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Indre 1914-1918 - Les 68, 90, 268 et 290e RI
24 décembre 2019

Fraternisations au 90e, début décembre 1914

Régulièrement, on aborde à chaque Noel, le cas maintenant incontournable des fraternisations qui eurent lieu lors du Noel 1914. Cependant, ce phénomème ne fut pas propre à cette date précise et est plutôt  à considérer dans un ensemble plus vaste au niveau temporel. Il est aussi à considérer certainement comme conséquent de la lassitude d'une vie dans la boue, le froid et les premières tranchées hivernales.

Au sein du 90e régiment d'infanterie, alors en Belgique dans le secteur d'Ypres, les journaux de marche, les documents officiels sont silencieux concernant cette thématique.
Il existe des traces qui permettent de constater les faits au travers de témoignages. Ainsi dans l'ouvrage "Paroles de poilus : lettres et carnets du front 1914-1918", (Paris, Librio, 2001, p. 78-79), Jean-Pierre GUÉNO nous livre une lettre originale:

"Tranchées-Palace, le 14 décembre 1914,
Chers parents,

Il se passe des faits à la guerre que vous ne croiriez pas ; moi-même, je ne l'aurais pas cru si je ne l'avais pas vu ; la guerre semble autre chose, eh bien, elle est sabotée. Avant-hier - et cela a duré deux jours dans les tranchées que le 90e occupe en ce moment - Français et Allemands se sont serré la main ; incroyable, je vous dis ! Pas moi, j'en aurais eu regret.Voilà comment cela est arrivé : le 12 au matin, les Boches arborent un drapeau blanc et gueulent : « Kamarades, Kamarades, rendez-vous. » Ils nous demandent de nous rendre « pour la frime ». Nous, de notre côté, on leur en dit autant ; personne n'accepte. Ils sortent alors de leurs tranchées, sans armes, rien du tout, officier en tête ; nous en faisons autant et cela a été une visite d'une tranchée à l'autre, échange de cigares, cigarettes, et à cent mètres d'autres se tiraient dessus ; je vous assure, si nous ne sommes pas propres, eux sont rudement sales, dégoûtants ils sont, et je crois qu'ils en ont marre eux aussi.
Mais depuis, cela a changé ; on ne communique plus ; je vous relate ce petit fait, mais n'en dites rien à personne, nous ne devons même pas en parler à d'autres soldats.
Je vous embrasse bien fort tous les trois."

Gervais Morillon, né à Poitiers, devait finalement tombé à Loos, le 9 mai 1915. Il avait alors 21 ans.

Sa fiche sur le blog "Mémoires despoilus de la Vienne"

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