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Indre 1914-1918 - Les 68, 90, 268 et 290e RI
68e ri
31 mai 2016

Etude autour des défunts issus des régiments du Blanc et d'Issoudun

Cet article est une réactualisation de 2 articles parus en 2010
Intéressons nous tout d'abord aux pertes du 68ème RI qui est réparti sur deux garnisons:
Le Blanc (Portion centrale 3ème bataillon), caserne Chanzy
Le Blanc - La caserne Chanzy

  Issoudun (Portion Principale Etat-Major et 2 bataillons, ), caserne Chateaurenault

Issoudun - La caserne Chateaurenault
Le recrutement est principalement composé de Poitevins et de Berrichons provenant principalement de la Brenne (région ouest de l'Indre dont l'épicentre est la sous préfecture du Blanc).

Afin de mettre une partie de mes recherches à disposition de tous, vous trouverez derrière ce lien la  Liste des Morts pour la France du 68ème R.I.

Suite au dépouillement, on obtient 3432 soldats, sous-officiers ou officiers morts pour la France. A cette liste, il est possible de rajouter une centaine de cas, déterminés suite à recherches, de "Non morts pour la France". Je n'ai pas inclus volontairement les soldats non-Morts pour la France, la liste est disponible, mais consultable à la demande.

En effectuant un comparatif par années des pertes, on constate la dé-régionalisation des recrutements.
En 1914, les soldats provenant des départements de la Vienne, d'Indre, d'Indre et Loire et des Deux-Sèvres représentent près de 88% des pertes.
En 1918, le taux n'est plus que de 41%. Le régiment a vu des renforts provenir de tout le territoire, notamment des territoires occupés (Nord et Pas de Calais), entre autres.

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RI068_Matrice1914a1918_CarteFrance

 

 

Le pourcentage retenu est la proportion de natifs d'un département vis à vis des pertes totales du régiment pour une année précise.

Après le régiment d’active, le 68e RI, intéressons nous maintenant au régiment de réserve:

Le 268e RI est mis en place au Blanc dès le 3ème jour de la mobilisation, soit le 4 août 1914. Son effectif est alors de 32 officiers, 2202 hommes.
Le lieutenant-colonel Pichat est alors le commandant du régiment, et ce jusqu’à sa blessure le 9 septembre à Euvy (51), en pleine bataille de la Marne.
Le recrutement du 268e RI est principalement composé de soldats réservistes provenant du département de la Vienne (86) et de l’ouest du département de l’Indre (36) et du sud de l’Indre et Loire (37).
Alors que l’effectif de départ est donc de 2234 hommes, le 268e RI, jusqu’à sa dissolution en juin 1918, eut à subir une perte de 1380 soldats, sous-officiers et officiers.

 

RI268_Matrice1914a1918_CarteFrance

 

Au fil des années, nous constatons la disparition du recrutement régional. Alors qu’en 1914, les soldats des 3 départements représentent 92% des pertes, en 1917, ils ne sont plus que 39%.

En 1915, le recrutement est principalement effectué sur tout le territoire de la région militaire. En 1916, le recrutement est orienté vers les départements de l’Ouest.

A signaler dès 1915, une forte participation des soldats originaires des Landes dans les pertes du régiment. En 1917, il y eu autant de pertes landaises que de pertes provenant de l’Indre ou la Vienne, au sein du 268e RI.

Dans cette « étude », l’année 1918 n’a pas été retenue car le régiment fut maintenu en position de réserve plusieurs mois avant d’être dissous au mois de juin.

Cependant, cette carte est à comparer directement avec celle de 1914. Dans les deux cas, la carte couvre une période d’environ 6 mois et le contraste est flagrant.

Les armées ont su devenir « économes » de leurs soldats, les pertes sont presque 20 fois moindre.

Nota: Afin de réaliser des cartes cohérentes, le pourcentage retenu est la proportion de natifs d'un département vis à vis des pertes totales du régiment pour une année précise.

 

Sur le sujet du recrutement, je conseille notamment la lecture de l'excellent article "Du recrutement régional au recrutement national pendant la Grande Guerre" de Phillippe Boulanger. Cet article est consultable dans la "Revue Historique des Armées", n°3 - 1998.
Il existe une version plus détaillée et plus complète de det article dans l'ouvrage "La France devant la conscription - Géographie d'une institution républicaine  1914-1922" aux Editions Economica
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12 mai 2015

9 mai 1915-2015. De retour d'Artois

Faire un séjour en Artois, pour le passionné que je suis, c’est toujours un plaisir, et comme j’étais déjà venu en 2006 avec ma petite famille, je savais déjà ce qui m’attendait, mais il y a tant à découvrir. L’Artois fut une terre de souffrance pour nos soldats du 9e Corps d'Armée, ceux-ci y séjournèrent pendant de longs mois, d’avril 1915 à mars 1916.
Certes, je ne m’y rendais que pour une journée et le départ fut bien matinal, mais j’avais hâte de faire le voyage pour rendre hommage aux gars de la 17e Division d’Infanterie.

Tout d’abord, entreprendre ce voyage, c'est partir de la région Centre, passer par la gare du Nord et tout d'abord profiter de l’attente du départ pour faire un petit tour par la rue des Vinaigriers (zone de départ des taxis) pour rendre hommages aux cheminots de 14.

GareNord_20150509
Les plaques 14-18 et 39-45 de la Gare du Nord

Ensuite prenons le TGV pour Arras. Là je retrouve mes deux amis Frédéric et Thierry, spécialistes du secteur artésien. Direction maintenant Loos en Gohelle pour l’inauguration de la plaque en l’honneur des soldats de la 17e Division d’Infanterie.

En effet, en ce 9 mai 2015, l’association « Loos en Gohelle sur les traces de la Grande Guerre » a décidé de rendre hommage aux soldats qui tombèrent lors de l’attaque du 9 mai 1915. Cette association s’occupe de faire découvrir le passé de la commune de Loos qui fut si touchée et dévastée par le conflit. L’inauguration de la stèle eut donc lieue Chemin de Vermelles, à l’emplacement de ce qui fut la « Redoute de Loos » et ce en présence des autorités locales, notamment M. Jean François Caron, maire de Loos et conseiller régional. Cette stèle devrait à terme être incluse au sein d’un parcours historique qui est en projet.

Loos_9mai2015 013  Loos_9mai2015 020
La cérémonie d'inauguration de la plaque en l'honneur aux soldats de la 17e Division

Quelle émotion de se trouver là, à l'heure précise, 100 ans plus tard.
Que penser de cet effort demandé à de jeunes hommes, à des pères de familles de traverser cet espace alors bouleversé par la mitraille et les explosions, alors que je le découvrais calme et cultivé.

CaptureJC
Le secteur d'attaque de la 17e DI, vu depuis les positions allemandes de l'époque

 

A l’issue de l’inauguration, une surprise m’attendait, à la médiathèque, une exposition avait été montée et permettait de mieux comprendre cet épisode du parcours des régiments indriens. Mais une deuxième surprise m’attendait. Sur les panneaux, figurait un patronyme qui m’est proche, du moins qui est connu en Berry. Je découvrais ainsi un panneau concernant Léon AUGRAS, un agriculteur de Maillet. Le patronyme m’est généalogiquement connu et la commune est celle dont est issue une partie de ma famille. Le summum fut de découvrir que les personnes devant ledit panneau étaient les descendants du soldat berrichon en question et plus précisement la petite-fille de Léon Augras. J’entamais alors la discussion, mais je dois reconnaitre que ma voix fut d’abord chevrotante, car j’en étais ému. Sans nous connaitre, nous nous découvrions des connaissances communes et nous échangions aussi des informations sur le parcours de Léon qui l’amena jusqu’en Artois.

CaptureJC1
Devant le panneau dédié à Léon AUGRAS, en compagnie de sa petite fille

Suite à l’inauguration, nous nous rendimes à une adresse que je conseille tant pour la qualité de sa table que pour son cadre: l’Estaminet de Lorette, sur le lieu même de la butte de Lorette.

http://www.estaminet-de-lorette.com/

Je conseille très vivement les spécialités locales et notamment la bière locale « Page 24 » qui sait si bien accompagné la carbonade.

CaptureJC3
La nécropole Notre Dame de Lorette

Après le repas, je me laissais aller à divaguer au sein de la nécropole de Lorette, au fil des sépultures à la recherche des soldats l’Indre, alors que j’étais surtout perdu dans les pensées qu’un tel lieu peut inspirer. Nous rendîmes ensuite pour admirer le récent anneau de la Mémoire qui a été installé devant la nécropole et qui à mon avis gâche le paysage que l’on avait avant depuis la nécropole sur le champ de bataille. A mon humble avis, il eut été préférable, sans en changer l’emplacement, d’enterrer un peu plus cet anneau mémoriel afin de l’intégrer un peu plus en cette terre artésienne. Oubliant le site, une fois dans l’anneau, le vertige engendré par la longue liste de noms prit place. Comment tant d’hommes vinrent mourir en ces lieux?

CaptureJC2

On regrettera cependant que les noms de ceux qui tombèrent en Flandres belge n’y figurent pas alors que certains de leurs corps furent rapatriés à Notre Dame de Lorette, mais le monument ayant été pensé par le conseil régional, on comprendra cette inopportune absence.

Au fil de l’après-midi, mes deux acolytes me firent découvrir des secteurs que je ne connaissais pas. Nous nous rendîmes au Bois en Hache, à Angres, qui sera le secteur des 268 et 290e RI, au début de l’année 1916. Je découvris ensuite les cimetières de la Tranchée de Meknés et celui d’Aix-Noulette. Là, je découvris des sépultures indriennes que je ne connaissais pas et qui sont inclues dans des cimetières gérées par les autorités britanniques. Il est toujours plaisant de se rendre dans ces cimetières anglais, surtout à l’époque où les fleurs apparaissent. De vrais jardins.

CaptureJC4
Le "Tranchée de Meknés Cemetery" où je découvris une sépulture du 90e RI que je ne connaissais pas

Nous finimes la journée par la visite de divers secteurs où les combats firent rage en ce 9 mai 1915, à Aix-Noulette, Carency, …

Je tiens vivement à remercier Frédéric et Thierry
pour m’avoir promené tout au long de cette trop courte journée.

Le temps de rentrer en Berry vint alors, mais je reviendrais ultérieurement sur ce séjour, alors dans le cadre de publications spécifiques. Rendez-vous est pris pour l'année prochaine pour la thématique liée à la défense de la Cote 304 en mai 1916, dans le secteur de Verdun.

 

15 janvier 2015

Le triste bilan de 1914

Il est temps de faire le bilan de l’année 1914.

Dans le courant de l’année 2010, j’avais diffusé des données statistiques sur les pertes globales des régiments du département, mais aujourd’hui intéressons nous uniquement aux pertes de l’année 1914 concernant les 4 régiments d’infanterie basés dans le département de l’Indre. 2 sont dits d’active (68 et 90e R.I.) et 2 sont formés à la mobilisation et sont dits de réserve (268 et 290e R.I.).

Les origines des MPF des régiments indriens

Ce travail n’aurait pu se faire sans le dépouillement systématique des fiches présentes du le site «Mémoires des Hommes» et qui me prit tant de temps, il y a quelques années et d’ailleurs je mis tout autant de temps à saisir celles-ci  au sein d’une base de données afin de pouvoir les exploiter. Une telle étude aurait pu être complétée avantageusement par un dépouillement des fiches matricules, mais la mise en ligne sur le site des Archives Départementales de l’Indre n’est pas encore effective.

Portons quelques précisions sur la période étudiée. En effet, nous ne nous intéressons ici qu’aux pertes de l’année 1914. Sachant que les régiments de l’Indre furent mobilisés dès le 2 aout, nous avons donc 152 jours entre la mobilisation et le 31 décembre 1914.

CaptureNbrePertesRégiments

Si nous comparons les pertes de ces 5 premiers mois avec le total lié au conflit, il est aisé de visualiser la prépondérance de ces pertes 1914 vis-à-vis des pertes globales.

Répartition1914_Conflit

CaptureTableauPertesMDH

Les combats de l’année 1914 (152 jours) représentent 9, 73% du temps que dura le conflit (1651 jours) alors que la proportion des pertes est tout autre. Les graphes suivants permettent de visualiser les taux de pertes. On note ainsi que les pertes des régiments en 1914 varient entre 29,6 et 41,9% des pertes globales (1914-1918).

CapturePertes

Les taux de pertes sont supérieurs au sein des 2 unités de réserve vis-à-vis des unités d’active. Afin de comprendre les différences, il est intéressant de regarder les causes de décès des soldats.

CaptureCausesPertesRégiments

Au sein des unités de réserve, les soldats sont de classes d’âge plus anciennes et de plus, les effectifs sont moindres. Ces unités sont alors structurées autour de 2 bataillons contrairement aux unités d’actives organisées en 3 bataillons.

Malgré des effectifs moindres, on note que les cas de maladies sont aussi nombreux que dans les unités d’active pour le 268ème R.I. et carrément de plus du double pour le 290ème RI. Malgré le fait que je n’ai pu avoir accès aux fiches matricules, sur les 92 fiches « Maladies » du 290e R.I. issues de Mémoires des Hommes, 47 sont liées à l’épidémie de typhoïde à laquelle l’armée française fut confrontée à partir de la mi-octobre 1914. Au 268ème, la proportion est d'un tiers de cas de typhoïde et ce sur la même période.
Les combats se tenant désormais sur une ligne de front statique, au sein de tranchées souvent insalubres. De plus, malgré les périodes de rappel pour exercice, les classes anciennes sont plus impactées par les conditions générales de vie au front. L’utilisation de ces unités comme troupe de première ligne n’était d’ailleurs pas dans les prévisions de l’armée française et l’usure se fit plus rapidement sentir.

Quels furent les secteurs de combat concernés et leur tribu humain ?

CaptureSecteursPertesRégiments

D’abord en position de couverture dans le Grand Couronné de Nancy, les 2 régiments d’active (68 et 90e) vont sur les Ardennes où le grand choc se produit. Le 68ème RI est particulièrement touché du fait de sa position en avant-garde lors de la rencontre avec les troupes ennemies.
Pendant ce temps, les 268 et 290e RI restent aux alentours de Nancy, avec la 18e Division, et résistent à la pression de l’armée allemande.
Le 9e Corps d’Armée (C.A.) est reconstitué lors de la bataille de la Marne où il résiste à l’avancée de la Garde, aux alentours des marais de Saint-Gond. Fin septembre, la guerre de position s'installe, pour le 9e CA, dans le secteur de Prosnes, au nord de la Marne.
A la fin octobre, le Corps d'Armée est envoyé en renfort de l’armée anglaise dans le secteur d’Ypres où il restera jusqu’en mi-1915.

Pour plus de précisions, les pertes indiquées « Zone des armées » correspondent principalement aux pertes dues à la bataille d’Ypres (Flandres belges), mais dont les évacuations eurent lieues dans les hôpitaux du département du Nord ou du Pas de Calais (entre autres) et non pas été assimilés avec ceux qui sont dans la rubrique "Intérieur".

Intéressons à l’origine des soldats qui décédèrent lors de ces 152 jours de la fin de l’année 2014. Reportons sur une carte, régiment par régiment, les départements de naissance des soldats « Morts pour la France »

 

France_location_map-Departements_1871-1914_RI068 France_location_map-Departements_1871-1914_RI090

France_location_map-Departements_1871-1914_RI268 France_location_map-Departements_1871-1914_RI290

Sans réelles surprises, nous constatons la régionalisation des unités, celle-ci correspond peu ou prou aux zones des bureaux de recrutement.

Capture10_BureauxRecrutement

Les 68 et 268ème R.I. mobilisés au Blanc (Indre) sont principalement composés dans l’ordre de Poitevins, Tourangeaux et Berrichons. Au contraire, les 90 et 290ème R.I de Châteauroux regroupent principalement des Berrichons.

 

Pour aller plus loin sur ce thème, je conseille la lecture de 2 ouvrages indispensables pour tous ceux qui s’intéressent au sujet et souhaitent approfondir la thématique:

  • « Armée, Guerre, Société – Soldats Languedociens 1889-1919 » de Jules Maurin réédité 2013 aux publications de la Sorbonne
  • « La France devant la conscription – Géographie historique d’une institution républicaine 1914–1922 » Philippe Boulanger Editions Economica 2001
18 décembre 2014

Eugène Flon, un classe 16 au Blanc -"Il n'y en a pas assez pour nous tous"

Parfois certaines cartes postales reprennent des thèmes bateaux, et au premier coup d'oeil, rien n'incite à la prendre celle-ci plus qu'une autre, et ce, d'autant que celle-ci justement je l'avais déjà dans mes albums.

RI068_FlonEugene_36eEscouade_Classe16_Recto

Au moment de la retourner, le texte, sans révolutionner l'histoire du conflit, permet d'entrevoir un bref moment de vie d'un jeune Classe 1916 (entre 19 et 20 ans au moment de la rédaction du courrier), lors de son instruction au Blanc, juste avant de partir pour le dépot, d'où il sera alors redirigé vers le front.

Nous avons donc là, un courrier de "Eug. Flon (ou Flou) 68e Régiment d'Infanterie, 26e Compagnie, 23e Escouade Classe 1916".
Cette classe d'age, née en 1896, qui devait être appelée normalement en octobre 1916, fut appelée par anticipation dès le 8 avril 1915 et ce afin de combler la pénurie d'hommes liée aux nombreuses pertes dans les classes déjà appelées. Notre Eugène était alors, tout au plus, dans sa dix-neuvième année. Un gamin.

Je vous livre donc le texte de sa missive, qu'il adresse très certainement à un de ses amis, au vu du vocabulaire employé:

Ma vielle branche
Je vous remercie de votre carte je suis heureux de vous voire que les vieux poteaux songent à moi.
Je voudrais bien être à Quincy pour peloter des petites de là-bas car au Blanc elles ne veulent rien savoir il est vrai qu'il n'y en a pas assez pour nous tous nous sommes encore 8000 soldats.
Mais le 1er juin nous partons nous sommes déjà prévenu alors gare à la secousse.
Bonjour à Julot Aux vieilles connaissance que je vous oublie pas.
Eug. Flon 68e Rég 26e Comp. 28e Esc Classe 1916

RI068_FlonEugene_36eEscouade_Classe16_Verso

 

J'aime l'insouciance de ce soldat qui surtout semble préoccuper par les pêchés de la chair et qui à la fin, modestement fait part de sa crainte de "la secousse" à venir.
Je n'ai retrouvé trace d'un Eugène Flon (ou Flou) classe 1916 dans les registres des AD18, il est peut-être du département de l'Indre, mais en l'absence de la mise en ligne, impossible d'aller plus loin d'autant qu'il ne figure pas non plus dans la liste des Morts pour la France du site Mémoires des Hommes. Pour l'instant la recherche s'arrête là.
On notera cependant le nombre de 8000 soldats, en cette mi-1915, au sein de la sous-préfecture du Blanc, surtout si on met ce chiffre en parallèle avec les quelques 7000 habitants actuels.

14 octobre 2014

14 octobre 1914, 1 fusillé au 68ème RI (Réactualisé 2014)

En ce 14 octobre 2014, je me dois de réactualiser ce message d'abord écrit en 2010.
A l'heure où je diffuse ce message (6 heures du matin), il y a 100 ans, un soldat du 68ème RI vient de tomber sous les balles tirées par ses camarades.

Le mois d'octobre 1914 est appelé par le Général Bach, "le mois des exécutions". Dans son ouvrage, "les fusillés pour l'exemple 1914-1915", il transcrit un ordre du général Dubois qui nous rapporte la première exécution capitale que connu le 68ème RI.

"Les Petites-Loges, le 13 octobre 1914.
Ordre.
Le général cdt le 9ème CA signale aux troupes sous ses ordres la lâcheté de deux soldats réservistes dont les noms suivent:
Le nommé Des... du 68, envoyé en traitement au dépôt des éclopés des Petites-Loges. Après huit jours de traitement était remis en route sur son corps et conduit jusqu'à Thuizy par un gradé. Là il se cachait et restait pendant quatorze jours dissimulé dans une habitation où il était découvert. traduit devant le CdG (Conseil de guerre) de la 17e DI, il a été condamné à vingt ans de détention avec dégradation militaire pour "désertion en présence de l'ennemi".
Le nommé Duv... du 68ème abandonnait la tranchée pendant une attaque de nuit et s'enfuyait jusqu'à Thuizy où il se cachait pendant quinze jours. Traduit devant le CdG de la 17e DI, Duv... a été condamné à mort pour "abandon de son poste devant l'ennemi".
Le général cdt le CA décide que la dégradation du soldat Des... et l'exécution du soldat Duv... auront lieu demain 14 octobre devant le front du 68ème d'infanterie. La garnison de Sept-Saulx, des détachements du 135e, 32e et 66e, en réserve à Wez et Thuizy, assisteront à l'exécution.
Le présent ordre sera lu à 2 appels consécutifs.
Dubois."

Le JMO du 68ème RI reporte l'évènement à la date du 14 octobre:
"Le 14, parade d'exécution à 6 heures pour 2 soldats du 68ème (Voir ordres généraux)" Il est à préciser que dans la terminologie définie de la justice militaire "Parade d'exécution" n'inclue pas nécessairement "exécution capitale", mais "exéution de la sentence" qui peut souvent se limiter à une dégradation par exemple.

Le condamné, originaire de la Vienne, avait 25 ans. Sa sépulture est inconnue.

Intéressons nous à la procédure qui amena des soldats de la 17ème Division a fusillé un de leur frère d’armes.
Après s’être caché, le soldat est arrêté le 12 octobre au matin, le jugement s’effectua le jour même, à 13 heures et l’exécution eu lieu le 14 octobre au matin.
L’interrogatoire du condamné :
Conseil De Guerre Spécial de la 17ème Division
…..

  • Vous avez été trouvé ce matin dans un cantonnement de Thuizy par [illisible].
  • Oui
  • Que faisiez vous dans ce village ?
  • Rien.
  • Depuis combien de temps y étiez-vous ?
  • Huit jours [Nota Indre1418 : Certains autres documents officiels annoncent 15 jours]
  • D’où veniez-vous quand vous y êtes arrivé ?
  • Je venais des tranchées. A la suite d’une attaque à la baïonnette, je m’étais trouvé seul avec mon capitaine, le capitaine Berthellon m’avait ramené à Thuizy.
  • Depuis ce temps là vous êtes resté à Thuizy ?
  • Oui
  • Pendant ce temps, vous avez bien vu cantonner à Thuizy votre régiment ?
  • Il y avait des cuisiniers.
  • Les cuisiniers vous ont dit où était votre bataillon ?
  • Non.
  • Alors c’est que vous ne l’avez pas demandé ?
  • Si, mais on m’a répondu : « tu n’as qu’à le chercher ».
  • De quel bataillon étaient les cuisiniers qui vous ont répondu çà ?
  • Ils étaient sans doute du 1er bataillon, mais certainement pas de ma compagnie.
  • Mais si vous aviez le bataillon, il n’était pas difficile de trouver la compagnie.
  • C’est vrai.
  • Le 1er bataillon a cantonné à Thuizy.
  • Oui, mais je ne l’ai pas vu, car j’étais avec les éclopés et c’était pendant  la nuit.
  • Alors vous étiez avec Desherbais?
  • Oui, mais je ne l’ai vu que le lendemain matin.
  • Desherbais prétend qu’il était avec le 1er bataillon.
  • Je n’en sais rien.
  • Depuis ce moment là, qu’avez-vous fait ?
  • Nous allions dans les tranchées avec le 114 près de la gare.
  • Mais le 114 n’y est plus ?
  • Alors nous étions avec le 77 qui est au repos.
  • Avez-vous quelque chose à ajouter ?
  • Je demande à revenir en 1ère ligne. A Rethel, je suis allé chercher mon lieutenant Chapeau qui était blessé, sous le feu de l’artillerie. J’ai fait 2 ans de service au 60ème d’infanterie, je n’ai jamais été puni. Je n’ai jamais été condamné.

La persistance dans la déclaration du condamné entraina sa condamnation à mort.  Le commissaire rapporteur précise que Duverger « contrairement à la déposition de Desherbais prétend n’avoir pas vu son bataillon ».

Suite au jugement, et en attente de l'exécution des peines, une note est diffusée par la Division :

17° Division                                  Sept-Saulx le 13 Octobre 1914
Ordre de la Division ( crayon)
Deux soldats du 68° viennent d’être condamnés l’un à la peine de mort pour avoir quitté sa compagnie au moment où elle était attaquée par l’ennemi. Il a fui à 5 kms en arrière et s’est caché à Thuizy pendant 15 jours.
L’autre rentrant de l’ambulance, au lieu de rejoindre sa compagnie s’est caché à Thuizy pendant le même temps, il a été condamné à 20 ans de détention et à la dégradation militaire. Ces deux sentences seront exécutées demain 14 octobre.
Le Général espère bien que la répression sévère de ces actes de lâcheté portera ses fruits et que plus jamais un soldat de la division ne s’en rendra coupable.
Général Guignabaudet

Deux autres soldats du 68ème RI, subirent ce sort infâmant (juin 1915 et février 1916).

Il est maintenant possible de retrouver les pièces du dossier de justice militaire sur le site Mémoires des Hommes

De plus, retrouvez d'autres informations sur le site voisin, des Poilus de la Vienne:

http://poilusdelavienne.blogspot.fr/2014/10/duverger-ferdinand.html

Sources:
SHD - JMO 68ème RI
SHD - 22N554 - 24N432 9ème CA
SHD - 11J783 CDG 17e DI
Général André Bach - Les fusillés pour l'exemple 1914-1915 - Editions Taillandier 2003  (Nota perso: Indispensable !!)

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4 août 2014

Août 1914, mobilisation au 68eme RI- 3ème Sect. Mitrailleuses

Certaines cartes-photos nécessitent plus d’explications que d’autres. Celle présentée ci-dessous en est une.

RI068_Mobilisation_3eSectionMitrailleuses_Recto2

De la mobilisation d'aout 1914, il existe peu de photos ayant trait à celle-ci dans le département de l'Indre. Il y a bien sûr la collection Rollinat mais elle est non numérisée. Il y a quelques temps déjà, j'ai eu le bonheur de découvrir un cliché se rapportant à ce moment. En ce 4 aout 1914, les hommes de la 3e Section de mitrailleuses du 68e RI se préparent à partir et posent « avant le départ pour Berlin » Avant de voyager, il y a 100 ans jour pour jour, essayons de comprendre le contexte régimentaire et l’organisation des sections au sein des régiments d’infanterie en cette année 1914 :

Un régiment d’infanterie en aout 1914 comprend 3400 hommes autour d’un drapeau.

Une section de mitrailleuses, liée à chaque bataillon est composée comme suit:

1 lieutenant, 1 sous-officier, 4 caporaux et 24 soldats. Dans cet effectif, on retrouve 2 chefs de pièces, 2 tireurs, 2 chargeurs et 2 aides chargeurs. Les autres membres de la section alimentant les pièces (liaison, télémètre, pourvoyeurs, conducteurs, ...)

Capture2

Capture3
Une section de mitrailleuses en février 1914, au 68e RI, à la caserne

La section de mitrailleuses est ainsi équipée:

  • 2 mitrailleuse Saint Etienne 1907
  • 1 télémètre
  • 4 chevaux attelés
  • 8 mules et 1 mulet
  • 1 voiture à 4 roues et 4 chevaux


Analysons maintenant la photo présentée:

 

RI068_Mobilisation_3eSectionMitrailleuses_Recto2

Le lieu où la photo a été prise semble être une demeure civile. Les plantations ne correspondent pas à une caserne, il s’agit vraisemblablement d’une arrière cour, d’un jardin de ville.

Quelle est l’unité concernée ?
Il s’agit du 68e RI, comme l'indiquent les pattes de col

Capture5

L’unité et les dates sont confirmées par le verso de la carte postale:

Capture6

Cachet de la poste du 6 aout 1914, 8h38, au Blanc. L’auteur écrit « Nous partons ce soir sur les 2 heures ». Si nous regardons dans le Journal de Marche et Opérations du 68ème Régiment d'Infanterie, ceci est d'ailleurs confirmé.

Capture7
Sources : SHD JMO 68e RI 26_N_657

Une fois l'unité, le lieu et la suite des évennements déterminés, intéressons nous au panneau:

Capture8

Le cliché est daté du 4 aout 1914. Le régiment commencera à partir le 6 aout 1914, à 6h15.
Nous sommes bien avant le départ du régiment.
Sur ce qui semble une toile, un cuir souple, les soldats ont écrits :

3e Son de Meuses (3e section de Mitrailleuses)
4 aout 1914 (La position des écritures permet de déterminer que la date a été rajoutée à la fin)
Avant le départ pour Berlin.

La 3ème S.M. affectée au 3e bataillon était bien en garnison au Blanc. L’action se situe donc au Blanc ou dans ses environs.

 

 

 

 

 

Trois groupes d’individus composent le cliché:

Les soldats équipés:

Capture9 Capture10

On note tout d’abord, la présence d’1 sergent et de 3 caporaux posant fièrement autour du panneau.
Les caporaux et soldat de 1ère classe ont passé leurs grades à la craie pour les faire ressortir sur le cliché noir et blanc (pratique courante).
Cependant, deux n’ont pas passé de craie sur leurs galons, ils restent ainsi de teinte foncée.

Les soldats non équipés :

Capture11

3 soldats en haut ne sont pas équipés de capotes et portent encore la tunique habituelle. On suppose qu’il s’agit de soldats de la section, non encore équipés ou ayant posé capote, le temps du cliché.

Les civils :

Capture13  Capture12

Une femme est présente sur la droite du cliché, il y a de fortes chances que ce soit la « logeuse ». La mobilisation générant un afflux de personnes, la caserne ne peut tous les héberger, on fait appel à des réquisitions de logement, d'autant que dès le 2 aout les 2 bataillons habituellement en garnison à Issoudun ont été transportés au Blanc (voir JMO ci-dessus).

Un deuxième personnage est en partie visible, à l’extrême gauche du cliché. Malheureusement, il n’est pas suffisamment visible pour une identification complète. Cependant, la tenue semble civile et la position assise remontant les jambes du pantalon, les mollets deviennent visibles. Peut-être un adolescent.

Une seule arme est visible, il s’agit d’un mousqueton 1892 (modèle gendarmerie) ou une carabine 1890 qui équipent toute les deux réglementairement les sections de mitrailleuses. L’arme étant plus courte et moins lourde que le traditionnel Lebel du fantassin.

Capture14

Le texte de la carte-photo :

Adresse du destinataire :
Monsieur Alexandre Triptolème
à Brissais Canton de Béruges
par Poitiers Vienne

J’ais reçu votre argent. Je vous en remercie beaucoup nous partons ce soir sur les 2 heures pour la frontière mais ne vous faites pas trop de chagrin pour moi car j’ai tout espoir de revenir
Votre fils qui vous aimera toujours Emile Triptolème
N’écrivez pas on ne peut déjà pas recevoir les lettres
Je vous conseille de garder cette carte avec précaution car ce sera un souvenir pour plus tard.

L’auteur a pris soin de mettre une croix le concernant sur la photo de groupe, au recto :

Capture15
Le 1ère classe Emile Triptolème

Que devint notre soldat?

Tout le détail du parcours est consultable sur le site des Archives Départementales de la Vienne. En effet, sur ce site, il est possible de consulter la fiche de registre matricule d'Emile Triptolème (Classe 1912 Bureau de Poitiers n° matricule 1150)

Alors domestique, il effectue son service militaire au 68e RI (Classe 1912), il passe 1ère classe en mai 1914.
Emile fut tout d'abord blessé le 23 aout 1914 et évacué. Il est à nouveau blessé le 19 décembre 1914 à Zonnebecke. Il sera nommé caporal en octobre 1915 et sergent en mars 1916. En 1917, il se vit décerner la Médaille Militaire. En 1918, il est affecté au 1er groupe d'Aviation puis revient au 68ème RI. Il sera démobilisé en 1919 au 125e RI.
Il s'engagea alors à la 9ème Légion de Gendarmerie.

 

Sources:
Documents de l'auteur
SHD JMO 68e RI 26_N_657AD86 Registres matricules
Merci à "Le Mitrailleur" sur Facebook pour les corrections techniques

15 mai 2014

La découverte du soldat russe, Champagne 1916

Pendant l'été 1916, la 17e Division se remet des combats de mai, à la cote 304. La division a été affectée dans le secteur de Suippes où elle se reconstitue.
Là, elle côtoie un allié qu'elle n'avait jamais rencontré: les troupes russes.

Voici ce qu'en rapporte le Commandant Bréant:

29 juin. - Je viens de voir arriver dans le secteur sur l'autre rive de la Suippes un régiment russe qui relève le ...e. Ils ont notre armement et notre casque, celui-ci de couleur terre, comme l'uniforme. Ils portent le sac tyrolien, avec manteau ou. capote et couverture en sautoir. Evidemment ce sont des hommes choisis, car ils sont tous de la même taille élevée, 1 m.80 peut-être. Mais, avec leur démarche souple, favorisée par leurs bottes molles, et leur tenue commode, ils se présentent mieux que nos soldats dans leurs capotes d'hôpital. Et puis, chez nous, il y a trop de types différents, et d'hommes malingres parmi de beaux gars. Ce qui frappe en voyant ces Russes, c'est leurs mines ouvertes, contentes, et leurs dents superbes, et enfin la distinction innée d'une race encore jeune. Heureux les peuples que l'extrême civilisation n'a pas touchés.
L'auteur partageait l'ignorance à peu près universelle en France, sur ce
qui se passait en Russie. (N. de l'Editeur.)

Voici un exemple de rencontre au sein de la Division:

 

RI068_EdmondBonneau_GroupeRusses_19160806_Recto
3 soldats du 68e RI, 1 du 268ème RI et 1 du 20ème RAC posent fièrement
avec deux soldats du 2ème Régiment russe, le 6 aout 1916.

Voici ce que le soldat Edmond Bonneau (de Géhée 36) ecrivait au dos, à son fils Paul:

Le 2 septembre 1916
Mon cher petit Paul
Avec deux camarades russes ton petit papa s'est fait photographier. Il vient de recevoir les cartes, il te les renvoie aussitôt. Le reconnaitras-tu?
Il va très bien. Il te charge d'embrasser ta maman chérie, pépère et mémère. il t'embrasse lui aussi de tout son coeur.
Edmond

Malheureusement, sur la carte, aucune marque ne nous permet, presque 100 ans plus tard, d'identifier Edmond Bonneau.

Sources:
Commandant Bréant - De l'alsace à la Somme - Hachette 1917
Collection de l'auteur

 

12 mai 2014

Alexandre DOIT – Le devoir jusqu’au sacrifice.

Réactualisation du 12/05/2014

Alexandre DOIT est né le 29 octobre 1881 à Sombernon (Cote d’Or). Au moment de son recensement, il se déclare comme « garçon de café ». En 1902, il effectue son service au 5e Bataillon de Chasseurs à pied. Le métier militaire semble lui réussir, caporal en septembre 1903, il passe sergent en septembre 1904. Renvoyé dans la disponibilité en 1905, celui-ci s’engage le 3 octobre 1906 à Dijon. Il est alors affecté au Blanc, au 68ème RI, à compter du 5 octobre de l’année 1906. Se rengageant plusieurs fois, il évolue dans la hiérarchie militaire, en 1912, il devient sergent-fourrier.

Portrait
Aout 1914, le conflit l’emmène au front, où il passe adjudant le 24 septembre 1914. Le temps passe et le régiment arrive en Belgique dans le secteur d’Ypres. L’adjudant Alexandre DOIT commande alors une section de mitrailleuses.
Le 68ème RI et le reste du 9ème corps mènent des combats acharnés autour d’Ypres. Le 6 novembre, au devant de Zillebeke, l’adjudant DOIT est blessé en défendant jusqu’au bout sa section de mitrailleuses.
Ramassés par les assaillants ennemis, il décède le 8 novembre à Ten Brielen, en arrière de la ligne de front allemande.

CarteHommage
Plus tard, l’adjudant Caillaud du 68ème RI rédigea un procès verbal où il témoigne de ce qu’il a vécu :
Le 6 novembre 1914 à Klein Zillebeke, vers 14 heures après un bombardement de 5 heures les allemands ont attaqué nos positions violemment
La compagnie qui se trouvait à droite de la section de mitrailleuses que commandait l’adjudant Doit dut céder le terrain sous la violence de l’attaque allemands. La section de mitrailleuses fut attaquée à la fois de face et de flanc, les mitrailleurs dirent à l’adjudant Doit que pour sauver les pièces
 il était temps de se retirer mais l’adjudant Doit repondit que sa place était ici il ne devait pas partir et il ordonna de tirer jusqu’au bout mais ne reculez pas. Et montrant le plus bel exemple de bravoure et de mépris du danger en restant debout malgré la fusillade et continuant à encourage ses hommes et à diriger le feu de sa section.
ais malgré sa bravoure et celle de ses hommes, les allemands pénétrèrent dans la tranchée par la droite Les servants se firent tuer à plutôt que de se rendre.
L’adjudant Doit dut subir le même sort  car bientôt il fut atteint à la tête et à la poitrine et s’affaissant aussitôt. C’est ce que j’ai vu de moi-même et les renseignements que je puisse vous donner.


Blessé à Klein Zillebeke, déclaré décédé à Ten Brielen, l’adjudant DOIT fut donc emmené blessé à l’arrière et décéda vraisemblablement dans une ambulance allemande. Il connut alors une sépulture décente. Son corps fut rapatrié ensuite à Saint Charles de Potyze.

0___S_pulture_d_Alexandre_DOIT
L’adjudant DOIT, pour ses faits d’armes, obtint la Croix de guerre.

 

Tombé le 6 novembre 1914 dans le secteur de Zillebeke (Belgique), l’adjudant Alexandre DOIT du 68ème RI a accompli son devoir jusqu’au bout, jusqu’à son propre sacrifice.

Portrait2
A l’arrière, au Blanc, la ville de garnison n’apprit le décès que plus tard. Il fallut attendre un an et demi pour que le régiment rende un hommage officiel à son ancien adjudant.
Le 2 avril 1916, la presse locale relatait un événement qui ce jour-là prit une teinte particulière.

Jeudi dernier a eu lieu dans la cour de la caserne du Blanc une prise d’armes pour la remise d’un certain nombres de décorations.
Cette cérémonie a eu un caractère particulièrement émouvant.
Pour la première fois le fanion du 3e bataillon, merveille de broderie , offert par les dames du Blanc et décoré de la Croix de Guerre, a été présenté aux troupes.
Ce qui a excité une vive émotion, ce fut la remise de la Croix de Guerre à Madame genet, qui a reçu sur le front des troupes ce glorieux témoignage de l’héroïsme de son mari, lieutenant au 68e.
Deux soldats, morts en braves devant l’ennemi ont été représentés par leurs pères, MM. Cler et Joubert, à qui le commandant Legay a remis l’insigne commémoratif de leur courage.
Mais l’émotion a été portée à son comble par la présence d’une fillette de six ans. Simone Doit, qui a reçu la Croix de Guerre au lieu et place de son père, mort au champ d’honneur. Dans toute l’assistance civile aussi bien que dans les rangs des troupes, les yeux se sont mouillés de larmes.
En rappelant chaque citation, M. le commandant Legay a su trouver de mâles et nobles paroles pour faire ressortir l’héroïsme de ces braves.

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Simone DOIT, lors de la remise de décoration


Extrait de l’ordre de la Brigade n°19 :
Le colonel Lasson, commandant la 33e brigade d’infanterie cite à l’ordre de la brigade ;
DOIT Alexandre, Adjudant, C.H.R. du 68ème régiment d’infanterie.
« Sous-officier d’un sang-froid et d’une bravoure remarquables qui, dès les premiers engagements auxquels le régiment a pris part, a su donner à ses hommes le plus bel exemple du devoir. Est tombé glorieusement le 6 novembre 1914, au combat de Z… [Zillebeke], à la tête d’une section de mitrailleuses dont il dirigeait le tir avec la plus grande crânerie, pendant un furieux assaut de l’ennemi contre nos lignes. »
Signé : LASSON.

CaptureMM_AlexandreDoit_JO1919
La citation d'Alexandre DOIT donnant droit à Croix de Guerre et Médaille Militaire à titre posthume
20 décembre 1919 - Journal Officiel (sources Gallica)


Merci à Bernard Sarges pour la documentation familiale
Sources : Documentation personnelle. Droits réservés. - Indépendant du Berry (1916) et Journal Officiel http://gallica.bnf.fr/

7 mars 2014

Ah! les bonnes marraines!

Le journal "XIXe Siècle" dans son édition du 17 février 1917, reprend un canular publié dans un numéro du Bochofage, le journal de tranchées du 68ème RI dont le rédacteur était André Charpentier (1884-1966) qui fut ensuite rédacteur au journal "Le Matin":

Un journal du front, le Bochofage, raconte qu'un chasseur avait écrit à sa marraine: "Je voudrais bien un béret avec un cor de chasse". Le cor de chasse, comme on sait, est l'insigne qu'arborent les chasseurs sur leur coiffures et leurs vêtements.

La bonne marraine eut un mouvement d'étonnement. Le béret, passe, mais un cor de chasse! Cet instrument de musique lui semblait superflu dans les tranchées. Pourtant, elle ne voulut pas contrarier le désir de son filleul. Avec le béret, le filleul reçut un superbe cor de chasse ... Il n'en est pas encore revenu de sa surprise.

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Le bandeau du Bochofage.

Sources: Collection de l'auteur et Gallica

19 février 2014

Le copain de régiment de Marcel Guéret

Voilà un message que certains connaissent déjà puisqu'il s'agit d'une réactualisation d'un message de 2011.

Si vous pouvez aider à identifier le copain de Marcel Guéret, qui se trouve à droite sur le cliché, vous rendriez un service à Philippe qui a bien voulu partager ses documents familiaux.

Merci d'avance, merci pour Philippe, merci pour Marcel et son copain de service.
Qui ne tente rien, n'a rien.

 

Parfois, on recherche des aiguilles dans une meule de foin, mais c'est cela qui fait l'intérêt de nos petites recherches.
Par l'intermédiaire de Christophe, l'auteur du blog du 409e, j'ai été récemment contacté par Philippe qui effectue des recherches sur son grand-père.

A partir du livret militaire de celui-ci, on peut déterminer que Marcel Guéret est originaire de Boismé (Deux-Sèvres), il y est né en 1893. Il a effectué son service au 68ème RI et y a fait l'entrée en guerre.

Suite à une blessure, ce dernier fut évacué pour guérison et réaffecté au 409ème RI.

005_1

Son livret nous indique qu'il fut blessé la 30 aout 1914 d'une balle à la cuisse lors de la retraite et d'un éclat d'obus au mollet gauche, le 1er novembre 1914 dans le secteur d'Ypres.

La demande de Philippe concerne une éventuelle identification du copain, qui pose fièrement avec lui sur une carte photo datée du 13 mars 1914
Si dans vos albums de photos, vous reconnaissez le personnage de droite, n'hésitez pas à vous signaler.

RI068_GueretMarcel_DuoBaionnette_ExtraitMarcel Guéret (à gauche) et son copain du 68e

Marcel Guéret finira le conflit comme caporal, titulaire de la Croix de Guerre et de la Médaille militaire.

Merci à Philippe Talon pour m'avoir ouvert les archives familiales
Sources photo: Collection personnelle - droits réservés

Salut au 409ème

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