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Indre 1914-1918 - Les 68, 90, 268 et 290e RI
25 janvier 2005

68e RI - Combat de Broodseinde - 25 janvier 1915

"Le 25, à 5 h. 45, l'artillerie allemande ouvre brusquement le feu et exécute un tir, non pas sur la première ligne, mais sur les soutiens, la deuxième ligne et le village de Zonnebeke. Son action est limitée au secteur du 68e depuis la voie ferrée au nord jusqu'à la gauche du 90e au sud. Ce tir, exécuté avec des 105 fusants, donne l'impression qu'une attaque se prépare. Il dure environ vingt-cinq minutes.

La partie du secteur attaquée était tenue par le 3e bataillon du 68e, commandé par un chef plein d'entrain et d'énergie, le commandant Potron.

A 6 h. 15, les Allemands lancent seize bombes sur les tranchées du carrefour au moyen d'un minenwerfer placé en A, tandis qu'une vive fusillade éclate sur le front de la 10e compagnie.

Immédiatement après l'envoi de la dixième bombe, on entend les sifflets des téléphones allemands et d'autres coups de siflets répétés dans la ligne ennemie.

L'attaque se déclenche. Elle comprend deux actions simultanées : l'une, principale, sur le carrefour de Broodseinde; l'autre, secondaire, en avant de Bellevue.

Les deux compagnies de soutien du 68e sont immédiatement poussées en première ligne et remplacées par un bataillon du 125e appelé de l'arrière.

L'attaque principale a pour objectif le carrefour de Broodseinde. Elle se produit à 6 h. 25 suivant trois directions marquées sur le croquis.

      a) Sur la tranchée de la 9e compagnie que l'ennemi semble vouloir prendre à revers. Il débouche par le boyau F. Une compagnie réussit, grâce aux décombres figurés en C, à se glisser à proximité du poste d'écoute de l

 

a 9e compagnie et à le bousculer, mais elle est arrêtée net par le feu des fractions en arrière et se tapit dans les décombres C et la maison en ruines M.

      b) Par la route de Moorslede, suivant F'', une compagnie environ qui, ayant gagné l'abri de la haie H, se porte à l'attaque par des passages individuels créés dans cette haie. Cette compagnie est décimée par les feux et ne peut déboucher.

      c) Sur la 10e compagnie, suivant F''', où une compagnie ennemie se présente en ligne de tirailleurs suivis par des groupes compacts.

Cette attaque est dispersée par le feu; une partie des assaillants reflue dans ses tranchées, une fraction (deux sections environ) se détourne vers le carrefour et vient se jeter dans les maisons en ruines, C, M, où elle est bloquée par les feux de la 4e compagnie du 68e.

Pendant que se produisait l'attaque, les réserves allemandes venant du bois B s'étaient rassemblées à l'abri des saules et commençaient à déboucher dans la direction de la flèche F'. Mais elles sont aperçues par le capitaine de la 12e compagnie qui, ouvrant sur elles un feu d'écharpe de fusils et de mitrailleuses, paralyse complètement leur action. Elles sont prises en même temps de front par la 9e compagnie.

Vers 7 heures, le capitaine Andréi aperçoit un rassemblement (une compagnie en colonne) qui s'est formé dans le bois B. Grâce aux liaisons établies entre les troupes de la première ligne et l'artillerie, il peut le signaler immédiatement par téléphone à la 7e batterie qui le disperse instantanément.

A 9 heures, un nouveau rassemblement semble se former à l'abri des saules. L'artillerie le disperse également.

En même temps que se produisait l'attaque principale, une attaque secon

 

daire avait été déclenchée, à 6 h. 25, sur la 8e compagnie. Une compagnie allemande était sortie du boyau qui aboutit à la route près de Bellevue mais elle avait été clouée au sol par nos feux et avait fait instantanément d'importantes pertes (63 cadavres comptés sur le terrain)".

"Le reste de la journée fut calme.
Les fractions de la 9e compagnie, voisine du carrefour, surveillaient attentivement les Allemands qui s'étaient réfugiés dans les ruines C et M au nombre de 70 environ. Les isolés qui essayaient de s'en échapper pour regagner leurs lignes étaient immédiatement abattus, tandis que des pétards etaient constamment jetés sur ceux restés près des ruines. On sut, plus tard, que les Allemands se seraient volontiers rendus, mais qu'ils ne l'avaient pas fait par suite de l'énergie des deux sous-officiers qui étaient avec eux.
Toutefois, à 17 heures, quelques hommes, avec le lieutenant Bidet, se glissant à proximité de la maison, réussirent à jeter dans la cave un pétard qui, tuant plusieurs hommes, détermina tout le monde à mettre bas les armes.
On s'attendait à une nouvelle tentative dans la soirée, un sous-officier fait prisonnier ayant annoncé que l'attaque se renouvellerait à 18 heures.
A 19 heures, on apercut un rassemblement dans la direction du bois B. Un tir d'artillerie fut exécuté immédiatement sur ce bois. On entendit des cris terribles, suivis d'une vive fusillade non dirigée sur nous. Il est à croire qu'une panique a du se produire dans les rangs ennemis.
Ce rassemblement ne fut suivi d'aucune attaque.

L'attaque allemande avait été minutieusement organisée".

"On peut évaluer à une brigade l'effectif mis en ligne et l'attaque principale semble avoir été faite par un régiment disposé de la façon suivante : un bataillon à cheval sur la route de Moorslede; un bataillon en échelon en arrière à droite, dont une compagnie a fait une fausse attaque sur la 8e compagnie; un bataillon en soutien; un deuxième régiment étant en réserve en deuxième ligne.
Les régiments présents ou représentés étaient les 242e, 243e, 244e saxons et le 25e bataillon de chasseurs. 

Chaque attaque particulière était précédée d'un groupe de dix-huit à vingt volontaires. On voyait là, pour la première fois, l'utilisation des groupes d'assaut (stosstruppen).
Les hommes étaient sans capote, sans sac, munis de 300 cartouches, les cartouches de supplément étant portées dans les poches et dans des ceintures mises en bandoulière. Les musettes étaient bourrées de victuailles (pain de seigle d'excellente qualité, une tranche épaisse de jambon, du saucisson) et les bidons étaient pleins d'eau-de-vie.

Afin de faciliter le débouché de leurs tranchées, les Allemands avaient créé des passages dans leurs réseaux de fil de fer au moyen de ponts en planches (portes, volets, etc...) et chaque groupe d'attaque était précédé de porteurs de cisailles.
Les hommes des groupes de tête se tenaient par la main et l'on entendait crier : « Camarades, ne tirez pas, rendez-vous »".
"
L'ennemi laissa entre nos mains 44 prisonniers et abandonna sur le terrain 313 morts dont beaucoup étaient venus tomber jusque dans nos fils de fer. Quant au 68e, il n'avait perdu dans ce combat que 10 tués et 22 blessés.
L'échec allemand fut du à la fois à la parfaite liaison de l'artillerie et de l'infanterie et au sang-froid et à la belle discipline de combat du 68e. Ce vaillant régiment, reconstitué après les pertes terribles au cours de la bataille d'Ypres, montra ce jour-là qu'il n'avait rien perdu de son ancienne valeur".

Sources: Deux ans de commandement Général Dubois Tome 2 Editions Lavauzelle 1921


Si le JMO du 68e et l'ouvrage du Général Dubois donnent 10 tués et 22 blessés, à partir du site Mémoires des Hommes, il est possible de trouver une liste de 23 soldats et officiers tués à l'ennemi, à cette date du 25 janvier 1915:

BASTY Andre Louis Marie Joseph, BEAUDET Marcel Philibert Jean Baptiste, BERTON Alexis, BOISSONNOT Xiste Felix, CHABERNAUD Paul, CHEZEAU Roger Auguste, CIRE Maurice Marie Joseph, CLEMENT Jules Adelson, COSSE Jean, FAUDOU Marc, GAGNERON Georges, GAVALET Eugene, GIRON Georges, HERAULT Leon Armand Jules, JULIEN Joseph, LAFOND Adrien Auguste, LAROQUE Jules Charles, LIEGE Daniel, MARCELLIN Julien, MORIN Gabriel Louis, RENARD Victor Emile Octave, SAVARI Augustin, VANOVERBERGHE Alphonse Henri

Mise à jour de la liste des "tués à l'ennemi": Mars 2014

 

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