Après l'échec de l'attaque du 268e RI, le 290e RI qui était en position d'attente quitte le secteur progressivement
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26 Septembre.
Le 26, de grand matin, nous relevions le 268e dans le secteur que nous avions organisé ensemble. Le 5e bataillon et la C.M.R., la 21e et la C.M.B. occupèrent la parallèle de départ. Les autres compagnies s'installèrent dans les tranchées et abris environnant le Bois des Martinets.
Nous avons passé toute la matinée à évacuer les armes et équipements des tués et blessés du 268e. On les a amenés près de mon P.C. d'où on les a évacués sur Grosville. Au cours de cette opération il s'est passé des faits que je me suis efforcé d'empêcher le plus que j'ai pu. Les hommes de corvée qui transportaient les sacs les ouvraient et y prenaient les effets de lingerie en bon état et dont ils étaient dépourvus. Les sacs arrivant ouverts à Grosville le 268e s'en est plaint, non sans raison. Ce genre de larcins était difficile à éviter et il devait être commun à tous les régiments. Je me rappelle qu'en 1918, lors de la poursuite entre la Marne et la Vesle, avoir vu le corps d'un Allemand encore complètement habillé, couché au bord d'un chemin. Le lendemain il n'avait plus de bottes, et le surlendemain plus de chaussettes. Ayant continué ma route je ne sais pas où le déshabillage s'est arrêté.
27 septembre.
Dans la soirée du 27, nous avons été relevés par le 141e R.I.T. (Mont-de-Marsan). C'était un brave régiment territorial du Midi dont j'ai gardé un excellent souvenir. Il était composé de Landais à l'humeur toujours satisfaite et aux exclamations plus amusantes les unes que les autres. Le régiment, cadres et troupe, avait un aspect bien plus jeune que le nôtre. Nous devions par la suite nous trouver fréquemment en contact avec cet excellent régiment.
Après la relève nous sommes allés passer la nuit à Basseux.
28 Septembre.
Le 28, à 5h.30 du matin, nous reprenions le boyau suivi à l'arrivée et qui, cette fois, nous conduit à Monchiet. Là, nous sommes embarqués en camion-auto et transportés à Neuvillette (6 km. Nord de Doullens).
Nous arrivons à destination dans l'après-midi et nous allons cantonner à Barly et à Ransart (Nord-Ouest de Doullens). Nous avons à peine pris possession de nos cantonnements que l'ordre arrive de nous tenir prêts à embarquer. Nous refaisons nos bagages et nous attendons.
A 19 heures, le 5e bataillon et la C.M. montent en camion-auto sur la route de Baily à Neuvillette. Le 6e bataillon et l'E.-M. montent dans un autre convoi à la Haute-Visée sur la route Nord de Doullens. Il vient de pleuvoir à torrents et la route est couverte de flaques d'eau. Les convois sont éclairés et la lumière se reflète dans l'eau. L'effet serait féerique si on ne pataugeait pas tant dans les mares. Une fois embarqués nous roulons toute la nuit. Impossible de rien distinguer, tellement il fait noir. A 5 heures du matin, on nous arrête. Nous sommes à Hersin-Coupigny (10 km. Sud de Béthune) où nous cantonnons. Nous voici en plein pays de charbonnage.
Hersin Coupigny - Moulin et passage à niveau
Sources: Un régiment de réserve en Berry - colonel Eggenspieler