Eugène Aubard, un pauvre bougre de la territoriale
Il y a quelques années, j'ai "commis" un site internet, sur les régiments de l'Indre et les soldats du département. Je n'en assure plus la maintenance, mais je souhaite mettre en valeur certains articles. En voici donc un de mes préférés:
Voici Eugène Aubard, qui, comme souvent en Berry était appelé…. Maurice. Il est né en 1877 à Sarzay (Indre).
Eugène Aubard, lors de son service 1898 au 90e RI
En 1914, il a été mobilisé comme des millions de français, mais trop âgé il a été versé dans la territoriale (les "pépères") ce qui lui a évité de faire partie des combattants de première ligne et lui a certainement sauvé la vie.
De 1914 à 1918, il a été cantonné dans la région du "Chemin des dames" entre Soissons et Reims et a tenu jusqu’en janvier 1918, sur un petit carnet, un journal écrit au crayon d’une petite écriture fine et régulière. Ce journal a été pieusement conservé par son fils et est parvenu jusqu’à son petit fils (Merci à lui pour la transmission des copies du carnet).
Vous n’y trouverez pas de récits de combats, d’envolées lyriques, de relation d’exploits guerriers, mais la vie monotone et les souffrances d’un pauvre bougre qui a fait ce qu’on lui a dit de faire, en silence et sans se plaindre. En deux ou trois occasions cependant vous trouverez un sentiment de détresse, d’impuissance et de ras le bol mais toujours à mots couverts. Par pudeur on ne se plaint pas; d’autres souffrent plus.
Ce journal s’interrompt en janvier 1918; évacué sur Brest avec une importante tumeur à un œil, il y est soigné et ne remontera plus au front. Il passera le reste de la guerre au dépôt de son régiment à Châteauroux à garder les voies ferrées. Revenu de la guerre affaibli, il contactera une maladie pulmonaire et, malgré des cures à la Bourboule en 1922, 1923 et 1924, Il décèdera en 1925.
Son décès interrompra les études de son fils Camille qui, destiné à devenir instituteur, reviendra à 17 ans en tant que chef de famille reprendre la petite exploitation agricole au village du Ponderon, commune de Sarzay.
La transcription des carnets a été effectuée telle qu'elle. La transcription, une fois mise en parallèle avec les Journaux de Marche, laisse voir un décalage de date. Le parti pris de ne pas corriger et de laisser les textes tels quels est volontaire.
Retrouvez ici, le journal d'Eugène Aubard