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Indre 1914-1918 - Les 68, 90, 268 et 290e RI

1 août 2022

A Châteauroux, Le Blanc, Ardentes, Argenton et Eguzon: Les témoins de la mobilisation d'août 1914.

En novembre 2014, un cycle de conférence se tint à Châteauroux sous l’égide du Centre de recherches, d'études et de documentation de l'Indre (CREDI). Jean Pierre Surrault, président du CREDI, me confia la lourde tâche de faire l’ouverture de la journée, en ayant pour mission de présenter la mobilisation militaire d’août 1914. Après en avoir écouté la captation audio qu'un ami et collègue en avait fait, je me suis replongé dans les témoignages d'alors. Ce fut très rapide car, ceux-ci sont peu nombreux et de plus, sont assez brefs. Ils méritent cependant une mise en valeur.
La conférence avait fait l’objet d’une publication en 2016, au travers d’un ouvrage reprenant les versions écrites de chaque intervention. Je ne vais pas reprendre ici mon texte d'alors, mais juste en extraire la partie liée aux témoignages, juste histoire de hûmer et d'apprécier le parfum de cette période.

Le 1er août 16h00, un télégramme annonçant la mobilisation pour le lendemain est envoyé par le Ministère de la Guerre. Les unités militaires sont destinatrices de ce télégramme qui est aussitôt transmis au chef de corps.

Capture21_JMO90eRI
L'arrivée du télégramme à la caserne Bertrand de Châteauroux- SHD Journal de Marche du 90eRI 

 

En parallèle, ce télégramme est envoyé dans toutes les brigades de gendarmerie de France, chaque brigade de gendarmerie correspondant à un canton. Aussitôt, les gendarmes sortent de leur coffre-fort les enveloppes contenant les consignes à tenir en cas de mobilisation générale.
Dans cette enveloppe, les gendarmes trouvent un certain nombre d’affiches qui sont à placarder dans les communes desservies par la brigade. L’affiche de la mobilisation est accompagnée de celle ayant trait aux réquisitions. Avant d’être placardée par les gendarmes, l’affiche, d’un type imprimé en 1904, est complétée de la date effective de la mobilisation.
Une fois avertie soit par télégramme ou par les gendarmes, les municipalités font sonner le tocsin pour avertir les habitants du drame se jouant.

A propos de l'arrivée dudit télégramme dans les communes et de l'apposition des affiches de mobilisation, il est intéressant de se reporter aux documents mis en ligne par le site "Le Blanc 1418 à travers les archives"

CaptureTelegrammeLB CaptureAfficheLB
Extraits sources:  "Le Blanc 1418 à travers les archives"
Cliquez sur les images et profitez-en pour regarder en amont et en aval du message du 2 août

En même temps, du côté d'Ardentes et de Châteauroux, voici comment Eugène Hubert, l’archiviste départemental, décrit la situation :

P1060970
Notes Eugène Hubert AD36 R971

"Samedi 5 heures du soir - Ardentes. Proclamation de la mobilisation : vicaire d'Ardentes sonnant du clairon ; un des chantres, Aucouturier, en bras de chemise, battant du tambour, suivi d'une troupe de gamins ; le tocsin... Tristesse générale ; groupe de femmes les yeux mouillés de larmes, grande résignation, grand élan parmi les groupes d'hommes... Idem à Châteauroux. Temps superbe, sur la route d'Ardentes à Châteauroux, les moissons à peine commencées, trois faucheuses mécaniques seulement aperçues sur la route. Vers Clavières, à 5 heures, un conducteur de machine me dit « on prend mes chevaux après demain » (donc il était déjà avisé de la réquisition).
Châteauroux, samedi soir, voir Journal du Centre. Grand enthousiasme sur la place, retour de la retraite au flambeau, cris nourris de « Vive l'armée, etc ». Entrain admirable.
Samedi - Il est arrivé à Châteauroux, depuis midi jusqu'au soir, une quantité considérable de trains de voyageurs, venant de Paris, les vigies, les water-closed, les fourgons, pleins de voyageurs comme dans le métro. Dimanche, idem. Capitaine Beulay parti le dimanche pour Le Blanc à 5 heures ; pas de billet de quai.
De samedi, bruits stupides - Attaque par les Prussiens du fort de Longwy, 30 000 Allemands massacrés, 3 000 Français. Zeppelin allemand crevé par un avion qui se laisse choir dessus à Belfort (tirage au sort des aviateurs qui devront sacrifier leur vie pour détruire les dix zeppelins allemands (voir « la guerre fatale »). De tous côtés, on arrête : Châteauroux, des espions allemands qui déboulonnent les rails et placent des cartouches de dynamite pour faire sauter le pont de Notz et le pont de La Châtre. L'espion prussien, officier (pont de La Châtre), sera fusillé ce soir au verger le 4 août 1914. Alabonneau, mort depuis un an, a été tué le 2 août à Lothiers au moment où il déboulonnait les rails de chemin de fer et coupait les fils télégraphiques.

[Dimanche 2 août 1914]
À l'usine Balsan, les territoriaux et réservistes de la territoriale restent pour fabriquer du drap de troupe.
Prix des denrées - Tous se précipitent dans les épiceries pour acheter des provisions, le sucre est rare. Tandis que les Docs du Centre le vendent 16 sous au lieu de 14, Belloy le vend 24 sous. Les commandes d'épicerie sont tellement nombreuses que les épiciers ferment leurs boutiques pour avoir le temps de livrer. Je connais tel bourgeois qui le dimanche m'a montré une facture d'épicerie de 260 francs.
Idem pour le charbon sans augmentation de prix"

Notre archiviste départemental, soucieux et conscient du moment historique de l'instant, pousse son action de collectage jusqu'à récupérer des affiches et documents dans certains établissements réquisitionnés pour loger la troupe mobilisée qui ne cesse d'affluer à Châteauroux.

AD36_EugeneHubertAffiches_R971 Documents trouvés à Léon XIII - AD36 - R971 - Fonds Eugène Hubert

Au sud du département, une scène digne des grands moments des livres d'histoire se produit à Eguzon. On y joue l'union sacrée, elle y est de rigueur. Voici ce qu'écrit Alfred Garreau, le propriétaire de l'hôtel de France dans son journal, ce dernier est aussi officier de réserve et sera ensuite mobilisé au 65e Territorial de Châteauroux.

EguzonGarreau

« Eguzon 1 août 1914 La mairie est avertie par un télégramme, les affiches sont posées, le tocsin sonne, tous les habitants de notre petit bourg sont sur le pas de leur porte ; dans les rues, les femmes pleurent, et, pourquoi le taire, les hommes ont aussi les larmes aux yeux.
J
e cours aussitôt préparer mes effets militaires et faire ma valise, puis je redescends car je ne rejoins mon corps que le 2e jour, c’est-à-dire demain.
Dans la rue, je trouve Monsieur Dauthy, maire d’Eguzon, un vieil adversaire politique auquel je n’ai adressé la parole depuis bien longtemps. Il est très ému, me serre la main, et nous causons un moment sur la réconciliation nécessaire de tous les Français dans un moment aussi critique.
Triste soirée, que celle de ce 1er août 1914, car, quoique les affiches mentionnent : « La mobilisation n’est pas la guerre ! », nous savons bien que nous ne pouvons pas l’éviter. »

Capture23_IndependantBerry19140809
Indépendant du Berry 7août 1914 - BNF Gallica



Au même moment, cette fois, à Argenton, Raymond Rollinat, comme tous les jours complète ses carnets:

« Argenton, Dimanche 2 août 1914 premier jour de la mobilisation. Un détachement de 12 hommes réservistes du 90e vient à Argenton pour le service d’ordre de la gare.
Des commerçants d’ici ayant augmenté leurs denrées dès le début de la mobilisation, M. le maire, Léon Pacton, les a, de suite, rappelé à l’ordre … ».

Fait remarquable, en tant que photographe amateur, il réalise alors une série de clichés dont un, représentant le voisin de Raymond Rollinat, Eugène Brisse posant avec sa fille, devant l’affiche de mobilisation et celle des réquisitions et qui ont été collées sur la bascule du champ de foire, dès l’annonce de la mobilisation. Il photographia aussi le départ des réservistes à la gare d'Argenton.

text819

 Si Raymond Rollinat prend en photo le départ des mobilisés, il est intéressant de connaitre le témoignage de l'un d'entre eux, comme l’écrit Alfred Garreau, ensuite vint le temps du départ :

« Eguzon L’aurore du 2 août me trouva debout ; la nuit a été mauvaise, et il me fallait songer au départ. Je repris mon uniforme que j’avais quitté si peu de temps avant, mais cette fois pour combien de jours ? trois mois ? quatre mois ? la fin de l’année peut-être ? Dieu que ce serait long une telle absence loin des siens !
La voiture est prête, c’est fini, adieu à tous, et, avant que les larmes ne coulent, la route.
J’arrive à la gare. Déjà un certain nombre de réservistes sont là, et je décide de monter avec eux pour abréger la route. La plupart sont tristes d’avoir quitté femmes et enfants, mais le moral semble bon, et puis, ils espèrent que tout sera finit rapidement … »

 MontageEguzon_Gare


 

 Les soldats, les sous-officiers et officiers de réserve rejoignent donc leur garnison tant à Châteauroux, Le Blanc ou Issoudun, mais aussi parfois situées dans d'autres régions militaires. En chemin inverse, des berrichons de Paris, notamment, reviennent au "pays" et rejoignent directement les casernes du département. Il en est de même pour certains officiers de réserve appelés à former l'encadrement des 68e, 90e, ainsi que leurs régiments de réserve (268e et 290e RI) et territoriaux (65e et 66e RIT). Le même schéma se produit pour les unités castelroussines comme le 9e Escadron duTrain, le dépôt de la 9e Section d'Infirmiers Militaires ou au dépôt d'artillerie de l'avenue des Marins.
Ainsi, un officier parisien, le lieutenant Sohier, mobilisé au 290e RI et qui a déjà effectué des périodes d'exercices à Châteauroux nous raconte cette arrivée:

 "Châteauroux. - La ville qui m'était toujours apparue morne et quasi déserte, est grouillante à mon arrivée. Plus de place dans les hôtels; les rues sont peuplées d'une foule un peu tourbillonnante jusque tard dans la nuit. Du mouvement, voire même de l'agitation, mais pas de bouillonnement véritable; c'est là ce que je constate. Est-ce l'anxiété du drame attendu qui coiffe les esprits? Certes, on prépare un douloureux départ. Mais à Paris aussi, et pourtant les vibrations des cœurs étaient souvent bien sonores là-bas. Non. Ici nous sommes dans le Berry, et le Berry impose son impassibilité fataliste dès que l'on y pénètre
Dès le premier soir le régiment de l'active s'embarque. Il quitte la caserne à la nuit tombée, musique en tête, drapeau déployé. A la lueur des phares d'acétylène il s'est préparé. Il défile superbement dans la ville éclairée. Les Berrichons sont remués presque jusqu’a l'enthousiasme, juste ce qu'il faut pour acclamer. Rien de trop, et le spectacle revêt une grandeur calme, émouvante.
Puis ce sont les préparatifs du départ du régiment de réserve. Je suis affecté au service téléphonique. Il faut connaître les hommes, le matériel. Les hommes : braves gens sur qui on peut certainement compter. Le matériel : c'est avec cela qu'il faudra faire quelque chose ? Car je veux faire quelque chose, je m'imprègne de mon rôle, je pompe ma théorie. Dans la guerre moderne quel rôle merveilleux devra jouer le téléphone! Oui, c'est bien cela..., je vois, j'imagine les diverses situations possibles. Puis je regarde, morne, le matériel. Quatre vieux appareils et quelques bobines de fil verni, quasi rigide. Je reste rêveur, un peu découragé. On verra bien."

En parallèle, à Châteauroux, le sergent-fourrier Marc MICHON nous raconte sa « mobilisation » alors qu’il est déjà sous les drapeaux et s’en revient à peine d’une manœuvre au camp de la Courtine avec des éléments du 90ème RI.

"Au retour de la Courtine, que nous fîmes par voie ferrée, j’eus enfin la joie d’avoir une chambre pour moi tout seul. Par l’intermédiaire d’un camarade, j’empruntai cent francs à une banque de la rue Grande, afin de pouvoir m’installer confortablement. Je fis repeindre les murs, cirer le parquet et suspendis au mur une reproduction d’un tableau d’Eugène Delacroix que j’aimais beaucoup : « Entrée des croisés à Constantinople.
A peine avais-je fini mon emménagement qu’une avalanche nous tomba sur la tête. Le premier août 1914, vers cinq heures de l’après-midi, une affiche blanche était apposée à la mairie et à l’hôtel des Postes : La mobilisation générale était déclarée.
Le premier août au soir, je gagnais Buxières à bicyclette pour aller embrasser les miens. Mon père, lui aussi avait collé la grande affiche blanche sur la porte. A l’église, le tocsin sonnait sans arrêt ; ma mère, mes sœurs pleuraient. Dans la nuit, le cœur en écharpe, je regagnai la caserne Bertrand.
Longtemps à l’avance, le plan de mobilisation avait déterminé le poste que chacun devait occuper et fixé jour par jour, heure par heure, ce qu’il convenait de faire. Etant sergent-fourrier, j’étais appelé à prendre ce poste à la 19e compagnie du 290e régiment d’infanterie, le régiment de réserve du 90e. Ainsi le destin avait voulu qu’au lieu de partir à la guerre avec mes camarades de l’active, je fusse désigné pour combattre avec des réservistes.
Malgré les événements, déclaration de guerre de l’Autriche à la Serbie, mobilisation russe et allemande, puis mobilisation française, certains voulaient encore garder l’espoir. « La mobilisation n’est pas la guerre. » Mais je ne partageais pas leur optimisme.
Tout se passait dans l’ordre. La mobilisation avait été préparée jusque dans ses moindres détails et la machine, bien huilée, tournait rond. Les corvées partaient aux heures prescrites chez l’armurier, à la manutention, pour toucher armes, munitions et vivres. Je garde le souvenir de montagnes de boites de conserve et de sucre cristallisé et je n’ai pas oublié l’odeur poivrée des potages condensés, ni celle, entêtante de la naphtaline dans le magasin d’habillement.
Au jour et à l’heure dite, chacun remplissait la tâche pour laquelle, dès le temps de paix, il avait été désigné et, bientôt, tous nos réservistes furent habillés, équipés et armés. La 19e compagnie put alors se rassembler dans la cour du quartier, sous les ordres lieutenant De la Varenne, afin de présenter les armes au régiment d’active qui partait s’embarquer. Mes meilleurs camarades me quittaient, Vidal, Theuret, Couvrat et Lavaud qui venait d’être admis à Saint-Maixent et avait été nommé aspirant la veille.
Un jeudi, mon père vint au quartier pour me voir une dernière fois. Je l’accompagnai dans la rue George Sand jusqu’à l’angle de la rue de la Manutention. Le moment était venu de se quitter. Il ma prit dans ses bras et, d’une voix qui tremblait d’émotion, me dit : « Va mon petit, fais ton devoir ». Puis, après m’avoir glissé deux Louis dans la main, mon père s’éloigna d’un pas lourd, sans se retourner pour ne pas me montrer ses larmes et je revois ses épaules un peu voutées qui marquaient tout le poids de sa peine.
Quelques jours plus tard, le treizième de la mobilisation, le tour arriva pour le 290e de s’embarquer. Entre deux haies serrées de femmes, d’enfants, de vieillards, sous les acclamations, nous gagnâmes la gare au pas cadencé".

marc-michon
Marc Michon (1893-1982)




 

RI068_Mobilisation_3eSectionMitrailleuses_Recto2
La 3ème section de mitrailleuses, au Blanc, la veille du départ pour le front

Monsieur Alexandre Triptolème
à Brissais Canton de Béruges
par Poitiers Vienne

J’ais reçu votre argent. Je vous en remercie beaucoup nous partons ce soir sur les 2 heures pour la frontière mais ne vous faites pas trop de chagrin pour moi car j’ai tout espoir de revenir
Votre fils qui vous aimera toujours Emile Triptolème
N’écrivez pas on ne peut déjà pas recevoir les lettres
Je vous conseille de garder cette carte avec précaution car ce sera un souvenir pour plus tard.


 

SIM009_9eSection_Phemoland_19140811_RectoNB
Une ambulance de la 9ème section d'Infirmiers en partance de Châteauroux


 

RIT066_1914_DepartSoldats_recto


Des "pèpères" du 66e RIT du Blanc prêts à en découdre et à aller chercher la "tête à Guillaume"

C(h)er camarade je
par demain chercher la
tête à Guillaume pour
t en apporter un petit morceau
pour en faire manger les chiens


 

Pour des raisons de praticité, d'organisation, il n'était pas possible de faire venir tous les mobilisables dès le 2 août dans les casernements, l'appel se fit donc sur plusieurs jours jusqu'au 16 aout 1914 suivant le profil tant du soldat que de son unité à laquelle il était rattaché. La date étant indiquée sur le livret de mobilisation propre à chaque soldat "Mobilisable le 3ème jour ...".

 Capture31_TableauConcordance

Sources biblio:
Alfred GARREAU - Mes mémoires de guerre - Auto-édition familiale 2011
E. SOHIER - 1914-1915 - Auto-édition non datée
Marc MICHON - "Mes guerres et mes prisons" Imprimerie Lecante - Guéret 1980


 

109530664
Credi-Editions, 90 boulevard François Mitterand, 36000 Châteauroux Tel. 02 54 08 52 92.

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14 juillet 2022

Fêtes de la Victoire, le 14 juillet 1919 à Argenton et Clion

Après le conflit, vient le temps des commémorations, de la joie du retour des soldats, de la peine du retour des défunts. Les soldats survivants seront progressivement démobilisés entre novembre 1918 et juin 1920 pour les classes les plus "jeunes". Sur ce blog, nous avons déjà abordés le retour des unités par le biais du retour du 90e RI à Châteauroux le 24 août 1919. Concernant les défunts, des retours de corps furent organisés dès 1921, sous la pression des demandes de famille.

Cet été 1919 fut un long chemin mémoriel menant à ce retour. 6 mois sont passés et on fédère la population autour des soldats survivants, mais aussi autour de ceux dont ont fait le deuil.
Dans le cadre d'un autre message, nous avions évoqué les Fêtes de la Victoire qui se tinrent dans les communes avec pour exemple l'analyse des clichés du 3 août 1919 à Martizay.

Martizay: Fêtes de la Victoire, le 3 aout 1919 (Réactualisé 2020)

Aujourd'hui, je souhaite m'intéresser au premier volet de ces Fêtes de la Victoire qui se tinrent le 14 juillet 1919.
La Fête Nationale sert alors de moment de rassemblement autour des soldats et de l'armée française, tout en restant une fête populaire "traditionnelle", au contraire du 3 août 1919 plus réglementaire et plus mémoriel.

Pour débuter,  voici un cliché issu de ma collection personnelle et concernant Clion et sa version du 14 juillet 1919.
Alors qu'à Paris, le grand défilé de la Victoire est organisé et voit les troupes victorieuses défiler à l'Arc de Triomphe et sur les Champs-Elysées, dans les petites villes des défilés populaires sont organisés.

Une simple photo datée du 14 juillet 1919 à Clion (Indre) et son pendant actuel. La place présentée fut celle où le Monument aux Morts fut érigé. La décision de cette érection est validée par la commune dès juin 1919.

127229069

Intéressons-nous maintenant à Argenton et aux clichés Rollinat. Pour cela, j'ai repris 4 clichés de Raymond Rollinat illustrant cette journée. Ces clichés permettent de visualiser l'implication de la population argentonnaise et d'aussi visualiser  divers éléments de la ville d'alors. 
Au fil de la journée, je compléterai donc le message en retranscrivant l'intégralité de ce qu'écrivit Raymond Rollinat en cette journée dans ses carnets et qui permettront de comprendre le contexte tant ses carnets sont détaillés. Je me limite donc volontairement à une explication sommaire du contexte argentonnais d'alors.


Montage1

 


Lundi 14 juillet.
cette nuit +5° soleil et nuages A midi, à l'ombre +21° A midi, pluviométrie Eau= 0,0
C'est aujourd'hui la fête de la Victoire. La population d'Argenton saura montrer son patriotisme. A 6h du matin, salve des canons de la ville. Dès 9h30, les sociétés et groupes se rassemblent sur la place de la République et se forme le cortège qui ira se rendre au cimetière pour honorer les morts des deux grandes guerres.
A 10h départ. En tête la compagnie de sapeurs pompiers, ses tambours exécutent les roulements funèbres réglementaires. Les enfants des écoles communales, ceux des écoles libres, conduits par les instituteurs et institutrices; les mutilés conduits par le président d'honneur, M. Fernand Gautier, capitaine de la Territoriale, chevalier de la Légion d'Honneur, décoré de la Croix de Guerre et 2 fois blessé, son président M. Jules Auclair, atrocment mutilé, son vice-présidentM. Auclair avec ses deux yeux de verre. C'
est avec émotion et respect qu'on voit passer nos jeunes hommes aux jambes de bois, aux bras artificiels rigides, malgré les progrès de la science orthopédique et facilement reconnaissables. Le drapeau de l'ancienne société de tir et de gymnastique, celui que nous avions, nous les vieux, dans notre jeunesse, du temps de feu M. Pierre Juillet, maire qui l'offrit et de mon regretté ami Paul Herpin qui dirigeait cette société. ce vieux drapeau voilà de crèpe est porté et encadré par les jeunes gens du groupe d'instruction et d'entrainement physiques d'Argenton.
M. Paul Hautreux, conseiller municipal faisant fonctions de maire, ayant près de lui M. Labruère, conseiller général du canton d'Argenton et président du conseil général de l'Indre et suivi de la fraction du conseil municipal non démissionnaire, tous les fonctionnaires , la gendarmerie, etc ... formaient un groupe qui précédait les pères, mères, veuves et enfants des soldats de la commune d'Argenton morts pour la France. Puis venaient les sociétés des combattants de 1870-1871, des vétérans des armées de terre et de mer avec leurs drapeaux voilés de crèpe; la société de secours mutuels et les autres sociétés de notre ville, les soldats permissionnaires et les soldats démobilisés; plus de 3000 personnes suivaient.
La magnifique couronne offerte par la ville aux morts de la guerre 1914-1919 et la superbe palme, aussi offerte par la ville aux morts de la guerre 1870-1871 étaient portées par les mutilés ou plutôt entre le drapeau de la société de tir et de gymnastique et le groupe de mutilés.
Au cimetière, MM. Paul Hautreux, Joseph Labruère et Fernand Gautier prononcèrent des discours. Ils parlèrent de l'effroyable guerre qui vient de se terminer par notre victoire, de nos morts, de nos blessés, de la bravoure, de la ténacité de nos admirables soldats, de nos alliés, de nos devoirs pendant les longues années qui vont suivre. Je me trouvais près du groupe des parents des morts et j'entendais les sanglots des mères et des veuves, je voyais les larmes couler sur la face des pères de ceux qui ne reviendront plus.
La couronne fut placée sur la croix de de la tombe du centre de la partie réservée aux morts de la guerre qui vient de se finir; la palme fut accrocher au monument élevé à la mémoire de nos morts de 1870-1871
La foule, recueillie, émue autant qu'il est possible de l'être se retira lentement du champ du repos.Je crois qu'Argenton ne vit jamais cérémonie plus imposante. Quoique cette cérémonie n'ait aucun caractère religieux, M. le curé d'Argenton y assistait; il était près du groupe des parents des morts.
Dans la matinée, à la mairie, du pain avait été distribué aux indigents et il y avait un concours de tir pour les jeunes gens deu groupe d'instruction et d'entrainement physiques, aprsè les devirs rendus aux morts, les jeunes gens continuèrent le concors de tir.
A 1h30, allant vers le Nord, passe un train de voyageurs et à marchandises, vides et en grande partie démolis
Au train de service de 3h47, un wagon de soldats français armés et équipés.
De 3 à 4h30, courses de bicyclettes au champ de foire; foule énorme; balançoires, chevaux de bois, loteries sur les promendes et le champ de foire. A 4h30, concours de bicyclettes fleuries, défilé en ville et au champ de foire, c'est Mlle Germaine Tissier, ma voisine qui a remporté le 1er prix. A 6h, place de la République, mat de cocagne. La musique d'Argenton s'est fait entendre au cimetière, au champ de foire et sur la place de la République. La musique dans la matinée avait attendu le cortège au cimetière et avait joué une marche funèbre ...
Dans la soirée, illuminations et concert sur la place de la République; la musique joue ses plus brillants morceaux et les enfants des écoles chantent des airs patriotiques. Jamais la place de la République n'a été aussi bien illuminée. La façade de la mairie, le kiosque resplendissent de feux [illisible] des guirlandes d'ampoules électriques traversant une partie de la place, face au Pont-Neuf et à la rue Gambetta. nombre de maisons sont illuminées à l'électricité et à l'aide de lanternes vénitiennes dans la plupart des cas. Foule énorme au concertsur la place, ensuite les [illisible] se rendent aux Promenades, brillamment illuminées à l'électricité et aux lanternes multicolores en papier; on se bouscule aux loteries, aux chevaux de bois; par sacs, les confettis sont lancés sur les promeneurs. Au restaurant du champ de foire, la jeunesse danse.
Il a été impossible de se procurer un feu d'artifice, mais sur le champ d efoire, des tubes fortement chargés lancent des bombes qui éclatent en l'air. Pendant la plus grande partie de la nuit, les tapage dure. Les parents des morts de la guerre étaient pour la plupart restés chez eux."

Ensuite, Raymond Rollinat note des nouvelles de France et du Monde.

 

Le premier cliché:
Place de la République, le bâtiment des Docks du Centre qui deviendra bientôt le nouveau bureau des Postes a subi un incendie l'année dernière, la toiture a complétement disparue. Le kiosque de musique est visible sur la droite, il sera remplacé par le Monument aux Morts, décidé en 1920 et inauguré en 1922.
Aucun soldat n'est visible sur le cliché (contrairement au 3 août 1919 à Martizay). Sur les 13 plaques photographiques existantes de ce moment, trois soldats "bleu horizon" seulement sont visibles. Les drapeaux sont ceux des associations patriotiques locales et donc portés par des "civils, soit anciens combattants, soit mutilés démobilisés. La couronne de fleurs est identifiée comme étant portée par les mutilés démobilisés. Elle sera déposée au cimetière d'Argenton en hommage aux combattants.

Le deuxième cliché:
Au cimetière communal, après avoir déposer les fleurs et couronnés au pied du monument 1870-1871, les civils viennent fleurir les tombes de soldats décédés qui sont regroupées dans ce qui sera le futur carré militaire du cimetière d'Argenton.

Le troisème cliché:
Au devant de l'ancien hôtel de vielle et actuel siège du syndicat d'initiative (et du Cercle d'Histoire d'Argenton) sur la place de la République, les 6 candidates au concours de bicyclettes fleuries

La quatrième cliché:
Sous les ombrages de la place du champ de foire, la foule regarde et encourage les coureurs dans la ligne droite traversant le champ de foire. 

 

DSCN1345
Mlle Germaine TISSIER, 1er prix du concours de bicyclettes fleuries du 14 juillet 1919

 

Merci au Cercle d'Histoire d'Argenton pour la mise à disposition des clichés. J'invite les personnes intéressées à se procurer le fascicule "Argenton sur Creuse 1914-1918 La guerre au jour le jour" auprès du Cercle d'Histoire d'Argenton

P1120207

25 janvier 2022

Jacques JUSSERAND, un orphelin castelroussin "adopté" par les Etats-Unis.

Au-delà d’une simple étude liée aux soldats du département, d’un simple copier/coller de données déjà existantes et juste remises en forme, je souhaite ici m’intéresser aux enfants des soldats défunts et au détail de la démarche entreprise pour reconstituer le puzzle à partir d'un cliché.

Plus ou moins directement, j’ai ainsi déjà abordé le cas de Suzanne DOIT , fille de l’adjudant DOIT du 68e RI, celui de Jeanne, fille du sergent Teinturier du 290e RI  . Aujourd’hui, intéressons-nous au cas de Jacques JUSSERAND de Châteauroux et qui correspond à une découverte sur le net effectuée il y a quelques temps déjà, que je n’avais jamais pris le temps de mettre en forme et que l'actualité me décide à aborder.

Le point de départ est un cliché daté de novembre 1918 et représentant un enfant castelroussin. Le cliché provenant du fonds de l’American National Red Cross via le site de la bibliothèque du Congrès américain (Library of Congress). Sur ce site, nombreux sont les clichés présents ayant un lien avec le département de l’Indre. L’armée américaine fut une grande pourvoyeuse de photographies de l’époque 1917-1921. Pour cela, il suffit d’ailleurs d’utiliser le moteur de recherche avec les mots clés « Châteauroux » ou « Issoudun » pour obtenir une liste conséquente de clichés tant pour le « Base Hospital » de Bitray, la vie castelroussine des soldats américains que concernant le « Américan Aviation Camp » de Volvault.

Parmi les clichés, un de ceux qui m’intéresse est celui d’un enfant posant fièrement, chez un photographe avec une Croix de Guerre ornant sa poitrine.

https://www.loc.gov/item/2017683094/

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La légende nous indique divers éléments quant à ce cliché :

« Jacques Jusserand, adopte. Address: 6 Rue des Fontaines St. Christophe Chateauroux (Indre) protege of: Fourth Platoon, Co. K, 102nd Infantry, American Expeditionary Forces digital file from original »

Le cliché retenu nous présente donc Jacques JUSSERAND demeurant au 6 rue des Fontaines à Saint-Christophe Châteauroux, Saint Christophe étant un quartier de Châteauroux, le 6 de la rue des Fontaines existe encore de nos jours. Il n’a pas été cependant entrepris de recherche dans les recensements de 1911 ou de 1921, tous les deux sont disponibles tant sur le site des Archives Départementales que sur celui des Archives Municipales de Châteauroux Métropole.

Le texte nous indique aussi qu'il est le protégé (« adopte » au sens parrainé) de la 4e section du 102e régiment d’infanterie (US) des Forces Expéditionnaires Américaines (AEF) et précise que le fichier présenté est la version numérique d’un cliché original. Le détail nous permet d’apprendre qu’il s’agit d’une plaque de verre négative de 5 par 7 in. (12,7 par 17.8 cm) et que ce cliché provient de la collection de la Croix Rouge américaine (American National Red Cross)

Dans cet article, nous nous intéresserons tout d’abord à Jacques JUSSERAND et à sa famille, puis de manière plus anecdotique à l’unité citée, le 102e Infantry.

- Qui est Jacques JUSSERAND ?

Le cliché et sa légende nous apprennent que la date de la prise de vue est le 29 novembre 1918. Symbolique récurente, le port d’une croix de guerre laisse présager qu’il s’agit d’un orphelin, comme dans le cas de Suzanne DOIT. L’enfant porte la médaille posthume du père qui n’est pas revenu.
Dans les listes des soldats défunts du département http://indre1418soldats.canalblog.com/ , le patronyme JUSSERAND apparait 6 fois et un cas seul correspond à Châteauroux, les autres concernant Les Bordes, Issoudun, Neuvy-Pailloux, Vatan et Saint Florentin.

La fiche de Georges Auguste JUSSERAND sur Indre1418Soldats

- Comment donc retrouver le lien entre JUSSERAND Georges Auguste de Châteauroux, soldat du 90e RI et Jacques JUSSERAND, enfant pris en photo en 1918 par la Croix Rouge Américaine ?

Un petit tour parmi les fiches matricules issues des Archives Départementales s’impose. Nous regardons donc la fiche 520, classe 1903 du recrutement de Châteauroux.
Georges Auguste est un soldat, ébéniste de profession, qui a été mobilisé au 13e RI, mais est passé au 90e RI le 14 mars 1915. Il participe à l’hécatombe du 9 mai 1915 à Loos. Il est finalement blessé aux Ouvrages Blancs de Loos-Liévin (62) et transporté à l’hôpital de Noeux les Mines où il décède le 28 octobre 1915. En date du 30 octobre, il est cité à l’ordre du Régiment pour ses faits d’armes lors de la journée du 9 mai et reçoit la Croix de Guerre.

La fiche matricule nous indique aussi que la veuve née Berthe LUBIN a reçu un secours immédiat (de la part de l’unité) en date du 17/12/1915 et qu’elle demeure alors à Châteauroux.
A propos des Ouvrages blancs et de Noeux les Mines, il est possible de se reporter à l’article publié en 2015 

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- Petit à petit, nous nous rapprochons de Jacques, mais comment faire le lien ?

Un petit tour sur l'essentiel mémorial virtuel de Châteauroux Métropole  s’impose maintenant pour visualiser la fiche de Georges Auguste JUSSERAND. Etabli à partir des données issues du collectage et des nombreuses et laborieuses recherches des membres de la Société de Généalogie du Bas-Berry, le site nous donne de nombreux renseignements concernant Georges Auguste. Nous trouvons ainsi la confirmation du mariage de Georges Auguste avec Berthe LUBIN, mais détail déterminant, les données de la SGBB indiquent les prénoms des enfants du défunt. Nous trouvons donc « Madeleine, Berthe » née en 1909 et « Georges, Charles, Jacques » né en 1911.

La boucle se boucle et passe donc par les registres d’Etat-civil de la commune de Châteauroux.

Un regard sur l’acte de naissance permet de confirmer les prénoms et la présence de Jacques comme 3ème prénom. L’acte nous apprend aussi que Georges Charles Jacques a été "adopté par la Nation suivant jugement du Tribunal de Châteauroux en date du 23 juillet 1918" signé le greffier en date du 14/04/1919. Ces éléments furent aussi reportés sur l’acte de naissance de sa sœur Madeleine Augustine Berthe.

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AD36 – Chateauroux 1911 – 3E044/174 page 109/496

L’acte de naissance nous donne aussi, en mentions marginales, les dates de mariage des 2 enfants et surtout la confirmation que les 2 enfants orphelins furent reconnus et adoptés par la Nation.

Via les données INSEE disponibles sur le net, il est possible de retrouver référence au décès de Georges Charles Jacques le 05/09/1996 à Saint-Maur (36) https://www.data.gouv.fr/fr/datasets/fichier-des-personnes-decedees/

 

- Comment expliquer maintenant la présence de Jacques parmi les photos de la Croix Rouge Américaine ?

Dans le cadre de ses œuvres de charité, certainement aussi en vue de lever des fonds, la Croix Rouge Américaine avec l’aide des militaires de l’AEF mis en place une campagne d’adoption d’enfants français par des unités US. Le site Library of Congress comporte plusieurs centaines de portraits d’enfants adoptés.

Il est ainsi possible de retrouver 737 photos d’enfants « adopte » par des unités ou des soldats de l’AEF, voir des civils https://www.loc.gov/search/?c=150&q=adopte&sp=5&st=list


Parmi tous ceux-ci, voici les enfants indriens et leur parrain ou marraine (Attention les orthographes sont incertaines) :

Andrée Vaugis https://www.loc.gov/item/2017683541/ (Veterinary Hospital 9)
Née à Palluau en 1905 et gantière sur les recensements de Loches 37 en 1921 via Geneanet
Présente sur l'arbre Généanet de Jean-Louis Strauss

Gaston Paulumier https://www.loc.gov/item/2017683542/ (115th Field Signal Battalion)
Paulmier Gaston originaire de Villegouin et présent sur l'arbre Généanet de Jean-Louis Strauss

Jacques Jusserand https://www.loc.gov/item/2017683094/ (4th Platoon 102e Infantry)
Non trouvé Généanet en données gratuites (obligation premium)

Simone Duris https://www.loc.gov/item/2017683220/ (54e Field Artillery Brigade)
Non trouvé Généanet en données gratuites (obligation premium)

 Juliette Petouin https://www.loc.gov/item/2017666546/ (Miss Winifred Holhan – Hollywood CA)
Originaire de Arthon et retrouvée sur l'arbre Généanet de Laurence Giraud Allanic 

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A propos des « Adopted Orphans » un site qui proposent 1000 portraits d’enfants orphelins, adoptés ou protégés par les troupes américaines et ayant aussi comme source les photos de la American Red Cross (LOC) : https://milanpatrick8.wixsite.com/ww1-us-photos/children-in-the-war


 

Rajout des 26 et 27/01/2022: Jean-Pierre Surrault, président de l'Académie du Centre, me signale dans les commentaires :

"Dans le même esprit d'adoption d'enfants français voir l'article d'Annette Surrault dans la Revue de l'Académie du Centre 2021: Marie de Prissac, orpheline de la grande guerre, pupille de la nation et filleule de "La fraternité franco-américaine, 1918-1952, p.92-109. Il s'agit dans ce cas de l'action de l'association Fatgerless children of France" 

https://www.lanouvellerepublique.fr/indre/la-revue-2021-de-l-academie-du-centre-est-parue

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Sources Cliché NR36

 

Cartes souvenirs du 4 juillet 1921 à Châteauroux sous l'égide du "Fatgerless children of France":

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Pourquoi s’intéresser au 102th Infantry Regiment ?
Non pour recopier l’historique de ce régiment de la 26e Division US, il se trouve assez facilement sur le net. Il n’apporterait d’ailleurs pas grand-chose à cet article et de plus, je ne suis pas assez pointu concernant les actions des unités US.
Mon intérêt s’est porté sur ce régiment, non seulment parce qu'il adopta Jacques Jusserand mais aussi à cause de sa mascotte. En effet, le 102e RIUS avait une mascotte particulière qui a connu une renommée mondiale, qui possède son nom gravé au Liberty Mémorial de Kansas City.

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https://en.wikipedia.org/wiki/Sergeant_Stubby#/media/File:Sgt_Stubby's_brick_at_Liberty_Memorial.jpg

Tout ceci en fait une mascotte unique et canine, car effectivement, il s’agit du Sergent Stubby qui se trouve être le chien de guerre le plus décoré de la première guerre mondiale.
A propos de son parcours et de ses exploits : https://fr.wikipedia.org/wiki/Stubby

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29 décembre 2021

"L’heureuse fin de se tant désiré trois cent que nous atendions" - Châteauroux 1913

La tradition du Père 100 est connue de ceux qui ont effectué leur service militaire ou effectuer une formation sur une longue période. «100 jours avant la quille», «100 jours avant le bac».
En 1914, le service militaire a une durée de 3 ans, les lois de 1913 ont changées la durée su service passant celle-ci de 2 à 3ans.
Cependant, la Classe 1911, ceux nés en 1891, ne fut pas concernée par ce passage de 2 à 3 ans de service militaire. Incorporée en fin 1912, cette classe d’age ne devrait donc être libérée que vers octobre 1914.
L’Histoire devait, au final, précipiter les choses vers les mois d’aout 1914. Ils prendront donc presque 7 ans de service armé. Ils ne furent libéré que vers aout 1919.

Sur le cliché ci-dessus, les soldats de la classe 1911 de la 5e Compagnie du 90e RI de Châteauroux.

« Cher oncle et tante Je vous écrie ses quelque mots pour vous faire part de l’heureuse fin de se tant désiré trois cent que nous atendions depuis sy longtemps mais enfin s’est arrivé »

Il est à noter comme me le signale Arnaud Carrobi que l'auteur se rappelle bien que le texte de loi ayant trait à la loi des 3 ans n'applique le passage d'une année supplémentaire qu'à partir de le classe 1913 (voir gallica BNF)

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La mobilisation, la guerre n’attendront pas 300 jours et la tourmente se déclenchera dans 240 jours seulement.

Quelques photos de ce rite de passage à la vie d'adulte que constituait le service militaire, parfois à défaut de tomber sur un compte rond, on compte simplement les jours restants d'ici la fuite.

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27 août 2021

Montécouvé - Juvigny (Aisne): une renaissance indrienne programmée le 29 aout 2021

Depuis 2008 et ma découverte de ce monument disparu, je vois se réaliser un voeu longtemps resté sans suite, il ne faut jamais désespérer, 13 ans plus tard.


Ce week-end, la renaissance du monument de l'Orme de Montécouvé.
La présence actée du 90ème Régiment d'Infanterie et de l'association Magenta pour le souvenir de nos anciens
merci à eux, Merci à l'association de l'Orme de montécouvé, Merci aux municipalités concernées

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Fabrice Visbecq et son association m'ont fait une superbe surprise. Il y a deux jours, Fabrice m'a annoncé l'inauguration et la renaissance du Monument de Montécouvé programmée pour le 29 août 2021.

"90e RI - 17eDI a enlevé l'Orme de Montécouvé et l'a conservé le 23-24-25 Aout 1918"
Voilà ce que l'on pouvait lire sur le monument qui se trouvait au lieu appelé l'Orme de Montécouvé, sur le territoire de la commune de Juvigny dans l'Aisne. C'est aussi à cet endroit que le 68ème RI fut aussi engagé et y perdit son chef de corps, le lieutenant-colonel Rosset.

Ces monuments sont les témoins de l'engagement des régiments du département de l'Indre. C'est effectivement à cet endroit que le régiment de Châteauroux et le régiment du Blanc et Issoudun fournirent leur dernière grande bataille au sein de la 17ème Division d'Infanterie. Pendant plusieurs jours, ils progressèrent et tinrent position avent d'être relévés. Ce sont pas moins de 162 soldats du 90e RI et 103 soldats du 68e RI qui décédèrent pendant ces journées fatidiques qui se poursuivirent jusqu'à la fin du mois au travers d'une avancée continuelle et d'un engagement sans répit. Ce furent aussi plusieurs centaines de blessés qui décimèrent les unités.
Pour comprendre l'importance de cet engagement, il est possible de se reporter à une note du Général Mangin, commandant l'Armée

« Il s’agit de gagner la bataille.
La bataille sera gagnée si nous atteignons les hauteurs qui dominent la plaine de Laon, nous assurant ainsi le débouché en plaine et l’exploitation.
Pour y arriver, il convient de donner à la progression la forme la plus rapide possible de façon à empêcher l’ennemi de se reprendre sous les coups répétés qui lui sont portés.
La bataille devra être gagnée en un jour.
Les moyens mis en œuvre, la situation tactique, la situation morale de l’ennemi permettent d’obtenir ce résultat. »
N°1086S de la Xe Armée du 26/08/1918

Voici un extrait d'un rapport afin de résumer l'engagement des 2 régiments de la 17e Division et qui servit pour l'obtention d'une citation à l'ordre de l'Armée:

ID 17 Etat-Major n°109
PC le 25 août 1918
Rapport à l’appui d’une proposition de citation à l’Ordre de l’Armée en faveur des 68e et 90e RI

Dans la nuit du 21/22 août, l’ennemi qui, la veille, avait offert une forte résistance, quitte ses positions pour continuer son mouvement de repli.
Les 68e et 90e Régiment d’Infanterie, entrant en ligne rapidement au début du jour, entament la poursuite, refoulant les derniers éléments de l’ennemi, tournant et enlevant les nids de mitrailleuses chargées de couvrir sa retraite.
Soumis pendant toute la progression à un violent tir de harcèlement, les 2 régiments, qui depuis 15 jours, sont au bivouac et ont du faire de nombreuses marches de nuit, exécutent, suivant l’ordre reçu, un difficile mouvement de conversion à droite, en liaison avec les régiments des divisions voisines.
Ils arrivent ainsi devant la position de résistance que l’ennemi a reçu l’ordre de défendre à tout prix. Ils attaquent aussitôt, presque sans préparation d’artillerie, et progressent encore en dépit du feu extrêmement violent de nombreuses mitrailleuses.
Le 23 août, les 68e et 90e RI se portent de nouveau à l’attaque d’un seul élan, refoulant l’ennemi qui, appuyé par une nombreuse artillerie, résista avec acharnement. Sans réussir cependant à enlever d’un seul coup la totalité de la formidable position de l’ORME DE MONTECOUVE, la brusquerie de l’attaque, les heureuses initiatives individuelles du 68e et l’habile mouvement tournant du 90e parviennent à l’encercler à un point tel que l’ennemi juge sa situation compromise.
Par une contre-attaque d’une extrême violence, exécutée à la tombée de la nuit par le 7e Bataillon de Chasseurs à Pied, l’une des meilleures troupes allemandes, l’ennemi cherche à rompre la ligne qui commence à l’encercler étroitement, mais le courage, le sang-froid et la ténacité dont font preuve les 68e et 90e RI rendent inutile l’effort des Chasseurs qui refluent vers leurs lignes après avoir subi des pertes énormes.
Devant l’échec de sa tentative, l’ennemi se décide de nouveau à la retraite, rendue impérieusement nécessaire, non sans essayer de la couvrir par une attaque qui est repoussée. La vigilance des 68e et 90e ne permet pas que ce décrochage passe inaperçu et, déjà, tous espèrent que la poursuite va reprendre.
Mais tel est le prix attaché par l’ennemi à cette position qu’il ne peut se résigner à l’abandonner sans tenter encore une fois la chance. Il s’est retiré dans la nuit parce qu’il se voyait cerné, mais en même temps il faisait appel à de nouvelles troupes et, à 6 heures, se lançait à l’assaut après une violente préparation. Pliant un instant sous l’effort, les éléments avancés des 68e et 90e cèdent quelque terrain, perdant ainsi la crète.

(Nota Indre1418: Malheureusement, nous n'avons pas trouvé le verso)

Au delà du combat, pour revenir au monument de Montécouvé, le journal de Marche du 90e nous apprend ceci en date du 2 septembre 1918:

"Pendant la période du 29 août au 2 septembre, les pionniers du 90e, avec un outillage de fortune, sous les ordres de l’Adjudant-chef BAUCHE élèvent sur le sommet de la colline de Montécouvé, un monument sommaire à la mémoire des camarades tombés dans la bataille. Ce monument en forme de pyramide, dont les pierres ont été apportées de la ferme de Mareuil, mesure 3m de hauteur. La base carrée à 1m50 de côté. Il est entouré par une chaine en fer de 16m de longueur soutenue par 4 torpilles allemandes de 240mm. La face Nord porte l’inscription suivante : « Hommage à nos morts glorieux » La face Sud porte une autre inscription «17e Division – 90e RI. Le 90e a enlevé l’Orme de Montécouvé les 23-24 et 25 août 1918 et l’a conservé ».
Une bouteille déposée à l’intérieur de la maçonnerie contient les noms des pionniers qui ont élevé le monument."

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A la suite de ces faits, le 90e Régiment d'infanterie reçut une nouvelle citation:

"Superbe régiment dont la valeur s'est maintes fois affirmée sur les champs de bataille de l'Yser, de Verdun, de la Somme et du Chemin des Dames. Vient de prendre, pendant cinquante jours consécutifs, sous le commandement du lieutenant-colonel Detanger, une part sérieuse à la poursuite sur la Vesle d'abord, puis sur l'Ailette. Arrivé à l'extrème limite de la fatigue, réduit à 600 combattants, privé de presque tous ses cadres, n'en a pas moins tenu à l'honneur de prolonger son effort dans l'espoir de précipiter la retraite de l'ennemi et à attaquer violemment une forte position ennemie, progressant malgré les feux, venant sur le droite d'une hauteur dont une Division voisine ne réussissait pas à s'emparer; a atteint tous ses objectifs, faisant des prisonniers, capturant des mitrailleuses qu'il a conservées en dépit de deux contre-attaques à l'exécution desquelles l'ennemi mit un tel acharnement qu'il y eut une furieuse lutte corps à corps."

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 Non loin, à quelques dizaines de mètres, un deuxième monument, une stèle rend hommage au Lieutenant-colonel Rosset et aux soldats du 68e Régiment d'Infanterie:

Citation du 68e Régiment à l'ordre de l'Armée:
Décision du Général Commandant en Chef comprise sous le n°41415 du 28 septembre 1918.
Le 68ème Régiment d'Infanterie est cité à l'ordre de la Xe Armée pour les combats d'Aout 1918 avec les motifs suivants:
Brillant régiment qui a donné depuis le début de la campagne quantité de preuves de discipline et de sacrifice le plus élevé, et qui, partout où il a été engagé a su se faire redouter de l'ennemi. Au cours des comabts des 22, 23 et 24 aout 1918, sous l'énergique impulsion de son chef, le lieutenant-colonel Rosset, a poursuivi vigoureusement l'ennemi, refoulant les éléments avancés, malgré une résistance acharnée, s'est emparé d'une position importante que l'adversiare avait ordre de défendre à tout prix, l'a conservée en dépit des contre-attaques les plus violentes, faisant de nombreux prisonniers de 3 régiments d'Infanterie, 4 bataillons de Chasseurs et un régiment de la Garde"
Au Q.G. le 12 octobre 1918 Signé Gassouin (Note de la 17ème DI, Etat-major n°2289)

 

  Voici donc l'actuel champ de bataille.

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Or, il s'avère que, si de nos jours, la stèle dite du "Colonel Rosset" est toujours présente, le monument du 90e RI a disparu depuis l'époque de son érection. Installé en pein champ, l'agriculture a repris ses droits et maintenant ne demeurent que quelques rares clichés.
Dans notre enquète, seulement 3 clichés ont été trouvés concernant ce monument. Une carte postale fut éditée après le conflit par la société Dilecta. Un ami correspondant de longue date Laurent Mirouze me fit parvenir un cliché avec deux soldats posant à côté du monument (Qu'il en soit encore remercié). Ces 2 clichés sont visibles ci-dessus. Un troisième et dernier cliché est visible dans le journal de marche du 90e RI, à la date du 13 novembre 1918.

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Sources SHD GR26N668

Pourquoi revenir sur ce sujet qui avait déjà été abordé notamment à partir d'un message édité en 2008 sur ce blog et ayant trait au Le 3e bataillon du 90e RI à l'Orme de Montécouvé ?

Après une première tentative en 2008 afin de sensibiliser les acteurs indriens de la disparition de ce monument (mail envoyé en juin 2008 à un représentant de l'association du Magenta qui se révéla sans suite pour un rapprochement avec l'association locale Soissonnais 1418), depuis de nombreux mois, je suis en contact avec une association locale de Juvigny qui fut créée il y a quelques années autour du projet de reconstruction du monument. Cette association est présidée par Fabrice Visbecq.
A plusieurs reprises, nous avons eu l'occasion d'échanger divers documentsafin de permettre à l'association "L'Orme de montécouvé de 1914 à nos jours" de monter son dossier.
Fabrice Visbecq, au mois de janvier dernier, m'a fait parvenir un compte-rendu dans lesquels on retrouve les représentants politiques locaux comme Mme DEVILLE-CRISTANTE, Adjointe au Maire de Soissons, Conseillère Régionale des Hauts de France, Vice-présidente du GrandSoissons Agglomération, M. TORDEUX, Conseiller Départemental de l’Aisne, M GADRET : Directeur du PLIE – du GrandSoissons Agglomération et M. MORLET, Maire de la commune de Crécy-au -Mont.
Un accord a été trouvé la mairie du juvigny afin d'implanter le monument à côté du monument aux morts et ainsi en assurer la pérénité. Je remercie particulièrement monsieur DEMAIRE le maire de Juvigny pour son action qui permet de faire revivre la mémoire de nos aieux.

Le GRETA de Soissons sera en charge de la taille des pierres pour le monument, aux dernières nouvelles, les devis incluaient l'utilisation de pierre de Chauvigny (Vienne), ce qui nécessairement, même si c'est sans doute involontaire, est un symbôle important et en lien avec les soldats de la 17e Division et notamment ceux du 68e RI, bien souvent poitevins.

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Merci à l'association de l'Orme de Montécouvé, ainsi qu'à tous ses membres

De mon côté, j'ai, de suite, prévenu l'association Magenta de Châteauroux qui regroupe les anciens du 90e Régiment d'Infanterie. Monsieur le colonel LAMOUREUX a transmis ce jour l'information aux adhérents de l'association. 

Gageons aussi que des descendants de combattants qui tombèrent à Montécouvé seront intéressés de savoir que les anciens ne sont pas complétement oubliés, même si le Centenaire est terminé. Peut-être que d'autres associations de l'Indre ou même des institutions du département seront peut-être aussi intéressés.

Si ce n'est en août 2021 pour cause de calendrier professionnel déjà chargé, ce sera peut-être plus tard. En tout cas, le sac à dos, les godillots, l'appareil photo de Indre1418 sont et seront toujours prêts.

 

Une pensée particulière pour Alexandre Lamoureux d'Orsennes qui n'avait même pas 20 ans lorsqu'il tomba dans le secteur de l'Orme

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18 juillet 2021

Le conseil de révision de la classe 1911 (Suite Argenton et Eguzon)

Dans le billet récent du blog Indre1418, je me suis tout d'abord intéressé à une carte photo chinée, il y a quelques temps déjà et que j’ai essayé de « faire parler » en vue d’une publication dans le cadre du Centenaire. Cette carte fut prise à Levroux en 1912 et concerne le conseil de révision de la Classe 1911 (nés en 1891).

Même si l’idée de l’ouvrage ne survécut pas au temps passant, pour les besoins de l’analyse, j’ai donc dépouillé l’ensemble des fiches matricules « 1911 » de recrutement « Châteauroux », soit un total de 1726 fiches. 
A l’image de ce que j’ai réalisé pour le canton de Levroux dans l’article précédent, voici donc les résultats pour les cantons d’Argenton et Eguzon d’alors et qui forment l’actuel canton d’Argenton sur Creuse.

Canton Argenton (Argenton, Bouesse, Celon, Chasseneuil, Chavin, Le Menoux, Mosnay, Le Péchereau, Saint-Marcel et Tendu) : 15120 habitants

Canton Eguzon (Baraize, Bazaiges, Ceaulmont, Chantôme, Eguzon, Cuzion, Gargilesse-Dampierre, Badecon-le-Pin, Pommiers) : 7796 habitants

Nombre de conscrits recensés Classe 1911 par canton :

  • Eguzon 64 recensés soit 0,82% de la population totale.
  • Argenton 146 recensés soit 0,93% de la population totale. Seuls 141 conscrits sont concernés par le conseil de révision (décès, changement de bureau, …).

La moyenne départementale étant de 0,80%, les 2 cantons peuvent donc être considérés comme ayant potentiellement une moyenne d’âge inférieure à la moyenne des cantons du Bureau de Recrutement. 

Niveau d’instruction des conscrits :

Argenton : 2,63 et Eguzon 2,20. La moyenne du Bureau de Recrutement est de 2,43.
Pour rappel: 0 : ne sait ni lire ni écrire 1 : sait lire seulement 2 : sait lire et écrire 3 : possède une instruction primaire plus développée 4 : a obtenu le brevet de l'enseignement primaire 5 : bachelier, licencié, etc.

Taille des conscrits :

Argenton : 165,36 et Eguzon 165,90. La moyenne Bureau de Recrutement est de 166,19.

Résidence des conscrits :

  • 56,03% des conscrits d’Argenton et 51,56% des conscrits d’Eguzon demeurent dans leur commune de naissance alors que la moyenne du Bureau de Recrutement est de 53,23%.
  • 24,82% des conscrits d’Argenton et 29,69% des conscrits d’Eguzon ont changé de département alors que la moyenne du Bureau de Recrutement est de 22,42%

Le point remarquable est donc la tendance migratoire des conscrits du canton d’Eguzon, notamment vers Paris (16 cas sur les 64 conscrits soit 25% alors que le taux est de 10% pour Argenton)

 

Les conscrits morts pendant le conflit entre 1914 et 1918

  • Argenton (146 conscrits recensés, 141 présentés) : 41 soldats Morts pour la France, 1 soldat non Mort pour la France. Taux de 30.50%
  • Eguzon (64 conscrits) : 18 soldats Morts pour la France, 1 soldats non Mort pour la France. Taux de 29.69%

Ces 2 taux sont supérieurs au taux du Bureau de Recrutement pour cette même classe : 26.67%

 

Les résultats du conseil de révision :
Rappel du message précédent : Lors du passage en conseil de révision, les conscrits sont classés suivant 7 catégories. Les absents sont systématiquement classés « bon absent » et classés en catégorie 1.

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  • Argenton (146 conscrits recensés, 141 présentés) :
    Catégorie 1 : 109 « Bons pour le Service » dont 7 « Bons Absents »
    Catégorie 2 : 7 soldats sont déclarés « Bons pour le service auxiliaire »
    Catégorie 3 : 4 soldats sont engagés volontaires et ce depuis 1909-1910 (1 cavalerie, 1 Infanterie, é escadrons du Train)
    Catégorie 5 : 17 sont ajournés dont 16 pour « faiblesse ». 8 seront bons pour le service à la session l’année suivante, 3 seront exemptés et 1 est ajourné 1 an pour cause article 21 (Sursitaire études)
    Catégorie 7 : Deux sursitaires article 21 qui seront rappelés l’année suivante
    2 conscrits sont exemptés dès le conseil de révision
  • Eguzon (64 conscrits) :
    Catégorie 1 : 53 « Bons pour le Service » dont 1 « omis excusé »
    Catégorie 2 : 1 soldats déclaré « Bons pour le service auxiliaire »
    Catégorie 3 : 1 engagé dans la cavalerie légère (Hussards) depuis 1910
    Catégorie 5 : 7 soldats ajournés dont 6 pour faiblesse. 4 seront « bons pour le service » dont 1 dès la session d’août 1912. Les 3 autres seront exemptés l’année suivante.
    2 conscrits sont exemptés dès le conseil de révision.

Les affectations au moment du départ au service militaire (Octobre 1912) :

Les conscrits Classe 1911 de Eguzon et Argenton :

Matricule

Canton

N° Ordre

Nom

Prénoms

1034

Eguzon

1

ALASSOEUR

Georges Célestin Albert

1035

Eguzon

2

ALLIGNE

Edouard Maurice Albert

1036

Eguzon

3

ALLIGNE

Maximin Louis Marcel

1037

Eguzon

4

ARRETEAU

Emile Louis

1038

Eguzon

5

AUCLERT

Marie Joseph André René Gabriel

1039

Eguzon

6

AUGAY

Joseph Ernest

1040

Eguzon

7

AUGENDRE

Jean

1041

Eguzon

8

AVRIL

Clément Louis

1042

Eguzon

9

BACHELIER

Vincent Edmond

1043

Eguzon

10

BALLEREAU

Denis

1044

Eguzon

11

BEAUDET

Albert Désiré

1045

Eguzon

12

BELOEIL

Emile Alexandre

1046

Eguzon

13

BLANCHARD

Paul Raymond

1047

Eguzon

14

CHARASSON

Abel Auguste Alexandre

1048

Eguzon

15

CHARRAUD

Emile Florentin

1049

Eguzon

16

CHEROUX

Gustave Albert

1050

Eguzon

17

COLLET

Léon

1051

Eguzon

18

COQUELET

Henri Marcel Etienne

1052

Eguzon

19

DELAGE

Charles Joseph

1053

Eguzon

20

DELAGE

Louis

1054

Eguzon

21

DEVAUX

Frédéric Fernand

1055

Eguzon

22

DHIVERT

Jean Baptiste Félix

1056

Eguzon

23

DUCHATEAU

Arthur Louis Jérémie Raoul

1057

Eguzon

24

DUMONT

Charles Manuel

1058

Eguzon

25

GADEFAIT

Jean Clément

1059

Eguzon

26

GAILLARD

Julien

1060

Eguzon

27

GAUTRON

Armand

1061

Eguzon

28

GRASSET

Georges Lucien

1062

Eguzon

29

GROS

Louis Alexis Etienne

1063

Eguzon

30

GUILBAUD

André Marcel

1064

Eguzon

31

GUYOTON

Jean

1065

Eguzon

32

JACQUET

Alfred Antoine

1066

Eguzon

33

JOURNAUX

Camille Silvain

1067

Eguzon

34

JUILLET

Ernest

1068

Eguzon

35

LABESSE

Silvain Jean Baptiste Octave

1069

Eguzon

36

LAMAMY

Alexandre

1070

Eguzon

37

LAVALETTE

Silvain Armand

1071

Eguzon

38

LAVENU

Auguste

1072

Eguzon

39

LAVILLONNIERE

Henri

1073

Eguzon

40

MALESSET

Edouard

1074

Eguzon

41

MALESSET

Joseph

1075

Eguzon

42

MANCEAU

Georges

1076

Eguzon

43

MARTIN

Chéri Maurice

1077

Eguzon

44

MATHE

Désiré Silvain

1078

Eguzon

45

MAUGRION

Célestin Lucien Ursin

1079

Eguzon

46

MESNE

Jean Baptiste

1080

Eguzon

47

MEUNIER

Alphonse Silvain

1081

Eguzon

48

MICHAUD

Eugène Henri

1082

Eguzon

49

MICOURAUD

Eugène Arthène Gustave

1083

Eguzon

51

MONGEREAUD

Célestin

1084

Eguzon

52

MONGEREAU

Léonce

1085

Eguzon

53

MOREAU

Auguste

1086

Eguzon

55

NEVEUX

Félix Georges

1087

Eguzon

56

PAILLERON

Alphonse

1088

Eguzon

57

PATRY

Gabriel Henri

1089

Eguzon

58

PENNETIER

Eugène

1090

Eguzon

59

PERRIN

Ernest Pierre Joseph

1091

Eguzon

60

PIGET

André

1092

Eguzon

61

PINARDON

Henri

1093

Eguzon

62

PRIVAT

Jules Auguste

1094

Eguzon

63

VERRIER

René Raymond Gabriel

1095

Eguzon

64

CHEVAL

Emile Alexandre

1096

Argenton

1

AGEORGES

Albert

1097

Argenton

2

AINERY

Jean Baptiste

1098

Argenton

3

ALASSOEUR

Louis

1099

Argenton

4

ANDRE

Aristide Aimé

1100

Argenton

5

ANDRE

Louis

1101

Argenton

6

ARNOUX

René Gabriel Mathieu Michel

1102

Argenton

7

AUBRET

Charles

1103

Argenton

8

AUBRET

Louis Adrien

1104

Argenton

9

AUCLERT

Alphonse

1105

Argenton

10

AUCLERT

Marcel Charles

1106

Argenton

11

AUFFRAY

Joseph

1107

Argenton

12

AVRIL

Pierre

1108

Argenton

13

BALLERE

Jacques Eugène

1109

Argenton

14

BALLEREAU

Jules

1110

Argenton

15

BARBOTIN

Louis

1111

Argenton

16

BARNY de ROMANET

Marie Edmond Maurice

1112

Argenton

17

BATARD

Ernest

1113

Argenton

18

BATARD

Louis

1114

Argenton

19

BAUDAT

Paul

1115

Argenton

20

BAUDAT

Victor

1116

Argenton

21

BEIGNET

Henri

1117

Argenton

22

BERTHIAS

Henri Firmin

1118

Argenton

23

BERTHIAS

Joseph Silvain Eugène

1119

Argenton

24

BERTRAND

Georges Jean

1120

Argenton

25

BIENVENU

Eugène

1121

Argenton

26

BLANCHARD

Silvain Ernest Honoré

1122

Argenton

27

BOUQUIN

Etienne

1123

Argenton

28

BRIDOUX

Louis Silvain

1124

Argenton

29

BRUNAUD

Jules

1125

Argenton

30

CAILLAULT

René Jean Paul Léon

1126

Argenton

31

CHABENAT

Louis

1127

Argenton

32

CHAILLOT

François

1128

Argenton

33

CHARBONNIER

Alexandre Anatole

1129

Argenton

34

CHARVY

Eugène

1130

Argenton

35

CHAUDRON

Silvain Alfred

1131

Argenton

36

CHAUVIN

Charles

1132

Argenton

37

CHEVAL

Octave Jules

1133

Argenton

38

COLLINET

Joseph Alexandre

1134

Argenton

39

COURATIER

André Louis Charles

1135

Argenton

40

DAHU

Alexandre

1136

Argenton

41

DAUBORD

Charles Antoine

1137

Argenton

42

DEFAY

Emile Louis

1138

Argenton

43

DELAVOUX

Eugène Auguste

1139

Argenton

45

DEPERT

Léopold Louis

1140

Argenton

46

DOLIDIER

Louis Paul

1141

Argenton

47

DUCHEMIN

Marius Gaston

1142

Argenton

48

DUPETIT

Octave Louis

1143

Argenton

49

DUPUIS

André Louis Marie

1144

Argenton

50

DURIS

Joseph

1145

Argenton

51

DURIS

Raymond

1146

Argenton

52

DUTREILH

René

1147

Argenton

53

ESTEVENIN

Julien

1148

Argenton

54

ESTEVENIN

Lucien

1149

Argenton

55

FAUGUET

Georges

1150

Argenton

56

FEIGNON

Eugène Etienne

1151

Argenton

57

FEIGNON

Fernand Louis

1152

Argenton

58

FERRANDIERE

Auguste Blaise

1153

Argenton

59

FIAUD

Jules

1154

Argenton

60

GABILLAUD

Henri Camille Etienne

1155

Argenton

61

GAILLARD

Jacques

1156

Argenton

62

GALOPPIN

Louis René

1157

Argenton

63

GARNIER

Georges

1158

Argenton

64

GAULTIER

Georges Anatole

1159

Argenton

66

GAUTIER

Joseph Jean Marie

1160

Argenton

67

GENERAT

Maurice Achille Marie

1161

Argenton

68

GODAT

Jules

1162

Argenton

69

GREGOIRE

Albert Eugène

1163

Argenton

70

GROSSET

Louis Frédéric

1164

Argenton

71

GROSSET

Marcel

1165

Argenton

72

GUAY

Louis

1166

Argenton

74

GUYOT

Marcel

1167

Argenton

75

HEMERY

Henri Maurice

1168

Argenton

76

HEMERY

Sébastien Baptistin

1169

Argenton

77

HEMMERY

Silvain Auguste

1170

Argenton

78

HUET

Octave

1171

Argenton

79

HUGUET

Valentin

1172

Argenton

80

JARRIGE

Alexandre Fernand

1173

Argenton

81

JOUSSEAUME

Joseph Marie

1174

Argenton

82

LABERTHONNIERE

Albert Gabriel

1175

Argenton

83

LAMY

François

1176

Argenton

84

LAMY

Joseph Hippolyte

1177

Argenton

85

LASNIER

François

1178

Argenton

86

LAUMORTE

Auguste

1179

Argenton

87

LAVILLONNIERE

Silvain Ernest

1180

Argenton

88

LEBOUCHARD

Aimé

1181

Argenton

90

LECUBAIN

Jules Armand

1182

Argenton

91

LEVRAULT

Edmond

1183

Argenton

92

LIVERNETTE

Adrien

1184

Argenton

93

LURET

Léon

1185

Argenton

94

MAINGAUD

René Germain

1186

Argenton

95

MARANDON

Jean Alexandre

1187

Argenton

96

MARANDON

Jean Joseph

1188

Argenton

97

MARQUETON

Louis Henri

1189

Argenton

98

MARTIN

Armand

1190

Argenton

99

MARTIN

Eugène Joseph

1191

Argenton

100

MATHE

Fernand Octave

1192

Argenton

101

MATHE

Jean Joseph Valentin

1193

Argenton

102

MAUDUIT

Emile

1194

Argenton

103

MAUGRION

Clément Jean

1195

Argenton

104

MENARD

Georges

1196

Argenton

105

MESNE

Fernand

1197

Argenton

107

MOREAU

Camille

1198

Argenton

108

MOREAU

Jean Denis

1199

Argenton

109

MOULIN

Maurice

1200

Argenton

110

NADAUD

Emile Albert

1201

Argenton

111

NIBODEAU

Auguste

1202

Argenton

112

PENOT

Henri

1203

Argenton

114

PETIT

Maurice Lucien

1204

Argenton

115

PETIT

René Louis

1205

Argenton

116

PICHELIN

Maurice

1206

Argenton

117

PILLAIRE

Silvain

1207

Argenton

118

PINARDON

Henri

1208

Argenton

119

PINAULT

Louis Antoine

1209

Argenton

120

PINEAU

Jean

1210

Argenton

121

PINON

René

1211

Argenton

122

PION

Célestin

1212

Argenton

123

PLANTUREUX

Marcel

1213

Argenton

124

PLICAUD

Joseph Lucien

1214

Argenton

125

PONTABRY

Jacques Emile

1215

Argenton

126

PORNET

Lucien

1216

Argenton

127

PROT

Georges Albert

1217

Argenton

128

REJAUD

Jean Auguste

1218

Argenton

129

ROBERT

Louis

1219

Argenton

130

ROBINET

Joseph Maurice

1220

Argenton

131

ROUER

Louis

1221

Argenton

132

ROUER

Louis

1222

Argenton

133

SAGET

Georges

1223

Argenton

134

SEGUIN

André

1224

Argenton

135

SEMBRESQ

Jean Marius Raymond

1225

Argenton

136

SIMON

Henri Georges

1226

Argenton

137

SOLLET

Alfred

1227

Argenton

138

ESTEVENIN

Henri Octave

1228

Argenton

139

TAVERA

Georges Louis Antoine

1229

Argenton

140

TAVERNIER

Albert René

1230

Argenton

141

TOURAIN

Joseph Emile

1231

Argenton

142

TOURATIER

Jean Joseph

1232

Argenton

143

VARAILLON

Maurice Jean Jules

1233

Argenton

144

VERDY

Emile Alexandre

1234

Argenton

145

VIGET

Edouard Léon

1235

Argenton

146

VILLEDIEU

Gaston Pierre

 

16 juillet 2021

Le conseil de révision de la classe 1911 (Levroux)

Intéressons-nous à un de ces conseils de révision qui se tint dans le département et qui concerne la classe 1911 plus particulièrement.
Cette classe d'age est intéressante car elle connut 2 années de service à compter d'octobre 1912, avant de partir "à la guerre". Elle vécut ainsi 7 années de parcours militaire car bien souvent libérée en 1919.
Voici un cliché pris à l’issue de la séance du conseil de révision à Levroux, un des chefs-lieux de canton du recrutement de Châteauroux. Ce type de photo est typique du défilé des conscrits de l’époque. Instruments de musique, drapeaux tricolores, port de la feuille « Bon pour le service » fixée sur la casquette, tout est en place pour le chambard de la classe dans les rues du bourg.

Levroux_ConsilRevison1912_Recto_1

L’oblitération de la carte photo présentée nous permet d’obtenir une date, une heure et une localisation. Le timbre fut oblitéré le 5 juin 1912 à 14h33 et le mot Indre apparait. Pour aller plus loin dans l’analyse, il est nécessaire de se reporter au texte situé au recto de la carte.

Msieur Rousseau Gustave
Hôtel du faisan
Lunéville (Meurthe et Moselle)

Cher copain
Je fais réponse à ta carte qui m’a fait bien plaisir, mais j’ai trouvé que tu avais été un peu négligent Pour cette même occasion tu vois je t’envoie un petit groupe de la classe pris après le conseil de révision. Les habitudes de Levroux n’ont pas changés  c’est toujours la même chose, avec Clément et Pierre. La bombe est de plus en plus fréquente. Heureusement, il y en a pas pour longtemps à présent moi et les amis. La santé est toujours bonne et je pense que toi tu n’as guère changé non plus et je pense que pour la bombe tu te poses toujours un peu là. Enfin dans 4 mois le changement de vie …
Je pense aussi que tu seras un peu moins flémard pour écrire.
Un copain qui te serre la main
Grenon Raymond

D’une première lecture, nous déterminons donc qu’il s’agit donc d’un cliché pris à l’issue du conseil de révision qui se tint à Levroux au premier semestre 1912. Le lieu est d’ailleurs aisément identifiable, en effet, le bâtiment d’angle qui se trouve en arrière-plan est facilement reconnaissable. Il s’agit de l’angle de la rue Victor Hugo et de la rue Ernest Lambron et qui donne sur l’actuelle place de la République, alors place du Marché.

764_001_Modifiee CaptureLevroux

La localisation du cliché nous indique qu’à l’issue du conseil de révision, venant de la mairie, ce groupe est venu faire chambard sur un des lieux de vie important de Levroux, à savoir la place du marché.

Levroux_ConsilRevison1912_Recto1 Levroux_ConsilRevison1912_Recto2


L’expéditeur de la carte est donc le dénommé Raymond Grenon. Celui-ci figure bien sur la fiche matricule n° 1277 de la classe 1911 de Châteauroux et il effectua son conseil de révision à Levroux sous le numéro de recensement 47. Par cette fiche, nous apprenons que ce dernier se déclare mégissier et qu’il réside à Levroux. Comme il l'indique dans son texte il écrit "Enfin dans 4 mois le changement de vie …" postée au mois de juin, dans 4 mois, il sera alors octobre, le temps de l'incorporation. celle-ci se fera d'ailleurs au 1er RAC (Bourges), mais cela Raymond ne le sait pas encore.
Le destinataire de la carte est dénommé Gustave Rousseau, il s’agit d’une relation proche de Raymond Grenon, l’usage du terme copain et le registre de langage utilisé laisse supposer un niveau relationnel très proche, malheureusement, dans le cadre de cette première approche, il n’a pas été trouvé de Rousseau Gustave sur les tables matricules de Châteauroux pour les classes allant de 1904 à 1914, ce qui pourrait paraitre bizarre.

Levroux_ConsilRevison1912_Verso1

Deux prénoms sont dans le texte et laissent supposer que ceux-ci participent eux aussi au conseil de révision de la classe 1911 qui se tint à Levroux. Il s’agit des prénoms Clément et Pierre.

Concernant Clément, deux conscrits de la liste portent ce prénom et de plus, ont des patronymes très intéressants. En effet, nous avons ainsi Clément Eugène Anatole Grenon et Clément Gustave Rousseau. La lecture des fiches matricule nous donne la solution de l’énigme.
Clément Rousseau le destinataire est en réalité connu à l’état civil sous les prénoms de Clément Gustave (Matricule 1330). L’usage du deuxième prénom comme prénom usuel n’est pas rare. Ce dernier lui aussi mégissier se déclare le jour du conseil de révision comme résidant à Lunéville, ceci correspond donc à l’adresse d’expédition. Le prénommé Clément du corps de lettre est donc Clément Eugène Anatole Grenon (Matricule 1276). Ce dernier est vraisemblablement un « cousin » et de plus, il réside aussi à Levroux et déclare aussi la profession de mégissier.

Concernant le prénom de Pierre, deux cas sont possibles Pierre Marcel Pesson (Matricule 1312) et Pierre Gaston Rechaussat (Matricule 1320), mais rien ne permet de déterminer lequel est celui qui est cité dans le courrier.
L’envoi du cliché ne se fit qu’au moins de juin. Clément Gustave Rousseau est retourné à Lunéville et a certainement repris son activité professionnelle. Son copain Raymond lui transmet donc ce souvenir de ce moment important dans leur passage à l’âge adulte.

A propos de ce conseil de révision, après dépouillement des fiches matricules de la classe 1911 du bureau de recrutement de Châteauroux, on obtient:
Levroux fut le 13e canton concerné par la tournée du conseil de révision. En effet, à chaque session, un tirage au sort des cantons définit l'ordre de passage et donc le calendrier des conseils de révision et le trajet suivi par les membres dudit conseil.

FDP_Carte_ConseilRevision

Afin de comprendre le calendrier de la procédure de recensement puis d'incorporation, voici une petite frise chronologique concernant directement la classe 1911. Pour les autres classes jusqu'à la classe 1912, il suffit de décaler le calendrier par année. La classe 1913 n'est pas concernée puisque appelée en avance du fait de la loi des 3 ans concernant la durée du service militaire.

CaptureFrise_Incorporation

Concernant spécifiquement le canton de Levroux et la classe 1911, nous avons donc:

  • Nombre d'habitants en 1911: 10815
  • Nombre de conscrits appelés au conseil de révision: 110 soit 1,02% des habitants du canton, sachant que la moyenne départementale est de 0,80%. Le canton peut donc être considéré comme ayant potentiellement une moyenne d'age inférieure à la moyenne départementale.
  • Taille moyenne des conscrits: 165,72 cm pour une moyenne départementale de 166,19 cm
  • Niveau d'Instruction: 2,49 pour une moyenne départementale de 2,43
    Pour rappel: 0 : ne sait ni lire ni écrire 1 : sait lire seulement 2 : sait lire et écrire 3 : possède une instruction primaire plus développée 4 : a obtenu le brevet de l'enseignement primaire 5 : bachelier, licencié, etc.
  • Résidence des conscrits: 45,45% des concrits de Levroux demeurent dans leur commune de naissance à la conscription, alors que la moyenne départementale est de 53.23%, le canton de Levroux perd ses natifs. 27% sont installés dans le reste du département, avec une moyenne départementale de 22.42%, le canton de Levoux voit donc partir ses natifs expatriés vers d'autres départements. 

Des 110 conscrits de la classe 1911, 22 décèdèrent lors du conflit, soit 20%. 20 décédèrent alors rattachés àune unité d'infanterie (RI, BCP, BCA, ...), 2 se dépendaient de l'artillerie. A cela, il faut indique les affectations d'incorporations suivantes (en 1912): 

   

Types Unités Incorporation

   

Infant

Artillerie

Génie

Cavalerie

SIM

Train

SCOA

Autres

Levroux

110

71

64,55%

18

16,36%

1

0,91%

8

7,27%

1

0,91%

1

0,91%

2

1,82%

3

1,83%

Concernant les 22 qui décèdèrent entre 1914 et 1918, 2 succombèrent en 1914 à Levroux, à leur domicile avec des causes de réforme ne concernant pas le conflit (réforme n°2).

Lors du passage en conseil de révision, les conscrits sont classés suivant 7 catégories. Les absents sont systématiquement classé "bon pour le service" en catégorie 1.

Capture

On dénombre ainsi:

  • Catégorie 1:  96 conscrits dont 5 absents
  • Catégorie 2: 3 conscrits (2 avec déformation pouce et 1 avec varices)
  • Catégorie 3: 3 conscrits (1 engagement au 90e RI de Châteauroux et 2 pour les Equipages de la Flotte)
  • Catégorie 5: 5 conscrits pour faiblesse (qui repasseront donc à la prochaine session) Parmi les 5, 3 seront catégorie 1 avec la classe 1912 en 1913 et seront affectés au Service Auxilaire catégorie 2 (Artillerie et Remonte) 

On trouve aussi 2 exemptés et 1 rayé des listes puisqu'inscrit à Paris 3e Bureau.

Les 110 conscrits de la classe 1911 de Levroux, bureau de recrutement de Châteauroux:

1236 Levroux 1 ARTEIL Joseph
1237 Levroux 2 BAILLY André
1238 Levroux 3 BARBOTIN Abel Désiré
1239 Levroux 4 BARBOUX Auguste
1240 Levroux 5 BARD Georges
1241 Levroux 6 BARRAULT Henri
1242 Levroux 7 BERNIER Joseph Silvain
1243 Levroux 8 BERTHIN Marcel Jean
1244 Levroux 10 BODIN Marcel Joseph
1245 Levroux 12 BORDAY Albert
1246 Levroux 13 BORGEAIS Louis Léon
1247 Levroux 14 BOTTIN Jean Baptiste Théodore
1248 Levroux 16 BRIMBAULT Alexandre Louis
1249 Levroux 17 BRUERE Charles
1250 Levroux 18 CAILLET Jules Désiré
1251 Levroux 19 CATHERINEAU Louis Julien
1252 Levroux 20 CATHERINOT Octave
1253 Levroux 21 CHAMPIOT Augustin
1254 Levroux 22 CHARBONNIER Louis Ernest
1255 Levroux 23 CHARBONNIER Maximilien
1256 Levroux 24 CHARPENTIER Alphonse
1257 Levroux 25 CHAUVEL Raoul Jules Frédéric
1258 Levroux 26 CHAUVIN Alphonse
1259 Levroux 28 CLEMENT Léon
1260 Levroux 29 COUDRAY Albert
1261 Levroux 30 COUTANT Albert
1262 Levroux 31 DARNAULT Henri Georges
1263 Levroux 32 DAUDET Lucien Joseph
1264 Levroux 33 DAUMAIN René Abel
1265 Levroux 34 DENIS Marc Henri
1266 Levroux 36 DESIRE Térence Henri
1267 Levroux 37 DUCROT Louis François Henri
1268 Levroux 38 FERRE Henri Alexandre
1269 Levroux 39 FERRE Prudent Florent Désiré
1270 Levroux 40 FREMONT Gustave
1271 Levroux 41 GAUGRY Victor
1272 Levroux 42 GAULTIER Maurice André
1273 Levroux 43 GILLET Georges Joseph
1274 Levroux 44 GODARD Maurice Aristide
1275 Levroux 45 GRELET Georges Didier
1276 Levroux 46 GRENON Clément Eugène Anatole
1277 Levroux 47 GRENON Raymond
1278 Levroux 48 GRIMAULT Charles Eugène
1279 Levroux 49 GUILLON Eugène
1280 Levroux 50 GUILPAIN Emile
1281 Levroux 51 HANNEQUIN Lucien
1282 Levroux 52 HERVET Georges
1283 Levroux 53 HERVET Robert Jules
1284 Levroux 54 HUET Eugène
1285 Levroux 55 HUET Marcel Martial
1286 Levroux 56 JOFFRE Hubert
1287 Levroux 58 JOINAUX Jean Victor
1288 Levroux 59 JOURNOUX Joseph Henri
1289 Levroux 60 LACOTE Ferdinand
1290 Levroux 61 LACOTE René
1291 Levroux 62 LARUEL Michel Ernest
1292 Levroux 63 LECLERC Jules Georges
1293 Levroux 64 LECONTE Marcel
1294 Levroux 65 LESECHE Alexandre
1295 Levroux 66 LIMET Gustave
1296 Levroux 67 LOISEAU Alexandre Joseph
1297 Levroux 68 MADROLLE Georges Fernand
1298 Levroux 69 MAILLET Alexandre
1299 Levroux 70 MALASSINET André Auguste
1300 Levroux 71 MARDON Louis Joseph
1301 Levroux 72 MAUDUIT René Lucien
1302 Levroux 73 MAUPOUX Léopold Alphonse
1303 Levroux 74 MEZIER Alphonse
1304 Levroux 75 MOREAU Paul André
1305 Levroux 76 PALLEAU Raymond Louis
1306 Levroux 78 PENIN Emile
1307 Levroux 79 PERIEAU Luc
1308 Levroux 80 PERON Henri
1309 Levroux 81 PEROT Léon Gustave
1310 Levroux 82 PERRAULT Octave
1311 Levroux 83 PERRIOT Camille
1312 Levroux 84 PESSON Pierre Marcel
1313 Levroux 85 PILORGET Jules
1314 Levroux 86 POIRIER Alphonse Hubert
1315 Levroux 87 PREVOST Auguste Henri
1316 Levroux 88 PUARD Julien
1317 Levroux 89 RABATE Lucien Adrien
1318 Levroux 90 RABATE Paul
1319 Levroux 91 RAPHANAUD Léon Charles
1320 Levroux 92 RECHAUSSAT Pierre Gaston
1321 Levroux 93 RENAULT Gustave Charles
1322 Levroux 94 RENAULT Marcel
1323 Levroux 95 REUILLON Auguste
1324 Levroux 96 RICHARD Henri Joseph
1325 Levroux 97 RICHARD Louis Léon
1326 Levroux 98 RIMBERT Alexandre
1327 Levroux 99 ROBERT Joseph
1328 Levroux 100 ROGIER Alcide Emile
1329 Levroux 101 ROUET Henri Joseph
1330 Levroux 102 ROUSSEAU Clément Gustave
1331 Levroux 103 ROUSSEAU Robert Eugène
1332 Levroux 104 SAINSON Louis Julien
1333 Levroux 105 SALLE Désiré
1334 Levroux 106 SALMON Marcel
1335 Levroux 107 SEMION Maurice Alphonse
1336 Levroux 108 SOUDET Paul
1337 Levroux 109 THERET Eugène
1338 Levroux 110 TISSIER Fernand
1339 Levroux 111 TISSIER Jean Baptiste
1340 Levroux 112 TISSIER Jean Baptiste Léocade
1341 Levroux 113 TURIER Lucien
1342 Levroux 114 VALLET Camille Maurice
1343 Levroux 116 VINCENT Marcel Alphonse

 


 

La suite de l'étude concernant la classe 1911 avec les cantons de Argenton sur Creuse et Eguzon. 

26 avril 2021

Fonds Valois BDIC/ECPAD/IWM - Le 68e RI à Loos à l'automne 1915 (Mise à jour 2021)

Il est des découvertes que j'aime partager.
L'avantage évennementiel du Centenaire 1914-1918 est de voir que nombreuses sont les institutions qui ouvrent leurs fonds au public. Une des plus remarquables est la mise à disposition du fonds Valois par la BDIC (Bibliothèque de Documentation Internationale Comtemporaine).
Qu'est ce que le fonds Valois? Il s'agit de la collection de photographies qui a été constituée à partir des clichés pris, lors du conflit, par les opérateurs par la Section photographique des Armées (SPA), - Pour accèder à la partie numérisée et en ligne, il est possible d'utiliser le module de recherche sur le site https://argonnaute.parisnanterre.fr/

Il est important de noter que les clichés sont libres de droit et de d'utilisation. Bien évidemment, en échange, il est demandé de simplement signaler la source du cliché (Fonds Valois - BDIC).
Les clichés sont disponibles en 300 dpi et en fichier JPEG, ce qui permet une certaine facilité d'utilisation.

Que trouver dans ce fonds? Je suis bien loin d'avoir exploré la totalité des clichés, mais l'usage de mots clés m'a cependant permis de trouver quelques pépites que je vous présenterais au fil de plusieurs publications. N'hésitez pas à user et abuser des mots clés.
Attention cependant, le référencement par mots clés est cependant restrictif. Je n'ai ainsi pas pu trouver le cliché à partir de "68e", mais bien à partir de "Loos" (Loos en Gohelle 62), et encore à condition de ne pas confondre avec Loos qui se trouve dans le département du Nord (59).

Tout d'abord, certainement mon cliché préféré:

2 soldats du 68e RI dans les tranchées du secteur de la Pépinière de Loos.

Capture

URL sur l'Argonaute: https://argonnaute.parisnanterre.fr/ark:/14707/a011432125253AuDDuU/9249b08629

Pourquoi choisir ce cliché?
Tout d'abord pour l'unité des soldats présents, car il s'agit effectivement de 2 soldats du 68e RI, le numéro d'unité est lisible sur les pattes de col de la capote bleu horizon du soldat au premier plan. De plus, je me peux m'empêcher d'être troublé par la gravité de ce regard fixant l'objectif.

CapturePepinière3

Avant d'entamer une petite étude du cliché, il est à noter que ce même cliché figure dans les collections de Imperial War Museum de Londres. Certes de moins bonne qualité, un autre exemplaire est visible à cette adresse http://www.iwm.org.uk/collections/item/object/205214993
La légende du cliché donne alors:

Object description
A French soldier at the listening post, twenty metres from the German line in the Nursery Sector of the "Entent Cordiale" trench, south-east of Loos, 22 December 1915.

Revenons au cliché de l'Argonnaute. Comme tous les clichés consultables sur ce site, il apparait des annotations en marge de la photographie:

Loos
22 novembre 1915
Secteur de la pépinière - Tranchée de l'entente cordiale - Poste d'écoute à 20 mètres des Allemands.

On notera la similitude en les 2 légendes que ce soit pour la BDIC ou l'IWM. Seule différe le mois de la prise de vue.

Rentrons dans le détail de ce cliché: Il s'agit très exactement de Loos en Gohelle, dans le département du Pas de Calais (62). Le secteur de la pépinière est le sous-secteur Sud du secteur de Loos dans lequel les unités de la 17e Division se relayèrent.

CaptureJMO68_19151122 CaptureJMO68_19151222
Sources: 22/11/1915 et 22/12/1915 dans le JMO du 68e RI - Mémoires des Hommes

La consultation du Journal de Marche du 68e RI, ne permet pas de trancher sur le mois de la visite du photographe. Tant à la date du 22 novembre 1915 qu'à la date du 22 décembre 1915, le 68e est en ligne dans le sous-secteur de la Pépinière.

Quel est ce secteur de la Pépinière?

AFGG_19151011_1
sources: AFGG -Mémoires des Hommes (situation au 11 octobre 1915)

Ce secteur est positionnable précisement grâce à la consultation du Journal de Marche de la compagnie 9/1 du 6e Génie (Compagnie divisionnaire du génie rattachée à la 17e Division), il est alors possible de mieux visualiser le secteur Sud dit de la Pépinière

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Sources Mémoires des Hommes - JMO 9/1 6e Génie

10584023_863734650408979_114715580839488092_n
Sources Mémoires des Hommes - JMO 9/1 6e Génie

 

La légende du cliché BDIC indique que nous sommes au sein d'un poste d'écoute, donc en avant de la tranchée de première ligne. Il s'agit, sur le plan ci-dessus, d'un des points nommés G1 à G7

Analysons maintenant le cliché:

Les 2 soldats sont équipés typiquement avec la tenue de l'hiver 1915-1916. La capote est de couleur Bleu-horizon et est un modèle 1914 et le casque Adrian est présent.
La capote modèle 1914 est caractérisée par la présence d'au moins une poche sur la poitrine et par une seule rangée de boutons. Il y eut plusieurs types en fonction des coupes et ajustements vestimentaires, ainsi, le 2e type vit la disparition de la poche droite de poitrine voir la disparition des 2 poches de poitrines.
Le point notable au niveau vestimentaire est la présence d'un couvre casque en drap. Celui-ci apparut effectivement  à l'automne 1915 pour finalement être retiré réglementairement fin 1916.
Le soldat situé à l'arrière plan, en plus des bandes molletières réglementaire porte des guètres de cuir, qu'il a gardé de son ancienne tenue datant d'avant l'apparition du bleu-horizon.

Ce soldat assis sur la banquette de tir, utilise un périscope de tranchée afin d'observer l'ennemi qui est situé à proximité (20 mètres d'après la légende de la photo).

On notera que plusieurs clichés ont été pris ce même jour dans les tranchées du secteur. On en trouve trace soit sur l'Argonaute, soit sur le site d' IWM.

 CaptureARGON_Pepiniere CaptureARGON_Pepiniere1
2 autres clichés BDIC pris à la Pépinière de Loos le 22 novembre 1915

https://argonnaute.parisnanterre.fr/ark:/14707/a011432125253bVxHyh/21c72d79c6

https://argonnaute.parisnanterre.fr/ark:/14707/a011432125253ojCXP1/e573a1c28e

 

 Une autre étude dans un secteur très proche, toujours en Artois, mais cette fois à la Cité des Cornailles: Hommage à Paul Moulins de Cluis


 MISE A JOUR 2021 - 1

Une mise à jour que je n'avais pas prévu mais qui fait suite à un fil de discussion sur Twitter avec divers membres de la communauté 1418 et notamment le directeur de l'ECPAD, M. Laurent Veyssière.
Alors que nous abordions le sujet de l'origine des clichés et que je diffusais le lien vers le présent message, M. Veyssière me fit l'énorme* surprise de diffuser la version originelle du cliché présenté en début de message et ayant fait l'objet de l'analyse ci-dessus.

Ce cliché connu à l'ECPAD sous la référence SPA 1S19 (SPA Service Photographique de l'Armée) et l'opérateur, auteur de ce reportage, est aussi connu. Il s'agit de Emmanuel MAS.
Dans la même discussion, il me transmet un cliché pris par le même opérateur, le même jour mais dans le secteur de la Carrière. Une recherche complémentaire est nécessaire, je reviendrais ultérieurement sur le sujet.

Ez67Q1fXsAIHzvx
ECPAD - SPA 1S19
Merci à Laurent Veyssière

* Dans mon texte de ce soir, l'usage de l'adjectif Enorme n'est pas galvaudé. Passer du temps, venir, revenir, re-revenir sur un message, le fignoler, l'ajuster, le compléter est effectivement un énorme plaisir.


 

 MISE A JOUR 2021 - 2

Via le compte Facebook @musee2Gmeaux du Musée de le Grande Guerre du Pays de Meaux, je découvre un exemplaire colorisé d'une des photos de la série:
il s'agit d'un exemplaire du magazine Archeologia de Novembre 2016.

201919962_4394139053943974_7706658519097727929_n

 

 

 

 

collection dite des Albums Valois a été constituée par la Section photographique des Armées (SPA), - See more at: http://argonnaute.u-paris10.fr/En-savoir-plus/p15/Les-collections-numerisees-sur-la-Grande-Guerre-de-la-BDIC#sthash.qJREsSVq.dpuf

collection dite des Albums Valois a été constituée par la Section photographique des Armées (SPA), - See more at: http://argonnaute.u-paris10.fr/En-savoir-plus/p15/Les-collections-numerisees-sur-la-Grande-Guerre-de-la-BDIC#sthash.qJREsSVq.dpuf
collection dite des Albums Valois a été constituée par la Section photographique des Armées (SPA), - See more at: http://argonnaute.u-paris10.fr/En-savoir-plus/p15/Les-collections-numerisees-sur-la-Grande-Guerre-de-la-BDIC#sthash.qJREsSVq.dpuf
collection dite des Albums Valois a été constituée par la Section photographique des Armées (SPA), - See more at: http://argonnaute.u-paris10.fr/En-savoir-plus/p15/Les-collections-numerisees-sur-la-Grande-Guerre-de-la-BDIC#sthash.qJREsSVq.dpuf
collection dite des Albums Valois a été constituée par la Section photographique des Armées (SPA), - See more at: http://argonnaute.u-paris10.fr/En-savoir-plus/p15/Les-collections-numerisees-sur-la-Grande-Guerre-de-la-BDIC#sthash.qJREsSVq.dpuf
26 avril 2021

« Pour les belges, y’en a plus », le parcours de Pierre, un légionnaire de Sainte-Sévère.

Il est parfois des soldats tant dans leur description physique que dans leur parcours de vie et de combat, on sait que l’on a affaire à des soldats particulièrement aguerris.
Pierre est né en 1888 à Sainte Sévère, une commune du sud du département de l’Indre, à la frontière avec le département de la Creuse.
Bien que né en novembre 1888, il est rattaché au moment de sa conscription avec la classe 1909, il est classé dans la 1ère partie de la liste de la classe 1910, celle des « bon pour le service ».

Dans la rédaction de la fiche matricule, il est alors détaillé comme étant d’une taille peu habituelle pour l’époque, à savoir 1m 81. Un « géant » au milieu des conscrits d’alors. Pour comparaison, la taille moyenne de la classe 1911 du recrutement de Châteauroux est de 1m66. Il est aussi à noter que bien que rattaché au bureau de recrutement de Châteauroux, il est sous la responsabilité de sa grand-mère demeurant à La Châtre suite aux décès de ses deux parents. Au moment de la conscription, il est déclaré comme résidant à Paris et déclare alors la profession de plombier (type écriture différente, rajout ultérieur sur la fiche matricule).
Suite à la conscription liée au recensement, il est inscrit comme n°1 sur la liste de recrutement cantonal, ce qui est normal, les "bons absents" sont consiérés comme "Bons pour le service" par défaut
Alors commence l'aventure, à la suite de son état-civil, le détail de ses états de services est assez éloquent et commence bien avant la conscription. Dans l’année 1908, il enchaine les condamnations.

  • 13 août 1908 : 4 mois de prison (sursis 5 ans) pour vol – tribunal de Versailles
  • 10 septembre 1908 : 8 jours de prison pour filouterie d’aliments – tribunal de Versailles
  • 17 septembre 1908 : 2 mois de prison pour outrages à agents – tribunal de Versailles
  • 8 avril 1909 : 3 mois de prison pour filouterie d’aliments – Cour d’appel de Paris

Toujours est-il qu’au vu de ces antécédents, libre de ses gestes, il est convoqué le 1er octobre 1910 pour effectuer son service militaire au sein du 2e Bataillon d’Infanterie Légère d’Afrique. Ne se présentant pas, il est déclaré « Insoumis » à la date du 4 décembre 1910.
De là, plus aucune nouvelle jusqu’au 18 avril 1918 où il est rayé du « Contrôle des Insoumis ».

Que s’est il passé pour que ce changement majeur intervienne dans son dossier ?

En réalité, Pierre est insoumis, mais .... Tout en changeant son patronyme, il s’engage dans la Légion Etrangère et déclare la nationalité belge. En effet, le 16 novembre 1909, il signe un engagement de 5 ans pour le 1er Régiment Etranger sous le patronyme de Wantier Edmond. Il arrive au corps le 22 novembre 1909 et ce comme légionnaire de 2e classe. Sa fiche matricule l’indique comme ayant à son actif plusieurs campagnes en Algérie et au Sahara.

Capture_FicMat1


Je me permet là, un petit aparté concernant son physique et son parcours. Avec ses yeux bleus, son mètre 81 et son parcours « saharien », nous ne sommes pas loin de l’image du légionnaire imaginaire chanté par Edith Piaf.

On rappelera aussi que nous fêterons bientot les 158 ans de Camerone et que nous avons récemment fêté les 190 ans de la Légion Etrangère:

Louis-Philippe, roi des Français, à tous présents et à venir salut ;

Vu la loi du 9 mars 1831 :
Sur le rapport de notre Ministre Secrétaire d’État au Département de la Guerre : Nous avons ordonné et ordonnons ce qui suit :

Art. 1 - Il sera formé une Légion composée d’Étrangers. Cette Légion prendra la dénomination de Légion Étrangère.
Art.2 - Les bataillons de la Légion Étrangère auront la même formation que les Bataillons d'infanterie de ligne.
Art.3 - Pour la solde, les masses et son administration, la Légion Étrangère sera assimilée aux régiments français. L'uniforme sera bleu avec le simple passepoil garance et le pantalon de même couleur, les boutons seront jaunes et porteront les mots Légion Étrangère.
Art.4 - Tout Étranger qui voudra faire partie de la Légion Étrangère ne pourra y être admis qu'après avoir contracté, devant un sous-intendant militaire, un engagement volontaire.
Art.5 - La durée de l'engagement sera de trois ans au moins et de cinq ans au plus.
Art.6 - Pour être reçus à s'engager, les Étranger devront n'avoir pas plus de quarante ans, et avoir au moins dix-huit ans accomplis, et la taille de 1m55. Ils devront en outre être porteur d'un certificat d'acceptation de l'autorité militaire constatant qu'ils ont les qualités requises pour faire un bon service.
Art.7 - En l'absence de pièces, l’Étranger sera envoyé devant l'Officier Général qui décidera si l'engagement peut être reçu.
Art.8 - Les militaires faisant partie de la Légion Étrangère se pourront rengager pour deux ans au moins et cinq ans au plus. Les rengagements ne donneront droit à une haute paie qu'autant que les militaires auront accompli cinq ans de service.
Art.9 - Notre Ministre Secrétaire d’État au Département de la Guerre est chargé de l'exécution de la présente ordonnance. Par le Roi :

Le Ministre Secrétaire d’État de la Guerre Signé : Maréchal SOULT Duc de Dalmatie
signé : LOUIS-PHILIPPE


Quelques aléas apparaissent encore dans son parcours, ainsi le 5 septembre 1912, il est condamné à 2 ans de prison par le 2e Conseil de Guerre d’Oudja pour outrages à un supérieur en dehors du service et destruction d’actes originaux. La peine est réduite à 8 mois en juillet 1913. Il passe alors au 2e Régiment Etranger en novembre 1913. Il est affecté « Aux Armées » (au front) le 30 septembre 1914, venant d'Algérie. Sa conduite lui permet de passer Caporal le 17 avril 1915 et il retourne au 1er Etranger à compter du 1er Septembre 1916.

Sur sa fiche matricule en mars 1918, intervient un élément important dans son parcours. Une décision ministérielle réattribue son nom de naissance au légionnaire WANTIER. Il redevient alors Pierre DIONNET de la classe 1909 du recrutement de Châteauroux.
Dès le mois suivant, il est rayé des contrôles de l’insoumission. Ainsi, le 26 aout 1918, la Cour d’Appel de Lyon prononce sa réhabilitation.

Entre temps, le 26 avril 1918, Pierre DIONNET était tombé sur les terres de Somme, dans la zone de Cachy. Il fut alors déclaré « Mort pour la France »
Il est à noter qu’il apparait bien avec son patronyme de naissance sur les listes de pertes du Journal de Marche et Opérations du RMLE (Régiment de Marche de la Légion Etrangère). Cela nous permet de découvrir son affectation à la Compagnie de Mitrailleuses (CM3) de la 3ème Compagnie.

CapturePertes
SHD Journal de marche du RMLE 26N862

Son acte de décès fut transmis à la mairie de Paris 15e, le 20 aout 1919. Il figure à ce titre sur le Livre d’Or de Paris 15 et sur le monument parisien duPère Lachaise (Paris 20). Aucun monument et aucune sépulture de l’Indre porte son nom tant à Sainte-Sévère son lieu de naissance, qu’à La Châtre lieu où résidait sa grand-mère, tutrice.

A la lecture de sa fiche matricule, il apparait qu’il est cité 2 fois à l’ordre de la Brigade (1916 et 1917) et 1 fois à l’Ordre de la Division (1917). Il est pour cela décoré de la Croix de Guerre avec 3 étoiles (2 de Bronze et 1 d’Argent).

s-l1600

 

Sa fiche sur Indre1418soldats : http://indre1418soldats.canalblog.com/archives/2018/04/26/35887450.html

Sa fiche Mémoires des Hommes (rédigée sur un modèle 1921): https://www.memoiredeshommes.sga.defense.gouv.fr/fr/ark:/40699/m005239e48859460/5242bd5ea05e3

Sa fiche Matricule : http://www.archives36.fr/ark:/30439/s005a81acd4a2067/5a81acd4f1542

A propos de l'attaque du 26 avril 1918 sur le secteur de Cachy par la Légion Etrangère et le RMLE (Régiment de Marche de la Légion Etrangère) le journal de Marche et Opérations du RMLE est particulièrement bien détaillé: https://www.memoiredeshommes.sga.defense.gouv.fr/fr/ark:/40699/e0052791ee85be07/52791ee969c89

 

CaptureJMO_26041918

Les pertes du 26 avril 1918 au sein de RMLE (Journal de Marche et Opérations):

  • 120 tués dont 5 officiers
  • 497 blessés dont 7 officiers
  • Disparus 205 dont 1 officier

pj141427011918
Le Petit Journal -Janvier 1918

18 mars 2021

1.707 retours de corps en Bas-berry, il y a 100 ans (2013 Réactualisation 2021)

17, 18, 19 mars 1921. Voilà une période bien particulière, nous en fêtons le centenaire en ce moment. Ces dates sont à retenir, car elles correspondent aux dates de l’arrivée du premier convoi officiel de « retours de corps » depuis les différents champ de bataille.
Au fil des décès, au fil du conflit, certaines dépouilles avaient effectué le voyage de retour au pays, mais cela supposait un décès en dehors de la Zone des Armées, bien souvent dans un hôpital bien loin du front. Seulement dans ces cas, les familles avaient l’autorisation de rapatrier le corps du défunt et ce à leurs frais.
Ces retours de corps restent difficiles à appréhender et à détecter, en l’absence de sources fiables, qui auraient permis une comptabilité précise.

Or en avril 2013, sur les conseils de M. Lacour de Châteauroux, j’entrepris de dépouiller et saisir en base de données les 1707 retours de corps officiels qui eurent lieu tout au long des années 1921 et 1922.
En effet, sous la pression des politiques locaux, aux mêmes sous la pression des familles, l'Etat autorisa le retour des corps des défunts, depuis le front jusqu'aux communes des familles. Cette prise en charge était effectuée par l'Etat, à la demande des familles. Les frais engendrés étant à la charge de l’Etat, des factures sont envoyées à la préfecture afin de remboursements, tant des frais engagés par les communes ou par les intermédiaires.

Pour comprendre cette opération logistique de grande envergure, je vous conseille la lecture de "Corps perdus, corps retrouvés. Trois exemples de deuils de guerre". de Stéphane Audouin Rouzeau In: Annales. Histoire, Sciences Sociales, 55e année, N. 1, 2000. pp. 47-71.

Mais aussi de cet article :

Le transfert des corps des militaires de la Grande Guerre Par alain-raoul (15/12/2015)

Dans le cas du département de l'Indre, les transferts s'effectuèrent sur les 2 années 1921 et 1922. Le premier convoi est parti en date du 16 mars 1921 et le dernier en date du 27 décembre 1922. Ce ne sont pas moins de 1707 corps qui revinrent ainsi dans le département, par le biais de 74 convois. On trouve dans ces dossiers, une foultitude de mentions intéressantes (adresse familles, horaires des trains locaux, fiches de coût de prise en charge par les autorités locales, demandes de renseignements par des familles, ...)

Revenons donc à la date du 17 mars 1921. Cette date correspond à l’arrivée dans le département d’un convoi en provenance de la Gare de Répartition de Creil (Oise). Ce convoi d’abord à destination de la gare régionale de répartition de Vierzon et qui, à partir de là, se dirige vers Châteauroux et ce afin d’y arriver le 17 mars 1921 à 13h41. Ce sont donc 68 cercueils qui arrivèrent à la gare « Paris-Orléans » de Châteauroux. Une fois arrivés, les cercueils sont transbordés vers les différentes lignes locales, afin d’arriver dans les communes de destination des cercueils, à la demande des familles.

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AD36 791W118

Azay le Ferron (1), Argenton (4), Ardentes (1), Ambrault (1), Arthon (1), Baraize (1), Chabris (1), Cluis (1), Chatillon (1), Chitray (1), Chasseneuil (2), Châteauroux (5), Chantôme (1), Chaillac (2), Déols (1, Diors (1), Eguzon (1), Gargilesse (1), Issoudun (2), Lureuil (1), Lingé (1), Le Blanc (2), Levroux (1), Le Péchereau (1), La Berthenoux (1), La Châtre (1), Lourdoueix-Saint-Pierre (1), Le Pin (1), Méasnes (1), Mézières-en-Brenne (2), Moulins-sur-Céphons (1), Neuillay-les-Bois (1), Neuvy-Pailloux (1), Neuvy-Saint-Sépulchre (2), Orsennes (1), Orville (1), Préaux (1), Reuilly (2), Sazeray (1), Sainte-Lizaigne (1), Saint-Marcel (1), Sainte Sévère (1), Sainte-Gemme (1), Saint Hilaire (1), Saint-Benoit-du-Sault (1), Tournon-Saint-Martin (1), Thizay (1), Thenay (1), Vicq-sur-Nahon (2), Vatan (1), Villentrois (1), Vineuil (1), Villedieu (1).

Toute cette liste de communes destinatrices des dépouilles ne présage pas de la gare de destination suite au transbordement. Ainsi, les cercueils à destination de Gargilesse et du Pin sont envoyés à la gare du Menoux.  Dans le même ordre d’idée, à la gare de La Châtre sont affectés le cercueil à destination de La Châtre mais aussi celui à destination de La Berthenoux.

Les communes de Lourdoueix-Saint-Pierre et Méasnes, bien que situées dans la Creuse, font l’objet d’un transbordement à Châteauroux avec transfert vers la gare d’Aigurande. 

De Châteauroux nous avons donc 5 départs dans 5 directions qui sont prévus :

  • En direction de Limoges, train n°1903 du 19 mars 1921 à 4h05 – 24 cercueils, 11 wagons (gares d’Eguzon, Argenton, Chitray, Le Menoux, Le Péchereau, Cluis, Tournon-Saint-Martin, Saint-Gaultier, Le Blanc, Chabenet, Saint Hilaire)
  • En direction de Vierzon, train n°1854 du 19 mars à 5h34 – 10 cercueils, 5 wagons (Reuilly, Sainte-Lizaigne, Issoudun, Neuvy-Pailloux, Montierchaume)
  • En direction de Tours, train 788 du 18 mars à 6h15 – 11 cercueils, 3 wagons (Vendoeuvres, Buzançais, Saint Michel-en-Brenne, Lingé, Ecueillé, Chatillon, Villedieu)
  • En direction de Montluçon, train 2261 du 19 mars à 6h15 – 10 cercueils, 5 wagons (Champillet, Urciers, La Châtre, Aigurande, Neuvy-Saint-Sépulchre, Ardentes)
  • A destination de Châteauroux (en local ou transit) – 13 cercueils, 5 wagons (Valençay, Vicq-sur Nahon, Moulins-sur-Céphons, Levroux, Vineuil). Les destinations vers Châteauroux, Arthon et Déols induisent un transfert local sans moyens de transport par chemin de fer.

 Ces listes sont accompagnées de divers papiers liés à l’activité préfectorale et sont ainsi stockées aux Archives Départementales. En effet, l’Etat prenant en charge les frais engendrés, on trouve ainsi des états de dépenses communaux qui sont envoyés à la préfecture pour remboursement. A titre d’exemple, nous trouvons pour la commune d’Argenton, un « Relevé des sommes dues aux manutentionnaires ayant effectué à Argenton, le transbordement du réseau P.O. sur le réseau des tramways, des cercueils contenant les restes des militaires « Morts pour la France » et restitués à leurs familles».

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AD36 -791W118

 

A partir de là, au moment de l’arrivée en gare, les cercueils sont pris en charge par la commune et les familles pour ensuite une inhumation au cimetière communal. Dans ces journaux, Raymond Rollinat note en date du 19 mars 1921, « Obsèques des soldats Varaillon, Demay, Petit et Dubois, tués à l’ennemi. Argenton, gare et cimetière » De là, il prend une série de (clichés ayant trait aux cérémonies).


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Voici donc, par communes, la liste des corps rapatriés dans le département. Je reste bien évidemment à votre disposition pour de plus amples renseignements.

Sources: Archives départementales Indre 791W118 à 120

 Pour des raisons de lisibilité du message, j'ai enlevé la (trop) longue liste et mis à dispo mon fichier. Pour visualiser ce fichier excel complet (feuille protégée):

cliquez -> Classeur_RetourCorps_VersionBlog

Avant d'entamer la liste: quelques explications supplémentaires, pour les statisticiens :-)

A la question souvent posée concernant les pourcentages et les données départementales, voici quelques chiffres que je vous laisse malaxer:

  • Recensement de 1911: 287.673 habitants dans l'Indre
  • Classes 1878-1919 (classes mobilisées pendant le conflit): 141.771 Fiches matricules (mais pas tous mobilisés)
  • Sur les monuments aux morts: 11.646 noms mais la disparité des noms, les doublons, les manques laissent présager un chiffre à relativiser
  • Dans les fiches MDH: 10601 fiches de natifs du 36, mais seulement 9.682 fiches ont un recrutement "Chateauroux + Le Blanc".Et oui, l'exode rural (vers Paris notamment) était déjà d'actualité.
  • Il y a certainement eu d'autres retours de corps, mais combien?
    Concernant ceux-ci, il est à noter que de nombreux cas rencontrés correspondent à des décès dans des hôpitaux de l'arrière. La famille eut donc la possibilité de rapatriement du corps sans en passer par la voie ministérielle.

Donc si je vois large: 1700 retours de corps pour environ 11 à 12000 tués soit environ 15% et c'est un minimum.

En 2019, suite à un collectage de pas moins de 8000 clichés (Merci notamment à Alain Bréjaud et Huguette Mauduit) un recensement des sépultures et des lieux de mémoire sur le territoire national est entamé. A la date du 31/04/2019, pas moins de 6200 sépultures ou lieux de mémoire étaient recensés au niveau national puisqu'incluant les sépultures en nécropoles nationales.

100 ans après, une sépulture berrichonnne quasi oubliée (collection de l'auteur)

Sep2018

 

 

 

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