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Indre 1914-1918 - Les 68, 90, 268 et 290e RI

27 septembre 2016

La 17e Cie du 290e RI, l'encadrement au repos à Ypres [Réactualisation 27 Sept. 2016]

Dernièrement, Didier Boureaud m'a fait parvenir un cliché qui m'a bigrement intéressé, car il m'a permis de mettre des visages sur des noms connus pour qui s'intéresse au 290e RI. Qu'il soit par avance remercié pour la mise à disposition de son cliché.

290eRI_Ypres19150325_Recto 290eRI_Ypres19150325_Verso

La datation du cliché est relativement aisée, puisque la date est inscrite au verso du cliché : 25 mars 1915.
le lieu est bien connu par les combattants des unités du régiment. Il s'agit d'Ypres en Belgique. les régiments indriens y restèrent de la fin octobre 1914 au mois d'avril 1915.
Deux types d’annotations sont aussi inscrites. Au centre, de la même encre que la date et le lieu, nous trouvons la liste des 6 personnes présentes sur le cliché. En haut, nous retrouvons cette même liste mais avec des orthographes ou des annotations légèrement différentes. L’auteur des annotations est le même dans les 2 séries, la calligraphie est identique.
Vraisemblablement, les écritures du centre furent les premières reportées et celles du haut correspondent à une annotation ultérieure, ceci du fait de leur disposition sur le carton.
L’ordre de gauche à droite est différent de celui du cliché, il est en position miroir du cliché. Ceci est visible par la position du capitaine dans la liste des noms qui est alors 4e en partant de la gauche alors que sur le cliché , il figure en 3ème position.

Ces éléments permettent d’identifier les personnages comme suit :

Groupe1

Lorsque l’on étudie les uniformes de cette période précise qu’est l’hiver 1914-1915, il ne faut jamais oublier que l’armée française était alors dans l’improvisation logistique concernant les équipements fournit aux hommes. Avec le temps, l’uniforme se standardisa vers la tenue complètement équipée de Bleu-horizon.
5 soldats portent une capote Bleu Horizon modèle 1914 de 3ème type qui fut instaurée en décembre 1914. Le capitaine porte une tunique modèle 1893 (Couleur noire), il a pris soin d’enlever la capote qu’il porte habituellement lors des séjours en 1ère ligne.
5 képis sont visibles nous avons là 4 képis de modèle non définissables et couverts de couvres képis de teintes variées mais en adéquation avec la date. Le capitaine porte un képi traditionnel d’officier.
Dans le cas des 2 hommes de gauche, on notera la présence de rouleaux d’épaules en drap des anciennes tenues (Gris de fer bleuté – Bleu foncé).

Intéressons-nous aux numéros d’unités présents sur le cliché :

NumeroUnité

Les numéros visibles sur les tenues ne présentent pas d'anomalies flagrantes. Les liens entre le 90e RI et le 290e RI sont très proches, à la fois par le lieu de garnison identique, mais aussi par le fait qu'ils combattent ensemble au sein du 9ème corps d'Armée et les mouvements entre les 2 unités étaient courants.
Pour les 5 en bleu horizon, il est fait usage des numéros issus des anciennes tenues. A noter cependant l’originalité de celui de gauche qui se signale par l’usage du numéro 90 et par la présence d’un seul écusson porté sur la poitrine. En effet, le 2 novembre 1914, la suppression des pattes de collet est décidée, ainsi que leur remplacement par un écusson porté sur le côté gauche de la poitrine. Cette étonnante décision ne sera suivie que dans des cas extraordinairement peu fréquents. Cette disposition prit fin avec les dispositions du 9 décembre 1914 (Pattes Jonquilles).
On notera cependant que cette dernière disposition n’étaient toujours pas en vigueur en mars 1915 dans le cas nous intéressant.

Le capitaine porte le numéro 133 sur sa tunique et un képi avec le numéro 90. Nous verrons un peu plus loin, lors de la présentation de ce capitaine, le pourquoi du 133.

Si nous observons les bas de tenues, il est à noter l’usage des bandes molletières (plus ou moins bien enroulées), le deuxième en partant de la gauche à garder ses jambières en vigueur lors de la mobilisation (modèle 1913), par-dessus ses molletières de couleur Bleu-Horizon. Il porte la culotte de velours à grosse cotes qui équipa les soldats durant cette période intermédiaire entre la tenue de la mobilisation et celle standardisée du Bleu-horizon.

BasdeJambes

Nous sommes en présence de gradés, très certainement issus de la même compagnie. Nous avons donc 1 capitaine, 1 adjudant et 3 sergents. Pour le dernier présent sur le cliché, le grade n’est pas visible.

Grades1

Quelle est donc l’unité de ce groupe ?

Au vu des recoupements possibles à partir des données visibles et des données individuelles présentées ci-après, nous sommes vraisemblablement en présence des gradés (1 offcier et 5 sous-officiers) du 290e RI qui se firent prendre en photo, en ce 25 mars 1915, à Ypres.
Pour comprendre le contexte de ce cliché, prenons le Journal de Marche du 290e RI (J’ai volontairement enlevé les listes de pertes afin de ne pas alourdir le document)

21 mars 1915 : Nuit calme. Dans la journée de nombreux avions survolent le secteur, notre artillerie canonne vigoureusement les batteries allemandes qui ripostent faiblement. Contre ordre donné dans la journée à la relève de la 18e D.I. par la 17e D.I. L’état-major et les 22e et 24e Cies quittent Ypres à 20 heures pour aller relever au Polygone de Zonnebecke. La relève est terminée à minuit sans incident ; le Lieutenant-colonel EGGENSPIELER prend le commandement du secteur qui est tenu de droite à gauche par les 21e, 23e et 24e Cies en première ligne avec la 22e Cie en soutien et les 18e et 19e Cies en réserve. Une des deux Cies de réserve (La 18e) est désignée comme soutien du régiment placé à droite du secteur en exécution d’une note du service du Général Cdt la 18e D.I. du 19 mars.
Les 17e et 20e Cies viennent cantonner à Ypres sous les ordres du Commandant RENARD
.

22 mars 1915 : Après nuit calme, dans la matinée les batteries allemandes installées aux environs du château de Polderhoek canonnent les tranchées du bois du Polygone et le bois du Polygone et dans l’après-midi la batterie de Becelaere bombarde les deux tranchées de droite. Vers 13h30 quatre obus tombant sur le dépôt de matériel le font sauter.
Cantonnement à Ypres des 17e et 20e Cies.

23 mars 1915 : Nuit calme, fusillade peu nourrie ; bombardement de 10h15 à 11h00 des tranchées de première ligne principalement de la tranchée de droite s’éboule en deux points. A 15h00 et 15h45 nouveaux bombardements sur cette tranchée qui prennent fin après l’intervention de notre artillerie.
Même cantonnement pour les 17e et 20e Cies.

24 mars 1915 : Nuit calme ; canonnade vers 11h00 sur la tranchée de droite arrêtée après intervention de notre artillerie et vers 12h00 sur le bois du Polygone, le poste de commandement et le front du secteur. A la suite de ce bombardement deux hommes sont ensevelis sous les décombres d’une brèche faite dans une tranchée. Un tir d’infanterie est dirigé par la Cie de gauche sur un point où paraissait se tenir un observateur. Dis bombes Aasen sont lancées dont six avec succès. Réparation de la tranchée, assainissement des boyaux, pose de gabions, de fascines, de claies, et de sacs de terre ; pendant la nuit pose de chevaux de frise, de réseaux brun et de fil de fer barbelé.
Même cantonnement pour les 17e et 20e Cies

25 mars 1915 : Nuit et journée calmes, canonnade et fusillade presque nulles. Continuation des réparations de la tranchée du centre et des parapets de la tranchée de droite, pose des défenses accessoires. Dans la nuit, les compagnies de première ligne sont relevées par les 22e, 19e et 18e Cies qui tiennent le front dans cet ordre de droite à gauche ; les Cies relevées viennent s’installer la 24e en soutien et les deux autres en réserve.
Même cantonnement pour les 17e et 20e Cies

Le 290e RI est bien dans le secteur d’Ypres et les 17e et 20e Cies sont bien en cantonnement à Ypres. Alors quelle est la compagnie qui nous est présentée ici. Il s'agit de la 17e, cela correspond à l'ordre de bataille du 15 janvier 1915:
5ème Bataillon:
Chef de Bataillon: RENARD
17eme Compagnie:
Lieutenant Cdt la Cie:  MOREAU
S/Lieutenant:  JAILLET

Quelle pourrait être la localisation du cliché ?

Si on observe l'arrière plan du cliché, on constate effectivement que l'architecture des ruines présentes est typique de l'architecture gothique présente à Ypres. Peut-être s'agit-il d'ailleurs des ruines de la célèbre halle aux draps ou de la cathédrale Saint Martin de la cité flamande? Difficile cependant d'en dire plus.

1280px-Ypres_Belgium_NGM-v31-p337-B
La halle aux draps et la cathédrale Saint-Martin d'Ypres en 1917 (Sources Wikipédia)


 

Réactualisation du 7 septembre 2016:

Il est des moments que j'apprécie, surtout lorsque les internautes visitant le blog apportent leur pierre à l'édifice (si j'ose dire).
Après la participation spontanée de Didier Boureaud pour me proposer le cliché source de ce message, Sébastien Ducongé vient de me contacter en cette rentrée pour nous permettre la localisation du cliché. Son aieul, soldat au 268e RI, ayant été fait prisonnier dans le secteur d'Ypres le 4 novembre 1914, celui-ci s'intéressa au message que vous lisez.
De par quelques recherches et connnaissances, il entrepris d'identifier et de localiser le lieu de prise de vue du cliché.

Ayant trouvé une carte postale des ruines de la cathédrale Saint Martin d'Ypres, il localisa l'environnement du cliché. Plutôt qu'une lognue explication de ma part, je vous livre le document qu'il a pris le temps de rédiger.

 

CaptureJC0

Merci donc à Sébastien pour son aide et ayons à l'occasion une pensée pour Pierre "Clément" FOMPROIX qui prisonnier n'en revint qu'en 1919 et invalide, pour finalement décédé en 1926 des suites de ce conflit.

 


 

Quelle peut être l'origine de ce cliché ?

Didier Boureaud a retrouvé ce cliché dans les archives familiales. Hormis ce cliché, il a aussi retrouvé les livrets militaires de 3 aieux qui ont connus la période du conflit. Parmi ces livrets, un a particulièrement retenu notre attention car il contient des éléments en lien avec les données trouvées ci-dessus.
Il s'agit du livret de Constant Jules ALLEGRET.
En effet, en fouillant dans celui-ci, Didier me transmis le message suivant: "Je suis en mesure de vous confirmer que mon arrière-grand-père ALLEGRET Constant prénommé couramment  Jules était bien présent au 290 RI 17e Compagnie, comme l’atteste le certificat de vaccination du poste de secours du 290 RI en date de  février 1916."

CaptureLivretConstant1 Preuve présence ALLEGRET Constant Jules au 290eme regiment et 17e compagnie1(1)

Vraisemblablement, Jules avait donc gardé aussi un cliché souvenir de ses gradés de la 17e Cie.

Quels sont les personnages présents?

Après les avoir nommés, intéressons-nous maintenant aux parcours des 6 hommes présents sur le cliché par le biais des données accessibles. On notera que l'absence de prénoms, juste des noms rend plus difficile certaines recherches. Nous nous limiterons alors aux traces laissées dans la documentation historique actuellement disponible.

Volontairement, je présente les personnages suivant leur grade sur le cliché et non suivant leurs grades ultérieurement obtenus.

  • Le Capitaine MOREAU

Moreau

Le grade de capitaine est visible sur la tunique ainsi que sur le képi (3 bandes horizontales dorées). La tunique est toujours numérotée de son régiment d’origine (133e RI)

- Dans le JMO du 290e RI, à la date du 15 décembre 1914, l’arrivée du lieutenant MOREAU en provenance du 133e RI
Arrivée des lieutenants MOREAU et TOURNIER du 133e qui sont affectés aux 17e et 22e Cies.

- Le JMO du 17 janvier 1915 le donne à la tête de la 17e Cie du 290e RI:
Cantonnement à Vlamertinghe
Ordre de bataille
Colonel (Commandant le Régiment): EGGENSPIELER
5ème Bataillon:
Chef de Bataillon: RENARD
17eme Compagnie:
Lieutenant Cdt la Cie: MOREAU
S/Lieutenant: JAILLET

- Il est promu au grade de capitaine le 7 mars 1915:
Par décret de ce jour, le Capitaine MARSILY est promu à titre définitif et le Lieutenant MOREAU est promu Capitaine.

- Il est évacué pour maladie le 10 septembre 1915 :
Le Commandant De La BASTIDE et le Capitaine MOREAU sont évacués pour maladie.

 

 

 

 

  • Le Sergent BOUCHARD François Jules Marie

Bouchard

Le sergent Bouchard est connu au sein du régiment, car il était aussi le vicaire de Vatan. Ecclésiastique, il fut mobilisé au sein du 290e RI. Il était caporal en décembre 1914:

Citation à l'Ordre de la 17e Division.
BOUCHARD François-Jules-Marie, Caporal au 290e R.I. Le 29 novembre, aux tranchées de première ligne, a continué de panser des blessés en voyant deux de ses voisins tués à ses côtés. Le 3 décembre, a transporté en plein jour sur son dos un blessé de la première à la deuxième ligne de tranchées, par­courant plus de 300 mètres sous une fusillade intense, et montrant en cette circonstance une abnégation, un sang-froid et une indifférence au danger dignes des plus grands éloges.
Au Q.G., le 19 décembre 1914.
Signé : GUIGNABAUDET.

En avril 1915, le colonel Eggenspieler, chef de corps du 290e RI notait:
Nuncq. - Le 2 avril 1915, la 18e D.I. à laquelle nous étions toujours rattachés, s'est mise en- route pour se transporter dans la région à l'Ouest de Saint-Omer. Le 3, le régiment se trouvait à Esquelbec où il est resté encore pendant les deux journées suivantes. Le jour de Pâques se trouvait juste être un de ces jours. Aussi le régiment a-t-il organisé une messe solennelle, avec musique et chant, comme certainement les habitants n'en avaient jamais vue. Des formations sanitaires qui se trouvaient à demeure dans la localité, nous avaient prêté le concours de leurs artistes. Le Sergent Bouchard, grand et beau soldat, en temps de paix, vicaire à Vatan, officiait. Il était superbe dans sa chasuble sur laquelle il avait épinglé sa décoration russe de Saint-Georges. Un brancardier du régiment, ancien Prix de Rome, tenait les orgues. Il a fallu prendre quelques précautions avec cet artiste qui avait un fort penchant pour les spiritueux. Pour éviter tout accident, il a fallu lui adjoindre toute la matinée un Sergent, avec consigne formelle de l'empêcher de toucher à quelque narcotique que ce fut. La précaution était bonne. Notre artiste s'est acquitté magistralement de sa mission musicale. L'église était comble, aussi bien de militaires que de civils. Le Général Lefèvre présidait en personne la cérémonie.

 

Sergent sur le cliché en mars 1915,  il fut ensuite nommé Adjudant et sur le JMO du régiment, le 8 juin 1915, il est de nouveau promu au grade de Sous-lieutenant:
Mêmes cantonnements. Exercices.
Par décision de M. le Général en chef de ce jour les Adjudants BOUCHARD, ROYER, SIMON, HUBERT CAILLOU, BEAUCHET, CLECH et TEINTURIER sont promus Sous-lieutenants et affectés le premier à la C.H.R. comme porte-drapeau, le 2e à la 17e Cie, le 3e à la 18e, le 4e à la 19e, le 5e à la 20e, le 6e à la 22e, le 7e à la 23e et le 8e à la 24e Cie.

Courant 1915, le colonel Eggenspieler notait:
Le Sous-Lieutenant Bouchard, tout en continuant ses fonctions non officielles d’aumônier, prit celles de porte-drapeau. Il avait ainsi les loisirs nécessaires pour continuer à circuler dans les tranchées, pour exhorter et secourir les hommes dans les moments critiques. Je l'emmenais souvent avec moi dans mes visites au secteur. Quand il traînaillait derrière moi dans les tranchées. je savais ce qu'il faisait. Il échangeait un mot avec les soldats, leur distribuait du tabac et des cigarettes. Il était très aimé de tout le monde.

Il mourrut lors des combats de la Cote 304, à l'ouest de Verdun lors de la journée du 5 mai 1916. le colonel Eggenspieler notait alors:
A la nuit tombante je vis le sous-lieutenant Bouchard rentrer au P.C. en proie à une surexcitation extrême. C'était un brave s'il en fût. Mais à force de lutter contre les effets des obus il avait les nerfs ébranlés lui aussi. Personne ne peut résister à la longue à l'ébranlement causé par les explosions successives. En voyant l'état de Bouchard, je lui défendis expressément de sortir encore. Je lui dis qu'il avait largement fait son devoir. Tout son corps était comme secoué par une forte fièvre. Je me disais en moi-même qu'il n'allait pas m'écouter. Son devoir le poussait dehors malgré lui. Ayant demandé quelques minutes après s'il était là, on m'a répondu qu'il était reparti. Cette fois nous ne devions plus le revoir.

RI290_MPLF_BouchardFrancoisJulesMarie1
Sources: Mémoires des Hommes

En 2004, un ouvrage publié sous l’égide de l’association « Romain Guignard » de Vatan, publia des lettres de l’abbé Bouchard, voici la notice alors publiée :

Bouchard2Bouchard1 

 

  • Le sergent PEYROT DESGACHONS Louis Henri Maurice

RI290_MPLF_PeyrotDesgachonsLouisHenriMaurice PeyrotDesgachons
Sources Mémoires des Hommes                                                                   

Il figure dans les pertes régimentaires du 7 mai 1916:

PeyrotDesgachons_JMO290e
Sources Mémoires des Hommes

Sa fiche matricule est présente aux archives départementales de l'Indre: ICI

 

  • Le Sergent BOURGUIGNON

 

A748

 

Le grade de sergent est identifiable par le galon doré positionné en oblique sur la manche.
Sur le verso de la carte, il est indiqué que le Sergent Bourguignon est originaire des Deux-Sèvres et qu’il occupa la fonction de caporal-fourrier. Dans les annotations, il est d’abord déclaré (partie à l’encre) comme originaire de Châteauroux et son patronyme apparait sous l’orthographe de Bourgognon.

Dans le JMO du 290e RI, on trouve mention d'un sergent Bourguignon qui est blessé

12 janvier 1917 :
Fusillade presque nulle, par contre l’artillerie a manifesté une grande activité.
La 17e a reçu des obus de moyen et gros calibres pendant presque toute la journée. Vers 10 heures, une dizaine de 150 sont tombés dans le secteur de la 21e. Vers 15 heures, des obus de 210 sont tombés dans les mêmes parages occasionnant des dégâts matériels qui, ajoutés aux nombreux éboulements provoqués par les pluies, rendent très difficile le maintien en bon état du secteur.
Notre artillerie ne reste pas inactive et elle exécute sur les tranchées ennemies des tirs très violents de représailles.

Bourguignon_JMO290e
Sources Mémoires des Hommes

 

  • L'adjudant SEYCHAL

Seychal

Sur le cliché, il est à noter en bas des manches, le galon horizontal spécifiant le grade d’adjudant. Sur le verso de la carte, il est indiqué originaire de Châteauroux.

L'adjudant SEYCHAL apparait dans le JMO du 290e lorsqu'il est promu au grade de Sous-lieutenant, le 26 mai 1916 :
Même cantonnement.
Douches pour les 23e et 24e Cies, pour la 1ère CM et la Cie H.R.

Les Sous-lieutenants DAGUERRE et De MONTARDY (active), GILLET, BRISSON et DAVAILLAUD (réserve) sont nommés Lieutenants à titre temporaire.
Les Adjudants MASSE, BRISSET, RICHARD et SEYCHAL (réserve), le Sergent-major DELESGUES et le Sergent DURAC (réserve) sont nommés Sous-lieutenants à titre temporaire.

Dans les ordres de bataille des 28 mai 1916, 12 octobre 1916 et 28 février 1917, le sous-lieutenant SEYCHAL est affecté à la 17e Cie.

Au moment de la dissolution du 290e RI, le 4 juin 1918, il est alors affecté au 80e RI.

Dissolution de l’E.M. et du 5e bataillon.
Embarquement au Collet, en autos-camions du 5e bataillon et du reste de la C.H.R. à destination des 81e, 96e et 122e R.I. (31e D.I.), 80e et 143e R.I. (32e D.I.)
Répartition des officiers et hommes de troupe du 290e dans les différents régiments :
Sont affectés au 80e R.I. :
PATUREAU, Capitaine, De LAVARENE, Capitaine, FERRANDI, Lieutenant, HUBERT, Lieutenant, TRIQUET, Médecin Aide-Major de 1ère classe, FAYET, Sous-lieutenant SEYCHAL, Sous-lieutenant, Et 334 hommes de troupe.

 

 

  • Le Sergent Cordier (Cordon)

Cordier

Le grade de sergent est identifiable par le galon doré positionné en oblique sur la manche. Sur le verso de la carte, le sergent Cordier est indiqué originaire de Reuilly.

Aucune autre information n'a été trouvée au moment de la première rédaction de ce message.
Fin limier, Sébastien Ducongé qui avait indentifié le lieu de la prise de vue (voir plus haut) m'annonce avoir trouvé trace du sergent Cordier suite à la mise en ligne des fiches matricules sur le site des Archives départementales.

Le sergent Cordier est Alfred Cordier matricule 636 de la Classe 1903 du bureau de recrutement de Châteauroux. (Sa fiche matricule pages 221 et 222)
Natif de Reuilly, le 27 février 1883, il exerce la profession de Vigneron et réside à Reuilly en 1903 lors sa conscription.

Lors du conflit, mobilisé le 3 août 1914 au 90e RI (?), il passe au 290e RI à compter du 8 novembre 1914 et poursuit son parcours au front jusqu'en 1918.

A noter une citation à l'ordre du régiment en date du 31 mai 1918 (Juste avant la dissolution du 290e RI): "Sous-officier brave et énergique. Au front depuis novembre 1914, a toujours donné le meilleur exemple à ses hommes. A pris part aux actions de Belgique où il a été blessé le 3 décembre 1914 ainsi qu'à celle de l'Artois le 25/09/1914" (Sic, Il s'agit d'une erreur de transcription, il faut bien évidemment lire 1915)
Cette citation lui attribue la Croix de Guerre à l'ordre du Régiment.

Comment être sur de cette identication? Les points concordants sont nombreux, un de ces points n'est pas une preuve juste une impression subjective. Je vous laisse découvrir sa description physique et notamment la mention de la taille de son nez. Un doute est cependant présent lorsque voit la mention de la couleur de ses cheveux et sourcils

CaptureJC
Sources: AD36 - Bureau Châteauroux - Classe 1903 - R 2386 - Matricule numéro 636

 

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5 septembre 2016

Les Berrichons, Paris et la Province

Ayant entrepris un recensement des soldats décédés lors du conflit et ayant un lien avec le département. J’en arrive à une liste de 13866 noms.
Cette liste est le fruit du recoupement entre les fiches Mémoires des Hommes, les noms inscrits sur le monuments départementaux, les Livres d’Or mis en ligne par les Archives Nationales, ainsi que de quelques sources retrouvées aux Archives départementales.

Après un premier tri, on arrive sur une liste de quelques 12.264 cas représentatifs, figurant dans au moins deux des sources ci-dessus.

Un nouvel outil intéressant a été mis en ligne récemment, le Mémorial de la Ville de Paris. Celui-ci est basé sur les Livres d’Or d’arrondissements.

Nombreux sont les Indriens ayant un lien avec la capitale, où l’on montait pour trouver du travail rejoindre des membres de la famille, de la communauté déjà installé à Paris.

On retrouve ainsi dans un livre datant de 1914

112346428


Sources : Nouveau cours de géographie (Louis Gallouédec) Hachette, 1914

Ma propre famille n’échappe pas à la règle. Depuis 4 générations, une partie de ma branche paternelle est implantée dans le quartier Vaugirard (XVe) et y exerçait les métiers de maçon pour les hommes et de concierge, couturière pour les femmes.

Cet été, j’ai donc entrepris de rechercher les points communs entre les LO parisiens et les noms présents dans ma base (Dans cette étude, je n'ai volontairement pas tenu compte des résidents de l'ancien département de la Seine regroupant en gros Paris et la première couronne).

604 cas d'indriens sont présents dans les LO de la Ville de Paris. A titre de comparaison, j’ai 774 cas pour le LO de la ville de Châteauroux qui est d'ailleurs la ville la plus importante du département. Issoudun est concerné par 334 cas.

Sur ces 604 cas, on notera que 59 sont des soldats figurant sur 2 LO en même temps et par ailleurs 8 concernent des cas de soldats figurant sur 2 LO parisiens d’arrondissement différents.
Il est aussi à noter que sur les 604 cas retenus, seuls 234 furent recrutés dans le département de la Seine, ils étaient déjà à la capitale avant l'age de leur conscription, à 20 ans. Les autres sont de recrutement "Le Blanc" ou Châteauroux"

Sur les 604 cas de départ, 515 sont des natifs du département de l’Indre qui ont donc migrés.

Concernant les  89 autres cas, 29 ont des grades laissant supposer qu’il s’agisse d’officiers ou de sous officiers de carrière ayant un lien d’affectation avec le département de l’Indre. Certains sont aussi membres de grandes familles, demeurant à Paris mais foncièrement présentes sur le territoire du département (familles Robert de Beauchamp, de Lesseps, …)

79 soldats indriens figurant sur les Livres d’Or parisiens firent partis des corps rapatriés dans le département, à l’aube des années 20 et 264 des 604 soldats figurent sur les monuments aux morts départementaux. Les familles les firent donc rapatriés dans leur département d'origine.

Toute cette statistique est bien évidemment à relativiser, car au final, bon nombre des Parisiens du département ne furent jamais totalement rattachés administrativement à la ville de Paris, mais figuraient bien dans la population parisienne.

Un exemple que je connais bien est de cet accabit: Mon arrière grand-père Auguste et son frère Lucien :

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Sources AD36 - R 2396

CaptureLucien0
Sources AD36 - R 2420

1 septembre 2016

Bitray, le camp de concentration des étrangers (2012, réactualisé 2022)

Il y a quelques temps déjà, j'ai acquis trois cartes-photos qui m'ont bien intrigué. Elles ont trait à une page peu connue de notre département. Celui-ci, dès 1914, accueilli un camp de concentration pour les civils étrangers des nations ennemies. Certes le terme de "camp de concentration" a de nos jours une connotation malsaine et ce dû aux actes de la barbarie nazie. Il s'agit cependant du terme officiel utilisé à l'époque (1914), c'est donc la raison pour laquelle, j'ai cependant choisi de l'utiliser.

Au premier abord, les photos ne sont pas clairement identifiables, seules les annotations "Camp des étrangers Châteauroux 1914-1917", "Carrières Châteauroux 1916" et "Camp de Châteauroux 1915-1916" sont lisibles. Les 3 photos provenait d'un même lot dont le vendeur ne pouvait m'en dire plus concernant l'origine, hormis qu'il les avaient lui-même trouvé en Alsace.

Après quelques recherches, des pistes interréssantes se présentaient à moi.

Suite à la lecture d'un ancien numéro de 14-18 Magazine d'avril 2005, je fis l'acquisition du livre "Les camps de concentration français pendant la première guerre mondiale" de Jean Claude Farcy. Cet ouvrage me confirmait la présence d'un camp réservé aux civils étrangers à Bitray, dans les locaux de l'asile d'aliénés.
Dans son ouvrage, Jean Claude Farcy écrit à propos des 70 camps qui existèrent de 1914 à 1920:
Il ne s'agit pas de véritables “camps” construits à cet effet (comme en Allemagne, ou comme plus tard en 1940), hormis le camp de l'île Longue (situé dans la rade Brest) qui est une exception avec ses dizaines de baraques capables de recevoir 2000 internés) et d'ailleurs construit au début et occupé par des prisonniers de guerre. Rares sont les bâtiments modernes, comme l'asile de Bitray (Châteauroux) toujours cité en exemple par les autorités. On utilise des bâtiments existants, anciens séminaires ou couvents désaffectés (Guérande, Vire, La Ferté-Macé, Pontmain), d'anciens forts militaires (iles d'Yeu et de Noirmoutier), des collèges (en Vendée et Fleury-en-Bière) et quelques usines désaffectées (teinturerie Jouguet près de Saint-Brieuc).


En réalité, ce lieu, Bitray, m'était déjà connu. En effet, il abritait aussi une activité plus respectable. Il s'agissait de l'Hôpital complémentaire n°25, qui avait d'ailleurs une annexe à l'Institution Léon XIII, bien connue des castelroussins.

Chateauroux_Bitray_HopitalComplementaire25
Il y a peu en continuant mes recherches, via le site de la Bibliothèque Nationale GALLICA, en lisant le Journal du Droit International de 1916,reprenant l'article de Georges Batault dans le journal de Lausanne du 23/04/1915

Les Internés civils, sujets ennemis dans les « camps de concentration » français
Bibliographie - Edouard CLUNET. La. personne des « sujets ennemis » en France. Extrait du journal « Le Temps » 1er février 1915 p.19

CaptureGazetteLausanne



 " ...Nous avons quitté Châteauroux et nous arrivons après trois kilomètres de route à l'Asile de Bitray, vaste suite de bâtiments. édifiés en pleine campagne, où sont installés les internés civils. L'Asile est à peine terminé, il a été construit pour les aliénés de l'Indre et du Cher, mais n'a pas encore été utilisé. Les circonstances ont fait qu'on y a logé les civils que l'on retient prisonniers en France. L'ensemble des bâtiments est formé d'une suite de pavillons bâtis en éventail autour d'une grande cour circulaire. Dix de ces pavillons sont occupés aujourd'hui par les étrangers. Les locaux sont vastes et clairs, pourvus du chauffage central et éclairés à l'électricité.
Le camp de concentration de Châteauroux- Bitray est du reste un camp modèle, qui donne abri à 560 internés, répartis comme suit : 287 hommes, 193 femmes, 180 enfants. Au point de vue des nationalités la répartition se fait ainsi : .323 sujets allemands, 337 sujets austro-hongrois.
J'ai tâché de faire connaître récemment ce que j'ai pu comprendre de la mentalité des prisonniers de guerre, en insistant sur le caractère presque exclusivement militaire de leur psychologie. La mentalité des prisonniers civils est toute différente.
Ils s'expliquent mal leur présence dans les camps et ne peuvent se faire à leur situation présente. Ils ont le sentiment d'être totalement irresponsables des événements dont ils subissent les conséquences. Quelques-uns sont des touristes, surpris en France par la mobilisation, mais la plupart sont des étrangers fixés dans le pays depuis de longues années.
Se voyant prisonniers, ils ont le sentiment d'une déchéance sociale imméritée et sont angoissés par d'insécurité dans laquelle ils se sentent vis-à-vis de l'avenir.
Les prisonniers de guerre sont des victimes du devoir et se sentent soutenus par une inébranlable confiance ; les internés civils sont des victimes, tout court, et sont pleins de défiance vis-à-vis d'eux-mêmes, et vis-à-vis de l'avenir. Chez presque tous les préoccupations d'ordre économique sont beaucoup plus importantes que les considérations politiques.
Les habitants du camp de concentration de Bitray appartiennent à toutes les conditions sociales. La grande majorité est faite d'ouvriers et de petits boutiquiers, mais il y a cependant un certain nombre d'intellectuels et d'artistes et deux grands commerçants.
En pénétrant dans l'intérieur du camp on n'a pas du tout l'impression d'une prison, et les gens que l'on rencontre n'ont ni l'aspect de geôliers, ni l'aspect de prisonniers. On dirait plutôt une sorte, de phalanstère, quelque peu monacal, avec des règles assez strictes auxquelles se sont soumis volontairement les hommes et les femmes ici réunis ..."

Une de mes 3 photos:

Bitray_CampEtranger_Distribution_NB_ExtraitBitray - La distribution

Continuons notre visite du camp de Bitray:

Nous commençons notre promenade par la visite des cuisines, qui sont vastes et claires, abondamment pourvues de victuailles et d'une propreté méticuleuse. Dans un coin de la cuisine est installée une cantine bien pourvue où les habitants du camp peuvent se procurer, à des prix convenables, des mets supplémentaires ou des douceurs.

La deuxième photo (extrait)

Bitray_CampEtranger_CuisineExterieure_NB_extraitCe que le "reporter" ne raconte pas:
Les cuisines extérieures à même le sol


Nous voyons ensuite un dortoir où sont installés les Alsaciens-Lorrains, qui jouissent ici de nombreux privilèges et qui se montrent satisfaits de leur sort. Ils sont plutôt hospitalisés qu'enfermés, puisqu'ils ont le droit de se rendre en ville quand il leur plaît. Les Polonais jouissent des mêmes droits et privilèges, ainsi que certains Italiens des provinces irridentes.
Les étrangers sont répartis dans les divers pavillons selon leur nationalité. Il y a des pavillons spécialement réservés aux célibataires hommes, d'autres aux célibataires femmes, d'autres enfin aux ménages.
Les salles occupées par les hommes sont de grands dortoirs qui rappellent à la fois la, caserne et l'hôpital. Les femmes plus accoutumées aux soins de la maison se sont mieux installées.
Avec des toiles de Jouy savamment disposées elles ont su donner à leurs chambrées quelque chose de riant et de coquet qui est tout à fait plaisant. Les ménages enfin disposent, de plus de place ; ils ont divisé les grandes salles au moyen de tentures glissant sur des tringles, de façon à faire un certain nombre de petites chambres séparées dont l'ameublement comporte un grand lit et quelques sièges.
Certains internés ingénieux se sont fabriqué divers, meubles, rustiques et pittoresques, je me rappelle surtout un petit mobilier d'enfant, œuvre touchante d'un père industrieux.
Les enfants — très nombreux — sont l'objet de soins tout spéciaux. On a créé pour les tout petits une garderie et, pour les grands. Une école dont la direction est laissée, sous la surveillance du commandant du camp, aux internés eux-mêmes.
Deux fois par semaine, sous la surveillance des institutrices, les enfants sont conduits à la promenade en dehors de l'enceinte du camp. J'ai vu les petites classes, où travaillaient attentivement les gosses, que trouble notre venue. Ils nous firent bon accueil et nous considérèrent avec cette sympathie souriante, qu'ont tous les écoliers pour les visiteurs inattendus qui viennent troubler le cours de la leçon.
J’ai quitté les enfants pour rendre visite aux artistes. Voici le sculpteur hongrois de Fejer que nous voyons dans son atelier — car on lui a installé un atelier où il peut travailler à loisir — et j'ai soudain l'impression de me trouver transporté dans le quartier de Montparnasse. Ce sont les mêmes murs, couverts de dessins, les mêmes sellettes sur lesquelles reposent, enveloppés de lingues humides, les ébauches d'argile.
Je fais une courte visite ensuite au dessinateur et caricaturiste Wolfle, du Simplicissimus, qui me montre ses esquisses et les dessins qui tapissent les murs de la petite chambre qu'il habite avec sa femme.
On me fait aimablement cadeau d'une gravure due à la collaboration de deux internés que je n'ai pas eu le plaisir de voir, le dessinateur Kiss et le graveur Skuravy. La gravure représente, les habitants du camp se rendant aux cuisines pour chercher leurs rations ; les uns attendent leur tour, pressés devant la porte, les autres s'en vont tenant, dans leurs mains un bol de soupe fumante.

La troisième photo (extrait):

Bitray_CampEtranger_Carriere_NB_Extrait
Ce que le "reporter" ne raconte pas:
Le travail des hommes dans une carrière des environs

Avant de quitter le camp de Bitray, nous nous rendons au bureau du « Comité », où nous sommes reçus par les membres assemblés. Car, chose remarquable, les internés civils ont une administration, dirigée par des hommes choisis parmi les internés eux-mêmes, et qui remplit un triple rôle.
Elle s'occupe d'abord de l'administration du camp, à proprement parler, et des relations avec le commandant français, chef du dépôt. Ils Constituent ensuite un bureau de renseignements et de consultation pour leurs administrés. Enfin, une sorte de cour de justice de paix devant laquelle sont portés tous les différends qui peuvent surgir entre les étrangers installés dans le camp. En cas de non conciliation seulement les contestations sont portées devant le chef du dépôt.
Comme nous allions nous en aller, admirant l'ingénieuse et intelligente idée, qui a voulu laisser le plus d'initiative et d'autonomie possible aux internés que la guerre a rassemblés dans ce camp, nous fûmes rappelés par un des membres du Comité, qui demanda à dire quelques mots en son nom propre et au nom de ses collègues.
M. Léonor Poppellauer, sujet allemand, Berlinois ci-devant représentant à Paris de la maison Rotherfurt de Berlin, me fit alors: l'éloge de l'administration française qui s'était montrée si humaine et si pleine de tact, dans la personne du chef du dépôt de Bitray, le commissaire de police Moreau auquel tous les internés doivent une profonde reconnaissance...
Il est inattendu d'entendre des internés civils allemands et austro-hongrois faire la louange de celui qui a mission de les garder et de les surveiller.
Malgré la guerre, impitoyable qu'on lui fait, la France, sûre d'elle-même, reste digne de son passé et de ses grandes traditions d'humanité. N'est-ce pas à cela qu'on peut juger d'une vraie civilisation et d'une culture digne de ce nom. »

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Sur le sujet des internés de Bitray, on découvrira avec intérêt le cas de la famille Valentini en suivant le lien:

De camp en camp, une vie d’exilés civils, la famille Valentini.

 

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Une séquence pédagogique par les Archives départementales de l'Indre

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Dessin de l’arrivée à Châteauroux d’étrangers austro-hongrois internés au camp de Bitray
par Friedrich Skurawy, jeune graveur tchèque, vers 1915 (ADI 4 F 76)

 

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Parmi les internés du camp de Bitray, il y eut Bernard Groethuysen.
Ce dernier, philosophe allemand francophile fut interné dès aout 1914 en février 1915. Ses amis Charles Du Bos et Charles Andler, peut-être même Henri Bergson, tentèrent d'améliorer ses conditions de détention. Les autorités finirent par lui accorder la liberté de résider en ville chez des particuliers. Il fut ensuite réintégré au camp et il ne quittera Châteauroux que en février 1919.

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André Gide et Bernard Groethuysen

 


 En continuant mes recherches sur le camp de Bitray, je suis tombé sur quelques sources iconographiques concernant notre sujet.

Une série de photos prises dans le camp est visible sur le site Mémoires du Ministère de la Culture: Voir ICI
Certaines photos, celles des cuisines extèrieures notamment, permettent de confirmer l'origine de mes exemplaires.

La version trouvée sur le site du ministère de la Culture, à mettre en parallèle avec la photo diffusée dans le 1er message:

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D'autres clichés offciels pris à Bitray et provenant du site du ministère:

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Base Mémoire - Ministère de la Culture


 

Courant 1917, l'asile de Bitray perd sa fonction de camp d'internement. En effet, début septembre 1917, les premiers soldats américains arrivaient pour transformer le lieu en ce qui devint le Base Hospital n°9.

Mais ceci est une autre histoire et fera alors l'objet d'un autre message voir lien ci-dessous:.

 "Lafayette nous voilà" 2 septembre 1917, les Américains arrivent à Châteauroux. Le Base Hospital 9.

 

AEF1917_BaseHospital9_Map

 

 Sources:

- GALLICA BNF Journal Du Droit International 1916
- US Army Medical Department History of Base Hospital n°9
- 14-18 Magazine numéro n°25 Avril 2005
- Les camps de concentration de la Première Guerre mondiale, Jean-Claude Farcy, Economica, Paris, 1995, 373 pp.
- GALLICA BNF Journal Du Droit International 1916
- https://www.indre.fr/lindre-dans-une-guerre-de-trente-ans-haines-collectives-et-destins-individuels
- Collection de l'auteur

 

25 août 2016

De (bonnes) nouvelles du front .... des archives AD36

Aujourd'hui, retour au bercail. La rentrée s'annonce.

L'heureuse surprise de ce retour de congés est l'apparition de l'accès aux fiches matricules sur le site du département de l'Indre. Nous avons donc accès à des milliers de fiches de nos aieux et ce depuis 1863 à 1921. Il s'agit là bien évidemment de la classe d'age, ce qui veut dire que nous avons accès aux fiches des natifs entre 1843 et 1901.
Il s'agit donc de la panacée pour ceux dont la généalogie et l'étude de la première guerre mondiale sont les centres d'intérêt.

L'accès aux fiches matricules sur le site des AD36: cliquez ICI

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On notera qu'il est possible de télécharger les images avec une défimition très acceptable qui permet amplement de visualiser les petits détails d'écriture.

Petit avertissement: si vous entreprenez de sauvegarder les fichiers, les numérotations des fichiers image (jpeg) générés suivront une numérotation propre à l'ordre de téléchargement et non liée au numéro de la dite fiche. Pour vous y retrouvez, il faudra entreprendre une renumérotation des fichiers.

N'ayant pas encore totalement ausculté les possibilités dudit site, on regrettera cependant qu'il n'y ait pas de fonction permettant de générer un hyperlien (Lien internet) que l'on puisse exporter pour l'intégrer sur son site perso. Ceci aurait été un plus pour les personnes ayant un site ou un blog perso à l'image de celui que nous entreprenons au nom de la SGBB à l'échelle du département http://indre1418soldats.canalblog.com/

Qu'importe, on ne peut que se féliciter d'une telle arrivée qui permettra sans nul doute l'opportunité de nouvelles études sur le département de l'Indre (J'ai d'ailleurs quelques idées de statistiques sociologiques en tête).

Autant vous dire que ma première visite fut pour Lucien

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Merci à Huguette pour l'information.


 

Une très rapide notice concernant l'usage et la recherche des Fiches matricules dans l'Indre. Une version plus complète est visible dans la revue Racines de la SGBB (N° 69 à 71 - année 2013)
Je l'actualiserai au fil de l'eau en fonction de vos besoins.

Faire une recherche de fiches matricules est aisé à condition d'éviter quelques ecueils. Le recrutement se fait à l'age de 20 ans, ceci donne la Classe d'Age (Année de naissance + 20) Il faut tout d'abord s'assurer du lieu de résidence du soldat recherché à cet age là et ne pas se limiter à la commune de naissance si on ne trouve pas.

  • Quel est le bureau de recrutement?

Les bureaux de recrutement sont basés sur l'organisation des cantons. Le département de l'Indre est découpé en 2 zones Châteauroux (Est du département) et Le Blanc (Ouest du département). Le recrutement Le Blanc est particulier puisque regroupant aussi des communes de la Vienne (86) et de l'Indre et Loire (37)

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Attention, cette carte est à titre indicatif, des variations de rattachement de bureaux eurent lieue au fil des années


Connaitre la classe et le bureau de recrutement, ne suffisent pas, il faut connaitre le numéro de matricule. Facile à obtenir sur les fiches Mémoires des Hommes, il est plus difficile à trouver pour les survivants du conflit.
Il faut se reporter aux tables de registres matricules qui sont un répertoire alphabétique de tous les jeunes qui furent conscrit.

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AVERTISSEMENT:
Dans le cadre des recherches sur le recrutement LE BLANC, ce bureau étant réparti sur 3 départements (voir carte ci-dessus), les registres de fiches ont été aussi répartis entre 3 centres d'Archives. Il est donc important de regarder le lettre se trouvant dans la première colonne et définissant le Centre d'Archives concerné:

T pour Tours donc recherche sur le site des AD37 http://archives.cg37.fr/Chercher/REGISTRES_MATRICULES_DE_RECRUTEMENT_MILITAIRE-ABCR.html

P pour Poitiers donc recherche sur le site des AD86 http://www.archives.departement86.fr/643-les-registres-matricules.htm

C pour Châteauroux donc recherche sur le site des AD36 (donc le site d'où vous venez pour consulter les tables) http://archives36.cg36.fr/siterecherchecg36/FrmCondUtilisation.aspx?p=3

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  • Lire une fiche matricule:

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Certaines fiches apparaissent sur plusieurs pages du fait de rajouts dépliants pour pouvoir détailler les parcours.
Exemple à gauche et à droite de feuillets de rajouts par manque de place sur la fiche standart:

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20 juillet 2016

L'armée française à la veille du conflit, les Régions et les Corps d'Armée dont le 9ème.

Réactualisation 2016: Lors de mes diverses rencontres, beaucoup de questions portaient sur l'organisation militaire de la IIIème République qui était en vigueur au début du conflit. Ce message est la somme de plusieurs messages déjà édités en 2012 et permet une présentation de l'organisation nationale et régionale de l'armée de la République en 1914.


 

Sous la IIIe République, suite à la défaite de 1871, la loi du 24 juillet 1873 crée 18 régions militaires en métropole. 3 régions supplémentaires furent rajoutées, notamment les 20e et 21e en 1913, suite à la montée de la menace allemande.
Chaque région militaire a pour but de lever un Corps d'Armée en cas de mobilisation générale. Le numéro du CA sera celui de la région militaire concernée.

1e - Lille            2e - Amiens
3e - Rouen            4e - Le Mans
5e - Orléans            6e - Châlons/Marne
7e - Besançon            8e - Bourges
9e - Tours            10e - Rennes
11e - Nantes            12e - Limoges
13e - Clermont-Ferrand        14e - Lyon
15e - Marseille            16e - Montpellier
17e - Toulouse            18e - Bordeaux
19e - Alger            20e - Nancy
21e - Epinal

Pour mieux visualiser, on pourra s'appuyer sur la carte réalisée par Thierry sur le forum pages 14-18

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Continuons donc par le présentation de la 9ème RM:

La 9ème région militaire (RM)

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5 départements constituent la 9ème RM: Indre - Indre et Loire - Maine et Loire - Deux-Sèvres - Vienne

Sur le territoire de la 9e Région militaire, de nombreuses unités stationnent:
Tout d'abord, nous trouvons les unités composant le 9e Corps d'Armée (nous y reviendrons dans un prochain message)
Voici celles ne faisant pas partie du 9e C.A.:

6e Régiment du Génie (Angers)
9e Division de Cavalerie (Tours) constituée de 2 brigades:
1e Brigade de Cuirassiers (Tours) composée des 5e Rég. Cuirassiers (Tours) et 8e Rég. Cuirassiers (Tours) et du 7e Rég. Hussards (Niort)
16e Brigade de Dragons (Rennes) dont le 25e Rég. Dragons (Angers) fait parti.

On trouve aussi:

Artillerie: Groupe à cheval du 33e RAC (Angers)
Groupe cycliste du 25e Bat. de Chasseurs à Pied (rattaché au 66e RI)
5e Cie de cavaliers de Remonte (Saumur)
3e Régiment d'Artillerie Lourde (Poitiers)


Les unités territoriales n'étant pas rattachées à des C.A., on trouve ainsi:

65e Régiment Territorial d'Infanterie (Châteauroux)
66e Régiment Territorial d'Infanterie (Le Blanc)
67e Régiment Territorial d'Infanterie (Parthenay)
68e Régiment Territorial d'Infanterie (Poitiers)
69e Régiment Territorial d'Infanterie (Châtellerault)
70e Régiment Territorial d'Infanterie (Tours)
71e Régiment Territorial d'Infanterie (Angers)
72e Régiment Territorial d'Infanterie (Cholet)
Escadron de Dragons (Angers)
Escadron de cavalerie légère (Châteauroux)

66e Régiment Territorial d'Infanterie (Niort)
Gr. territorial du 20e RAC (Poitiers)
Gr. territorial du 33e RAC (Angers)
Gr. territorial du 49e RAC (Angers)
9e Bat. Territorial du Génie (Angers)
9e Esc. Territorial du Train (Châteauroux)
9e Sect. Territoriale d'ouvriers d'administration (Tours)
9e Sect. Territoriale d'infirmiers (Châteauroux)

Le 9ème Corps d'Armée (CA)

Le Corps d'Armée est constitué par certaines des unités de la région militaire. En 1914, l'armée est entièrement organisée autour de son infanterie.

Un corps d'armée est constitué de 2 divisions d'infanterie, chacunes d'elles, articulées autour de 2 brigades de 2 régiments d'infanterie. Des régiments annexes lui sont adjoints afin de fournir les services nécessaires à l'emploi au combat de l'infanterie. on trouve ainsi: Le Génie, l'Artillerie, le Service de Santé, la Cavalerie, l'Aviation, ...

La structure du 9e Corps d'armée, en août 1914, est la suivante:

17e Division (Châteauroux):
33e Brigade (Châteauroux): 68e RI (Le Blanc -Issoudun) - 90e RI (Châteauroux)
34e Brigade (Poitiers): 114e RI (Parthenay - St Maixent) - 125e RI (Poitiers)
Artillerie divisonnaire: 20e RAC (Poitiers)
1 escadron du 7e Hussards (Niort)
Compagnie 9/1 du 6e Génie (Angers)

18e Division (Angers):
35e Brigade (Tours): 32e RI (Châtellerault - Tours) - 66e RI (Tours)
36e Brigade (Angers): 77e RI (Chôlet) - 135e RI (Angers)
Artillerie divisonnaire: 33e RAC (Angers)
1 escadron du 7e Hussards (Niort)
Compagnie 9/2 du 6e Génie (Angers)

Troupes non endivisionnées à disposition du C.A.:
Infanterie: 268e RI, 290e RI
Artillerie: 49e RAC (Poitiers)
Cavalerie 4 escadrons du 7e Hussards (Niort)
Génie: Compagnies 9/3, 9/4, 9/16, 9/21 du 6e Génie

Rattachés en parti au C.A. et fournissant des effectifs, on trouve aussi:
9e Escadron du Train des équipages militaires (Châteauroux)
9e Section de Secrétaires d'état-major et de recrutement (Tours)
9e Section de commis et d'ouvriers militaires d'administration (Tours)
9e Section d'infirmiers militaires (Châteauroux)
9e Légion de gendarmerie (Tours)

Le 9e CA, tout au long du conflit connu plusieurs chefs:

DUBOIS Pierre-Joseph-Louis-Alfred.
Général de division.
o 21/11/1852 - + 17/01/1924.

DUBOIS29/04/13 - 13/03/15: Commandant du 9e corps d'armée

 

CURE Louis-Amédée-Stéphane.
Général de division.
o 20/01/1853 - + 28/12/1930.

CURE
13/03/15-14/05/16 Commandant du 9e corps d'armée

PENTEL Horace-fernand-Achille.
Général de division.
o 19/12/1860 - + 02/12/1938.

Pentel_9CA14/05/16 - 26/10/16 Commandant du 9e corps d'armée

 

NIESSEL Henri-Albert.
Général d'Armée.
o 24/10/1866 - + 26/12/1955.

NIESSEL29/10/16 - 22/08/17 Commandant du 9e corps d'armée

HIRSCHAUER Auguste-Edouard.
Général de division.
o 16/06/1857 - + 27/12/1943.

HIRSCHAUER22/08/17 - 11/12/17 Commandant du 9e corps d'armée

 

MANGIN Charles-Marie-Emmanuel.
Général de division.
o 06/07/1866 - + 12/05/1925.

MANGIN17/12/17 - 06/06/18 Commandant du 9e corps d'armée

 

GARNIER-DUPLESSIX Noël-Marie-Amédée.
Général de division.
o 25/12/1860 - + 02/03/1928.

GARNIERDUPLESSIS06/06/18 - 20/04/20 Commandant du 9e corps d'armée

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18 juillet 2016

16 juillet 1916, le nouvel orgue de Saint Sauveur

A Argenton, avant-hier et hier se sont tenus 2 concerts ayant un lien avec la période du conflit. En effet, ces concerts étaient organisés pour les 100 ans de l'orgue de l'église Saint Sauveur.

Un des éléments centraux de la ville d'Argenton est son église paroissiale placée sous le vocable de Saint Sauveur. En plein centre-ville, la vie de la cité s'organisait et s'organise toujours autour de l'édifice.

13 Eglise St Sauveur
Jour de marché devant Saint-Sauveur vers 1900 - Cliché collection de l'auteur


Il y a donc tout juste 100 ans, la ville d'Argenton voyait l'inauguration du nouvel orgue de l'église paroissiale d'Argenton. Celui-ci est toujours en fonction et surplombe toujours la nef.

Argenton-sur-Creuse_église_Saint-Sauveur_4
Sources cliché: Wikipédia

En ce 16 juillet 1916, l'orgue Cavaillé-Coll est inauguré.
En voici le report par le journal local "La Croix de l'Indre" en date du 23 juillet 1916:

"Cette année, la fête coïncidait avec l’inauguration de nouvelles orgues, dues au zèle du pasteur et à la générosité des Argentonnais. La grand’messe, à l’église paroissiale fut très solennelle. Elle fut célébrée par M. le doyen Rousset, aumônier du lycée de Bourges, qui le soir présida la procession. L’orgue, puissant et doux, pour la première fois, remplissait de ses harmonies sa nouvelle demeure. L’organiste de Saint­Sauveur en utilisait merveilleusement toutes les ressources. L’assistance, debout, chanta le Credo de Dumont. C’était très imposant. A la tribune, Mademoiselle Rose Féart, également admirable par son dévouement et son art, et qui met si volontiers son grand talent au service de la Religion et de la Patrie, dirigeait magistralement un groupe de jeunes filles qui fit entendre de superbes morceaux. Elle eût elle­même ajouté à la splendeur des chants, si un mal de gorge malencontreux n’avait voilé pour un moment sa magnifique voix."

On notera aussi le report qu'en fait Raymond Rollinat dans son journal disponible sur le site du Cercle d'Histoire d'Argenton

le 15 juillet 1916:

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Sources: CH Argenton

Ce soir grand carillon à l’Eglise ; la cloche de la Bonne Dame répond à celles de l’Eglise paroissiale. C’est demain la fête de la Vierge qu’on promènera en procession dans les rues.
A l’époque cruelle que nous traversons ces cérémonies gagneraient à être moins bruyantes.
C’est demain qu’aura lieu l’inauguration des nouvelles grandes orgues de l’Eglise Saint Sauveur. »

Le 16 juillet 1916:

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Sources: CH Argenton

"Beaucoup de monde à la procession de la Bonne Dame vers 5h du soir, ce cortège religieux se déroule par nos rues dans le plus grand ordre en chantant les cantiques; quelques jolies toilettes."

Merci au blog de l'association des Amis de l'orgue d'Argenton sur Creuse pour leurs précieuses informations.

8 juin 2016

Lettres W, X, Y et Z

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Lettre W

68e RI

WEBER Charles - WICART Georges Philippe

 

90e RI

WANDERSCHEID Louis - WARTHMANN Antoine - WEBER Marcel - WULLEPIT Albert

 

Lettre X

 

 

Lettre Y

 

90e RI

YSAMBERT Gustave - YVERNAULT Alexandre - YVERNAULT Clement - YVERNAULT Paul

 

290e RII

YVERNAULT Hippolyte - YVERNAULT Pierre - YVERNAUT Alexandre

 

Lettre Z

 

68e RI

ZACH Auguste Arnold

 

290e RI

ZIMMER Henri - ZIZIPHE Octave

 

Retrouvez l'alphabet du Monument aux Morts des régiments de l'Indre en cliquant ICI

31 mai 2016

Etude autour des défunts issus des régiments du Blanc et d'Issoudun

Cet article est une réactualisation de 2 articles parus en 2010
Intéressons nous tout d'abord aux pertes du 68ème RI qui est réparti sur deux garnisons:
Le Blanc (Portion centrale 3ème bataillon), caserne Chanzy
Le Blanc - La caserne Chanzy

  Issoudun (Portion Principale Etat-Major et 2 bataillons, ), caserne Chateaurenault

Issoudun - La caserne Chateaurenault
Le recrutement est principalement composé de Poitevins et de Berrichons provenant principalement de la Brenne (région ouest de l'Indre dont l'épicentre est la sous préfecture du Blanc).

Afin de mettre une partie de mes recherches à disposition de tous, vous trouverez derrière ce lien la  Liste des Morts pour la France du 68ème R.I.

Suite au dépouillement, on obtient 3432 soldats, sous-officiers ou officiers morts pour la France. A cette liste, il est possible de rajouter une centaine de cas, déterminés suite à recherches, de "Non morts pour la France". Je n'ai pas inclus volontairement les soldats non-Morts pour la France, la liste est disponible, mais consultable à la demande.

En effectuant un comparatif par années des pertes, on constate la dé-régionalisation des recrutements.
En 1914, les soldats provenant des départements de la Vienne, d'Indre, d'Indre et Loire et des Deux-Sèvres représentent près de 88% des pertes.
En 1918, le taux n'est plus que de 41%. Le régiment a vu des renforts provenir de tout le territoire, notamment des territoires occupés (Nord et Pas de Calais), entre autres.

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RI068_Matrice1914a1918_CarteFrance

 

 

Le pourcentage retenu est la proportion de natifs d'un département vis à vis des pertes totales du régiment pour une année précise.

Après le régiment d’active, le 68e RI, intéressons nous maintenant au régiment de réserve:

Le 268e RI est mis en place au Blanc dès le 3ème jour de la mobilisation, soit le 4 août 1914. Son effectif est alors de 32 officiers, 2202 hommes.
Le lieutenant-colonel Pichat est alors le commandant du régiment, et ce jusqu’à sa blessure le 9 septembre à Euvy (51), en pleine bataille de la Marne.
Le recrutement du 268e RI est principalement composé de soldats réservistes provenant du département de la Vienne (86) et de l’ouest du département de l’Indre (36) et du sud de l’Indre et Loire (37).
Alors que l’effectif de départ est donc de 2234 hommes, le 268e RI, jusqu’à sa dissolution en juin 1918, eut à subir une perte de 1380 soldats, sous-officiers et officiers.

 

RI268_Matrice1914a1918_CarteFrance

 

Au fil des années, nous constatons la disparition du recrutement régional. Alors qu’en 1914, les soldats des 3 départements représentent 92% des pertes, en 1917, ils ne sont plus que 39%.

En 1915, le recrutement est principalement effectué sur tout le territoire de la région militaire. En 1916, le recrutement est orienté vers les départements de l’Ouest.

A signaler dès 1915, une forte participation des soldats originaires des Landes dans les pertes du régiment. En 1917, il y eu autant de pertes landaises que de pertes provenant de l’Indre ou la Vienne, au sein du 268e RI.

Dans cette « étude », l’année 1918 n’a pas été retenue car le régiment fut maintenu en position de réserve plusieurs mois avant d’être dissous au mois de juin.

Cependant, cette carte est à comparer directement avec celle de 1914. Dans les deux cas, la carte couvre une période d’environ 6 mois et le contraste est flagrant.

Les armées ont su devenir « économes » de leurs soldats, les pertes sont presque 20 fois moindre.

Nota: Afin de réaliser des cartes cohérentes, le pourcentage retenu est la proportion de natifs d'un département vis à vis des pertes totales du régiment pour une année précise.

 

Sur le sujet du recrutement, je conseille notamment la lecture de l'excellent article "Du recrutement régional au recrutement national pendant la Grande Guerre" de Phillippe Boulanger. Cet article est consultable dans la "Revue Historique des Armées", n°3 - 1998.
Il existe une version plus détaillée et plus complète de det article dans l'ouvrage "La France devant la conscription - Géographie d'une institution républicaine  1914-1922" aux Editions Economica
29 mai 2016

Prix d'Honneur "Indre1418" pour l'école Jean Racine de Châteauroux

En ces temps de commémorations, dans le cadre du Centenaire 14/18, il est des initiatives que j'aime découvrir et que l'enseignant que je suis, aime faire partager.

Je tenais à vous signaler le travail effectué en 2014 par les élèves de CLIS et de CE2 de l'école Jean Racine de Châteauroux dans le cadre du concours "les petits artistes de la Mémoire".Je ne l'ai découvert que ce week-end, alors avec du (beaucoup) retard, je décerne le Prix d'Honneur "Indre1418" aux élèves de Jean Racine et à leurs enseignants.

Retrouvez le résultat de leur travail sur le site de l'école, cliquez ICI     A lire absolument, sacré travail pour des élèves de cet age.

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28 mai 2016

Il y a 100 ans, sur 304, les pénibles journées de mai 1916

En cette veille de commémoration du Centenaire de la bataille de Verdun, ma participation consistera surtout en une relecture du livre d'Albert Le Flohic qui se trouvait à la 10e Cie du 90e RI et qui fut fait prisonnier le 4 mai 1916 sur les pentes de la Cote 304.
Ainsi, je pense à eux tous, ceux qui y restèrent et ceux qui en revinrent:

  • Lundi 1er mai

C’est ce soir que nous remontons en ligne.
La gaîté a disparu. On se rappelle « la dernière fois ». Le dîner de départ est triste. Combien reviendrons-nous cette fois-ci de là-haut ? Voici ce que chacun pense… et cependant personne n’ose poser la question.
Lévy me donne sa photo. (…)
20 heures 30, départ du bataillon.
Je reste en arrière pour régler quelques détails. (…)
La corne du cimetière de Montzéville est très battue. L’aspect du terrain est horrifiant. Les obus s’écrasent parmi les tombes et les éclats métalliques et pierreux volent de tous côtés.
Pendant un quart d’heure, nous restons à plat ventre à la porte du cimetière, attendant une accalmie sous les rafales. L’odeur est insupportable. C’est un mélange de soufre, de teinture d’iode et de pestilence cadavérique. La passerelle est trop dangereuse ce soir, on ne l’utilisera pas.
Courbés en deux, nous gravissons la cote 304, et je rejoins enfin le commandant à l’entrée du poste. (…)
Les camarades que nous relevons se hâtent de nous laisser la place. Le marmitage ayant diminué, ils veulent profiter de l’accalmie.
Mais à peine sont-ils partis que cela recommence de plus belle.

  • Mardi 2 mai

Calme jusqu’à midi. Ça repose de ne plus entendre le fracas des éclatements.
Nous nous équipons car ces silences d’artillerie sont généralement de mauvais augure.
Vers midi, de nouveau, un bombardement extrêmement violent se déclenche encore une fois sur notre première ligne.
Il doit y avoir déjà de fortes pertes.
À la nuit, quelques agents de liaison arrivent des compagnies. Ils sont comme fous, ils ne peuvent à peine raconter ce qui s’est passé.
Le lieutenant Rouaix est blessé. Belloche et Alaphilippe sont tués. Chopinet est grièvement blessé.

  • Mercredi 3 mai

6 heures du matin. Le bombardement reprend. D’abord ce ne sont que quelques 280 sur les premières lignes. Puis vers 7h, le tir reprend de l’intensité. Décidemment le P.C du commandant est bien repéré. Les obus s’écrasent sur lui tout comme si on les posait à la main.
Les premières lignes sont pilonnées sans arrêt. Quel va être le bilan des pertes ce soir au bataillon ? Lentement la journée se passe. J’ai le cafard. Le commandant est soucieux. Je ne l’ai encore jamais vu dans cet état. À chaque instant il demande aux hommes qui sont juchés sur les derniers barreaux de l’échelle de le renseigner sur le tir de l’artillerie qui fait rage. Il redoute une attaque car il sait que ses compagnies qui sont squelettiques ont beaucoup souffert de la dernière période de tranchée.
La nuit vient. Quelques coureursde boyaux arrivent. Ils ont passé dans le feu de barrage et c’est tout haletants qu’ils transmettent leurs renseignements.
Nos pertes sont extrêmement importantes en tués et en blessés. Les hommes n’en peuvent plus et les plus cuirassés sont à leur tour démoralisés par ce feu d’enfer qui les hache sur place. Depuis plusieurs heures, nous n’avons plus de liaison avec le colonel.
Les téléphonistes, au prix de la vie de cinq d’entre eux, ont réinstallé une ligne qui fonctionne une demi-heure. Pourquoi, diable, le colonel n’envoie-t-il personne au P.C du commandant puisque ce dernier ne répond plus. Peut-être a-t-il, d’ailleurs, envoyé quelqu’un ? Peut-être les agents de liaison ont-ils été tués en route ? Des coureurs que nous envoyons d’ici sont partis les uns après les autres. Aucun n’est revenu… et le bombardement n’arrête pas. Nous sommes assourdis. Les nerfs de chacun sont tellement tendus à chaque instant des discussions, voire même des petites disputes, s’élèvent à propos de choses insignifiantes. Les grenades et les fusées qui se trouvaient à l’entrée du poste éclatent ou prennent feu. Une fumée intense, âcre, envahit l’abri. Nus sortons nos masques. Le père Royné qui n’aime pas exposer son monde inutilement donne cependant l’ordre à Savatin et à Dupuis d’aller aux nouvelles. Il leur donne l’ordre d’une voix ferme, sèche, bien qu’il envoie deux hommes à la mort : « Mes petits, il faut absolument aller voir ce qu’il se passe. Partez et bonne chance ! » Mes camarades nous serrent à tous la main et montent tranquillement. Le marmitage est terrifiant. Je dois avouer que je suis très impressionné par leur calme. Ils « savent » que là-haut le terrain est balayé par une rafale d’acier. Ils savent aussi qu’il n’y a pas le moindre boyau. Ils savent enfin qu’ils ne reviendront pas. Ils ne sont jamais revenus.
Savatin a été tué en mettant le pied hors du poste. Dupuis a été tué cent mètres plus loin.
Je prépare mon papier pour le colonel car le commandant Royné a décidé d’envoyer quand même Dodoche faire la liaison.

  • Jeudi 4 mai

3h30 du matin, le jour commence à poindre.
J’ai pu réunir les renseignements des quatre compagnies, non sans mal. Je passe mon casque à Dodoche car il a perdu le sien la nuit dernière. Il part, le commandant lui recommande, de son ton bourru, de ne pas revenir avant la nuit prochaine s’il réussit à atteindre le P.C du colonel.
Il l’embrasse et lui donne une bonne tape dans le dos. Entre temps, sous un feu effroyable, un téléphoniste survivant a posé une nouvelle ligne. Quand il rentre au poste, elle est déjà coupée. Deux agents de liaison réussissent à raccorder un tronçon de ligne et j’apprends que Dodoche, Rolland et « Grassouillet » sont à une centaine de mètres de nous, mais qu’ils ne peuvent absolument pas bouger. Nous admirons tout particulièrement le courage de Dodoche qui, ayant eu la chance d’arriver jusqu’au P.C du colonel, est quand même revenu malgré l’ordre du commandant. Il n’y coupe pas de se faire engueuler car Royné n’aime pas qu’on lui désobéisse… même pour le bon motif.
6h du matin. Voilà 24 heures que le bombardement dure. Le père Royné et Romary, commandant un bataillon du 68e, n’ont cessé toute la nuit de réclamer par coureurs du matériel. Mais les coureurs ont dû être tués en route. Du haut de l’échelle nous voyons une fumée s’élever sur le versant sud de la Côte 304. C’est Esnes qui est en feu. Nos malheureuses tranchées ou plutôt ce qu’il en subsiste ne doivent plus avoir de fil de fer. Quant aux abris écrasés, comment les relever puisqu’il n’y a pas le moindre morceau de bois.
Le commandant est encore plus soucieux que la veille. Le bombardement continue sans arrêt.
14h. Toujours pas d’accalmie, on dirait plutôt que le nombre des éclatements s’accroît encore.
Pourquoi notre artillerie ne répond elle pas ? Nous n’avons pas mangé depuis trente heures. Il y a longtemps qu’il n’y a plus une goutte d’eau à l’intérieur de la sape.
16h. Le commandant demande à Boiron qui est en haut de l’échelle s’il entend quelque chose.
Au milieu du vacarme assourdissant, il ne perçoit que quelques coups de feu isolés.
« Ils vont sûrement attaquer » crie Royné. « Que tout le monde s’équipe complètement et que chacun soit près ».
« Les voilà, les voilà ! » lance Boiron. « ils ont enlevé la première ligne et sont en train de dépasser le poste ». Le bombardement est toujours aussi violent. Mais les Allemands ont ménagé des couloirs à leurs troupes d’assaut. Personne ne s’affole, le calme le pus complet règne dans en ce moment dans l’abri. Lavigne, revolver au poing monte jusqu’à la sortie. Je me tiens derrière lui. Alors qu’il mettait le pied sur le dernier barreau de l’échelle une grenade arrive, Lavigne la reçoit en plein sur sa capote. Sans perdre une seconde et avant qu’elle n’éclate il la relance au dehors. Je redescends l’escalier car Royné appelle.
« Vont-ils forcer nos cagnas à coups de grenades ? »
« Qu’allons nous faire ? »
« Résister ? »
Nous n’avons pas dix fusils, nos officiers ont bien leurs revolvers…les téléphonistes aussi…mais pas de cartouches.
Attendons. Peut-être que toutes les compagnies ne seront pas anéanties et que nous allons pouvoir en rejoindre une. Sortir ? Comment ? Le bombardement est véritablement épouvantable. Les Allemands ont attaqué et attaquent encore sous leur propre barrage. Nous les voyons sauter sous leurs propres obus.
Soudain, on crie. C’est de l’Allemand... Au même instant, un des nôtres nous lance : « Ça y est nous sommes faits. » Tout est fini.
Je pense à prendre ma musette et foule au pied quelques papiers qui ont mal brûlé, car sur l’ordre du commandant, j’avais fait un brasier de tous mes papiers une demi-heure avant.
J’aperçois un casque, je le prends, mais il est trop petit. Là-haut, les Allemands nous pressent.
Avant de partir, je bois un grand coup à la bonbonne… car on ne sait jamais !
Le commandant Romary me demande ma carabine et mes chargeurs. Je les lui passe. Royné fait peine à voir. J’essaie de le remonter en lui faisant en lui faisant ressortir qu’il n’a rien à se reprocher et qu’il a fait tout ce qu’il a pu ; qu’avec une poignée d’hommes désarmés, on ne peut pas empêcher un régiment de passer. Quelqu’un crie : « le commandant Romary tire avec la carabine à Decaux ». « C’est idiot, il va nous faire bousiller tous ». Le père Royné répond :
« Fermez vos gueules, il fait son devoir ». C’est à moi, maintenant qu’il appartient de parlementer avec les Allemands. Cette fois ci, je suis en avant et Lavigne me suit. J’arrive au jour. Ils sont là. L’un d’eux assis sur la porte de l’abri nous fait signe de sortir. Du doigt, il nous indique le chemin. Comme par enchantement, le canon ne gronde plus. Le soleil nous éblouit.

Sources: Albert Le Flohic - Cinquante ans après

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Albert Le Flohic (1895-1974)
Photo datant de 1952

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