L'énigme du foyer des soldats de Châteauroux (2011 Réactualisée 2023)
Ce message est une réactualisation et compilation de plusieurs messages parus en 2011, année du début de l'énigme.
Après la Herse du Blanc, voici le Foyer de Châteauroux.
Il y a parfois des moments où, loin de chez soi, il est nécessaire de trouver un accueil. En avril 1918, Châteauroux avait son "foyer du soldat". Là, qu'il soit de passage ou en convalescence, surtout s'il n'était pas de la région, le soldat pouvait se retrouver parmi ses camarades de fortune.
Amis Castelroussins, fins limiers du Bas-Berry, je ne connais pas l'adresse de ce lieu, si cela dit quelque chose à l'un d'entre vous, je suis preneur de toute d'information.
Petite précision: Je ne pense pas qu'il s'agisse du Cercle Militaire sis rue Victor Hugo tel que l'indique une carte postale du début du XXème et qui laisse supposer que ledit Cercle était le Grand Café. M'est avis que c'était un peu trop distingué pour le trouffion de passage.
L'énigme du foyer des soldats n'a toujours pas été résolue. Le hasard faisant bien les choses, voici ma trouvaille de ce matin, dans une brocante berrichonne.
Il s'agit d'une plaque en Bronze editée en 1916 par la Monnaie de Paris et qui pouvait être personalisée.
http://www.medailles1914-1918.fr/francemedaillesw.html
De 1917 à 1919, à la gare de Châteauroux, les soldats de passage pouvaient donc y trouver une cantine militaire tenue par le couple Martignon.
Est-ce là le foyer du soldat? Mystère.
Ma dernière trouvaille est le pendant de cette carte:
Analysons donc ces 2 prises de vues:
Les deux photos sont les deux vues opposées de la même pièce.
La rangée de tables du premier plan est le plan commun des deux clichés. Le soldat avec un bloc papier figure sur les deux clichés, la position du verre devant lui est identique. Sur la table située au même niveau, on retrouve deux jeunes soldats se faisant face.
Les positions des soldats sont presque identiques, seule la position de l’appareil de prise de vue a changé.
La pièce est structurée de manière suivante :
Une scène permettant des spectacles, un décor médiéval peint est visible. On note aussi la présence de divers instruments de cuisine, permettant certainement la préparation du café. Divers récipients sont posés au bord de l'estrade.
La scène est entourée d’un drapeau français et d’un drapeau américain, ce qui confirme la datation post-1917.
Une zone de la salle est composée de grandes tables de type cantine. On peut compter 4 rangées de grandes tables. Les chaises utilisées sont du style bistrot et semblent être des chaises pliantes
Une zone de jeu est visible, celle-ci est composée d’un jeu de backgammon ou de dés, d’un billard. Le long du mur du fond, une série de tables complète l’espace et permet d’assister aux parties en cours.
La pièce est composée de plusieurs niveaux.
Le rez-de-chaussée qui occupe toute la surface. On note sur un des côtés la présence d’au moins 5 ouvertures (6 ou 7 vraisemblablement).
Une balustre occupe l’étage. Elle est située en opposition à la scène de spectacles. On y voit ce qui ressemble à un départ d’escalier vers un autre niveau. Au niveau des balustres, une deuxième rangée de fenêtres est visible.
Au vu de l’orientation des rampes d’escaliers visibles en haut à gauche, celle-ci semble indiquer un accès à la balustre par une des portes du fond de la pièce
L'énigme n'est toujours pas résolue. Je sèche sur le sujet. Je relance donc mon appel: "Amis Castelroussins, fins limiers du Bas-Berry, je ne connais pas l'adresse de ce lieu, si cela dit quelque chose à l'un d'entre vous, je suis preneur de toute d'information".
Septembre 2013: Un rebondissement
Suite à un message envoyé au mois d'aout 2013 et une rencontre faite aujourd'hui, nous avons enfin la solution de l'énigme. Merci donc à Mme Beuzard, spécialiste de l'histoire de la capitale indrienne.
Je vous livre son message tel quel:
Monsieur Charraud,
Ce foyer du soldat se trouvait rue Diderot, au n°4 je crois, dans un immeuble qui a été détruit lors de la construction du parking Diderot, et qui servait en 1914-1916 de lieu d'enseignement annexe pour le Groupe scolaire des Capucins, dont une partie était alors occupée par l'hôpital de convalescents HDC 41. Le Foyer était administré par le Comité des Prisonniers de guerre et le Comité du Tricot du soldat et dirigé par Mme Williame, femme de notaire. Je ne connais pas la date exacte de la création du Foyer: 1916 ou 1917.
Un foyer du soldat est créé à la gare le 18 novembre 1917 pour accueillir et ravitailler les permissionnaires de passage, en particulier la nuit; Il est administré par le comité des Prisonniers de guerre et la SSBM. Celle-ci avait ouvert dès 1914 une permanence à la gare et y envoyait une infirmière.
Voilà quelques petits renseignements pour votre blog.
Franchement, je ne m'attendais pas à de tels détails. Grand merci donc à Mme Beuzard et grand merci aussi à M. Cires, responsable des archives de la ville de Châteauroux, pour m'avoir confirmé tout cela en me transmettant des clichés, notamment de la destruction de ce bâtiment, en 1975. En voici une photo, on reconnaitra aisément la forme des portes et fenêtres.
La réponse à la date d'ouverture se retrouve sur un invitation que reçut l'archiviste départemental et que l'on peut consulter dans ses archives personnelles.
Ce petit courrier, une invitation informelle, nous indique la date du 3 avril 1916, rue Diderot.
Sources:
Collection de l'auteur
Archives municipales de la ville de Châteauroux
Archives départementales de l'Indre