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Indre 1914-1918 - Les 68, 90, 268 et 290e RI
24 août 2005

290e RI - Secteur de Steenstraat-Het-Sas (17 au 27 août 1915).

Pour couper notre longue période de repos le Général commandant la Division a demandé et obtenu que nous reprenions pendant une huitaine le contact de l'ennemi. Un ordre de la 152e D.I. nous a en conséquence prescrit de relever dans la soirée du 17 août les troupes de la 4e Brigade du Maroc, sur le front Steenstraat-Het-Sas, sur les bords du canal de l'Yser.

La portion de front que nous allions occuper relevait du Général Quiquandon, commandant la 45e D.I., celle qui avait fini par nettoyer le terrain de la rive gauche du canal.

Les compagnies qui prenaient la première ligne (17e, 18e, 21e, 22e et C.M. sans matériel) furent transportées en auto-camions jusqu'à Eikhock (3 kilomètres Est de Crombeke) où elles arrivèrent vers 15 heures.

Les autres unités (19e, 20e, 23e, 24e, C.H.R., T.C. et le matériel de la C.M.) firent la route à pied par West-Capelle, Rousbrugge, Crombeke, Westwleteren. Parties à 4 heures du matin, elles arrivèrent vers 10 heures.

En passant à Crombeke nous sommes passés devant une maison où il y avait un spahis de planton, en tenue flamboyante du temps de paix. C'était le planton du Général Quiquandon. Nous n'avons pas vu le Général, ni aucun Officier de son état-major. Cela n'empêche qu'il nous a fait dire que nous marchions mal en traversant sa résidence. Je ne cotais pas beaucoup ce genre d'observations, basées sur on ne sait quel témoignage. J'estimais que pour nous faire des reproches quelqu'un devait se montrer. En tout cas j'ai remarqué que le planton du Général nous a regardé passer en restant assis sur sa chaise. Nous valions cependant bien la peine qu'il se levât.

Nous avons bivouaqué à Eickhock jusque dans la soirée. Nous nous sommes éparpillés dans les vergers pour être à l'abri des vues des avions.

Le secteur.

A 18 h. 45 nous avons quitté nos emplacements de bivouac. A Oostvleteren nous avons pris la route de Westen, A l'embranchement du chemin de Nordhock; des guides nous attendaient pour nous conduire en ligne. Le secteur de la Brigade avait au moins 5 kilomètres d'étendue. La première ligne suivait partout la berge Ouest du canal de l'Yser. Il y avait deux sous-secteurs, un par régiment. Nous avions le sous-secteur Nord et le 268e le sous-secteur Sud. Les sous-secteurs étaient à leur tour divisés en segments de bataillon. Notre sous-secteur commençait à 800 mètres Nord de Steenstraat où nous étions en liaison avec des troupes belges. La limite Sud était à Het-Sas où commençait le 268e.Il y avait trois lignes de tranchées. La première suivait la rive Ouest du canal, la deuxième la route de Lizerne à Boesinghe, la troisième passait à travers champs à 200 mètres Ouest de la deuxième.

Nos bataillons étaient ainsi répartis dans les segments C et D:

Segment C (Sud). – 5e bataillon (Commandant de la Bastide).
Première ligne
: 17e, 18e, 2 sections de la C.M.B., 1 de la C.M.R.
Soutien
: 19e
Réserve
: 20e

 

Segment D (Nord). – 6e bataillon (Commandant de Lacombe).
Première ligne
: 22e, 21e, 2 sections de la C.M.R. Soutien : 23e
Réserve
: 24e

Troisième ligne du sous-secteur. :1 bataillon du 76e R.I.T.

Toutes les unités à relever faisaient partie du régiment mixte de zouaves et tirailleurs de la 4e Brigade du Maroc.
Le P.C. du régiment se trouvait dans une ferme à gauche
du chemin de Lizerne que j'avais suivi le 27 avril.
Dans le segment C il est question de 2 sections de la C.M.B., c'est-à-dire de la compagnie de mitrailleuses de brigade. Cette compagnie a été formée pendant notre séjour à Wylder, par prélèvements sur les compagnies de mitrailleuses des régiments.

Artillerie de tranchée.

Il y avait dans le secteur une nombreuse artillerie de tranchée, on verra plus loin pourquoi. Cette artillerie était servie en partie par des artilleurs et en partie par l'infanterie. Notre matériel était composé de mortiers Cellerier et Aasen. Celui, de l'artillerie comprenait des mortiers de 58 de tranchée. Chaque segment avait six Aasen et six Cellerier. Le Sous-Lieutenant Noirot était le Chef des équipes du régiment.

Aspect du terrain de combat de Lizerne.

C'était à la fois émotionnant et intéressant pour nous de revoir notre terrain de combat du mois d'avril et de pouvoir l'examiner dans tous ses détails, sans courir de grand risque. La tranchée de première ligne, qui se trouvait à présent dans la berge Ouest du canal, était la seule qui était réellement bien garnie de défenseurs. La première ligne allemande se trouvant dans la berge Est du canal, il n'y avait comme No man's Land entre les deux lignes que l'eau du canal. Le No man's Land n'était pas vaste, mais il eut été difficile de le franchir.

Tout le terrain entre le canal et la route de Lizerne à Boesinghe formait un grand tapis vert sillonné de nombreuses tranchées, où on n'apercevait plus personne. C'était le calme des cimetières. J'ai parcouru tout ce terrain, ainsi que les ruines de Zuydschoote et de Lizerne. C'est cette dernière localité surtout qui m'intéressait. Elle nous a joué, en avril, de sales tours avec ses mitrailleuses. La rue principale du village qui menait au pont de Steenstraat était très longue, elle était bien nettoyée. Les maisons à droite et à gauche ne formaient plus que des amas de décombres. Mais c'est dans ces amas qu'il est le plus facile de nicher des mitrailleuses et de les rendre invisibles. C'est ce que les Allemands ont fait. Des ruines de Lizerne, les mitrailleuses allemandes ont jusqu'à la fin balayé la plaine au Sud de la localité.

Une bonne tactique aurait consisté à commencer par enlever le village.

Dans le terrain gazonné, au Sud, j'ai retrouvé la tombe du Capitaine Marsily.

Dans le segment du 6e bataillon, situé au Nord de Lizerne, le terrain était plus bouleversé qu'au Sud. Il avait moins de profondeur et pouvait être plus facilement couvert par les obus. Les Allemands y tiraient constamment et surtout dans les parages du P.C. du bataillon. Les abris pour les hommes étaient à fleur de terre à cause de l'eau qui ruisselait partout dans ce terrain. Avec le Commandant de Lacombe, j'ai cherché à déterminer l'endroit où devait se trouver Steenstraat. Nous ne trouvions plus que des débris de bois, de tuiles et de briques profondément enfouis dans la terre.

La moisson.

Dans la campagne, autour de mon P.C., il y avait d'immenses et magnifiques champs de blé. Je me disais, quel dommage que tout ce beau blé soit perdu. Un soir que je me promenais aux abords de ma ferme, je vis arriver une longue file de fourragères, d'où descendaient des corvées militaires, qui se mirent incontinent à faucher le blé qui me donnait tant de souci. Je félicitais en moi-même chaudement celui qui avait eu l'idée de ne pas laisser perdre cette belle moisson.

Pendant plusieurs nuits les corvées revinrent au travail jusqu'à ce que tout fut enlevé.

La relève.

Nous fûmes relevés dans la nuit du 23 au 24 Août par des troupes de la 90e Brigade (Général Mordacq, 1er Tirailleurs, 1er et 3e bataillon d'Afrique). La relève était terminée le 24 à 1 heure du matin. Au fur et à mesure que les différentes unités étaient relevées, elles allaient se rassembler comme à l'arrivée à l'Est d'Eickhoek.

Rentrée à Wylder.

Nous nous mîmes en route à 4 heures du matin, et à 10 heures nous étions de retour à Wylder, où nous reprenions nos anciens locaux.

Le 27, il était formé au régiment un peloton de sapeurs-pionniers et bombardiers. Le sous-lieutenant Noirot en prit le premier le commandement. Le même jour, on nous a distribué les premiers casques métalliques. Nous fûmes également largement approvisionnés en tampons-masques contre les gaz.

Sources: Eggenspieler - Un régiment de réserve en Berry Le 290e RI

 

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