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Indre 1914-1918 - Les 68, 90, 268 et 290e RI
290e ri
8 septembre 2011

Le souvenir de Charles Roger Ludin

Certaines associations ont le chic pour faire du bon travail. Un ami correspondant m'a récemment fait part du travail réalisé par une association: L'encrier du poilu.

Ceux-ci ont efficacement oeuvré à la sauvegarde d'une sépulture d'un ancien du 290e:

Charles Roger LUDIN, un mexicain au 290e RI

Merci à eux.

 

 

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22 avril 2011

Vision de la Targette

Effectuant du nettoyage dans mes dossiers, j'ai retrouvé quelques "films" effectué lors d'une virée dans le Pas de Calais.

Voici la nécropole de la Targette à Neuville Saint Vaast en 2006. Théatre des combats de juin 1915, ce secteur fut le tombeau de plusieurs centaines de soldats des 68, 90, 268 et 290e RI.

Actuellement, 114 de ces corps identifiés reposent à la Targette.

 

68 R.I. BURET Alphonse Eugène Soldat 02 07 1915
68 R.I. ROUCHER Jean Baptiste Caporal 25 09 1915
68 R.I. DEMEULEMESTER Gustave Soldat 25 09 1915
68 R.I. GUILLEMAIN Célestin Clovis Soldat 25 09 1915
68 R.I. DEROUET Louis Pierre Soldat 25 09 1915
68 R.I. CLAVEAU Albert Caporal 25 09 1915
68 R.I. ROSSI Xavier Soldat 19 06 1915
68 R.I. GRELLIER Henri Paul Soldat 25 09 1915
68 R.I. PASQUET Henri Soldat 27 09 1915
68 R.I. GUILLEMAIN Joseph Adrien Soldat 25 09 1915
68 R.I. LANTIER Célestin Félix Soldat 25 09 1915
68 R.I. BOULANGER Léon Gaston Caporal 25 09 1915
68 R.I. DUBOURG Jean Louis Caporal 27 09 1915
68 R.I. BARDU Joseph Soldat 26 09 1915
68 R.I. HARRE Gustave Victor Caporal 25 09 1915
68 R.I. DELOZIER François René Soldat 25 09 1915
68 R.I. DUCARTERON Louis Soldat 26 09 1915
68 R.I. THIBOEUF Joseph Soldat 09 09 1915
68 R.I. DOISEAU Ernest Sergent 25 09 1915
68 R.I. PERAULT Auguste Soldat 25 09 1915
68 R.I. BONNET Jean Auguste Soldat 25 09 1915
68 R.I. CHARRE Honoré Lucien Soldat 25 09 1915
68 R.I. CADEAU Jean Baptiste Caporal 25 09 1915
68 R.I. MORISSET Désiré Soldat 25 09 1915
68 R.I. CENSE Jules Georges Soldat 25 09 1915
68 R.I. NICOLAS Jean Désiré Sergent 13 09 1915
68 R.I. GOUJON Victor Louis Soldat 25 09 1915
68 R.I. MALLET Marie Alfred Jérémie Soldat 25 09 1915
68 R.I. GAUTIER Louis Michel Soldat 25 09 1915
68 R.I. BRION Joseph Lucien Soldat 27 06 1915
68 R.I. BEAUVAIS Marcel Soldat 02 07 1915
68 R.I. BLANCHET Gabriel Soldat 24 06 1915
68 R.I. ROUSSEAU Pierre Emile Caporal 26 07 1915
68 R.I. GATEFAIT Eugène Alphonse Soldat 21 04 1915
68 R.I. THIOU Maurice Jean Soldat 26 05 1915
68 R.I. LEBAS Auguste Victor Caporal 25 05 1915
68 R.I. BONNEAU Pierre Soldat 26 05 1915
68 R.I. DELETANG Maurice Joseph Sergent 25 05 1915
68 R.I. GAILLEDRAT René Soldat 02 06 1915
68 R.I. GONOD Benoît Joseph Sergent 25 05 1915
68 R.I. FOURRIER Edmond René Soldat 27 09 1915
68 R.I. DUVEAU Narcisse Soldat 25 09 1915
68 R.I. CHARON Jules Soldat 25 09 1915
68 R.I. ANDRE André Adjudant 25 09 1915
68 R.I. BARBIER Jean Soldat 25 09 1915
68 R.I. MERIOT Pierre Soldat 25 09 1915
68 R.I. RIOLLAND Louis Sergent 25 09 1915
90 R.I. ABRIOUX Alfred Sergt - Fourrier 09 06 1915
90 R.I. AUDOIN Pierre Soldat 30 09 1915
90 R.I. BLANDIN Gaston Georges Soldat 28 09 1915
90 R.I. BOURY Marcel Auguste Sergent 28 05 1915
90 R.I. BRAULT Auguste Joseph Sergent 16 06 1915
90 R.I. BRUNEAU Charles Caporal 28 06 1915
90 R.I. CHEVALIER Achille Jules Soldat 25 09 1915
90 R.I. CHICAUD Eugène Soldat 16 09 1915
90 R.I. COCHARD Camille Soldat 25 09 1915
90 R.I. DAVID Emile Joseph Soldat 27 09 1915
90 R.I. DEBIAIS Louis Auguste Soldat 15 09 1915
90 R.I. DENIS Alphonse Soldat  
90 R.I. DENIS Joseph Soldat 25 09 1915
90 R.I. GACHET Alfred Soldat 16 06 1915
90 R.I. GAULTIER Joseph Sergent 17 09 1915
90 R.I. GODEAU Julien Soldat 18 09 1915
90 R.I. GUINDEUIL Edmond Jules Soldat 16 09 1915
90 R.I. HERRAULT Louis Georges Soldat 27 09 1915
90 R.I. LECLERC Louis Gabriel Soldat 28 09 1915
90 R.I. LORY Marcel Auguste Soldat 25 09 1915
90 R.I. MAROLLEAU Firmin Alexandre Soldat 16 06 1915
90 R.I. MAROT René Georges Soldat 27 09 1915
90 R.I. PROTEAU Jean Constant Soldat 09 09 1915
90 R.I. RABOT Camille Edmond Soldat 19 09 1915
90 R.I. REBILLOT Sylvain Alfred Soldat 18 09 1915
90 R.I. THOMAZEAU Edmond Soldat 18 09 1915
90 R.I. TOURAINE Maurice Joseph Soldat 25 09 1915
90 R.I. VALOIS Fernand Delphin Soldat 17 09 1915
90 R.I. VAUBRY Louis Isidore Soldat 30 09 1915
268 R.I. MIRAMON Albert Sous-Lieutenant 25 09 1915
268 R.I. DUVAL Sylvain Paul Soldat 25 09 1915
268 R.I. PIOFFET Denis Soldat 25 09 1915
268 R.I. BARBARIN Eugène Désiré Soldat  
268 R.I. NAUD Jean Soldat 25 09 1915
268 R.I. DUPUIS Jules Maximin Soldat 25 09 1915
268 R.I. MORCEAU Pierre Soldat 20 09 1915
268 R.I. DUBRAC Fernand Soldat 24 09 1915
268 R.I. CIMBAULT Jules Albert Soldat 25 09 1915
268 R.I. TANCHOUX Eugène Soldat 25 09 1915
268 R.I. BELLIER Désiré Joseph Soldat 25 09 1915
268 R.I. GIRARDIN Charles Soldat 25 09 1915
268 R.I. BROTHIER Alexandre Soldat 25 09 1915
268 R.I. LAUBIER Auguste Louis Soldat 25 09 1915
268 R.I. PORCHER Henri Ernest Soldat 25 09 1915
268 R.I. DENIS Alphonse Ernest Soldat 25 09 1915
268 R.I. ELION Paul Soldat 24 09 1915
268 R.I. BANNIER Prudent Soldat 25 09 1915
268 R.I. TRINQUART Louis Philippe Soldat 25 09 1915
268 R.I. ANDRE Louis Soldat 25 09 1915
268 R.I. LERAT Paul Auguste Soldat 26 09 1915
268 R.I. CHILOUET Louis Léon Soldat 26 09 1915
268 R.I. AVENET Eugène Jules Soldat 25 09 1915
268 R.I. ESNAULT Paul Soldat 20 09 1915
268 R.I. AUBIER Alphonse Soldat 05 09 1915
268 R.I. MATERNEAU Théophile Soldat 23 09 1915
290 R.I. 1 INCONNU FRANÇAIS Louis Marc Soldat 20 09 1915
290 R.I. ARMIGNAT Pierre Michel Soldat 11 09 1915
290 R.I. BODIN Hippolyte Désiré Soldat 13 09 1915
290 R.I. BONNET Noël Henri Caporal 19 09 1915
290 R.I. BOUTET Alexandre Désiré Soldat 19 09 1915
290 R.I. CLEMENT Ernest Soldat 13 09 1915
290 R.I. CORDAT Emile Clément Soldat 12 09 1915
290 R.I. DENIS Alexandre Célestin Soldat 12 09 1915
290 R.I. FERRANDIERE Marc Soldat 16 09 1915
290 R.I. GUIBAUT Victor Soldat 17 09 1915
290 R.I. RAFESTHAIN Cyprien Jules Soldat 12 09 1915
290 R.I. VAY Henri Lucien Soldat 19 09 1915
3 décembre 2010

In Memoriam Lucien

Le temps passe, le souvenir perdure

Zonnebeke, Broodseinde

le 3 décembre 1914

96 ans aujourd'hui...

awm_e01147

Le secteur de Broodseinde en 1917

 

Sources: ww1westernfront.gov.au

 

18 juin 2010

18 juin, des nouvelles de l'Est

En juin 1916, le 290ème RI est envoyé en Champagne afin de se refaire des pertes subies à la cote 304, début mai.
Le secteur est assez tranquille, non loin du camp Berthellot, vers le Bois 107, non loin de la route de St Hilaire à St Souplet.

En ce 18 juin 1916, les soldats du 290e RI font une bien étrange découverte. On en retrouve trace dans le JMO de l'unité.

RI290JMO_19160618

Un panneau portant l'inscription suivante:
Oesterreichische Niederlage
2700 Offiziere
17000 Mann
Gefangen
est placé devant la ligne 1

La nouvelle de l'offensive Brussilov, sur le front de l'est est arrivée jusqu'aux premières lignes françaises

DI17_AC_Illustration_Page6_1

Ce type d'événement, suffisamment exceptionnel pour justifier sa présence dans le JMO, dénote du mauvais état du moral des fantassins allemands.
Pour preuve, quelques jours plus tard, le colonel Eggenspieler reportait dans son journal, des tentatives allemandes fraternisations (dont nous avions déjà parler en 2006)

Sources:
Journal de Marche du 290eRI -
http://www.memoiredeshommes.sga.defense.gouv.fr
Illustration de l'amicale des anciens de la 17e DI (libre adaptation)

16 avril 2010

La roulante du biffin

Tout au long du conflit, le tracas principal du soldat est la nourriture.
Après les déboires de l'année 1914, l'administration met en place une logistique adaptée aux besoins du conflit. Tout est mis en place pour satisfaire aux besoins du soldat.
Ainsi, des popotes (cuisines roulantes) sont mises à disposition des unités courant 1915. Ce fait révolutionne l'alimentation des combattants.
Pour preuve de l'importance de cet élément qu'est la roulante dans la vie du fantassin, je prendrais trois exemples:

Le colonel Eggenspieler relate ce fait dans son ouvrage par le biais d'une photo prise pour l'occasion. Les soldats du 290e RI posent fièrement pour l'occasion.

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Eggen_04

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Au 68ème RI, on retrouve la même fierté pour cet élément venant améliorer l'ordinaire.

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RI068_PopoteRoulante

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Au 268ème RI, Maurice Laurentin produit de nombreux croquis, la popote restera un thème privilégié

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Laurentin_Popote1

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Laurentin_Popote2

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Sources:
Collection personnelle
Colonel Eggenspieler - Un régiment de réserve du Berry
Maurice Laurentin - Carnets d'un fantassin de 1914


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3 janvier 2010

Le drapeau sous l'arc de triomphe

Le 24 aout 1919
De ce jour, nous connaissions le "Brimbal", visible à la médiathèque Equinoxe et quelques cartes postales retraçant l'évènement. http://indre1418.canalblog.com/archives/2008/03/02/8168964.html Voici une photo originale récemment acquise. Le 90e RI revient au Pays, un arc de triomphe a été installé place Gambetta. Le régiment, rejoignant la caserne Bertrand défile sous ce monument. Le chef de corps vient de passer, le drapeau franchit a son tour l'arc de triomphe.
Retour24Aout1919
Le bâtiment de l'angle avec la rue de la Gare est toujours là. A gauche, le théâtre a disparu (actuel Building) La version actuelle: sur GoogleMap in the Street A noter la quantité de personnes dans les rues. Jamais de mémoire, je n'ai vu autant de monde dans la capitale du Bas-Berry. Bonnes Fêtes et Meilleurs voeux pour l'année 2010.
19 octobre 2009

En route pour l'Est

On roule ainsi pendant trente-six heures. Où va-t-on ? Nul ne sait. Ce qui est certain, c'est que l'horaire prévu n'est pas respecté. Le train chemine à travers de grandes plaines ensoleillées, suivant un rythme imprévu et imprévisible. Tantôt un homme au pas pourrait l'accompagner, tantôt il s'emballe et dépasse largement les trente kilomètres à l'heure réglementaires. Il ne s'arrête plus aux stations, mais s'arrête à tout bout de champ. On veut descendre, il repart incontinent. On hésite à descendre, il s'immobilise désespérément jusqu'à ce qu'on se décide à se lever. Cela devient rapidement des plus pénibles, d'autant plus pénible que de violentes coliques commencent à me torturer les intestins. A un moment donné de vives clameurs s'élèvent, on se précipite à la portière. La voie décrit un long ruban semi-circulaire, et là-bas, là-bas, loin derrière le train qui s'était arrêté tout à l'heure, on voit un homme en bras de chemises, la ceinture à demi renouée, qui court pour le rattraper. Il gagne du terrain. L'aura, l'aura pas. Le train accélère, il ne l'aura pas. Il ralentit, il l'aura. Les paris s'engagent, les cris se font désordonnés. On encourage, on raille. Dans la grande steppe de la Champagne, sous le soleil ardent, couvert de sueur, il a eu le train. Je l'envie. Les hommes sont en bras de chemises, chantant, baillant, discourant ou rêvant les membres ballants, il y en a sur les marchepieds, sur les toits des voitures. Cela c'est trop à cause des tunnels. Consignes sévères à la première occasion. Elles seront respectées pendant un certain temps. Les wagons sont couverts de branchages, de bouquets, de drapeaux, d'inscriptions. On échange des cris et des lazzis avec les paysans dans les champs ou attroupés aux passages à niveau. On croise des trains. On interroge tous ceux qui pourraient savoir quelque chose : les passants, les employés. Personne ne sait rien. Sur leurs machines certains mécaniciens sont depuis deux ou trois jours, sans pouvoir dormir. Les faces sont noires et ravagées. Mais nul ne se plaint. Au revers d'un talus des débris de wagons. Une batterie d'artillerie a été détruite là avant d'avoir eu le moindre contact avec l'ennemi. Le silence règne soudain. La nuit tombe lentement. Il n'y a plus d'huile dans la lampe du quinquet. Il n'y a plus de vivres. Pas un cri, pas une récrimination dans tout le train. On attend l'arrivée, un jour prochain. Nous semblons nous diriger vers Nancy. L'obscurité enveloppe le paysage. Une nuit dense, de cauchemar, commence. Je souffre abominablement et ne peux dormir une seconde. Tout est noir. Soudain un immense fanal blanc, aveuglant, un grave sifflement continu, un halètement, un immense fanal rouge, puis de nouveau tout est noir. Et sans cesse cette alternance : l'éblouissement blanc ou rouge, l'obscurité, se heurtant en moi au silence de la nuit, le battement rythmé du train qui roule, brusquement coupé d'un sifflement continu et d'un halètement, des chocs scandés d'un train croisé. C'est hallucinant, de plus en plus hallucinant, car l'espace qui sépare les locomotives et les trains se succédant, est de moins en moins grand, et bientôt les fanaux blancs et les fanaux rouges s'affrontent, faces béantes et formidables. Ah! vite le jour et l'arrêt définitif. On marche à tours de roues comptés. On s'immobilise une heure, on avance dix minutes. Pas une station, rien que des machines et des wagons vides qui se suivent à la queue-leu-leu. Enfin, une pâle clarté, comme un sombre brouillard, pesant sur la terre, laisse de vagues formes se dessiner. Où est l'aurore aux doigts de rose? Il fait gris, il fait sale, il bruine. Lentement, le train s'éveille. On grogne, on crie, on rit. Les faces sont terreuses. Dans le compartiment on s'ébroue, on s'étire. Dans quelques minutes on sera arrivé. A dix heures seulement on débarque à Nancy.
Sources: Lieutenant Sohier - 1914-1915 - Sans éditeur
8 octobre 2009

L'embarquement pour Cythère?

Tout cela a duré longtemps. Oh! oui! quatre jours, je crois. Et un soir la cour c'est encore embrasée aux feux de l'acétylène. Le régiment s'est rangé. Il n'y a pas de manquants. Le berrichon aime le pinard, mais dans les grandes occases il sait se tenir. Une allocution du colonel, brève, simple, vibrante. La musique sonne: Aux Champs, le drapeau se déploie aux mains de l'ami De Tarlé. Silence. Un pincement violent au cœur, quelques larmes aux bords des cils. Un ordre bref, et le régiment s'ébranle. On se redresse, on se recueille. Et dans la ville, le régiment défile. Je suis en tête de mon petit peloton, tout en queue de la grande troupe. La foule suit et accompagne. Puis, par une route sans lumière, on gagne la gare d'embarquement, et les civils ne laissent guère de place pour que mes hommes restent en rang. Je grogne. On ne grogne pas. Soudain une jolie fille s'approche de moi : « Monsieur, mon fiancé est au bout d'un rang, me permettez-vous de marcher près de lui. » - « Il fait bien noir, si vous êtes sages je ne verrai rien, je n'entendrai rien. » - « Merci, gentil lieutenant. D - « Bon courage, gentille enfant. » Ils ont été sages et charmants tous les deux car j'ai pu les voir, juste derrière moi, à la dérobée, à la lueur de quelques quinquets, jusqu'au dernier baiser d'adieu. Pourquoi ce souvenir est-il resté si net en moi ? L'embarquement, sans trop de désordre, s'est très bien terminé. Et dans les wagons nous attendons longtemps, longtemps, le départ.
Sources: Lieutenant Sohier - 1914-1915 - Sans éditeur
30 septembre 2009

Mobilisation à Châteauroux

Châteauroux. - La ville qui m'était toujours apparue morne et quasi déserte, est grouillante à mon arrivée. Plus de place dans les hôtels; les rues sont peuplées d'une foule un peu tourbillonnante jusque tard dans la nuit. Du mouvement, voire même de l'agitation, mais pas de bouillonnement véritable; c'est là ce que je constate. Est-ce l'anxiété du drame attendu qui coiffe les esprits? Certes, on prépare un douloureux départ. Mais à Paris aussi, et pourtant les vibrations des cœurs étaient souvent bien sonores là-bas. Non. Ici nous sommes dans le Berry, et le Berry impose son impassibilité fataliste dès que l'on y pénètre. Dès le premier soir le régiment de l'active s'embarque. Il quitte la caserne à la nuit tombée, musique en tête, drapeau déployé. A la lueur des phares d'acétylène il s'est préparé. Il défile superbement dans la ville éclairée. Les Berrichons sont remués presque jusqu'à l'enthousiasme, juste ce qu'il faut pour acclamer. Rien de trop, et le spectacle revêt une grandeur calme, émouvante. Puis ce sont les préparatifs du départ du régiment de réserve. Je suis affecté au service téléphonique. Il faut connaître les hommes, le matériel. Les hommes : braves gens sur qui on peut certainement compter. Le matériel : c'est avec cela qu'il faudra faire quelque chose ? Car je veux faire quelque chose, je m'imprègne de mon rôle, je pompe ma théorie. Dans la guerre moderne quel rôle merveilleux devra jouer le téléphone! Oui, c'est bien cela..., je vois, j'imagine les diverses situations possibles. Puis je regarde, morne, le matériel. Quatre vieux appareils et quelques bobines de fil verni, quasi rigide. Je reste rêveur, un peu découragé. On verra bien.
TelephoneCampagne1914
Sources: Lieutenant Sohier - 1914-1915 - Sans éditeur
23 septembre 2009

Sohier versus Eggenspieler

En pleine lecture de l'ouvrage du lieutenant Sohier, je ne peux m'empêcher de penser à celui du colonel Eggenspieler. Sohier n'avait pas prévu de diffuser son journal. Le recueil indique un fin de rédaction à la date du 29 mars 1931. Or, l'ouvrage d'Eggenspieler est édité en 1932, par l'imprimeur Bourdier de Paris. Eggenspieler indique s'être servi des notes de Sohier pour rédiger le journal du 290e RI. Version Sohier: "Un commandant nous fait une conférence. « N'oubliez jamais que la meilleure défensive c'est l'offensive. En avant, toujours en avant, à la baïonnette. » On verra bien. On nous emmène au terrain de manœuvre de Châteauroux. Une zone pierreuse sans rien pour se défiler. On simule une attaque. Le régiment est déployé. Vite, j'établis la liaison avec des réserves imaginaires. Je rends compte au colonel. Quelles réserves ? Où sont-elles ? Là-bas, je suppose, et je vais établir la liaison avec les troupes en ligne. Le colonel sourit, ironique. Je suis un peu vexé. On verra bien. Le régiment s'élance à l'assaut. « Ils ne courent guère, dit le colonel. » Mais un berrichon a-t-il jamais couru ? Sous la mitraille on verra bien. Il ne courra pas mais il arrivera". Version Eggenspieler: "On pensa également à la partie tactique. Un Commandant fit une conférence aux officiers. Elle se résuma en ceci : « La meilleure défensive, c'est l'offensive. En avant ! Toujours en avant ! A la baïonnette ! » C'était très simple. La théorie faite aux officiers eut sa consécration sur le terrain de manœuvre. Ce terrain était une zone pierreuse sans le moindre pli pour se défiler. Le thème comportait l'exécution d'une attaque. Le régiment est déployé. Vite le Lieutenant téléphoniste établit la liaison du régiment avec des réserves hypothétiques, puis il rendit compte au Colonel, qui sourit d'un air ironique. Le Lieutenant fut quelque peu vexé, mais il continua à avoir confiance. Le régiment, mettant les principes de la conférence en pratique, le lança à l'assaut. « Ils ne courent guère », dit le Colonel. « Mais un Berrichon a-t-il jamais couru », se demanda le Lieutenant Sohier". On appréciera la note optimiste de Sohier: "Il ne courra pas mais il arrivera". Il avait alors su y déceler le trait principal du paysan berrichon. Ceci ne trouva pas crédit aux yeux du colonel.
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