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Indre 1914-1918 - Les 68, 90, 268 et 290e RI

13 février 2005

Retour à la réalité

25 janvier 1915

"Depuis le petit jour un marmitage effroyable nous faisait prévoir une attaque, que des prisonniers nous avaient annoncée comme imminente.

Elle s'est surtout produite sur le 68e à notre gauche, au carrefour de Broodseinde et a abouti à un fiasco complet".

Concernant cette attaque, on se reportera vers les messages des 25 au  28 janvier

"Dès les premiers coups de canon, j'avais couru à ma tranchée. Devant nous les Allemands tiraient comme des enragés, mais n'ont eu aucune velléité de sortir. Un homme vient d'être tué à mes côtés, pendant que je lui causais, d'une balle dans la tête. J'ai été éclaboussé de sa cervelle.
Quand je suis rentré à mon poste, j'ai trouvé mon petit Parisien, caché sous la paille et demandant sa maman à grands cris. L'alerte de ce matin lui a suffi. Dès la nuit tombante je le fais reconduire à l'arrière".

Sources : « Un cyrard au feu » Marcel Carpentier Editions Berger Levrault 1964

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12 février 2005

Une visite incongrue

Voici une anecdote trouvée dans le journal du sous-lieutenant Carpentier:

22 janvier 1915

"Je relève une compagnie du 125e dans les bois du Polygone.

C'est un vrai paysage Vosgien. Notre tranchée est creusée au milieu des sapins.

Mon poste est à 80 mètres en arrière de la première ligne, dans une cabane en bois. Devant la porte coule un ruisseau traversé par un petit pont. D'anciennes tranchées anglaises sont à proximité. Des vestiges d'équipements et un petit cimetière montrent qu'on s'y est battu.

Nous jouissons d'une période de froid sec, fort et agréable. Toute la journée on se promène dans les bois, en sabots et en peau de mouton.

Aujourd'hui les cuisiniers m'ont amené une recrue.

C'est un petit parisien de treize ans, qui a voulu jouer au soldat et a suivi un régiment de hussards. Les hussards étant au repos, il s'est joint à des artilleurs ; mais la distance des pièces ne le satisfaisait pas et il est venu avec les cuisiniers du régiment. Et le voilà. Il a une figure intelligente et l'air tout à fait crâne sous son bonnet de police.

Moi, j'en suis bien embarrassé.

Toute la journée, il court d'un bout de la tranchée à l'autre insouciant du danger … (les Allemands sont à 100 m.) … montant sur les banquettes, tirant des centaines de balles. Quelques-unes lui sifflent à l'oreille ; cela n'a pas l'air de l'impressionner beaucoup".

Sources : « Un cyrard au feu » Marcel Carpentier Editions Berger Levrault 1964

31 janvier 2005

Les enfants du Pin

Suite à un rangement de mon bureau, j'ai retrouvé une photo qui m'avait servi pour un relevé Memorial GenWeb.
Il s'agit de la plaque qui se trouve dans l'église du Pin, commune de Badecon. Je n'ai pu m'empêcher de faire le rapprochement avec ma visite d'hier à l'Arc de Triomphe, à Paris.
Donc, ce soir, une pensée pour ces soldats dont les patronymes me sont si familiers et où cependant ne se trouve aucun membre de ma famille directe.

   

Plus d'informations: les relevés de la commune de Badecon Le Pin

25 janvier 2005

68e RI - Combat de Broodseinde - 25 janvier 1915

"Le 25, à 5 h. 45, l'artillerie allemande ouvre brusquement le feu et exécute un tir, non pas sur la première ligne, mais sur les soutiens, la deuxième ligne et le village de Zonnebeke. Son action est limitée au secteur du 68e depuis la voie ferrée au nord jusqu'à la gauche du 90e au sud. Ce tir, exécuté avec des 105 fusants, donne l'impression qu'une attaque se prépare. Il dure environ vingt-cinq minutes.

La partie du secteur attaquée était tenue par le 3e bataillon du 68e, commandé par un chef plein d'entrain et d'énergie, le commandant Potron.

A 6 h. 15, les Allemands lancent seize bombes sur les tranchées du carrefour au moyen d'un minenwerfer placé en A, tandis qu'une vive fusillade éclate sur le front de la 10e compagnie.

Immédiatement après l'envoi de la dixième bombe, on entend les sifflets des téléphones allemands et d'autres coups de siflets répétés dans la ligne ennemie.

L'attaque se déclenche. Elle comprend deux actions simultanées : l'une, principale, sur le carrefour de Broodseinde; l'autre, secondaire, en avant de Bellevue.

Les deux compagnies de soutien du 68e sont immédiatement poussées en première ligne et remplacées par un bataillon du 125e appelé de l'arrière.

L'attaque principale a pour objectif le carrefour de Broodseinde. Elle se produit à 6 h. 25 suivant trois directions marquées sur le croquis.

      a) Sur la tranchée de la 9e compagnie que l'ennemi semble vouloir prendre à revers. Il débouche par le boyau F. Une compagnie réussit, grâce aux décombres figurés en C, à se glisser à proximité du poste d'écoute de l

 

a 9e compagnie et à le bousculer, mais elle est arrêtée net par le feu des fractions en arrière et se tapit dans les décombres C et la maison en ruines M.

      b) Par la route de Moorslede, suivant F'', une compagnie environ qui, ayant gagné l'abri de la haie H, se porte à l'attaque par des passages individuels créés dans cette haie. Cette compagnie est décimée par les feux et ne peut déboucher.

      c) Sur la 10e compagnie, suivant F''', où une compagnie ennemie se présente en ligne de tirailleurs suivis par des groupes compacts.

Cette attaque est dispersée par le feu; une partie des assaillants reflue dans ses tranchées, une fraction (deux sections environ) se détourne vers le carrefour et vient se jeter dans les maisons en ruines, C, M, où elle est bloquée par les feux de la 4e compagnie du 68e.

Pendant que se produisait l'attaque, les réserves allemandes venant du bois B s'étaient rassemblées à l'abri des saules et commençaient à déboucher dans la direction de la flèche F'. Mais elles sont aperçues par le capitaine de la 12e compagnie qui, ouvrant sur elles un feu d'écharpe de fusils et de mitrailleuses, paralyse complètement leur action. Elles sont prises en même temps de front par la 9e compagnie.

Vers 7 heures, le capitaine Andréi aperçoit un rassemblement (une compagnie en colonne) qui s'est formé dans le bois B. Grâce aux liaisons établies entre les troupes de la première ligne et l'artillerie, il peut le signaler immédiatement par téléphone à la 7e batterie qui le disperse instantanément.

A 9 heures, un nouveau rassemblement semble se former à l'abri des saules. L'artillerie le disperse également.

En même temps que se produisait l'attaque principale, une attaque secon

 

daire avait été déclenchée, à 6 h. 25, sur la 8e compagnie. Une compagnie allemande était sortie du boyau qui aboutit à la route près de Bellevue mais elle avait été clouée au sol par nos feux et avait fait instantanément d'importantes pertes (63 cadavres comptés sur le terrain)".

"Le reste de la journée fut calme.
Les fractions de la 9e compagnie, voisine du carrefour, surveillaient attentivement les Allemands qui s'étaient réfugiés dans les ruines C et M au nombre de 70 environ. Les isolés qui essayaient de s'en échapper pour regagner leurs lignes étaient immédiatement abattus, tandis que des pétards etaient constamment jetés sur ceux restés près des ruines. On sut, plus tard, que les Allemands se seraient volontiers rendus, mais qu'ils ne l'avaient pas fait par suite de l'énergie des deux sous-officiers qui étaient avec eux.
Toutefois, à 17 heures, quelques hommes, avec le lieutenant Bidet, se glissant à proximité de la maison, réussirent à jeter dans la cave un pétard qui, tuant plusieurs hommes, détermina tout le monde à mettre bas les armes.
On s'attendait à une nouvelle tentative dans la soirée, un sous-officier fait prisonnier ayant annoncé que l'attaque se renouvellerait à 18 heures.
A 19 heures, on apercut un rassemblement dans la direction du bois B. Un tir d'artillerie fut exécuté immédiatement sur ce bois. On entendit des cris terribles, suivis d'une vive fusillade non dirigée sur nous. Il est à croire qu'une panique a du se produire dans les rangs ennemis.
Ce rassemblement ne fut suivi d'aucune attaque.

L'attaque allemande avait été minutieusement organisée".

"On peut évaluer à une brigade l'effectif mis en ligne et l'attaque principale semble avoir été faite par un régiment disposé de la façon suivante : un bataillon à cheval sur la route de Moorslede; un bataillon en échelon en arrière à droite, dont une compagnie a fait une fausse attaque sur la 8e compagnie; un bataillon en soutien; un deuxième régiment étant en réserve en deuxième ligne.
Les régiments présents ou représentés étaient les 242e, 243e, 244e saxons et le 25e bataillon de chasseurs. 

Chaque attaque particulière était précédée d'un groupe de dix-huit à vingt volontaires. On voyait là, pour la première fois, l'utilisation des groupes d'assaut (stosstruppen).
Les hommes étaient sans capote, sans sac, munis de 300 cartouches, les cartouches de supplément étant portées dans les poches et dans des ceintures mises en bandoulière. Les musettes étaient bourrées de victuailles (pain de seigle d'excellente qualité, une tranche épaisse de jambon, du saucisson) et les bidons étaient pleins d'eau-de-vie.

Afin de faciliter le débouché de leurs tranchées, les Allemands avaient créé des passages dans leurs réseaux de fil de fer au moyen de ponts en planches (portes, volets, etc...) et chaque groupe d'attaque était précédé de porteurs de cisailles.
Les hommes des groupes de tête se tenaient par la main et l'on entendait crier : « Camarades, ne tirez pas, rendez-vous »".
"
L'ennemi laissa entre nos mains 44 prisonniers et abandonna sur le terrain 313 morts dont beaucoup étaient venus tomber jusque dans nos fils de fer. Quant au 68e, il n'avait perdu dans ce combat que 10 tués et 22 blessés.
L'échec allemand fut du à la fois à la parfaite liaison de l'artillerie et de l'infanterie et au sang-froid et à la belle discipline de combat du 68e. Ce vaillant régiment, reconstitué après les pertes terribles au cours de la bataille d'Ypres, montra ce jour-là qu'il n'avait rien perdu de son ancienne valeur".

Sources: Deux ans de commandement Général Dubois Tome 2 Editions Lavauzelle 1921


Si le JMO du 68e et l'ouvrage du Général Dubois donnent 10 tués et 22 blessés, à partir du site Mémoires des Hommes, il est possible de trouver une liste de 23 soldats et officiers tués à l'ennemi, à cette date du 25 janvier 1915:

BASTY Andre Louis Marie Joseph, BEAUDET Marcel Philibert Jean Baptiste, BERTON Alexis, BOISSONNOT Xiste Felix, CHABERNAUD Paul, CHEZEAU Roger Auguste, CIRE Maurice Marie Joseph, CLEMENT Jules Adelson, COSSE Jean, FAUDOU Marc, GAGNERON Georges, GAVALET Eugene, GIRON Georges, HERAULT Leon Armand Jules, JULIEN Joseph, LAFOND Adrien Auguste, LAROQUE Jules Charles, LIEGE Daniel, MARCELLIN Julien, MORIN Gabriel Louis, RENARD Victor Emile Octave, SAVARI Augustin, VANOVERBERGHE Alphonse Henri

Mise à jour de la liste des "tués à l'ennemi": Mars 2014

 

24 janvier 2005

Le front d'Ypres

Depuis la fin de la "Bataille d'Ypres" (23/10/1914-06/12/1914), le secteur occupé par la 17eDI est le même. Depuis début décembre, elle a été affectée à un secteur autour de la voie ferrée d'Ypres à Roulers, incluant le bois du Polygone, Broodseinde, Nieuwemolen. Ce secteur est stable, des attaques françaises répondent à des attaques allemandes ou inversement.
Toutes ces attaques sont d'envergure locale et restent limitées à des actions de régiments voir de brigades.
La soirée s'annonce étrangement calme, notamment aux alentours de Broodseinde. Le canon s'est tû, seul quelques coups de fusils viennent troubler le silence du front.

Ce 24 janvier 1914, le 2e classe Edouard Malot de Cluis est mort de suite de blessures à Zonnebeke.

Depuis 90 ans, il repose au cimetière militaire Saint-Charles de Potyze d'Ypres au milieu de 3500 sépultures.

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20 janvier 2005

Arrivée au corps - La troupe

« La troupe.

J'eus l'occasion de la voir au cours de deux revues. La première était la revue de départ que j'ai passée moi-même dans la matinée du 17 janvier, et la deuxième était une revue prescrite par le Général Dubois qui commandait le Corps d'Armée.

Les revues de départ aux tranchées se passaient à ce moment dans les champs, au bord Sud de la route de Poperinghe. Le Général Dubois, ainsi qu'il me l'avait annoncé à mon arrivée, affectait au régiment presque tous les renforts qui arrivaient de l'intérieur. Il tenait à me remettre un régiment avec un effectif convenable. C'est ainsi que je reçus plus de 600 hommes dans les journées qui ont suivi mon arrivée. Aussi les compagnies que j'inspectais ne laissaient-elles rien à désirer sous ce rapport. Par contre, ce qui m'a frappé, c'était l'âge des hommes. Je les trouvais vieux. Beaucoup frisaient la quarantaine. Ce n'étaient plus des réservistes, mais des territoriaux. On m'expliqua que les classes de la réserve étaient épuisées, que les jeunes classes de la territoriale se trouvaient dans les régiments territoriaux, de sorte que pour le moment il ne restait que les vieilles classes de la territoriale. C'était donc dans les régiments de réserve qu'on trouvait les hommes les plus vieux de l'Armée. Peu m'importait, mon parti était pris. Je les pris en affection ces vieilles barbes grises. Tous ces vieux n'étaient pas des soldats improvisés. Ils étaient disciplinés et avaient bon esprit. Ils faisaient consciencieusement leur besogne ingrate des tranchées. Ils ne ronchonnaient jamais. Après avoir piétiné pendant six mois dans l'eau et dans la boue du Bois du Polygone ils ont encore trouvé en eux-mêmes assez d'ardeur pour enlever des tranchées allemandes.

Revenons à nos revues. Comme je l'ai dit, celle de l'après-midi avait été prescrite par le Général Dubois. Il devait la passer lui-même. Il en fut empêché au dernier moment, et c'est le Colonel Briant qui le remplaça. La revue eut lieu comme d'habitude sur la pelouse du Château. Outre le 290e, il y avait des unités du 114e et du 125e. Un défilé en colonne par quatre clôtura la revue. Les vieux du 290e défilèrent aussi crânement, et avec autant de brio que les bataillons actifs. Je n'eus plus aucun regret de commander un régiment de réserve ».

Sources: Eggenspieler "Un régiment de réserve en Berry - Le 290eRI" Bourdier 1932

19 janvier 2005

Arrivée au corps - Les Officiers

"Les Officiers.

D'après le souvenir qui m'en reste, le premier officier que je vis était le Capitaine Marsily, qui dans la matinée avait fait le cantonnement du régiment. Je vis ensuite les officiers de l'Etat-major du régiment, le Lieutenant Sohier et le sous-lieutenant Devilliers. Ils avaient fait tous deux la campagne depuis le début, ce qui était précieux pour moi. Le Lieutenant Sohier était mon officier adjoint. Il avait toutes les qualités requises; pour ces délicates fonctions. Il rédigeait les ordres et les comptes rendus comme un véritable officier d'Etat-major. Le sous-lieutenant Devilrers était beaucoup plus jeune que son camarade Sohier. Il était chargé des fonctions de porte-drapeau. En réalité, il faisait sa part des travaux de bureau.

J'entrais ensuite en relation avec les chefs de service. Le premier que j'ai vu était je crois le Lieutenant Patureau-Mirand, un Berrichon de vieille date. Il aimait passionnément son régiment. Il connaissait tous les soldats, au moins ceux originaires du pays. Par son âge il aurait pu rester à l'intérieur. Il n'en a rien fait. Il tenait à suivre son régiment en campagne. Il avait un excellent moral. Dans la dernière année de la campagne il tenait absolument à prendre le commandement d'une unité combattante, jusque là il avait rempli les fonctions d'officier de détail.

J'ai fait connaissance ensuite avec le Lieutenant Maître. Il était officier d'approvisionnement. C'était un grand et solide gaillard, respirant la santé. Parisien d'origine, il était toujours prêt à la blague. Dans son service il était débrouillard comme pas un. Quand personne n'était ravitaillé, le 290e avait sa pitance. Il avait ses méthodes à lui, qui étonnaient les fonctionnaires de l'Intendance.

Le Médecin-Chef était le Docteur Rosenthal. Il était sympathique quoique d'un abord froid, qu'il devait peut-être à son origine nancéienne. Il était plein de sollicitude pour les vieux Poilus du régiment. Il est passé par la suite au 114e où il a eu son quatrième galon ainsi que la Croix.

Il me reste à dire un mot des deux Chefs de bataillon. Celui du 5e bataillon était le Commandant Renard qui, avant mon arrivée, exerçait le commandement du régiment. Il était grand et bien taillé. Avec sa barbe en fleuve il avait un aspect imposant. Il était en campagne depuis le début.

Le 6e bataillon était commandé par le Commandant Mercier de Lacombe. Incomplètement guéri de sa blessure du mois de novembre précédent, il venait de rejoindre le régiment à Wlamertinghe peu après moi. C'était un Chef de bataillon tout jeune sur lequel je pouvais compter en toutes circonstances. Il était apte à se tirer d'embarras dans n'importe quelle situation. Il était regrettable qu'une nouvelle blessure grave reçue à la fin de 1915 l'ait mis dans l'obligation de quitter la troupe.

Je ne parlerai pas en détail de chacun des officiers de compagnie. J'ai fait leur connaissance petit à petit, dans les tranchées et au cantonnement. Il y en avait de jeunes et de vieux. Trois étaient officiers de carrière, les Capitaines Beyler, Beauclin et Collet. Tous les autres étaient officiers de réserve. Tous connaissaient parfaitement leur métier et étaient pour moi d'excellents collaborateurs".

Sources: Eggenspieler "Un régiment de réserve en Berry - Le 290eRI" Bourdier 1932

18 janvier 2005

L'arrivée à la Division

"Mes premiers contacts

Je me rendis d'abord au 90e, commandé à ce moment par le lieutenant-colonel Alquier. C'était un charmant camarade, plein de tact. Il me présenta à ses officiers comme leur Colonel. Je trouvais cette idée pleine de délicatesse. J'allais ensuite au 268e où je trouvais le lieutenant-colonel Michel, qui avait été mon caporal à Saint-Cyr. C'était un excellent camarade avec lequel j'allais collaborer dans une entente parfaite jusqu'au moment où il fut blessé dans le Bois du Polygone. Je retrouvais également le lieutenant-colonel Lapierre, le lieutenant-colonel Benoit. Tous deux étaient des camarades de promotion. Le premier commandait le 68e, le second le 114e. Pour mes débuts je me trouvais donc en plein pays de connaissance.

Je fis ensuite visite aux E.-M. des 17e et 18e D.I. Les Généraux me firent très bon accueil. A la 17e D.I., je retrouvais le lieutenant-colonel Lafont, qui commandait l'A.D. 17. C'était un ancien camarade de l'Ecole de Guerre et de la garnison de Belfort. En prenant congé du Général Guignabaudet, qui commandait la 17e D.I., le Général ne put pas s'empêcher de me glisser dans l'oreille, que le 290e était le seul régiment qui lui avait perdu des tranchées. C'était toujours le souvenir des tranchées de Wallemolen ou de Zonnebeke"

Sources: Eggenspieler "Un régiment de réserve en Berry - Le 290eRI" Bourdier 1932

17 janvier 2005

L'arrivée au 9e Corps

"Au P.C. du 9e C.A.

Un chef d'escadron d'artillerie (Commandant Labruyère), garçon très aimable qui faisait la liaison entre Poperinghe et le P.C. du Général Dubois, m'emmena en auto chez le Général. Celui-ci était encore à table avec ses officiers quand j'arrivai. Il me fit servir à déjeuner, puis il me questionna longuement sur mon passé militaire. Je lui fis connaître que j'avais été pendant quatre ans le délégué du 2e Bureau dans la place de Belfort, qu'avant mon affectation à la place de Cherbourg j'étais désigné pour diriger le 2e Bureau d'une Armée en cas de mobilisation. Dans ce cas, comment cela se fait-il, me fit-il remarquer, qu'on ne vous ait pas affecté à un 2e Bureau ? Je lui répondis que cela eût sans doute été trop naturel. Cela m'a rappelé l'histoire des danseurs et des calculateurs. Cela n'empêche que pour mon compte personnel j'étais enchanté d'aller dans la troupe. J'ai estimé que ce n'était que là que je ferais réellement la guerre. Pour finir, le Général qui m'avait fait un accueil très aimable, devait me causer un désappointement, qui heureusement ne fut pas de longue durée. Vous croyez sans doute aller au 114e me dit le Général. Je lui répondis que oui, la dépêche du Ministre m'affectait à ce régiment. Eh bien ! Non, reprit le Général, vous allez commander le 290e. J'eus le désenchantement du bonhomme qui depuis deux jours a voyagé dans une pensée, et qui brusquement est obligé de s'accommoder à une autre. Va pour le 290e, me dis-je. Cela n'empêche qu'en peu de jours c'était déjà le deuxième mécompte que j'enregistrais. Un ami personnel de l'Etat-major de l'Armée ne m'avait-il pas dit que j'irais au 2e Bureau du G.Q.G. ! Je n'eus aucun chagrin d'avoir manqué cette destination. Je me consolais en me disant que j'ai fait un heureux en laissant cette place libre. Coïncidence curieuse, en parcourant Poperinghe, j'ai appris qu'un Chef d'Escadron d'artillerie venait d'être désigné pour le 2e Bureau, du G.Q.G.

Puisque j'étais au 290e, je me mis incontinent en contact avec les régiments qui cantonnaient à Wlamertinghe. Le 290e était dans les tranchées. Le Général Dubois n'a pas voulu que je prenne mon commandement avant que le régiment fut descendu des lignes".

Sources: Eggenspieler "Un régiment de réserve en Berry - Le 290eRI" Bourdier 1932

16 janvier 2005

Passation de commandement au 290e

Le 2 novembre 1914, dans le secteur d'Ypres, l'artillerie allemande se mit à tirer. Pour commencer, elle dirigea ses obus sur Saint-Julien puis, le tir fut dirigé sur la région du P.C du 290e. Vers 8 heures, deux obus éclatèrent juste au-dessus de la ferme où était installé le P.C. Le Colonel Hirtzmann fut touché. Il avait deux blessures légères à l'épaule et au côté, mais une plus grave et profonde au-dessous des reins. On l'emporta sur une civière au poste de secours, où le Docteur Rosenthal sonda les plaies, et fit connaître au Colonel que son évacuation s'imposait. Le Colonel s'y résigna

Le Commandant Renard prit provisoirement le commandement du régiment. Les bataillons avaient deux chefs excellents, le Capitaine Simonnet au 5e, et le Commandant de Lacombe au 6e.

Le 13 janvier, le colonel Eggenspieler, parti de Cherbourg le 11, arrive à Poperinghe.

Voici donc son arrivée au sein du 9e Corps d'Armée :

« Ma désignation pour le front

J'étais à la déclaration de guerre Chef d'Etat-major de la place forte de Cherbourg. J'y ai été maintenu en cette qualité jusqu'au mois de janvier 1915. A ce moment une dépêche ministérielle m'affecta au commandement du 114e R.I. J'étais enchanté de cette désignation. Mon maintien dans une place forte, où on ne voyait que des blessés et des prisonniers, finissait par me peser. En ma double qualité d'Alsacien et d'Officier de carrière je tenais absolument à prendre ma part de la guerre. Quand je connus la retraite allemande de la Marne, j'étais désolé. Je m'imaginais déjà que j'arriverais, comme les fameux carabiniers, après la bataille. Il n'en fut rien, j'ai eu largement le temps de guerroyer encore pendant quatre ans.

Mon arrivée

Embarqué à Cherbourg le 11 janvier avec mon ordonnance et mes deux chevaux, je débarquais à Poperinghe le 13 au matin. J'allais aussitôt à la Mairie où se trouvait le Q.G. du 9e C.A. Quand je revins à la gare mon ordonnance, mes chevaux et mes bagages avaient disparu. Personne ne les avait vus. Il a fallu mettre la gendarmerie à leurs trousses. On les retrouva le lendemain installés dans une grange où ils attendaient. Mon ordonnance qui en temps de paix n'avait jamais fait œuvre de la moindre initiative, s'était dit, maintenant c'est la guerre, il faut se débrouiller. Il était allé tranquillement se cantonner avec ses chevaux, se disant, que tout le monde saurait bien vite, où un personnage aussi important que lui, était allé se nicher ».

Sources: Eggenspieler "Un régiment de réserve en Berry - Le 290eRI" Bourdier 1932

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