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Indre 1914-1918 - Les 68, 90, 268 et 290e RI
268e ri
15 janvier 2015

Le triste bilan de 1914

Il est temps de faire le bilan de l’année 1914.

Dans le courant de l’année 2010, j’avais diffusé des données statistiques sur les pertes globales des régiments du département, mais aujourd’hui intéressons nous uniquement aux pertes de l’année 1914 concernant les 4 régiments d’infanterie basés dans le département de l’Indre. 2 sont dits d’active (68 et 90e R.I.) et 2 sont formés à la mobilisation et sont dits de réserve (268 et 290e R.I.).

Les origines des MPF des régiments indriens

Ce travail n’aurait pu se faire sans le dépouillement systématique des fiches présentes du le site «Mémoires des Hommes» et qui me prit tant de temps, il y a quelques années et d’ailleurs je mis tout autant de temps à saisir celles-ci  au sein d’une base de données afin de pouvoir les exploiter. Une telle étude aurait pu être complétée avantageusement par un dépouillement des fiches matricules, mais la mise en ligne sur le site des Archives Départementales de l’Indre n’est pas encore effective.

Portons quelques précisions sur la période étudiée. En effet, nous ne nous intéressons ici qu’aux pertes de l’année 1914. Sachant que les régiments de l’Indre furent mobilisés dès le 2 aout, nous avons donc 152 jours entre la mobilisation et le 31 décembre 1914.

CaptureNbrePertesRégiments

Si nous comparons les pertes de ces 5 premiers mois avec le total lié au conflit, il est aisé de visualiser la prépondérance de ces pertes 1914 vis-à-vis des pertes globales.

Répartition1914_Conflit

CaptureTableauPertesMDH

Les combats de l’année 1914 (152 jours) représentent 9, 73% du temps que dura le conflit (1651 jours) alors que la proportion des pertes est tout autre. Les graphes suivants permettent de visualiser les taux de pertes. On note ainsi que les pertes des régiments en 1914 varient entre 29,6 et 41,9% des pertes globales (1914-1918).

CapturePertes

Les taux de pertes sont supérieurs au sein des 2 unités de réserve vis-à-vis des unités d’active. Afin de comprendre les différences, il est intéressant de regarder les causes de décès des soldats.

CaptureCausesPertesRégiments

Au sein des unités de réserve, les soldats sont de classes d’âge plus anciennes et de plus, les effectifs sont moindres. Ces unités sont alors structurées autour de 2 bataillons contrairement aux unités d’actives organisées en 3 bataillons.

Malgré des effectifs moindres, on note que les cas de maladies sont aussi nombreux que dans les unités d’active pour le 268ème R.I. et carrément de plus du double pour le 290ème RI. Malgré le fait que je n’ai pu avoir accès aux fiches matricules, sur les 92 fiches « Maladies » du 290e R.I. issues de Mémoires des Hommes, 47 sont liées à l’épidémie de typhoïde à laquelle l’armée française fut confrontée à partir de la mi-octobre 1914. Au 268ème, la proportion est d'un tiers de cas de typhoïde et ce sur la même période.
Les combats se tenant désormais sur une ligne de front statique, au sein de tranchées souvent insalubres. De plus, malgré les périodes de rappel pour exercice, les classes anciennes sont plus impactées par les conditions générales de vie au front. L’utilisation de ces unités comme troupe de première ligne n’était d’ailleurs pas dans les prévisions de l’armée française et l’usure se fit plus rapidement sentir.

Quels furent les secteurs de combat concernés et leur tribu humain ?

CaptureSecteursPertesRégiments

D’abord en position de couverture dans le Grand Couronné de Nancy, les 2 régiments d’active (68 et 90e) vont sur les Ardennes où le grand choc se produit. Le 68ème RI est particulièrement touché du fait de sa position en avant-garde lors de la rencontre avec les troupes ennemies.
Pendant ce temps, les 268 et 290e RI restent aux alentours de Nancy, avec la 18e Division, et résistent à la pression de l’armée allemande.
Le 9e Corps d’Armée (C.A.) est reconstitué lors de la bataille de la Marne où il résiste à l’avancée de la Garde, aux alentours des marais de Saint-Gond. Fin septembre, la guerre de position s'installe, pour le 9e CA, dans le secteur de Prosnes, au nord de la Marne.
A la fin octobre, le Corps d'Armée est envoyé en renfort de l’armée anglaise dans le secteur d’Ypres où il restera jusqu’en mi-1915.

Pour plus de précisions, les pertes indiquées « Zone des armées » correspondent principalement aux pertes dues à la bataille d’Ypres (Flandres belges), mais dont les évacuations eurent lieues dans les hôpitaux du département du Nord ou du Pas de Calais (entre autres) et non pas été assimilés avec ceux qui sont dans la rubrique "Intérieur".

Intéressons à l’origine des soldats qui décédèrent lors de ces 152 jours de la fin de l’année 2014. Reportons sur une carte, régiment par régiment, les départements de naissance des soldats « Morts pour la France »

 

France_location_map-Departements_1871-1914_RI068 France_location_map-Departements_1871-1914_RI090

France_location_map-Departements_1871-1914_RI268 France_location_map-Departements_1871-1914_RI290

Sans réelles surprises, nous constatons la régionalisation des unités, celle-ci correspond peu ou prou aux zones des bureaux de recrutement.

Capture10_BureauxRecrutement

Les 68 et 268ème R.I. mobilisés au Blanc (Indre) sont principalement composés dans l’ordre de Poitevins, Tourangeaux et Berrichons. Au contraire, les 90 et 290ème R.I de Châteauroux regroupent principalement des Berrichons.

 

Pour aller plus loin sur ce thème, je conseille la lecture de 2 ouvrages indispensables pour tous ceux qui s’intéressent au sujet et souhaitent approfondir la thématique:

  • « Armée, Guerre, Société – Soldats Languedociens 1889-1919 » de Jules Maurin réédité 2013 aux publications de la Sorbonne
  • « La France devant la conscription – Géographie historique d’une institution républicaine 1914–1922 » Philippe Boulanger Editions Economica 2001
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7 avril 2014

Une "Formicidae" argentique et intrusive

Même s'il était interdit de prendre des photos lors des séjours en première ligne, de nombreux photographes amateurs prirent des clichés de la vie des combattants. Bon nombre d'entre eux furent des officiers, bien souvent du fait de la statut social et de leur niveau de revenu.

Parmi eux, le lieutenant Jabien de la compagnie de mitrailleuses du 268ème RI, il nous laissa plusieurs dizaines de clichés.

Parfois, des intrus apparaisent de manière impromptue, telle cette fourmi au profil négatif.

CaptureJC

 

Collection de l'auteur

31 janvier 2014

Rolland Jules - 268e RI - "4 jours de misère"

Suite à l'appel lancé récemment, Huguette m'a transmis une des cartes qu'elle possède et qui concernent ces aieux. Plus précisement, il s'agit de Jules Rolland qui était au 268ème Régiment d'Infanterie, à la 21ème Cie très précisement.

Le verso de cette carte est typique de ce qui fait le charme de l'analyse de ce type de document. Nous avons là, un fragment de vie rapporté par un des acteurs de ce conflit.
Le texte de la carte se suffit à lui-même.

Commençons par l'analyse (succinte) du recto

Loos_PuitsMine

Le cliché représente l'intérieur d'un des nombreux puits de mine du secteur au devant de Loos en Gohelle. Il occupait ce secteur depuis octobre 1915.
Après cette période à Loos et dans son secteur, le 268ème RI, début janvier 1916 quitte le secteur et part occuper des positions aux environs d'Aix, d'Angres. Il prend alors position plus précisement dans le secteur du Bois en Hache.

Passons maintenant au verso:

RollandJules_Carteverso1

1er Février 1916

Chère Cousine
Je répond à la carte qui m'a fait bien plaisir de vous savoir tous en bonne santé, moi aussi je me porte très bien pour le moment, voilà 8 jours que nous sommes au repos, nous allons rentré ce soir dans ses maudites tranchées pour 4 jours, ca va être 4 jours de misère, enfin espèrons que ca se passera encore bien, au revoir chère cousine et bonne santé à vous tous, ton cousin qui vous aime et vous embrasse de bon coeur Jules Rolland
268e 21e Cie Secteur Postal 66

Si le texte est simple, il n'en est pas moins touchant par son "nous allons rentré ce soir dans ses maudites tranchées pour 4 jours, ca va être 4 jours de misère,".

Un petit tour par le Journal de Marche régimentaire nous permet de confirmer les informations transmises par Jules.

SHDGR__GR_26_N_733__003__0081__T

1er février 1916 :
Travaux de la nuit du 31 janvier au 1er février : L’équipe spéciale du 268e a posé entre les tranchées Sébastopol et Solférino 28 chevaux de frise confectionnés sur place. A Solférino, la tranchée de liaison entre les postes 1 et 2 a été continuée. Travaux de réfection habituels pour les Cies. La section du régiment a terminé la tranchée commencée la nuit précédente sur une longueur de 60m. La tranchée a été étayée avec du grillage dans toute sa longueur.
Quelques bombes ont été tirées par les Allemands dans la matinée. Nous avons répondu par des tirs de notre artillerie de tranchée, appuyée par le 75.
A partir de 19h30, le bataillon du 268e (6e) relève le bataillon du 290e dans ses emplacements du sous-secteur Nord. Le 5e bataillon cantonné à Hersin a relevé à 19 heures les Cies du 6e bataillon (2 Cies à Aix et 2 Cies à Sains)
La relève des Cies en 1ère ligne s’effectue sans incident et est terminée à 21h30.
Emplacement des Cies du régiment : 24e Tranchée Solférino, 21e Tranchée Jeannerod, 22e Tranchée Ferracci, 23e en réserve. 17e et 20e à Aix-Noulette 18e et 19e à Sains.
Les sections de mitrailleuses ont été relevées dans les conditions habituelles par les éléments de la C.M.R. du 290e et de la C.M.B.2.

 

Si Jules Rolland survivra au conflit, au Bois en hache, il n'en fut pas moins blessé à la Cote 304, le 28 avril de cette même année. L'impossibilité d'accèder aux fiches matricules, actuellement en numérisation, aux AD36, nous empêche malheureusement d'en savoir plus.

 

Grand merci à Huguette Nicole pour m'avoir ouvert ses archives

Sources: JMO 268e RI SHD 26N733

25 novembre 2013

Les jeux macabres des "trompe-la-mort" du 268e

Je dépouille au fur et à mesure les photos des albums du lieutenant Jabien de la Compagnie de Mitrailleuses du 268e Régiment d'Infanterie. J'essaye de légender toutes les photos et de leur redonner un sens. Gaby Jabien (soeur dudit Lieutenant) collecta toutes les photos, mais n'en légenda aucune et les disposa dans l'album sans repère chronologique et dans le désordre.

Il y a peu, un cliché m'a interpellé non par la présence de soldats en charmante compagnie, mais par la mise en scène utilisée:

JeuxMacabres

De prime abord, nous avons là un groupe d'au moins 3 officiers. Il est difficile d'identifier le grade du 4e (3e personnage en partant de la gauche), et vraisemblablement du 268e RI, ainsi que deux jeunes femmes, sans compter l'auteur de la prise de vue. Le lieu de cette prise de vue est situé dans un lieu boisé (Parc, Forêt, .. ?)
Qui sont les deux jeunes femmes? Pas évident à déterminer, si ce n'est que l'une d'elles (à droite) porte un tablier et que les deux ont un châle posé sur leurs épaules.

 

Avec de tels indices, me direz-vous, quel est l'intérêt de ce message?
Cet intérêt, donc, est la présence d'un simple baton sur lequel trône un autre personnage. La Mort

Jabien0012_3

Que vient faire ici ce crâne perché au bout d'un sceptre de noisetier? S'agit-il là d'un jeu de fanfarons ayant tellement cotoyés la Mort au combat, qu'ils la dédramatisent autour d'un jeu macabre. Nos "Trompe la Mort" ont-ils trouvé là une méthode pour impressionner ces demoiselles?

Dans le bas de la photo, deux objets sont intrigants:

Jabien0012_2

S'agit-il, comme je le présume, d'une paire de bottes (équipements allemands, les Français étant équipés de brodequins)? Leur présence ne me semble pas anodine.

Nous avons là, au final, la mise en scène d'une profanation du corps de l'ennemi. Il s'agit très certainement d'un exutoire à la violence cotoyée quotidiennement.

Ce cliché n'est pas sans me rappeler le témoignage de Raymond Rollinat à propos du soldat Ernest Baudet du 290e RI et son allusion au corps de l'ennemi

Je laisse tout ceci à votre perspicacité, n'hésitez pas à me faire part de votre interprétation du cliché.

Merci à Arnaud Carrobi pour ses bons conseils

7 novembre 2013

Louis GALLIEN. « Il doit être maintenant en Belgique, mais je ne sais pas encore son adresse. »

Alors qu’en mai dernier, nous nous étions intéressés à Henri GALLIEN. Aujourd’hui, en cette période lancement du Centenaire 14-18, veille de week-end de 11 novembre, je vous présente son frère ainé Louis.

Louis GALLIEN est né le 6 août 1879 à Azay le Ferron (36) au lieu dit Fouillaumin, il est le fils de Louis et de Marie Brault. Il est le 4ème enfant d' une fratrie de cinq.

  • Pierre, né en 1868,
  • Louise Joséphine, née le 26 juillet 1872,
  • Rose Silvine, née le 1er septembre 1875
  • Louis, né le 07 août 1879
  • Henri, né le 25 juillet 1982.

Lors de son service militaire et lors de périodes successives, Louis a un beau parcours :
Incorporé le 16 septembre 1900 comme soldat de 2ème classe au 32e R.I.
Il est Caporal le 19 novembre 1901, puis Sergent le 27 septembre 1903 pour être renvoyé à la vie civile le 19 septembre 1903 et le 4 janvier 1910, il devient adjudant de réserve, il dépend toujours du 32e R.I.

En 1904, alors qu’Henri est au service militaire, Louis se marie avec Hélène Bertrand le 3 octobre à Perrusson (37 ), il a alors 34 ans et exerce la profession de meunier à Chambourg (37).

En 1905, le 17 juillet, nait leur premier fils à Perrusson qu'ils appelleront Hubert Edmond Louis. Le 5 mars 1912, leur deuxième garçon Didier nait au Tanger (36).

Son registre matricule nous apporte pas mal de renseignements :
De taille assez grande 1m75 , brun avec des yeux gris, un degrés instruction de niveau 3,

 En août 1914, il est mobilisé au sein du 268e R.I. du Blanc et suit le parcours du régiment jusque dans les Flandres, en avril 1915, où il tombe au combat. Le 22 avril 1915 donnera lieu à de terribles combats dans la région d' Ypres en Belgique, date à laquelle on été utilisés les premiers gaz moutarde, ou aussi nommé parfois ypérite (venant de la ville d' Ypres en Belgique). A 17 heures, 180 tonnes de chlore seront libérées sur un front de 6 km. La mortalité des intoxiqués s' élevera à 40% en avril 1915.
Le 268e R.I., avec le 290e, sont rappelés du nord de la France pour renforcer les lignes décimées de la région d4Ypres et afin de reprendre le terrain à l’ennemi.

Voici les derniers moments de la vie de Louis transcrit dans les JMO du 268 ème RI:
Les sections du sous-lieutenant Marcille et de l' adjudant Gallien pour le 268ème et la section Sueur, du 9ème zouaves, sont désignées pour donner l' assaut à la baïonnette.
A 17h38, le tir d' artillerie commence; il s' accélère à 17h57 et fait disparaître les tranchées allemandes dans une épaisse fumée.
A l' heure fixée, (18 heures), le capitaine Gire donne le signal. tous les hommes bondissent, baïonnette haute, et se perdent dans la fumée des éclatements, tandis que l' artillerie allonge son tir.
Nos troupes font au pas de course les 300 mètres qui les séparent de la tranchée ennemie sans subir de pertes sérieuses; mais arrivées près du parapet, elles sont reçues par une avalanche de bombes qui , instantanément, frappent mortellement le sous lieutenant Marcille, l' adjudant Gallien …

SHDGR__GR_26_N_733__002__0060__T_Num

Sources JMO 268e RI _SHD

Sa sépulture n’est pas connue, il repose donc en terre de Flandres, mais sur le monument aux morts de Clion, on retrouve trace de Louis Gallien.

Clion

Ses deux fils Hubert et Didier seront reconnus pupilles de la Nation le 6 juin 1918 à Châteauroux (36)
En 1920, Louis, tombé en avril 1915, reçu à titre posthume la Médaille Militaire et la Croix de Guerre avec étoile de bronze. Il lui fut attribué la citation suivante :
Avec comme citation: "Adjudant courageux qui a fait vaillamment son devoir. Tombé glorieusement  pour la France le 29 avril 1915 en Belgique "

 

MMGallien

Le hasard faisant bien les choses, surtout pour celui qui cherche,.
Mickael a mis la main sur cette correspondance. Elle fut trouvée le 29 avril 2013, soit 98 ans jour pour jour après le décès de Louis et fut postée 3 mois avant le décès de ce dernier. En voici un extrait:

CourrierLeontine

 

Hélène décèda le 26 janvier 1950 à St Cyran du Jambot (36) et fut enterrée avec sa mère et à coté de sa sœur (Léontine) qui était aussi veuve de guerre.

 

Merci à Mickael pour ses recherches et pour m'avoir ouvert ses archives familiales.

pensez aux "Bleuets de France"

Source: Externe

Sources :
Documentation de l'auteur.
Archives Mickael Chaffin
JMO 268e RI - SHD -Ministère de la défense

 



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6 février 2012

Alexandre Lavalette (268e RI) Henri Clémenceau (9e train)

Les sites dédiés aux régiments indriens et à leurs soldats sont peu nombreux, alors je vous fais profiter de deux récentes trouvailles:

Tout d'abord commençons par le 268e RI. Afin de présenter son activité professionelle, un généalogiste détaille son activité au travers de la description du parcours d'un aieul, Alexandre Lavalette. Au fil des pages, nous suivons donc le parcours du forgeron de Millac (86) jusqu'à la Nécropole de Sarrebourg. On notera, au passage, la photo qui permet d'admirer une copie de képi 1884 du 268e

l_dscf2453http://arbredalexandre.free.fr/index1.html

 

L'autre découverte concerne une unité sur laquelle je possède malheureusement peu d'informations: le 9e Escadron du Train des Equipages.
Sur un site familial, on découvre Henri Clémenceau, fils de meunier de Saint Florent le Vieil (49), celui-ci est mobilisé au 9e ETE et meurt en 1916 de maladie, à Cholet (49)

ETE009_MPLF_ClemenceauHenriPierreJosephhttp://clemenceaudupetitmoulin.centerblog.net/2772279-Henri-Clemenceau-1887-1916


http://clemenceaudupetitmoulin.centerblog.net/6573405-henri-clemenceau-du-moulin-de-la-rielle

 

Sources photos:
http://arbredalexandre.free.fr/index1.html
Mémoires des Hommes

31 décembre 2011

Bonnée Année

31 décembre 1915

Le Général Curé a réuni ce soir les officiers de la 304e Brigade. Je pensais bien que ce n'était pas seulement pour nous souhaiter la bonne année!

Nous allons remplacer le 21e Corps dans un terrain bourbeux où les tranchées sont noyées, et nous y resterons du 4 janvier à la fin du mois. Naturellement, il compte sur le bon esprit, le dévouement ... et patati et patata ...
Un officier d'état-major nous aglissé quelques tuyaux: comme il n'y a presque plus de tranchées, les deux camps ont établi une entente. "On peut sortir, se promener, on ne tire pas. On prend même le café ensemble ... mais çà il ne faudra pas continuer ... Ah! J'oubliais, on vise les officiers quand on peut les reconnaitre; la trêve n'existe que pour les soldats". Bon! il faudra voir ... Les états-majors n'ont pas été vérifier!
Ce coin là s'appelle le "Bois en Hache"

Sources: Maurice Laurentin - Carnets d'un fantassin de 1914 - Arthaud 1965

24 décembre 2011

La vengeance de la 1ère ligne.

Dans le message précédent, nous avons vus les rapports parfois difficiles entre les combattants de 1ère ligne et ceux du proche arrière. Mais parfois, ceux du front ont leur petite vengeance.

21 février 1916:

Comme je racontais cette petite histoire au lieutenant CHIBOUT, il me répondit en riant: "La tranchée nous venge! Un capitaine d'Etat-major est venu, il y a une huitaine. juste à son arrivée, une torpille est lancée des lignes boches ... Je lui montre l'engin, qui arrivait vers nous en tanguant dans l'air: "Attention, une torpille, couchez-vous!" Il s'est étendu dans la boue avec un empressement qui me ravit: "Attention, elle va éclater". Le malheureux se replongeait dans la vase ... dès que la torpille eut éclaté, il déguerpit, sans demander son reste ... Sa mission était terminée".

Sources: Maurice Laurentin - Carnets d'un fantassin de 1914 - Arthaud 1965

17 décembre 2011

L'amertune de l'officier de troupe

Si la rancoeur des soldats du front vis à vis de l'arrière est connue, il est plus rare de relever celle des officiers de troupe de 1e ligne vis à vis de ses collègues des Etats-major.

Maurice Laurentin, alors Capitaine au 268e RI, nous rapporte ceci dans ses "Carnets d'un fantassin de 1914":

20 février 1916:
Nous voici de nouveau aux arrières. Je n'ai pu trouver pour le Colonel qu'un cellier pour logement, tant les services de la Division ont pris leurs aises dans le château et les maisons du village.

N'allez pas demander un service à ces officiers. Est-ce insolence de breveté? Est-ce honte d'embusqué devant un officier de troupe? Lorsque j'entre, pas un des cinq officiers (Un chef de bataillon et quatre capitaines, tous décorés, Légion d'Honneur et Croix de Guerre), ne se lève. Mes galons sont, de fait, moins brillants sur ma capote que sur leur tunique. Pas un ne m'offre un siège. Je salue. J'attends que les conversations de ces messieurs soient terminées, puis je place ma demande de renseignements. celui à qui je m'adresse m'envoie à une autre table où un autre capitaine, plongé dans les velours de son fauteuil, me répond, sans en rien savoir, que la circulaire que j'invoque est annulée, et me congédie.

Sources: Maurice Laurentin - Carnets d'un fantassin de 1914 - Arthaud 1965

21 septembre 2011

Une fratrie au régiment du Blanc - Les 4 frères Souchaud (3)

La fratrie Souchaud, originaire des Adriers, est composée de 4 fils qui combattirent pendant le conflit. Deux messages précédents nous permirent de présenter Denis et Pierre.

Le message de ce jour nous permet de rencontrer Louis, le 3e frère, lui aussi mobilisé au 268e RI.

Louis SOUCHAUD naquit le 25 février 1885 aux Adriers. A 20 ans, il est cultivateur et est déclaré comme grand pour sa génération. Il mesure 1m73.

De 1906 à 1908, il effectue son service militaire au 68e du Blanc (36). Il retourne à la ferme familiale le 25 septembre 1908.

Après une période, courant 1911, il est rappelé le 5 aout 1914 pour la mobilisation et part avec le 268e RI. Il suit le régiment tout au long du conflit jusqu’à la date fatidique du 21 janvier 1916. Le régiment est alors en Artois, dans la région d’Aix-Noulette, dans le secteur Nord du Bois en hache plus précisément.

JMO268_SectNord_BoisEnHache1

Il est à noter que Louis était affecté au même bataillon que son frère Denis (2e section de la 21e compagnie du 6e bataillon)
Voici ce que rapporte le Journal de marche du 268e pour ce 21 janvier 1916 :

21 janvier 1916
La nuit se passe sans incident. Vers 11h30, eut lieu un bombardement sur le fortin de Sébastopol occupé par la 21e Cie qui donna lieu aux événements racontés par le Cdt de la Cie dans le rapport ci-après :
« Le bombardement par bombes de gros calibre a commencé vers minuit. En peu de temps une dizaine de projectiles tombèrent près du poste 3 du fortin Sébastopol. A 7 heures, nouvelles bombes qui endommagèrent sérieusement le boyau d’accès au fortin Sébastopol que nous venions de remettre en état. Vers 10 heures, le bombardement a repris avec violence et les bombes tombèrent à de petits intervalles sur le boyau cité plus haut et sur la tranchée de Souchez.
« A ce moment, là, un lieutenant du 2ème d’artillerie se trouvant à mon poste de commandement pour prendre des renseignements, se porta en avant pour tâcher de voir d’où venaient ces bombes. L’ennemi raccourcit alors son tir. Me portant au fortin Solférino, je guette leur départ. J’en vis partir ainsi deux que, suivies des yeux, je vis tomber successivement sur la tranchée Sébastopol. Ayant repéré exactement l’emplacement du canon ennemi (D21, derrière un talus, près d’un buisson touffu), je reviens, et, près de mon poste, le sous-lieutenant Sécheresse me rendit compte de l’accident. Je préviens aussitôt le chef de bataillon et lui communiquai les renseignements au fur et à mesure que je les eus. Une de ces bombes était tombée à l’entrée d’un abri-caverne dans la tranchée de Sébastopol. L’entrée fut détruite du haut en bas par l’explosion, et quinze hommes restèrent ensevelis dans l’abri désormais sans issue. Sous la direction su Sous-lieutenant Sécheresse, les travaux de déblaiement commencèrent activement. Les hommes effrayés par ces explosions comparables au 210, s’étaient dispersés. Cet officier les groupa vivement en 2 équipes, l’une travaillant à dégager l’entrée obstruée, l’autre cherchant à se frayer un passage à travers les terres éboulées à l’intérieur. Le but du travail fut d’abord de faire un trou pour permettre à l’air d’entrer dans l’abri et éviter l’asphyxie.
Le travail avait commencé à 11h30 et ce n’est seulement qu’à 14h30 que le trou fut fait. Avec peine, on agrandit l’ouverture et le déblaiement fit découvrir des cadavres, entre autres celui du sergent Pillot et celui d’une hommes.
A 17h15, l’ouverture assez grande laissa passer les hommes blessés légèrement dont 2 caporaux. Ensuite après avoir été panser par les sous-lieutenants Julien et Sécheresse qui se dévouèrent pour aller le chercher dans l’abri, le caporal Blanchard, grièvement blessé, fut hissé avec précautions, travail très dangereux étant donné l’état des terres.
Durant les travaux de déblaiement, l’artillerie nous prêta le concours le plus efficace en obligeant l’ennemi à se taire et en lui causant certainement beaucoup de dégats.
La deuxième bombe citée plus haut, met en miettes un abri de la 3e section et probablement aussi 3 hommes qui devaient s’y trouver vraisemblablement car, en cherchant leurs corps, on ne retrouva que des débris maculés de sang.
D’autres bombes bouleversèrent la tranchée systématiquement.
L’état de la tranchée Sébastopol est lamentable. Elle est bouleversée de fond en comble sur une longueur d’environ 50 mètres. Cette nuit sera passée à la remettre en état.
Vers 18 heures, une nouvelle bombe est tombée, blessant 2 hommes dans la même tranchée.

Etat Nominatif des officiers – sous-officiers – caporaux et soldats tués, blessés ou disparus le 21 janvier 1916 :
5 tués, 8 blessés, 3 disparus

RI268_JMO_SouchaudLouis

Le corps de Louis ne fut jamais retrouvé, l’abri dans lequel il se trouvait avec deux de ses camarades d’arme fut pulvérisé.

Merci à Kévin Souchaud pour m'avoir ouvert les archives familiales
Sources photo: JMO SHD (268eRI)

 

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