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Indre 1914-1918 - Les 68, 90, 268 et 290e RI
25 mai 2018

La garnison de Chateauroux (vue par le guide de l'officier d'infanterie)

Autour de 1900, des guides étaient publiés afin de présenter les différentes garnisons françaises aux officiers d'active recherchant une nouvelle affectation.
Ainsi, on pouvait se procurer le "Guide de l'officier d'infanterie - Nos garnisons de France, d'Algérie et de Tunisie".

(Mes copies sont non datées, si vous avez quelques informations de dates précises concernant ce document, merci de me contacter)

"CHATEAUROUX (90e Régiment)

Garnison. - Au point de vue mililaire, Chateauroux fait partie du 9e Corps d'armée. Il est le chef-lieu de la 17e Division et de la 33e Brigade d'infanterie. Outre ces deux états-majors, la garnison se compose des corps et services ci-après :

Le 90e Régiment d'infanterie en entier (13 compagnies), le 9e Escadron du train des Équipages en entier (3 compagnies), le Dépôt de la 9e section d'Infirmiers militaires, une annexe d'artillerie, dépendant de l'école de Poitiers, un bureau de recrutement, une sous-intendance, une manutention militaire, un service du génie, le commandant et le trésorier de la gendarmerie de l'Indre ainsi que le capitaine commandant l'arrondissement.

Enfin, c'est à Châteauroux que doivent se former le régiment de réserve alimenté par le 90e Régiment d'infanterie, le 65e Régiment territorial d'infanterie, le 9e Escadron territorial du train.

Ainsi qu'on l'a vu plus haut le régiment d'infanterie et l'escadron du train ne fournissent aucun détachement.

 

Description.-Châteauroux (les Châteauroussins) sic, chef-lieu du département de l'Indre, doit son nom au château (Château-Raoul) élevé sur les bords de l'Indre vers 927, par Raoul-le-Large, seigneur de Déols (localité existant encore aujourd'hui près de Chàteauroux, pour défendre ses États contre les invasions des Normands, qui signalèrent le règne de Charles-le-Chauve.

Autour de ce château qui fait aujourd'hui partie de la Préfecture vinrent se grouper peu à peu les divers établissements, et habitations qui devaient former plus tard la ville dont nous nous occupons, laquelle ne comptait encore à l'époque de la Révolution que 8000 habitants (actuellement 24000).

 

Chateauroux_Prefecture

 

Lors de la division de la France en départements, Châteauroux fut choisi comme chef-lieu par les électeurs de l'Indre, au détriment d'Issoudun qui réclamait également cette faveur comme ayant une population supérieure de 2000 habitants environ, mais occupait une situation moins centrale.

Suivant le mode adopté à cette époque, de doter chaque département d'un evéché, il en fut institué un à Châteauroux, mais il fut supprimé deux ans plus tard au profit de l'archeveché de Bourges.

Les principales curiosités de Châteauroux sont le château, élevé, comme nous l'avons dit plus haut, vers 927, détruit par un incendie en 1366 et reconstruit quelques années plus tard. Pendant la première période, ce château eut à subir deux sièges, très importante, le premier par le roi Philippe-Auguste en 1187, le deuxième par le Prince de Galles en 1356. Ni l'un ni l'autre ne purent s'en rendre maître, et ce dernier pour se venger de son échec, incendia la ville. Depuis sa reconstruction, le château servit de prison pendant 23 ans à Claire Clémence de Maillé-Brézé, nièce de Richelieu, épouse du prince de Condé qui l'avait répudiée.

C'est également dans ce château qu'est né le 18 mars 1773 celui qui devait être plus tard le fidèle compagnon d'exil de l'empereur Napoléon 1er à Sainte-Hélène, le célèbre général Bertrand, dont une statue orne aujourd'hui une place de la ville, à laquelle on a donné le nom de Sainte-Hélène. Une plaque commémorative en marbre, indique encore aujourd'hui la chambre où est né le général Bertrand.

Signalons encore : l'église Saint-André, élevée sur une très grande place, près de la gare, et dont la vue frappe les voyageurs arrivant de la direction de Paris. Bien que de construction récente, son architecture et son style gothique, ainsi que sa situation spéciale au milieu de la plus grande place de la ville, en font un monument d'un très joli effet. L'église Notre-Dame également récente, est moins curieuse.

L'hôtel de ville, datant de la Révolution, est sans style particulier. Il s'y trouve une bibliothèque assez importante.

Enfin on peut encore citer le jardin public où va jouer la musique deux fois par semaine; une partie de ce jardin a été plantée récemment.

La vieille ville est bâtie le long de l'Indre et sur l'élévation qui domine cette rivière, au sud. Une des plus anciennes rues de la ville longe son cours et porte son nom. Des maisons construites sur le côteau, on domine toute la vallée vers Déols et Saint-Christophe. A sa sortie de la ville, l'Indre coule devant les bâtiments de la Préfecture et l'ancien château où sont aujourd'hui réunis tous les services de cette dernière, elle longe ensuite une superbe avenue plantée de marronniers puis enfin passe devant le parc et la manufacture Balsan"

Les habitants de Châteauroux sont les Castelroussins.

"Moyens de communication. - Châteauroux est à 363 kilomètres de Paris. Des trains très commodes faisant le trajet en 4 heures environ permettent de partir le matin et de revenir le soir en passant presque toute la journée à Paris. Il existe en outre des communications faciles avec Orléans, Tours, Poitiers, Limoges et Montluçon, permettant ainsi de partir aisément dans toutes les directions. 

Alimentation.- La vie pour les ménages parait relativement bon marché, surtout lorsqu'on vient du Nord ou de l'Est. Il faut ajouter que les personnes arrivant du Midi disent généralement le contraire. On peut s'approvisionner assez facilement en toutes sortes de choses.

Les officiers ont un cercle de garnison assez bien installé, situé au-dessus du grand café, au centre de la ville. Les pensions sont bonnes et les prix varient de 75 à 90 francs.

Logement. - Les logements garnis coûtent de 23 à 35 francs pour deux ou trois pièces. Il n'y a pas en général d'appartements pour les officiers mariés; la plupart occupent des maisons particulières, dont les prix s'élèvent de 600 à 1.900 francs.

Le loyer s'augmente dans certains cas, de l'impôt des portes et fenêtres et de l'abonnement à l'eau de la ville. Dans le centre on ne trouve guère d'habitations ayant un jardin, ou alors il est généralement exigu.

Industrie et commerce. - Au point de vue industriel, Châteauroux peut être considéré comme un centre relativement important. On y trouve plusieurs ateliers de construction de machines agricoles, une fonderie, plusieurs brasseries, une fabrique de biscuits, une importante manufacture de draps, une sucrerie, l'atelier de confection des magasins des 100000 chemises, de Paris, enfin la manufacture des tabacs qui occupe plus de 1400 ouvriers.

 

Vue d'ensemble

Enseignement. - Châteauroux dépend de la Faculté de Poitiers et possède un lycée de garçons, assez renommé ou l'enseignement est divisé en classique et en moderne. On y reçoit les enfants, dés l'âge de 5 ans, dans des classes spéciales fort bien dirigées.

Chateauroux_JeanGiraudoux

Une école normale primaire d'instituteurs et d'institutrices. Un cours secondaire (d'enseignement) pour jeunes filles avec, comme au lycée, une classe enfantine. Des établissements primaires privés, laïques et religieux en assez grand nombre pour garçons et filles.

Cultes. - On trouve dans la ville trois paroisses Saint-André, Notre-Dame et Saint-Christophe; il existe aussi plusieurs chapelles, dont une tenue par des Pères Rédemptoristes. Il y a également un temple protestant.

Distractions.- Les distractions sont peu nombreuses et les rues désertées de bonne heure. Les officiers n'ont d'autres ressources que les quelques relations mondaines qu'ils peuvent se créer dans le monde officiel et dans quelques familles de la ville et des environs où ils sont assez bien accueillis.

Le théâtre, peu confortable, ne possède pas de troupe permanente. Pendant l'hiver, des artistes de passage viennent jouer les pièces à succès de la capitale, mais réussissent assez rarement à faire de bonnes salles, les officiers comme les familles aisées avant le loisir, en raison des communications assez faciles, de voir ces mêmes pièces sur les scènes parisiennes.

 

Chateauroux_Theatre

Pendant la belle saison, les amateurs de bicyclette ou de cheval trouvent une compensation dans les nombreuses promenades qu'ils peuvent faire dans les environs. En effet si Châteauroux n'offre par lui-même rien de bien attrayant à ses visiteurs; ceux-ci peuvent se dédommager en se transportant à quelques kilomètres dans les environs. Des routes magnifiques partent dans toutes les directions et les cyclistes surtout peuvent en donner tout à leur aise, le Berry abondant en sites et en châteaux remarquables et très curieux. En descendant vers le sud, on rencontre la vallée de la Creuse et de ses affluents qu'il est regrettable de voir tant ignorée des touristes Français. Dans cette région, on se trouve au milieu des merveilles si bien décrites par George Sand; on peut aisément en vérifier l'exactitude et revivre ainsi presque tous ses romans.

Les cavaliers peuvent trouver dans la forêt, située à quelques kilomètres, des promenades tout à fait agréables, parmi les superbes et nombreuses avenues qui la sillonnent dans tous les sens.

Les excursions à pied sont moins faciles et les amateurs de grand air qui veulent s'en aller un peu loin, sont obligés de combiner leur promenade en faisant une partie du trajet en voiture ou en chemin de fer. Un tramway électrique est bien projeté pour se rendre au bord de la forêt, au Poinçonnet (le Robinson de Châteauroux), mais rien ne fait encore prévoir l'époque de son exécution.

Les amateurs de pèche et de chasse trouvent facilement les moyens de satisfaire leurs plaisirs. L'Indre est très poissonneuse et peuplée de presque toutes les espèces de poissons. La Creuse et ses affluents renferment de belles et excellentes truites.

 

Chateauroux_Chasse

Chateauroux_Peche

Les environs de Châteauroux sont très giboyeux et si l'on ne peut que difficilement se procurer de chasse personnelle, il est assez facile d'obtenir des invitations qui peuvent donner d'autant plus de plaisir que, outre le gibier commun, on peut souvent tirer le faisan, le chevreuil, le sanglier et même le cerf. De nombreux marais permettent aussi de tirer le gibier d'eau qui s'y rencontre en abondance, En résumé, à part les distractions qui y sont vraiment trop rares, Châteauroux est une assez bonne garnison, offrant l'avantage, si considérable pour les ménages, de ne pas être exposé à changer continuellement pour le roulement des détachements et permettant de trouver sur place a peu près toutes les choses essentielles, tant pour les moyens d'existence que pour l'éducation des enfants".

Sources:"Guide de l'officier d'infanterie - Nos garnisons de France, d'Algérie et de Tunisie"

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