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Indre 1914-1918 - Les 68, 90, 268 et 290e RI
25 septembre 2005

25 septembre 1915 - 12h25

"Dans la soirée du 24 on nous fait connaître que le jour J sera le 25 septembre.
Le 25, à 1 heure du matin, nous quittons nos cantonnements pour aller occuper les emplacements qui nous ont été assignés. Nous cheminons sans bruit par Basseux, Bellancourt et Rivière vers Wailly. L'installation sur les emplacements indiqués se fait dans le plus grand calme. A partir de ce moment nous n'avons plus qu'à attendre la notification de l'heure H. J'en profite pour explorer la maison où est établi mon P.C. Je grimpe jusqu'au grenier pour voir si je ne trouve pas un observatoire. En parcourant la maison, j'ai vu que celle-ci a dû être abandonnée précipitamment. Tout était bouleversé, mais rien n'avait encore été emporté. J'ai remarqué un piano qui n'était pas abîmé et un magnifique prie-Dieu en broderie et bois sculpté.
En redescendant dans le sous-sol. J'appris par un message chiffré que l'heure H était fixée à 12 h. 25.
Quand l'heure de la préparation fut arrivée, une formidable canonnade se déclencha chez nous. Je regrimpai dans mon grenier pour suivre les effets du tir. Les lignes allemandes disparaissaient dans la fumée et dans la poussière. Impossible d'y rien distinguer. Aux sommets des arbres du Bois de Blairville étaient accrochés de gros nuages blancs. Ils étaient produits par les obus spéciaux. Du côté allemand, pas la moindre riposte, leurs lignes étaient plongées dans un silence profond, impressionnant aussi.
L'heure approche, je quitte la Brasserie et je monte sur un ressaut du terrain en avant de la Brasserie. J'ai devant moi couché dans les tranchées le régiment de tirailleurs et le régiment colonial. Voici l'heure H. notre tir s'arrête et les deux régiments s'élancent. Mais, voici que les mitrailleuses allemandes se mettent à crépiter sur toute la ligne, tout est manqué. Le tir de représailles des canons allemands se déclenche à son tour. Les assaillants n'ont plus autre chose à faire que de se plaquer au sol et d'attendre que le tir allemand cesse et que l'obscurité arrive. Le 290e n'aura pas à intervenir. On amène des blessés et des tués. Puis, arrive un groupe de tirailleurs avec des gradés français. Ils crient et gesticulent. Je leur demande la cause de leur indignation. Ils m'expliquent qu'ils ont franchi la tranchée allemande, et que, malgré que les Allemands leur aient tiré dans le dos, ils sont arrivés jusqu'au Moulin de Ficheux, mais que n'ayant pas été suivis, ils ont été obligés de revenir.
A la droite, le Général Néraud a assisté de son poste d'observation à l'attaque du 268e. Il a débouché magnifiquement, mais comme les coloniaux et les tirailleurs, il a été cloué au sol par les mitrailleuses allemandes. Le maudit petit instituteur boche avait dit vrai, nous ne devions pas réussir.
Notre attaque enrayée, l'artillerie allemande a continué pendant des heures à taper sur nos tranchées où avaient reflué les troupes d'attaque. Les Allemands s'acharnaient surtout sur les tranchées du régiment colonial. Je voyais les obus éclater à ras du sol au-dessus des tranchées; je plaignais les pauvres bougres qui étaient dedans.
A notre gauche l'attaque de la 17e D.I. n'avait pas mieux réussi que la nôtre.
On nous a consolés en nous disant qu'au loin en Champagne les troupes du Général de Castelnau avaient enfoncé les lignes allemandes et que leur offensive marchait bon train.
Dans la soirée, le 6e bataillon a quitté Wailly. Il est venu me rejoindre à Brétencourt".

Sources: Colonel Eggenspieler - Un régiment de réserve en Berry

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Commentaires
P
Je recherche toutes les infos sur la bataille de Souchez le 26 et 27 septembre 1915 et notamment sur le 41RIC au "Fond de Buval" lieu ou mon grand oncle de Saint-Marcel a été blessé et après déclaré disparu , il y a une sépulture a la nécropole d'albain sainte nazaire avec un nom qui est le sien mais sans prénom (BOUCHAUD)
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C
la maison de la Brasserie de Riviere qui servait de PC au 290 è RI est celle de mon grand père, toute sa famille est partie à cette époque à Berck sur mer . Mon grand père est parti ensuite au feu au 43 RI puis au 80 RI , rentra gravement bléssé, croix de guerre . Je suis né dans cette maison en 1950
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