d'un Fantassin de 1914 - Maurice Laurentin - Arthaud 1965
Historique Kodak: http://www.collection-appareils.com/kodak/html/vest_pocket.php

3 septembre 2005

Rivière - Travaux de première ligne

"Les travaux ont été poursuivis cette nuit devant la première ligne, sous un feu assez gênant d'obus de tous calibres (105,88,77 et plus petits), de mitrailleuses et de mousqueterie. Le lieutenant Renaud et un soldat ont été sérieusement blessés.
Les Allemands, en face, se fortifient. On les entend frapper sur des piquets, par lesquels ils renforcent, sans doute leurs défenses de fils de fer. Ils piochent toute la nuit. Une patrouille qui protégait les travailleurs, a même vu nriller des cigarettes.
Les Allemands s'aperçoivent de nos sapes; leurs tirs et leurs patrouilles rendent difficile le travail. La position nouvelle est dangereuse. Le colonel a signalé par deux fois l'imprudence qu'il y a de placer des travailleurs à 300 mètres en avant de leurs camarades de la tranchée, qui ne peuvent plus tirer en cas d'attaque, alors qu'aucune position intermédiaire n'est établie, qu'aucune liaison n'est assurée. Le général Néraud n'a pas répondu. Je ne sais s'il la communiqué à la Division.

Pour les grands états-majors, ces considérations pratiques ne peuvent entrer dans la haute stratégie qui préside, je veux le croire, à leurs conseils.
Ils ne pouvaient non plus tenir compte de cette pluie, qui tombe sans pitié et se prolonge sans espoir, ajoutant aux frissons du danger ceux du froid et de l'humidité".

Sources: Maurice Laurentin - Carnets d'un Fantassin de 1914 - Arthaud 1965

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Riviere - Bretancourt

1 septembre 2005

268e RI - Secteur de Rivière

Le 268e RI forme Brigade avec le 290e RI. Au sein de cette 304e Brigade, le capitaine Laurentin nous décrit le secteur de rivière:

"1er septembre 1915
Nous occupions depuis hier, devant Brétencourt-Rivière, un front de cinq mètres. Deux compagnies en première ligne, deux compagnies de soutien, le reste du régiment cantonné à Grosville-Rivière, autour du poste du colonel, qui loge au château.

riviere_chateaugrosville
Riviere - Chateau de Grosville

Depuis que les tranchées ont fixé le front à huit cents mètres devant Rivière, au mois d'octobre, la région est restée paisible comme à cent lieues de l'ennemi. Les placides territoriaux du 82e, que nous remplaçons, ont passé dix mois dans la même tranchée sans tirer sur la tranchée adverse, où, l'ennemi, à quelque cinq cents mètres de là, semble dormir aussi"

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Eglise de Rivière (62) - Juin 1915

Sources: Maurice Laurentin Carnets d'un fantassin de 1914

31 août 2005

Séjour à Lucheux.

"Le 31 (août 1915) au matin, nous nous sommes mis en route pour Lucheux, où nous sommes arrivés vers 12 h. 30. La localité était gentille avec un petit aspect de ville d'eau. Il y existait du reste une source et un petit établissement de bains".

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Lucheux (Somme) Source Moulin à Vent

"Les habitants nous ont accueillis très aimablement, quoiqu'ils eussent déjà à loger de nombreux médecins militaires appartenant à des formations sanitaires qui semblaient occuper la petite ville depuis un certain temps déjà. Nous ne devions pas y rester longtemps, mais à peine que nous y fûmes arrivés que le régiment fut empoisonné par une diarrhée dysentérique qu'il avait ramassée dans les tranchées des tirailleurs entre Steenstraat et Het-Sas. Plusieurs officiers ont été touchés, entre autres le Commandant de la Bastide et le Sous-Lieutenant Lebas. Ils furent évacués tous deux. Le Commandant de la Bastide fut remplacé par le Commandant Changeux, qui vint du 1er Colonial".

Eggenspieler - Un régiment de réserve en Berry Le 290e RI

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30 août 2005

Cantonnement à Couturelle

"Le 30, la 152e D.I. est passée au 9e C.A. Nous devions le lendemain occuper une partie du front assigné au Corps d'Armée. Dés le 30 au matin, nous nous tenions prêts à partir. Toute la journée nous avons reçu des ordres et des contre-ordres.

Le Commandant de la Bastide n'a voulu transmettre aucun de ces ordres à son bataillon, sous prétexte qu'il ne fallait jamais exécuter un ordre avant d'avoir reçu le contre-ordre. Je rendais le Commandant responsable de tout retard que subirait le départ de son bataillon. Il tint bon et finalement il a eu raison de moi. Vers 10 heures du soir, il est arrivé un dernier contrordre qui a remis notre départ au lendemain".

Eggenspieler - Un régiment de Réserve en Berry Le 290e RI

28 août 2005

Retour en Artois

"Le 28 août, après deux mois de villégiature, nous quittions Wylder. Nous nous sommes d'abord rendus à Esquelbec, où nous nous sommes embarqués en chemin de fer. En direction générale nous roulions vers Arras. Nous avons débarqué à Mondicourt, au nord-est de Doullens et nous sommes allé cantonner à Couturelle et à Bellevue".

mondicourt_gare

Gare de Mondicourt

"A Couturelle nous occupions un château ancien, habité par son propriétaire, un officier supérieur de cavalerie en retraite. Il se mit en quatre pour nous être agréable. Nous y avons passé un dimanche et je me rappelle que pour distraire la population la musique a donné un concert devant le château. Il y avait du mouvement dans la contrée. De grand matin, j'ai vu le lendemain passer des régiments musique en tête".

Sources: Eggenspieler - Un régiment de réserve en Berry Le 290e RI

24 août 2005

290e RI - Secteur de Steenstraat-Het-Sas (17 au 27 août 1915).

Pour couper notre longue période de repos le Général commandant la Division a demandé et obtenu que nous reprenions pendant une huitaine le contact de l'ennemi. Un ordre de la 152e D.I. nous a en conséquence prescrit de relever dans la soirée du 17 août les troupes de la 4e Brigade du Maroc, sur le front Steenstraat-Het-Sas, sur les bords du canal de l'Yser.

La portion de front que nous allions occuper relevait du Général Quiquandon, commandant la 45e D.I., celle qui avait fini par nettoyer le terrain de la rive gauche du canal.

Les compagnies qui prenaient la première ligne (17e, 18e, 21e, 22e et C.M. sans matériel) furent transportées en auto-camions jusqu'à Eikhock (3 kilomètres Est de Crombeke) où elles arrivèrent vers 15 heures.

Les autres unités (19e, 20e, 23e, 24e, C.H.R., T.C. et le matériel de la C.M.) firent la route à pied par West-Capelle, Rousbrugge, Crombeke, Westwleteren. Parties à 4 heures du matin, elles arrivèrent vers 10 heures.

En passant à Crombeke nous sommes passés devant une maison où il y avait un spahis de planton, en tenue flamboyante du temps de paix. C'était le planton du Général Quiquandon. Nous n'avons pas vu le Général, ni aucun Officier de son état-major. Cela n'empêche qu'il nous a fait dire que nous marchions mal en traversant sa résidence. Je ne cotais pas beaucoup ce genre d'observations, basées sur on ne sait quel témoignage. J'estimais que pour nous faire des reproches quelqu'un devait se montrer. En tout cas j'ai remarqué que le planton du Général nous a regardé passer en restant assis sur sa chaise. Nous valions cependant bien la peine qu'il se levât.

Nous avons bivouaqué à Eickhock jusque dans la soirée. Nous nous sommes éparpillés dans les vergers pour être à l'abri des vues des avions.

Le secteur.

A 18 h. 45 nous avons quitté nos emplacements de bivouac. A Oostvleteren nous avons pris la route de Westen, A l'embranchement du chemin de Nordhock; des guides nous attendaient pour nous conduire en ligne. Le secteur de la Brigade avait au moins 5 kilomètres d'étendue. La première ligne suivait partout la berge Ouest du canal de l'Yser. Il y avait deux sous-secteurs, un par régiment. Nous avions le sous-secteur Nord et le 268e le sous-secteur Sud. Les sous-secteurs étaient à leur tour divisés en segments de bataillon. Notre sous-secteur commençait à 800 mètres Nord de Steenstraat où nous étions en liaison avec des troupes belges. La limite Sud était à Het-Sas où commençait le 268e.Il y avait trois lignes de tranchées. La première suivait la rive Ouest du canal, la deuxième la route de Lizerne à Boesinghe, la troisième passait à travers champs à 200 mètres Ouest de la deuxième.

Nos bataillons étaient ainsi répartis dans les segments C et D:

Segment C (Sud). – 5e bataillon (Commandant de la Bastide).
Première ligne
: 17e, 18e, 2 sections de la C.M.B., 1 de la C.M.R.
Soutien
: 19e
Réserve
: 20e

 

Segment D (Nord). – 6e bataillon (Commandant de Lacombe).
Première ligne
: 22e, 21e, 2 sections de la C.M.R. Soutien : 23e
Réserve
: 24e

Troisième ligne du sous-secteur. :1 bataillon du 76e R.I.T.

Toutes les unités à relever faisaient partie du régiment mixte de zouaves et tirailleurs de la 4e Brigade du Maroc.
Le P.C. du régiment se trouvait dans une ferme à gauche
du chemin de Lizerne que j'avais suivi le 27 avril.
Dans le segment C il est question de 2 sections de la C.M.B., c'est-à-dire de la compagnie de mitrailleuses de brigade. Cette compagnie a été formée pendant notre séjour à Wylder, par prélèvements sur les compagnies de mitrailleuses des régiments.

Artillerie de tranchée.

Il y avait dans le secteur une nombreuse artillerie de tranchée, on verra plus loin pourquoi. Cette artillerie était servie en partie par des artilleurs et en partie par l'infanterie. Notre matériel était composé de mortiers Cellerier et Aasen. Celui, de l'artillerie comprenait des mortiers de 58 de tranchée. Chaque segment avait six Aasen et six Cellerier. Le Sous-Lieutenant Noirot était le Chef des équipes du régiment.

Aspect du terrain de combat de Lizerne.

C'était à la fois émotionnant et intéressant pour nous de revoir notre terrain de combat du mois d'avril et de pouvoir l'examiner dans tous ses détails, sans courir de grand risque. La tranchée de première ligne, qui se trouvait à présent dans la berge Ouest du canal, était la seule qui était réellement bien garnie de défenseurs. La première ligne allemande se trouvant dans la berge Est du canal, il n'y avait comme No man's Land entre les deux lignes que l'eau du canal. Le No man's Land n'était pas vaste, mais il eut été difficile de le franchir.

Tout le terrain entre le canal et la route de Lizerne à Boesinghe formait un grand tapis vert sillonné de nombreuses tranchées, où on n'apercevait plus personne. C'était le calme des cimetières. J'ai parcouru tout ce terrain, ainsi que les ruines de Zuydschoote et de Lizerne. C'est cette dernière localité surtout qui m'intéressait. Elle nous a joué, en avril, de sales tours avec ses mitrailleuses. La rue principale du village qui menait au pont de Steenstraat était très longue, elle était bien nettoyée. Les maisons à droite et à gauche ne formaient plus que des amas de décombres. Mais c'est dans ces amas qu'il est le plus facile de nicher des mitrailleuses et de les rendre invisibles. C'est ce que les Allemands ont fait. Des ruines de Lizerne, les mitrailleuses allemandes ont jusqu'à la fin balayé la plaine au Sud de la localité.

Une bonne tactique aurait consisté à commencer par enlever le village.

Dans le terrain gazonné, au Sud, j'ai retrouvé la tombe du Capitaine Marsily.

Dans le segment du 6e bataillon, situé au Nord de Lizerne, le terrain était plus bouleversé qu'au Sud. Il avait moins de profondeur et pouvait être plus facilement couvert par les obus. Les Allemands y tiraient constamment et surtout dans les parages du P.C. du bataillon. Les abris pour les hommes étaient à fleur de terre à cause de l'eau qui ruisselait partout dans ce terrain. Avec le Commandant de Lacombe, j'ai cherché à déterminer l'endroit où devait se trouver Steenstraat. Nous ne trouvions plus que des débris de bois, de tuiles et de briques profondément enfouis dans la terre.

La moisson.

Dans la campagne, autour de mon P.C., il y avait d'immenses et magnifiques champs de blé. Je me disais, quel dommage que tout ce beau blé soit perdu. Un soir que je me promenais aux abords de ma ferme, je vis arriver une longue file de fourragères, d'où descendaient des corvées militaires, qui se mirent incontinent à faucher le blé qui me donnait tant de souci. Je félicitais en moi-même chaudement celui qui avait eu l'idée de ne pas laisser perdre cette belle moisson.

Pendant plusieurs nuits les corvées revinrent au travail jusqu'à ce que tout fut enlevé.

La relève.

Nous fûmes relevés dans la nuit du 23 au 24 Août par des troupes de la 90e Brigade (Général Mordacq, 1er Tirailleurs, 1er et 3e bataillon d'Afrique). La relève était terminée le 24 à 1 heure du matin. Au fur et à mesure que les différentes unités étaient relevées, elles allaient se rassembler comme à l'arrivée à l'Est d'Eickhoek.

Rentrée à Wylder.

Nous nous mîmes en route à 4 heures du matin, et à 10 heures nous étions de retour à Wylder, où nous reprenions nos anciens locaux.

Le 27, il était formé au régiment un peloton de sapeurs-pionniers et bombardiers. Le sous-lieutenant Noirot en prit le premier le commandement. Le même jour, on nous a distribué les premiers casques métalliques. Nous fûmes également largement approvisionnés en tampons-masques contre les gaz.

Sources: Eggenspieler - Un régiment de réserve en Berry Le 290e RI

 

5 août 2005

De l'instruction pendant le repos

a) Tirs. - Le Général Néraud qui commandait la brigade était un fanatique du tir. Il avait raison. Les théories qu'il émettait quand nous échangions nos idées sur ce chapitre étaient celles que j'avais entendu professer dans les Ecoles de Tir du Camp de Châlons. Cela nous mettait parfaitement d'accord comme doctrine.
Les après-midi quand il faisait chaud on installait les hommes à l'ombre dans les vergers qui entouraient les cantonnements et on se mettait à répéter tous les exercices préparatoires de tir tels qu'on les pratiquait dans les cours des casernes en temps de paix.

Ces exercices trouvaient pour le moment leur consécration dans les tirs réels qu'on allait exécuter dans les fossés des fortifications de la petite place de Bergues, qui se trouvait à une dizaine de kilomètres de nos cantonnements.
Les jours de tir on passait toute la journée dehors. On déjeunait sur l'herbe, sur les glacis des fortifications.
On nous avait confié une mitrailleuse allemande pour permettre à nos mitrailleurs de se familiariser avec le tir de cette arme.
Les équipes de grenadiers se sont rendus deux ou trois fois à de Wippe-Cabaret pour être initiés au lancement de grenades à main nouvelles.
b) Exercices de combat. - On ne pouvait pas faire d'exercices de combat dans les environs des cantonnements. Malgré qu'on fût en guerre la campagne était très bien cultivée. Les cultivateurs berrichons étaient émerveillés à la vue des magnifiques champs de blé qu'ils rencontraient à la sortie du village. Les connaisseurs comptaient les grains à l'épi; leur nombre était, paraît-il, bien supérieur aux leurs. Ces résultats étaient dus à l'emploi d'engrais chimiques.
Pour faire nos exercices en terrain varié nous allions dans les dunes de Zuydcote, à l'Est de Dunkerque. Il y avait là tout le long de la mer une bande de terrain sablonneux d'au moins 1200 mètres de profondeur à partir du rivage. Il y avait des parties de terrain plates et des parties nombreuses formées d'énormes dunes de sable couvertes d'une végétation rabougrie. Une nombreuse population de lapins grouillait dans la brousse à la grande joie de nos troupiers.

Quand nous allions aux dunes nous partions de Wylder de grand matin, cela représentait une marche de 22 kilomètres. On allait également aux dunes en partant de Bergues les jours de tir. On passait alors une nuit sur les glacis.
Le jour de l'arrivée, les cadres employaient l'après-midi à préparer l'exercice du lendemain. Les hommes qui avaient soi-disant travaux de propreté et d'installation de bivouac se livraient surtout à une chasse effrénée aux lapins. Je les laissais faire parce que leurs procédés de chasse étaient tout à fait inoffensifs. Comme armes ils n'employaient que la pelle et un bon gourdin. Au début, leurs chasses étaient très fructueuses. Mais au bout de peu de temps le lapin se raréfiait et finalement il n'y en eut plus du tout. Ces chasses m'ont suggéré l'idée que, pour nettoyer des terrains infestés de lapins, il n'y avait qu'à y envoyer un régiment d'infanterie avec la permission de se débrouiller avec les lapins.
Nos exercices de combat comportaient de petites manœuvres de bataillon et de régiment. On figurait sur le sol des secteurs avec un réseau de tranchées et de boyaux de communication. Ils étaient faciles à ébaucher dans le terrain sablonneux des dunes. Les manœuvres s'exécutaient d'après les thèmes donnés par la Brigade. Nous avions fréquemment des spectateurs de marque, français et étrangers. Une de nos manœuvres s'est déroulée devant le Général belge de Conninck. Il voulait voir comment nous employions les grenades au cours de nos attaques de tranchées. Dans l'attaque que nous simulions une ligne de grenadiers précédait celle formée par les tirailleurs. Les grenadiers avançaient par petits bonds rapides, lançaient leurs grenades, qui étaient réelles, puis se plaquaient à terre pour éviter les éclats qui s'en allaient dans toutes les directions. Plus
tard on n'aurait plus osé lancer de grenades chargées en terrain découvert. Notre manœuvre s'est passée sans le moindre accident. L'éclatement des grenades a produit une grande impression sur nos spectateurs.
Nous avons été complimentés pour l'entrain et le bon ordre avec lesquels les hommes avaient effectué la manœuvre.

290ri_duneszuydcoote2

Dans les dunes de Zuydcoote

c) Hygiène. - Non seulement nous observions la plus grande hygiène dans nos cantonnements mais nous la complétions encore par de fréquents bains de mer. L'après-midi qui suivait la manœuvre était régulièrement consacrée à la baignade. Nous disposions dans la région des dunes d'une plage de sable magnifique. Elle était du reste la suite de celle de Malo-les-Bains. Si les hommes éprouvaient le plus grand plaisir à se plonger dans l'eau de mer, ils étaient par contre obligés de se méfier des bêtes invisibles qui y circulaient. Ces bêtes étaient les méduses qui pullulaient dans l'eau, certains jours et à certaines heures. Elles se collaient aux hommes, dont la peau devenait ensuite rouge, leur donnaient de vives démangeaisons et quelquefois de la fièvre. Il n'y eut cependant pas d'accident sérieux.
d) Marches. - Les déplacements pour nous rendre aux dunes et à Bergues nous faisaient accomplir chaque semaine des marches d'environ 45 kilomètres. C'était un excellent régime d'entraînement à la marche. Aussi le régiment dévalait-il à bonne allure sur les routes. Nous ne le cédions en rien aux tirailleurs, zouaves et coloniaux qui faisaient division avec nous.


Sources: Colonel Eggenspieler "Un régiment de réserve en Berry - Le 290e RI"

2 août 2005

Le coût de la mort

Si 14-18 a été une guerre violente, elle a surtout été une des premières guerres "technologiques". L'artillerie y a été prépondérante tant au niveau des effectifs que au niveau du coût.
A une certaine période, la consommation commença a dépassé la production et certains avertissements furent publiés.
Voici une  affiche trouvée, dans le livre du général Dubois (Chef du 9e CA puis de la 6e Armée):

image_011

Pour mieux comprendre les prix:
En 1918, 250.000 obus de 75 consommés par jour (Discours M. Denys Cochin Chambre des députés 29/03/1919 - JO du 30/03 page 1585).

1 FF de
l'année

vaut en euro
en 2002

1914 2,77606
1915 2,31339
1916 2,08205
1917 1,73504
1918 1,34326

Pour comprendre l'évolution de ce conflit, en ce temps de vacances, je conseillerais une lecture:
"La Chair et l'Acier" de Michel Goya
http://www.parutions.com/index.php?pid=1&rid=4&srid=7&ida=5346

 

Sources prix: http://www.collection-appareils.com/divers/valeurfranc.php
Sources livres: Général Dubois - Deux ans de commandement 1921 Editions Henri Charles Lavauzelle (2 tomes)

Merci à Bernard Labarbe et Pierre Gruet pour m'avoir inspiré ce fil.

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