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Indre 1914-1918 - Les 68, 90, 268 et 290e RI
19 février 2014

Le copain de régiment de Marcel Guéret

Voilà un message que certains connaissent déjà puisqu'il s'agit d'une réactualisation d'un message de 2011.

Si vous pouvez aider à identifier le copain de Marcel Guéret, qui se trouve à droite sur le cliché, vous rendriez un service à Philippe qui a bien voulu partager ses documents familiaux.

Merci d'avance, merci pour Philippe, merci pour Marcel et son copain de service.
Qui ne tente rien, n'a rien.

 

Parfois, on recherche des aiguilles dans une meule de foin, mais c'est cela qui fait l'intérêt de nos petites recherches.
Par l'intermédiaire de Christophe, l'auteur du blog du 409e, j'ai été récemment contacté par Philippe qui effectue des recherches sur son grand-père.

A partir du livret militaire de celui-ci, on peut déterminer que Marcel Guéret est originaire de Boismé (Deux-Sèvres), il y est né en 1893. Il a effectué son service au 68ème RI et y a fait l'entrée en guerre.

Suite à une blessure, ce dernier fut évacué pour guérison et réaffecté au 409ème RI.

005_1

Son livret nous indique qu'il fut blessé la 30 aout 1914 d'une balle à la cuisse lors de la retraite et d'un éclat d'obus au mollet gauche, le 1er novembre 1914 dans le secteur d'Ypres.

La demande de Philippe concerne une éventuelle identification du copain, qui pose fièrement avec lui sur une carte photo datée du 13 mars 1914
Si dans vos albums de photos, vous reconnaissez le personnage de droite, n'hésitez pas à vous signaler.

RI068_GueretMarcel_DuoBaionnette_ExtraitMarcel Guéret (à gauche) et son copain du 68e

Marcel Guéret finira le conflit comme caporal, titulaire de la Croix de Guerre et de la Médaille militaire.

Merci à Philippe Talon pour m'avoir ouvert les archives familiales
Sources photo: Collection personnelle - droits réservés

Salut au 409ème

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13 janvier 2014

Clement Bonnin - Saint Denis de Jouhet - Un prisonnier parmi d'autres

Un très rapide message concernant un prisonnier français dans un camp allemand. On faisait parfois des clichés afin de les envoyer aux familles. La propagande passait aussi par là.

BonninClement_SaintDenisJouhet_Hannover_Recto_Resize2

BonninClement_SaintDenisJouhet_Hannover_Verso_Resize

Si vous avez des informations concernant Clément Bonnin, n'hésitez pas à laisser un message ou à me contacter.

Je suis toujours dans le comparatif entre les données issues des relevés de monuments aux morts et les fiches Mémoires des Hommes, le cap des 8000 fiches saisies a été franchi ce week-end. La lettre L est celle actuellement en cours.

 

21 novembre 2013

Eugène Aubard, un pauvre bougre de la territoriale

Il y a quelques années, j'ai "commis" un site internet, sur les régiments de l'Indre et les soldats du département. Je n'en assure plus la maintenance, mais je souhaite mettre en valeur certains articles. En voici donc un de mes préférés:

Voici Eugène Aubard, qui, comme souvent en Berry était appelé…. Maurice. Il est né en 1877 à Sarzay (Indre).

eugene aubard en 1898 au 90°RI_Portrait
Eugène Aubard, lors de son service 1898 au 90e RI


En 1914, il a été mobilisé comme des millions de français, mais trop âgé il a été versé dans la  territoriale (les "pépères") ce qui lui a évité de faire partie des combattants de première ligne et lui a certainement sauvé la vie.
De 1914 à 1918, il a été cantonné dans la région du "Chemin des dames" entre Soissons et Reims et a tenu jusqu’en janvier 1918, sur un petit carnet, un journal écrit au crayon d’une petite écriture fine et régulière. Ce journal a été pieusement conservé par son fils et est parvenu jusqu’à son petit fils (Merci à lui pour la transmission des copies du carnet).

journal E Aub 2

Vous n’y trouverez pas de récits de combats, d’envolées lyriques, de relation d’exploits guerriers, mais la vie monotone et les souffrances d’un pauvre bougre qui a fait ce qu’on lui a dit de faire, en silence et sans se plaindre. En deux ou trois occasions cependant vous trouverez un sentiment de détresse, d’impuissance et de ras le bol mais toujours à mots couverts. Par pudeur on ne se plaint pas; d’autres souffrent plus.


Ce journal s’interrompt en janvier 1918; évacué sur Brest avec une importante tumeur à un œil, il y est soigné et ne remontera plus au front. Il passera le reste de la guerre au dépôt de son régiment à Châteauroux à garder les voies ferrées. Revenu de la guerre affaibli, il contactera une maladie pulmonaire et, malgré des cures à la Bourboule en 1922, 1923 et 1924, Il décèdera en 1925.
Son décès interrompra les études de son fils Camille qui, destiné à devenir instituteur, reviendra à 17 ans en tant que chef de famille reprendre la petite exploitation agricole au village du Ponderon, commune de Sarzay.

La transcription des carnets a été effectuée telle qu'elle. La transcription, une fois mise en parallèle avec les Journaux de Marche, laisse voir un décalage de date. Le parti pris de ne pas corriger et de laisser les textes tels quels est volontaire. 

Retrouvez ici, le journal d'Eugène Aubard

7 novembre 2013

Louis GALLIEN. « Il doit être maintenant en Belgique, mais je ne sais pas encore son adresse. »

Alors qu’en mai dernier, nous nous étions intéressés à Henri GALLIEN. Aujourd’hui, en cette période lancement du Centenaire 14-18, veille de week-end de 11 novembre, je vous présente son frère ainé Louis.

Louis GALLIEN est né le 6 août 1879 à Azay le Ferron (36) au lieu dit Fouillaumin, il est le fils de Louis et de Marie Brault. Il est le 4ème enfant d' une fratrie de cinq.

  • Pierre, né en 1868,
  • Louise Joséphine, née le 26 juillet 1872,
  • Rose Silvine, née le 1er septembre 1875
  • Louis, né le 07 août 1879
  • Henri, né le 25 juillet 1982.

Lors de son service militaire et lors de périodes successives, Louis a un beau parcours :
Incorporé le 16 septembre 1900 comme soldat de 2ème classe au 32e R.I.
Il est Caporal le 19 novembre 1901, puis Sergent le 27 septembre 1903 pour être renvoyé à la vie civile le 19 septembre 1903 et le 4 janvier 1910, il devient adjudant de réserve, il dépend toujours du 32e R.I.

En 1904, alors qu’Henri est au service militaire, Louis se marie avec Hélène Bertrand le 3 octobre à Perrusson (37 ), il a alors 34 ans et exerce la profession de meunier à Chambourg (37).

En 1905, le 17 juillet, nait leur premier fils à Perrusson qu'ils appelleront Hubert Edmond Louis. Le 5 mars 1912, leur deuxième garçon Didier nait au Tanger (36).

Son registre matricule nous apporte pas mal de renseignements :
De taille assez grande 1m75 , brun avec des yeux gris, un degrés instruction de niveau 3,

 En août 1914, il est mobilisé au sein du 268e R.I. du Blanc et suit le parcours du régiment jusque dans les Flandres, en avril 1915, où il tombe au combat. Le 22 avril 1915 donnera lieu à de terribles combats dans la région d' Ypres en Belgique, date à laquelle on été utilisés les premiers gaz moutarde, ou aussi nommé parfois ypérite (venant de la ville d' Ypres en Belgique). A 17 heures, 180 tonnes de chlore seront libérées sur un front de 6 km. La mortalité des intoxiqués s' élevera à 40% en avril 1915.
Le 268e R.I., avec le 290e, sont rappelés du nord de la France pour renforcer les lignes décimées de la région d4Ypres et afin de reprendre le terrain à l’ennemi.

Voici les derniers moments de la vie de Louis transcrit dans les JMO du 268 ème RI:
Les sections du sous-lieutenant Marcille et de l' adjudant Gallien pour le 268ème et la section Sueur, du 9ème zouaves, sont désignées pour donner l' assaut à la baïonnette.
A 17h38, le tir d' artillerie commence; il s' accélère à 17h57 et fait disparaître les tranchées allemandes dans une épaisse fumée.
A l' heure fixée, (18 heures), le capitaine Gire donne le signal. tous les hommes bondissent, baïonnette haute, et se perdent dans la fumée des éclatements, tandis que l' artillerie allonge son tir.
Nos troupes font au pas de course les 300 mètres qui les séparent de la tranchée ennemie sans subir de pertes sérieuses; mais arrivées près du parapet, elles sont reçues par une avalanche de bombes qui , instantanément, frappent mortellement le sous lieutenant Marcille, l' adjudant Gallien …

SHDGR__GR_26_N_733__002__0060__T_Num

Sources JMO 268e RI _SHD

Sa sépulture n’est pas connue, il repose donc en terre de Flandres, mais sur le monument aux morts de Clion, on retrouve trace de Louis Gallien.

Clion

Ses deux fils Hubert et Didier seront reconnus pupilles de la Nation le 6 juin 1918 à Châteauroux (36)
En 1920, Louis, tombé en avril 1915, reçu à titre posthume la Médaille Militaire et la Croix de Guerre avec étoile de bronze. Il lui fut attribué la citation suivante :
Avec comme citation: "Adjudant courageux qui a fait vaillamment son devoir. Tombé glorieusement  pour la France le 29 avril 1915 en Belgique "

 

MMGallien

Le hasard faisant bien les choses, surtout pour celui qui cherche,.
Mickael a mis la main sur cette correspondance. Elle fut trouvée le 29 avril 2013, soit 98 ans jour pour jour après le décès de Louis et fut postée 3 mois avant le décès de ce dernier. En voici un extrait:

CourrierLeontine

 

Hélène décèda le 26 janvier 1950 à St Cyran du Jambot (36) et fut enterrée avec sa mère et à coté de sa sœur (Léontine) qui était aussi veuve de guerre.

 

Merci à Mickael pour ses recherches et pour m'avoir ouvert ses archives familiales.

pensez aux "Bleuets de France"

Source: Externe

Sources :
Documentation de l'auteur.
Archives Mickael Chaffin
JMO 268e RI - SHD -Ministère de la défense

 



14 septembre 2013

"J’en profite pour vous envoyer un souvenir de cette maudite guerre." Eugène Bresteau

Cet été, j’ai fait quelques brocantes, trouvant tout au plus des albums régimentaires et quelques cartes photos. Cependant au fil des trouvailles, il m’arrive maintenant de trouver des cartes qui se recoupent les unes avec les autres et parfois avec celles d’amis collectionneurs.
En juillet, c’est un cliché du 90e RI qui est trouvé sur un étal berrichon, pour une somme modique et début septembre, via un achat sur le net, je prends possession d’un autre cliché représentant un autre groupe de soldat du 90e RI. Jusque là, c’est anodin et au final courant.

Intéressons-nous d’abord à ce premier cliché. Celui-ci est passablement jauni et un flou dû au temps et à une exposition à la lumière empêche de voir avec netteté certains détails, cependant il est possible de faire parler le cliché:

RI090_EBresteau_19150805_rectoEscouade de E. Bresteau, le 05/08/1915

Envoyée donc le 5 aout 1915, le soldat E. Bresteau donne de ses nouvelles à la famille Gaulupeau, habitant Ecommoy dans la Sarthe.

« 5-8-1915 J’ai profité de notre séjour à L… pour nous faire photographier toute l’escouade ensemble. J’en profite pour vous envoyer un souvenir de cette maudite guerre puisse après pouvoir nous retrouver ensemble qu’est ce que je désire. Embrassez Alice et Denise pour moi car je crois qu’elle est à son bonheur et vous aussi. Votre fils affectueux E. Bresteau ».

Au vu du texte, on peut présager que la famille Gaulupeau est certainement la belle famille du soldat Bresteau.

Voyons maintenant ce que l'on peut tirer du cliché. Essayons d’abord de situer géographiquement le 90èmeRI. Le cliché a donc été pris avant le 5 aout 1915, la date d’envoi. Bresteau indique qu’il « profite d’un séjour à L…. ». Or, en consultant le JMO du 90ème RI, on découvre que le 24 juillet 1915, l’Etat-Major, la C.H.R et le 3ème bataillon se dirigent et cantonnent jusqu’au 6 aout à Liancourt (Oise).

 

CaptureJMO90eRIExtrait JMO 90e RI - SHD - 26N668

 

Les uniformes présentés sont typiques de la deuxième moitié de l’année 1915. Le Bleu horizon domine maintenant, même si on note encore quelques effets ersatz sur les soldats de droite du cliché. Concernant l’uniforme, on note la présence de capote modèle 1914 de 2e type (1 seule poche sur le devant), alors que d’autres soldats ont le modèle de 3ème type (2 poches).

Le soldat E. Bresteau est sans nul doute sur le cliché, mais aucun indice permet actuellement de le reconnaitre.

La présentation et l’analyse du 2ème cliché peut alors commencée.
Un fait du hasard faisant bien les choses, début septembre, via un achat sur le net, je prends possession d’un autre cliché représentant un groupe de soldat du 90e RI, daté du 17 octobre 1915. Quelle ne fut pas ma surprise lorsque je remarquais que les deux cartes en ma possession provenait, au final, du même soldat. J’avais en main deux cartes signées E. Bresteau.

RI090_EBresteau_19151017_recto90e RI - 17/10/1915

La photo datée du 17 octobre 1915, est envoyée par E. Bresteau à Mme Bresteau Alphonsine, bouchère à Dangeul par Nouans, dans la Sarthe. Vraisemblablement, il s’agit là de l’épouse du soldat. En effectuant quelques recherches sur le net où bon nombre de données généalogiques sont disponibles, j’eus confirmation du lien unissant notre soldat à Alphonsine.

Le 25 septembre 1907 à Ecommoy, BRESTEAU Eugène Alphonse (né le 13 janvier 1881 à Juillé- Sarthe) fils de Hippolyte et QUINET Désirée épousait GAULUPEAU Alphonsine. Le lien est fait entre les deux cartes. Les destinataires de la première carte sont bien les beaux-parents. Fait intéressant, le lien trouvé m’indique aussi une date de décès concernant Eugène Bresteau. Je reviendrai sur le sujet un peu plus loin.

Si le texte de la carte est succinct : « Chère Alphonsine Je t’envoie mes sincères affections » ; l’adresse inscrite est intéressante : Madame Alphonsine Bresteau, bouchère à Dangeul par Nouans Sarthe. La profession d’Eugène est donc certainement celle de boucher, sa femme le remplaçant pendant le conflit.

Elément clé pour analyser le cliché, Eugène indique sa présence sur le cliché par l’intermédiaire d’une marque au crayon. Ceci permet enfin de donner un visage sur le nom de Eugène Bresteau, car on le retrouve effectivement sur les deux clichés. Cette opération est relativement aisée puisque 2 mois seulement séparent les deux clichés.

Malgré la piètre qualité des clichés voici donc Eugène Bresteau:

RI090_EBresteau_Portraits

Qu’est donc devenu Eugène Bresteau ? Via le site Mémoires des Hommes, on apprend que celui-ci est tombé le 4 mai 1916 à Esnes, à la défense de la Cote 304. Son nom figure sur le monument aux morts de Dangeul (Sarthe).

Petit rajout (07/12/2013):
Eugène Alphonse BRESTEAU se vit attribuer la Médaille Militaire et la Croix de guerre (J.O. 3 juillet 1924)

JO1924_EugeneBresteau

Cette deuxième carte entraine un deuxième volet, une autre étude qui, elle, concerne le caporal que l’on voit au centre du cliché et qui porte un brassard de deuil. Mais cela fera l’objet d’un autre recoupement, d’un autre fil.

Sources:
Collection de l'auteur
http://serge.motte.perso.neuf.fr/htdocs/morts_pour_la_france.html
Mémoires des Hommes
Journal Officiel: BNF Gallica

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2 mai 2013

Henri GALLIEN, voyage sans retour jusqu'à Stenay.

Henri Jules GALLIEN est né le 25 juillet 1882, à Azay-le-Ferron, à 8 heures du matin dans la maison familiale, au lieu-dit "Fouillaumin". Il est le fils de Louis GALLIEN, 35 ans, qui exerce la la profession de colon, et de Marie BRAULT, 37 ans, sans profession.
Henri est le 5ème enfant d'une fratrie de cinq, tous nés à Azay-le-Ferron (36) :

  • Pierre, né en 1868,
  • Louise Joséphine, née le 26 juillet 1872,
  • Rose Silvine, née le 1er septembre 1875
  • Louis, né le 07 août 1879
  • Henri, né le 25 juillet 1982.

En 1894, Henri suit ses parents à Saint-Hippolyte (37), puis à Chambourg (37) en 1906.
Il est incorporé le 14 novembre 1903 comme soldat de 2ème classe dans le 68ème régiment d'infanterie, au Blanc (36), où il effectue son service militaire.

HenriGallien_Portrait1Henri Gallien, au Blanc, en 1904

 

Henri est de taille assez grande pour l'époque : 1,74 mètre, cheveux et sourcils châtains, yeux roux, nez long et visage ovale. Il est renvoyé dans ses foyers le 18 septembre 1904.
Le 20 juillet 1907, dans l'église Saint-Pierre de Perrusson (37), Henri épouse Mérine DELORME, née le 25 juin 1886 à Bossay (37).

 

EglisePerussonEglise Saint Pierre de Perusson (37)

Le 22 avril 1908 naît Robert, leur premier fils.
La famille emménage avec les parents d'Henri à "Bergeresse", commune d'Azay-sur-Indre, en 1911. Le 1er janvier 1912 naîtra Maurice.

Le 1er août 1914, mobilisation générale. Henri arrive au corps le 11 août 1914, au 68ème RI du Blanc, dans l'Indre, conformément aux indications de son fascicule de mobilisation.
Le 28 septembre 1914, il est blessé à la cuisse gauche et repart en renfort le 12 septembre 1915.

Photo militaire - Copie (1)Henri GALLIEN (X) et ses camarades, courant 1916

Le 5 mai 1916, il est porté disparu à la Cote 304, à Esnes (55). Il a, en réalité, été fait prisonnier. Il décède le 10 juin 1916 à l'hôpital de Stenay, des suites de « Blessures de guerre ».

 

StenayHopitalL'hôpital de Stenay

Les 2 enfants d'Henri et Mérine, furent reconnus pupilles de la Nation. Henri reçut à titre posthume la Médaille Militaire et la Croix de Guerre avec étoile de Bronze décernées le 15 septembre 1920.

Sur les circonstances de la capture, peu d'informations, on peut cependant l'imaginer en relisant le témoignage d'Albert Le Flohic (du 90e RI) qui fut fait prisonnier la veille à cette même Cote 304 :
.... Mais où sont donc les tranchées? Il n'y en a plus. Elles n'existent absolument plus. Elles ont été nivelées. Et le fil de fer? Disparu. Rien que des trous d'obus et des morts.
Partout, partout sur la pente des Allemands qui grouillent tellement ils sont nombreux.
Au dessus de tout cela un nuage de poussière et de fumée.
Clac, clac, clac ... des balles de mitrailleuses sifflent à nos oreilles. Les obus français commencent à arriver maintenant. Nous reconnaissons nos 75 mais malheureusement nous sommes à présent dans leur zone d'éclatement.
par bonds, d'un trou d'obus à un autre, nous avançons lentement. j'aperçois un camarade qui tombe en criant. Il vient d'être touché de plein front.
Maintenant, c'est au travers du barrage français que nous courons vers les arrières allemands.
Les 75 sifflent et éclatent rageusement. Les éclats volent et viennent s'abattre autour de nous.
On se croirait comme environnés d'oiseaux voletant, affolés au ras de terre.
Des blessés allemands s'en retournent vers l'arrière. Des Flammenwerfer galopent par équipe de
deux vers nos anciennes premières lignes.
les désinfecteurs projettent déjà leurs flots de grésil sur les morts et les flaques de sang.
Nous sautons des tranchées allemandes pleines de soldat de réserve. j'en compte trois ou quatre lignes.
Enfin nous arrivons dans un boyau qui conduit au P.C. d'un officier supérieur allemand. Les soldats allemands sont courtois et aimables à notre égard. Ils donnent de l'eau ou du café à ceux qui en réclament.
Je marche derrière Royné et de Sèze.
L'officier allemand interroge notre pauvre commandant d'une manière assez cavalière. ce dernier n'a pas grand'chose à raconter. Nos ennemis semblent d'ailleurs parfaitement renseignés et en savoir plus que nous.
Nous apprenons que nous allons être dirigés sur le camp de l'Etanche. Le soldat qui nous conduit parait un bon diable. Avant d'arriver à Dannevoux, au bord d'un clair ruisseau nous faisons la pause.
J'ai bu deux litres d'eau pour le moins tellement j'avais soif. J'ai sur moi un petit bidon d'eau de vie que je partage avec les camarades.
Nous traversons Dannevoux.
Sur notre route de nombreux convois d'artillerie et de pionniers. L'activité derrière le front allemand semble beaucoup moindre que chez nous.

A la nuit, nous arrivons à l'Etanche où l'on nous parque dans un enclos.
Grâce à ma connaissance de l'allemand, grâce surtout à la bonne volonté d'un Unteroffizier, je me procure un peu de pain.
il ne fait pas froid. Je m'assieds sur une vieille caisse et songe à tout ce qui vient de se passer.
Avons-nous fait notre possible ?
Oui, sans aucun doute.
Non, nous n'avons rien à nous reprocher car toute résistance eût été inutile et n'aurait eu pour résultat qu'un massacre des quelques survivants.
...

En relisant ce témoignage, il ne faut pas oublier que vraisemblablement, Henri fut évacué par les Allemands alors qu'il était blessé. On ose imaginer les souffrances vécues jusqu'au fatidique 10 juin.

Depuis cette époque, Henri Gallien est inhumé à Stenay. Dans le cimetière de cette ville, se trouve un ossuaire regroupant les corps de 183 soldats décédés en captivité, dans le secteur.
Parmi eux figure Henri Gallien.

Stenay_Carre1Le monument de l'ossuaire - cimetiere de Stenay
Photo acesar55 (Alain)

Il est à noter que le graveur lors de l'érection dudit monument fit une erreur sur la stèle ; celle-ci reporte le nom de Henri Gallier du 68e RI.

Stenay_Carre3Photo acesar55 (Alain)

 

 Merci à Mickael pour ses recherches et pour m'avoir ouvert ses archives familiales.

 

Sources :
Documentation de l'auteur.
Archives Mickael Chaffin
Cinquante après, par Albert Le Flohic, soldat de 1ère classe au 90e régiment d'infanterie (1967)

24 mars 2013

Repose en paix, Emile, sur la terre de tes pères.

Voici une sépulture parmi tant d'autres à la Nécropole Saint Charles de Potyze, près de Ypres, en Belgique.

060419 071

Pourquoi s'intéresser à cette sépulture plus qu'à une autre?
Tout simplement, car il y a peu, j'ai reçu un message de Gwenael, qui me demandait des informations concernant son arrière grand-père Emile MONET.

Emile MONET tomba au Bois Triangulaire, le 28 décembre 1914.

CaptureMDH,

La fiche Mémoires des Hommes, indique le 268e RI, alors que la sépulture, elle, indique le 68e RI. S'agit-il d'une des erreurs fréquemment rencontrées de confusion entre l'unité d'active et l'unité de réserve.
J'entrepris alors quelques recherches rapides et m'aperçut que l'affaire n'etait pas si simple qu'une simple erreur de gravure sur une plaque.

Tout d'abord, où se situe le Bois Triangulaire? Les amis du forum Pages14-18 m'apportèrent bien vite la réponse. Le Bois Triangulaire est situé entre Lizerne et Langemark.  Or, pour cette période, nulle unité indrienne, dans le secteur de Langemarck. Le 268e ne sera à Lizerne qu'en avril 1915.

Regardons les positions connues:
Le 68e RI est à Zonnebecke, il occupe tour à tour avec le 90e et le 114e, le carrefour de Broodseinde. Pendant ce temps, le 268e RI est dans le secteur sud d'Ypres, le 5e bataillon est à Brielen, au repos et le 6e bataillon dans les tranchées d'Hollebecke.

FondDePlanYpres

Voilà donc une énigme de plus, en espérant trouvé la fiche matricule lors d'une prochaine visite aux Archives de L'Indre.

Emile MONET a un destin peu ordinaire. Il est né en 1884 à Cléré du Bois, dans l'Indre, où son père Emile Joseph et sa mère Marie Léontine MARC habitait.

Ce père fut rapatrié de Belgique dans les années 1870. Il fut installé par la préfecture de l'Indre comme ouvrier agricole, avant de devenir cultivateur au moment de la naissance de son fils.

Emile MONET (fils) se maria en 1913 à Adèle VIAUVY, née en 1893 et fille d'un maraîcher de Bossay (37). De ce mariage naquit une fille, en 1914, Alina. Cultivateur à Cléré du Bois, il fut mobilisé en août 1914 au 68e RI, pour finalement tomber sur la terre paternelle, en cette fin 1914.

Sa veuve Adèle fleurira le monument aux morts jusqu'à son décès, en 1981.

Merci à Gwenael pour m'avoir transmis ces informations.

Sources:
Documentation de l'auteur.
Mémoires des Hommes

16 mars 2013

Le Diplome de Robert FROMIOT

Dans le message précédent, nous avions vu que la préfecture tenait à jour un cahier des récipiendaires de remise du Diplôme de Mort pour la France.

Si je n’étais pas à même de montrer celui de mon aieul, l’ami Jean Coulon est venu, cette semaine, à mon secours. Il a retrouvé le diplôme qui avait été transmis à sa famille et que sa grand-mère avait conservée. Il s’agit de celui de son grand-oncle, Robert, Roger, Arthur FROMIOT.

RI068_FromiotRobertRoger1

Né en 1895, celui-ci fut incorporé le 17 décembre 1914 au 68ème R.I à Issoudun. La photo ci-dessus permet de confirmer l'incorporation tardive au 68e RI. On notera que la ceinture est un "ersatz" du modèle réglementaire du fait des manques d'effets militaires, situation typique de la fin 1914.

Au final il passa au 409e RI le 27 février 1915. Robert Fromiot fut porté disparu le 8 mars 1916 à Vaux devant Damloup (Meuse). Zone de combats de sinistre mémoire.

Suivons donc le parcours administratif de l’annonce du décès de Robert FROMIOT, natif de Chenonceaux (Indre et Loire) :

Porté disparu le 8 mars 1916 à VAUX devant DAMLOUP, le décès a été confirmé par jugement déclaratif rendu par le tribunal de TOURS le 9 juin 1921. Ce jugement fut à la mairie de CHENONCEAUX qui l'enregistra le 10 JUILLET 1921.
Le diplôme "des morts pour la France" fut transmis à la famille  en Avril 1922.

P1000621_1

Chose étonnante, la famille a non seulement gardé le diplome, mais elle a aussi gardé l'emballage qui comporte de très intéressantes indications. Cet emballage est constitué d'un tube d'expédition en carton, avec deux embouts ( il en manque un ) de diamètre de 43 mm et de 355 mm de long.

Des étiquettes d'expédition sont encore présentes sur le tube.
Ce diplôme été effectivement envoyer par la préfecture ( en l'occurrence celle d'Indre et Loire (Tours) au maire de la commune du lieu d'habitat des parents du soldat disparu ( CHENONCEAUX dans le cas de Robert Fromiot).

EtiquetteMairie EtiquetteFamille

Un autre étiquette permet d'identifier le contenu du fourreau d'expédition:

" diplôme du soldat FROMIOT Robert, Roger, Arthur du 409e régiment d'infanterie " Cachet de la poste : TOURS R.P.19 4 22 ( 19 avril 1922)

EtiquetteDiplome

 

Robert Fromiot ayant été aussi soldat au 409e RI, on retrouvera son parcours sur le blog de l'ami Christophe

Merci sincèrement à Jean Coulon de m'avoir ouvert ses archives

Sources: Archives Personnelles Jean Coulon

19 janvier 2013

Familles, à vos claviers

Recevant régulièrement des questions d'internautes recherchant des informations sur un aieul qui a participé au conflit avec les régiments indriens, j'ai toujours essayé de repondre au mieux à vos questions.

Afin d'aller plus loin, je vous propose de devenir rédacteur de la mémoire et de vous donner la possibilité d'écrire une notice sur vos anciens.

Si vous souhaitez que votre aieul figure dans le chapitre "Biographie des combattants" n'hésitez pas à rédiger une notice sur votre traitement de texte, je me ferai un plaisir pour vous aider à la complèter, puis pour la diffuser sur le blog.

Quelques exemples de biographies:

Emile Ingremeau, 5 ans et 8 mois au 68e RI
Alexandre Doit, le devoir jusqu'au sacrifice
Le Lieutenant Diesbach de Belleroche, tombé le 10 juillet 1916 devant Saint Hilaire le Grand
René Guérin du Grandlaunay, un cavalier au 68e RI
Le sergent Luneau, du zinc aux tranchées

8 juin 2012

Emile Ingremeau, 5 ans et 8 mois au 68e RI

Emile Ingremeau est né le 30 mars 1893 à Viennay à quelques kilomètres au nord de Parthenay. Fils de Constant Ingremeau et de Philomène Aubry, il est déclaré comme cordonnier lors de la conscription.
Classe 1913, il partit pour le service en novembre 1913, il fut affecté au 68e RI.

IngremeauEmile4

Conscrit de la classe 1913, il est au service militaire lorsque le 2 aout 1914, il partit en campagne. Lors du conflit, il reçut plusieurs citations :
Tout d’abord, alors qu'il venait de combattre en Artois et qu'il était caporal:
"Le 26 mai 1915, s’est maintenu pendant 32 heures sous un violent bombardement en combattant à la grenade dans une tranchée conquise."

En 1916, à la suite de la bataille de la Somme, il reçut une deuxième citation:
Ingremeau Emile, Cl. 1913, Mle 5220, sergent à la 10e Cie :
« A pris le commandement de sa section en restant le seul sous officier. Dès le début de l’attaque  En a assuré le commandement avec bravoure, énergie et sang-froid » (Bataille de la Somme)
Le 2 décembre 1916 Signé Lieut. Colonel DOUCE Com. Le 68e R.I.

CitationDouce

Ces faits d’armes lui valurent la Croix de guerre.
Ayant traversé le conflit, il fut reversé au 114e RI le 3 septembre 1919, pour finalement s’installer à Parthenay, puis en 1920 à Thénezay. Au total il était resté 5 ans et 8 mois au 68e RI.
Entre temps, encore sous les drapeaux, il s’était marié le 24 novembre 1918 avec Henriette Gelin, à Thénezay.

Bien plus tard, ancien combattant, installé comme cantonnier, il reçut à Thenezay la Médaille Militaire, comme le reportèrent les journaux de l’époque.

article journalNR

Peu loquace sur le conflit et son parcours lorsqu'on l'interrogeait, il aimait dire: "Je ne suis pas un héros, mais il fallait bien survivre"

Merci à Gérard INGREMEAU pour m'avoir ouvert les archives familiales.

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