Le coup passa si près que ...
Voici comment le capitaine Laurentin échappa de peu à la mort, et grâce à une pellicule:
"Je suis allé, ce matin, voir le travail au Poste 10, jusqu'à la parallèle la plus avancée en construction. J'y étais avec le général Néraud et le colonel Mariani. Je venais de tirer la dernière pellicule de mon Kodak et le général scrutait les tranchées d'en face au périscope. Mon appareil photo me sauva la vie.
Les Allemands avaient vu sans doute notre arrivée, et le périscope leur permit de déduire la présence d'un chef. Tandis que le général observait, je pensais que je pouvais mettre une nouvelle bobine de pellicules; j'étais à dix pas de lui; devant moi, un petit abri était creusé sous le parapet, dans le tuf de la tranchée. Je m'y enfonçai, jugeant que l'ombre de l'abri préserverait mes pellicules d'un voile que le soleil pouvait occasionner, même avec un appareil qui se charge en plein jour. J'ouvris mon appareil, je retirai la bobine des pellicules tirées. - "Boum!" Un obus éclate contre le parapet dont les pierres me tombent sur le dos. Une claie, posée à cet endroit, est projetée dans la tranchée.
Sans mon appareil, j'aurais été debout à ce moment-là et fatalement atteint. J'eus un peu de peine à finir mon opération (car les pierrailles avaient sali mon appareil, tandis que les Boches continuaient leurs salves, dont les autres coups, d'ailleurs, me furent moins directement adressés que le premier.
"Pas un cheveu ne tombe de notre tête, sans la permission de Dieu..." Pour préserver ce cheveu, il a suffi d'une pellicule de ... Vest Pocket Kodak!"
Sources: Carnet d'un Fantassin de 1914 - Maurice Laurentin - Arthaud 1965
Historique Kodak: http://www.collection-appareils.com/kodak/html/vest_pocket.php