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Indre 1914-1918 - Les 68, 90, 268 et 290e RI
26 avril 2021

« Pour les belges, y’en a plus », le parcours de Pierre, un légionnaire de Sainte-Sévère.

Il est parfois des soldats tant dans leur description physique que dans leur parcours de vie et de combat, on sait que l’on a affaire à des soldats particulièrement aguerris.
Pierre est né en 1888 à Sainte Sévère, une commune du sud du département de l’Indre, à la frontière avec le département de la Creuse.
Bien que né en novembre 1888, il est rattaché au moment de sa conscription avec la classe 1909, il est classé dans la 1ère partie de la liste de la classe 1910, celle des « bon pour le service ».

Dans la rédaction de la fiche matricule, il est alors détaillé comme étant d’une taille peu habituelle pour l’époque, à savoir 1m 81. Un « géant » au milieu des conscrits d’alors. Pour comparaison, la taille moyenne de la classe 1911 du recrutement de Châteauroux est de 1m66. Il est aussi à noter que bien que rattaché au bureau de recrutement de Châteauroux, il est sous la responsabilité de sa grand-mère demeurant à La Châtre suite aux décès de ses deux parents. Au moment de la conscription, il est déclaré comme résidant à Paris et déclare alors la profession de plombier (type écriture différente, rajout ultérieur sur la fiche matricule).
Suite à la conscription liée au recensement, il est inscrit comme n°1 sur la liste de recrutement cantonal, ce qui est normal, les "bons absents" sont consiérés comme "Bons pour le service" par défaut
Alors commence l'aventure, à la suite de son état-civil, le détail de ses états de services est assez éloquent et commence bien avant la conscription. Dans l’année 1908, il enchaine les condamnations.

  • 13 août 1908 : 4 mois de prison (sursis 5 ans) pour vol – tribunal de Versailles
  • 10 septembre 1908 : 8 jours de prison pour filouterie d’aliments – tribunal de Versailles
  • 17 septembre 1908 : 2 mois de prison pour outrages à agents – tribunal de Versailles
  • 8 avril 1909 : 3 mois de prison pour filouterie d’aliments – Cour d’appel de Paris

Toujours est-il qu’au vu de ces antécédents, libre de ses gestes, il est convoqué le 1er octobre 1910 pour effectuer son service militaire au sein du 2e Bataillon d’Infanterie Légère d’Afrique. Ne se présentant pas, il est déclaré « Insoumis » à la date du 4 décembre 1910.
De là, plus aucune nouvelle jusqu’au 18 avril 1918 où il est rayé du « Contrôle des Insoumis ».

Que s’est il passé pour que ce changement majeur intervienne dans son dossier ?

En réalité, Pierre est insoumis, mais .... Tout en changeant son patronyme, il s’engage dans la Légion Etrangère et déclare la nationalité belge. En effet, le 16 novembre 1909, il signe un engagement de 5 ans pour le 1er Régiment Etranger sous le patronyme de Wantier Edmond. Il arrive au corps le 22 novembre 1909 et ce comme légionnaire de 2e classe. Sa fiche matricule l’indique comme ayant à son actif plusieurs campagnes en Algérie et au Sahara.

Capture_FicMat1


Je me permet là, un petit aparté concernant son physique et son parcours. Avec ses yeux bleus, son mètre 81 et son parcours « saharien », nous ne sommes pas loin de l’image du légionnaire imaginaire chanté par Edith Piaf.

On rappelera aussi que nous fêterons bientot les 158 ans de Camerone et que nous avons récemment fêté les 190 ans de la Légion Etrangère:

Louis-Philippe, roi des Français, à tous présents et à venir salut ;

Vu la loi du 9 mars 1831 :
Sur le rapport de notre Ministre Secrétaire d’État au Département de la Guerre : Nous avons ordonné et ordonnons ce qui suit :

Art. 1 - Il sera formé une Légion composée d’Étrangers. Cette Légion prendra la dénomination de Légion Étrangère.
Art.2 - Les bataillons de la Légion Étrangère auront la même formation que les Bataillons d'infanterie de ligne.
Art.3 - Pour la solde, les masses et son administration, la Légion Étrangère sera assimilée aux régiments français. L'uniforme sera bleu avec le simple passepoil garance et le pantalon de même couleur, les boutons seront jaunes et porteront les mots Légion Étrangère.
Art.4 - Tout Étranger qui voudra faire partie de la Légion Étrangère ne pourra y être admis qu'après avoir contracté, devant un sous-intendant militaire, un engagement volontaire.
Art.5 - La durée de l'engagement sera de trois ans au moins et de cinq ans au plus.
Art.6 - Pour être reçus à s'engager, les Étranger devront n'avoir pas plus de quarante ans, et avoir au moins dix-huit ans accomplis, et la taille de 1m55. Ils devront en outre être porteur d'un certificat d'acceptation de l'autorité militaire constatant qu'ils ont les qualités requises pour faire un bon service.
Art.7 - En l'absence de pièces, l’Étranger sera envoyé devant l'Officier Général qui décidera si l'engagement peut être reçu.
Art.8 - Les militaires faisant partie de la Légion Étrangère se pourront rengager pour deux ans au moins et cinq ans au plus. Les rengagements ne donneront droit à une haute paie qu'autant que les militaires auront accompli cinq ans de service.
Art.9 - Notre Ministre Secrétaire d’État au Département de la Guerre est chargé de l'exécution de la présente ordonnance. Par le Roi :

Le Ministre Secrétaire d’État de la Guerre Signé : Maréchal SOULT Duc de Dalmatie
signé : LOUIS-PHILIPPE


Quelques aléas apparaissent encore dans son parcours, ainsi le 5 septembre 1912, il est condamné à 2 ans de prison par le 2e Conseil de Guerre d’Oudja pour outrages à un supérieur en dehors du service et destruction d’actes originaux. La peine est réduite à 8 mois en juillet 1913. Il passe alors au 2e Régiment Etranger en novembre 1913. Il est affecté « Aux Armées » (au front) le 30 septembre 1914, venant d'Algérie. Sa conduite lui permet de passer Caporal le 17 avril 1915 et il retourne au 1er Etranger à compter du 1er Septembre 1916.

Sur sa fiche matricule en mars 1918, intervient un élément important dans son parcours. Une décision ministérielle réattribue son nom de naissance au légionnaire WANTIER. Il redevient alors Pierre DIONNET de la classe 1909 du recrutement de Châteauroux.
Dès le mois suivant, il est rayé des contrôles de l’insoumission. Ainsi, le 26 aout 1918, la Cour d’Appel de Lyon prononce sa réhabilitation.

Entre temps, le 26 avril 1918, Pierre DIONNET était tombé sur les terres de Somme, dans la zone de Cachy. Il fut alors déclaré « Mort pour la France »
Il est à noter qu’il apparait bien avec son patronyme de naissance sur les listes de pertes du Journal de Marche et Opérations du RMLE (Régiment de Marche de la Légion Etrangère). Cela nous permet de découvrir son affectation à la Compagnie de Mitrailleuses (CM3) de la 3ème Compagnie.

CapturePertes
SHD Journal de marche du RMLE 26N862

Son acte de décès fut transmis à la mairie de Paris 15e, le 20 aout 1919. Il figure à ce titre sur le Livre d’Or de Paris 15 et sur le monument parisien duPère Lachaise (Paris 20). Aucun monument et aucune sépulture de l’Indre porte son nom tant à Sainte-Sévère son lieu de naissance, qu’à La Châtre lieu où résidait sa grand-mère, tutrice.

A la lecture de sa fiche matricule, il apparait qu’il est cité 2 fois à l’ordre de la Brigade (1916 et 1917) et 1 fois à l’Ordre de la Division (1917). Il est pour cela décoré de la Croix de Guerre avec 3 étoiles (2 de Bronze et 1 d’Argent).

s-l1600

 

Sa fiche sur Indre1418soldats : http://indre1418soldats.canalblog.com/archives/2018/04/26/35887450.html

Sa fiche Mémoires des Hommes (rédigée sur un modèle 1921): https://www.memoiredeshommes.sga.defense.gouv.fr/fr/ark:/40699/m005239e48859460/5242bd5ea05e3

Sa fiche Matricule : http://www.archives36.fr/ark:/30439/s005a81acd4a2067/5a81acd4f1542

A propos de l'attaque du 26 avril 1918 sur le secteur de Cachy par la Légion Etrangère et le RMLE (Régiment de Marche de la Légion Etrangère) le journal de Marche et Opérations du RMLE est particulièrement bien détaillé: https://www.memoiredeshommes.sga.defense.gouv.fr/fr/ark:/40699/e0052791ee85be07/52791ee969c89

 

CaptureJMO_26041918

Les pertes du 26 avril 1918 au sein de RMLE (Journal de Marche et Opérations):

  • 120 tués dont 5 officiers
  • 497 blessés dont 7 officiers
  • Disparus 205 dont 1 officier

pj141427011918
Le Petit Journal -Janvier 1918

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