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Indre 1914-1918 - Les 68, 90, 268 et 290e RI

21 avril 2015

22 avril 1915, la guerre devient industrielle et si actuelle.

Voici un sujet primordial de ce conflit. En effet, il est une date où la guerre de 14 prit un tournant industriel et c'est bien le 22 avril 1915.
Pour rappel, tout d'abord, la guerre de mouvement dès la fin septembre 1914 disparue au profit de la guerre des positions, mais il est un autre tournant lié à l'usage d'un nouveau type d'arme que nous qualifions maintenant d'armes de destruction massive. Le 22 avril 1915, l'armée allemande utilisa pour la première fois, à grande échelle, les gaz de combat chlorés, choisissant le secteur des Flandres pour cette attaque, la jonction entre l'armée française et l'armée britannique. Certes des tentatives avait déjà eu lieu début 1915, mais l'ampleur de l'attaque du 22 avril en fait une date marquante (Sur ce sujet, on se reportera sur le lien donné en fin d'article).

Au départ, le 9e Corps d'Armée n'était pas concerné, l'Etat-major français le prévoyait pour l'attaque en Artois du 9 mai 1915. Certaines unités "moins importantes" furent tout de même impactées et ainsi, les 2 régiments de réserve, les 268e et 290e RI furent rappelés pour compléter et reprendre le terrain perdu lors de cette attaque aux gaz.

A la suite du conflit, un monument fut construit. Ce dernier fut dynamité en 1941 par la Wehrmacht. Il fallu attendre les années 60 pour que le monument soit reconstruit.

MonumentSteenstraat

Les noms des régiments de réserve du Berry y sont gravés, de part leur participation aux combats du secteur, vers Lizerne, Steenstraat, Het-Sas, ... et ce jusqu'en aout 1915, pour alors participer aux grandes offensives de Septembre 1915.

MonGaz2_1

 

Sur le sujet, je vous invite à visiter le site essentiel: http://www.guerredesgaz.fr/

 

Sources: Documentation de l'auteur

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19 avril 2015

L'album du 13 novembre 1918

Au lendemain de l'armistice, le surlendemain plus précisement, la 17e Division d'Infanterie est passée en revue aux environs du moulin d'Autremencourt, dans l'Aisne.
La fourragère est alors remise au drapeau du 90e Régiment d'Infanterie et des croix de guerre, des citations sont attribuées aux drapeaux et fanions des autres unités constituantes de la 17e Division.
On pourra retrouver le report de cette cérémonie sur le Journal de Marche et Opérations de la 17e Division d'Infanterie et sur ceux des unités qui constituent la Division.
On notera que la 17e Division est loin de ressembler à celle qui partait en 1914. 3 Bataillons de Tirailleurs Sénégalais sont alors parties prenantes de la Division et le service Infirmier est assuré par des troupes américaines.

A cette occasion, une série de cartes postales a été édité par la société Selecta, retrouvez les dans le nouvel album:


http://indre1418.canalblog.com/albums/13_novembre_1918___aisne/index.html

Il existe au moins 4 autres cartes que j'ai repéré, mais que je ne possède pas (encore).

Dans cette série, on notera la présence de la carte représentant le monument dit de l'Orme de Montécouvé (aujourd'hui disparu) et ayant trait à la dernière grosse bataille de la 17e Division (23 au 25 aout 1918).

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12 avril 2015

Aout 1919: Le Retour du 90e RI à Châteauroux

Il est certains moments dont je ne peux me lasser. Alors que je l'avais découvert lors de sa présentation en 2005, je vous en avais fait fait alors part. La ville de Châteauroux, le site Ciclic.fr et la famille de M. Brimbal ont signé vendredi un accord de diffusion.

Voilà un moment important du Centenaire dans notre département. Je vous laisse découvrir le film des équipes Pathé réalisé à la demande de M. Brimbal alors propriétaire du cinéma de Châteauroux.

Il est possible de consulter et d'annoter le film sur le site de Ciclic.fr

 

Merci à la Ville de Châteauroux, à l'équipe de la Médiathèque.
Merci à la famille de M. Brimbal
Merci aux équipes CICLIC

 

Quelques photos et cartes issues de ma collection personnelle  ayant trait à cette journée

CHATEAUROUX - Fête du Retour du 90ème d'Infanterie 24 Août 1919
Dans l'attente du passage des troupes

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Le colonel Cambel et le drapeau passent sous l'arc de triomphe

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le défilé des enfants

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Le passage des mitrailleuses

 

11 avril 2015

Les données concernant l'Indre en 1418

Partant du principe que la compréhension des évennements qui se sont déroulés il y a 100 ans maintenant, ne peut se faire qu'au travers du partage des données, j'ai donc décidé de regrouper au sein de ce message d'entête mes relevés que j'ai entrepris depuis maintenant plus de 10 ans.

les données sont libres de droit et d'utilisation, merci simplement de citer vos sources.

Vous trouverez donc au travers de différents liens un accès aux données suivantes que je compléterai au fur et à mesure:

à suivre ...

 

N'hésitez pas à commenter pour améliorer les données et les outils.

9 avril 2015

Une sacrée trouvaille, mais de sacrés doutes.

Au sein de l'armée, l'étendard, le drapeau de l'unité est certainement le point central autour duquel les soldats, les sous-officiers et officiers se retrouvent. Ainsi, chaque régiment d'infanterie a le sien. On retrouve ainsi un drapeau pour le régiment d'active, un pour la réserve et un pour la territoriale.

Le 24 aout 1919, lors des fêtes liées au retour du 90ème à Châteauroux, nous eûmes l'occasion de voir pour la dernière fois les 3 drapeaux des 90, 290e RI et 65e RIT. Ils avaient été réunis pour l'occasion et heureusement, les opérateurs Pathé réalisèrent un film qui est maintenant en dépot à la Médiathèque municipale de la ville de Chateauroux. En voici une capture d'écran:


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Capture écran du film propriété de la ville de Chateauroux

En 2014, le ministère de la Défense avait entrepris une opération de communication et de commémoration autour de la thématique "Une ville, un soldat, un drapeau". Pour cette occasion, il avait donc été proposé de sortir des réserves les anciens emblêmes 14/18. Malheureusement pour notre département, malheureusement pour Châteauroux, le drapeau du 90ème (Seul restant dans les réserves, seul survivant de cette époque) n'était pas sortable. Son état n'autorisait pas une exposition lors d'une céremonie.Nulles traces d'ailleurs des drapeaux des autres régiments du département: 68, 268e RI et 66e RIT.

Une acquisition récente me fait entrapercevoir un nouvel élement de la réprésentation des unités. Dans chaque régiment, se trouvaient des fanions liés soit aux bataillons, soit aux compagnies.

Voici donc le fanion du 4e bataillon du 268e RI:

 

RI268_Fanion4eBataillon_Recto_1


La première question lorsque vous trouvez un cliché est: S'agit-il de la bonne unité? Seul un scan précis permet de s'en assurer. En réalité, 3 éléments précis sont nécessaires pour parfaire l'identification.

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Quels sont ces 3 éléments?
Commençons par le fanion: Celui-ci indique "268e", 4e bataillon, "Patria". On peut deviner qu'il s'agit en réalité de "Pro Patria" et que ce doit être la devise du 4e bataillon du 268e régiment.
Le 268ème est confirmé par les numéros de pattes de col du soldat. Cependant, s'agit-il d'un régiment d'infanterie? Un 268e Régiment d'artillerie existait. Les boutons de la veste confirme le régiment d'infanterie, on devine (le mot est faible) des grenades sur la partie bombée. Nous sommes donc en présence d'un 268e RI.

Sélection_003
Exemple de boutons d'infanterie
A noter la représentation de grenade

S'il s'agit d'une unité d'infanterie, s'agit-il du 268e RI ou du 268e RIT? Et oui, car pourquoi faire simple lorsque l'on peut faire compliquer. Cela se complique particulièrement, car c'est là qu'intervient le verso de la carte.

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Le cachet de la poste laisse apparaitre "AVRANCH" le 26 juillet 1917 (16h45), vraisemblablement, il s'agit donc de la date et l'heure d'arrivée au bureau de destinataire.
La carte est donc annotée: "1917 Manspach Alsace"

Là, tout se complique et les certitudes tombent.
Point de 268ème RI dans ce secteur, à la date du mois de juillet 1917, ce régiment est alors dans le secteur de la route 44, dans l'Aisne.
Pourrait-il s'agir du 268e RIT? ... Pas de chances, ce régiment territorial est dissous depuis le 7 février 1917.

Le mystère reste donc entier pour l'instant, en attente d'un nouvel indice qui permettra alors de comprendre le mystère du fanion du 4e bataillon du 268e.

Sources: Collection de l'auteur

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8 avril 2015

Les cuistots du 290e RI

 Extrait du témoignage du Colonel Eggenspieler, chef de corps du 290ème RI, voici le report d'une scène de vie du front concernant un sujet d'un élément essentiel de la vie du régiment. Les cuisines.
Le cuistot, adulé ou bien maudit, est un des éléments essentiels de la vie du combattant.

Mœurs de cuistots.
Tout en prenant l'air sur le pas de la porte du P.C., j'eus l'occasion d'observer les mœurs des corvées de soupe. Quand l'heure approchait, je voyais de loin une file indienne s'amener tranquillement à travers la campagne. Une autre file, marchant en sens inverse, s'amenait de l'autre bout de l'horizon. Tous les jours, les deux files se rencontraient au même endroit. A ce moment, on posa les ustensiles de cuisine à terre, on forma le cercle et on bourra une bonne pipe. Les pipes allumées, on passa à la partie sérieuse de la rencontre, c'était l'échange des nouvelles. Ceux des tranchées racontaient les malheurs de la nuit, ceux des cuisines racontaient les derniers tuyaux du commandement ou de l'arrière. Les fameux tuyaux de cuisiniers n'étaient pas toujours si mal fondés qu'on pouvait le croire. J'y reviendrai plus tard.

L'échange des nouvelles terminé, chaque corvée reprenait ses marmites et s'en allait : l'une vers l'avant, l'autre vers l'arrière. Il arrivait quelques fois que le conciliabule était dérangé par les obus indiscrets des Allemands. Alors les cuistots ramassaient précipitamment leurs ustensiles et déguerpissaient au plus vite. Ce jour-là, les tuyaux étaient remplacés par l'histoire des obus qui les avaient pris dès la sortie du bois et qui les avaient suivis jusqu'aux cuisines.

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Boussin (à droite), revenant des "cuisines" du 290e RI, apporte la soupe en 1ère ligne
(Février 1915 - secteur du bois du Polygone)


Il arrivait que, dans leur fuite, les cuistots semaient le long du chemin une partie du contenu de leurs ustensiles. Il n'y avait pas de mal si, à l'arrivée, le déficit portait sur une denrée non appréciée, mais si, par malheur, il portait sur le pinard ou le jus, alors le malheureux porteur en prenait pour son grade. Malgré toutes ces avanies, il était rare que le cuistot rendit son tablier. Le lendemain, on le revoyait cheminer philosophiquement le long de la même piste que la veille. C'est qu'il avait la vocation de ses fonctions. Au front, comme dans la vie ordinaire, il y avait des vocations pour toutes les besognes. Et comme en temps de paix, il était heureux qu'il en fut ainsi.

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L'arrivée de la 1ère roulante au 290ème RI, 1915

Sources:
"Le 290e, un régiment de réserve du Berry" colonel Eggenspieler - Bourdier Paris 1932
Albums du 290e RI - collection de l'auteur.

 

2 avril 2015

2 avril 1915: Welcome to the relieving troops.

Ce jour, le 2 avril 1915, le 90e RI quitte les Flandres et les 1ères lignes de Zillebeke, il est remplacé par les troupes britanniques.
Voici ce qu'en rapporte le capitaine Carpentier:

2 avril - Nous devons être relevés par les Anglais. Les Allemands n'en ignorent rien d'ailleurs. Ce matin un écriteau sortait de leur tranchée avec ces mots: "A quand la relève des Anglais?" A minuit la compagnie anglaise qui doit me relever arrive derrière un  interprète.
Le lieutenant qui la commande, un splendide gaillard, extrèmement chic, parait moins étonné de l'extrème simplicité de mon gourbi que de l'apparence brousailleuse du commandant de compagnie, moi-même. Depuis sept jours dans ce trou, sans soins de propreté, avec une capote dans l'état où les tranchées de l'Yser nous les mettaient, je devais évidemment avoir plutôt l'air d'un bandit de grand chemin que d'un officier de l'armé française. Nous nous entendimes d'ailleurs fort bien; il parlait très correctement français.

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La relève au 268ème RI, en mai 1915 - Secteur Het-Sas

Ses hommes sont éreintés. Il y a de quoi. Ils ne seront pas ravitaillés d'ici quatre jours, aussi apportent-ils munitions et victuailles pour ce laps de temps. Ils sont d'ailleurs fort bien équipés. Je leur ai laissé un sergent pour vingt-quatre heures de façon à leur faire connaitre le secteur.

Lorsque les Allemands, le lendemain, s'aperçurent de la substitution, ils dirigèrent sur les nouveaux occupants un violent tir de bienvenue. Obus, minenwerfer, rien n'y manqua.

Le 90ème RI fut alors dirigé progressivement vers Loos en Gohelle où il participera à l'attaque du 9 mai 1915, au sein de la 17e Division.

Source témoignage: Général Marcel Carpentier - Un cyrard au feu - Berger-Levrault 1963
Source iconographique: Albums du Lieutenant Jabien -268ème RI - Collection de l'auteur

27 mars 2015

Avril 1915, l'usure de la troupe

"Usure de la troupe. - Il y avait en moyenne quatre à cinq hommes mis hors de combat par jour, soit de quinze à vingt par période de tranchée de quatre jours. Il y avait le même nombre d'évacuations pour la même période. Le régiment perdait donc de trente à quarante hommes par semaine dans un secteur où il n'y avait plus d'attaque. On s'explique donc l'appel incessant des unités combattantes à leurs dépôts, et l'énormité de la circulation entre l'intérieur et le front, dans un sens comme dans l'autre. Dans les trois mois de séjour au Bois du Polygone, il est arrivé environ 1.200 hommes au régiment. Ces hommes provenaient de tous les dépôts de la 9ème Région, ce qui a modifié passablement la composition initiale, berrichonne du régiment."

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2 soldats du 290ème RI, secteur d'Ypres - Printemps 1915

"Les renforts arrivaient habillés et équipés de neuf. Ce sont eux qui ont amené les premières culottes de velours. Pour commencer, elles n'avaient pas de passe-poils, elles pouvaient donc être considérées comme des effets civils. On a craint que les Allemands, en faisant prisonniers des hommes portant des culottes civiles, ne les considérassent pas comme des combattants et les fusillent. Les Allemands après tout, étaient bien capables de chicanes de ce genre. On a alors vivement recommandé aux hommes de munir leur culotte de passe-poils avant d'entrer en ligne. Je ne me rappelle pas comment ils s'y sont pris pour exécuter ce travail. Je crois bien qu'ils n'ont rien fait du tout."

Sources:
Colonel Eggenspieler - Le 290e RI, un régiment de réserve du Berry
Collection photo de l'auteur.

24 mars 2015

Eugène AUBARD Un territorial dans la Grande Guerre (1918)

Le journal d'un pépère
du 65ème Régiment d'Infanterie Territoriale
Année 1918

Janvier 1918

le premier
Je vais à la visite pour mal à un œil.

Le 2
Je suis dirigé à Noyon, l’oculiste me donne un billet d’hospitalisation, je couches à Villequier

Le 3
Je retourne au fort prendre ce qui m’appartient. Je reprends l’auto à Liezt et de l’ambulance de Villequier je suis dirigé à Noyon à l’ambulance 3/8 où je reste jusqu’au 23 janvier


Une CPA envoyée à son fils Camille le 6 janvier 1918

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6 janvier 1918
Mon cher Camille
J'ai bien reçu ta belle carte du jour de l'an mais à présent je serais quelques
temps sans recevoir de vos nouvelles ce qui est le plus ennuyeux. Pour moi,
tu sais ça vas assez bien. je suis plus heureux qu'aux tranchées. Je ne crains
plus le froid il as encore augmenter cette nuit mais le poele réchauffe bien. Tu
n'as pas chaud, à partir de si bonne heure. je suis sûr que les clous des souliers
ne sont pas à la noce à glisser tous les jours c'est vrai que ça réchauffe les
pieds. bonjour à toute la famille et reçois les meilleurs baisers de ton papa,
qui songe toujours à vous tous.
Eugène
Ambulance 3/8 secteur 164

Le 23
Je suis évacué sur l’intérieur, départ de Noyon par le train sanitaire. A Compiègne on complète le train, à Creil nous mangeons et repartons à 7 heures du soir. Nous passons par Achère, Chartres, Le Mans, Laval où nous buvons le café. Rennes, la soupe. Départ à 11 heures, Vitré, St Brieuc, Guigamp, Morlaix, Landerneau

Le 24
Arrivée à Brest par l’arsenal à 6 heures du soir et dirigé sur l’Hôpital Maritime.

 

Une CPA envoyée à son fils Camille le 24 janvier 1918

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24 janvier 1918
Hôpital Maritime Salle 1 bis
à Brest (Finistère)
Mon cher Camille
Le docteur m'as visité hier soir. C'est la même chose qu'à Noyon on as
commencer par me donner (?) de l'atropene (?) pour faire grossir la
prunelle. Je suis passer à la  Causpie (?) et je vais sans doute y repasser
ce soir. Tu parles d'un grand hôpital et si c'est bien tenu. On se lève à
7 heures et on se couches à 7, c'est régler. Il y a des mousses qui viennent
à la visite qui ne sont pas plus grand que toi. Quand je sortirai, j'irai voir les
bateaux nous sommes tout près du port mais je suis au rez de chaussée et je
ne vois pas loin. Ce soir, je vais aller au concert passer un petit moment.
Tout ça mon pauvre vieux ça ne vaut encore pas le pays, vivement qu'on
y retourne. J'aurais préférer rester à Noyon. Au revoir mon cher Camille
bonjour à toute la famille. ton papa qui t'embrasse bien fort.
Eugène

 

Mars 1918

Une CPA envoyée à son fils Camille le 18 mars 1918

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18 mars 1918
Mon cher Camille
J'ai fait bonne garde hier quoiqu'elle a été un peu longue les trains de
permissionnaires avaient du retard et on s'est coucher ce matin à quatre
heures. je dormirai mieux la nuit prochaine. Quel beau temps, les gelées
sont passées un peu d'eau aurait fait grand bien pour faire lever la graine
et la marsèche. La santé est toujours bonne j'espère et que tu te seras bien levé
ce matin.  Les oiseaux vont chanter le matin et tu trouveras le chemin moins
long. Au revoir mon cher Camille bon courage et bonjour à tous
Ton papa qui t'embrasse bien fort
Eugène.

 

Annexes

A la fin du carnet des adresses de mobilisés:

Aubard Jean Baptiste
9eme escadron du train
25e corps territorial
Secteur Postal 1884

Piraud Henry
9e escadron du train
1ere section
C.A  (illisible)
Secteur 64

Jean Lamamy
290eme de ligne
17eme compagnie
secteur 166

Bernardet Georges
95eme d’infanterie
30eme compagnie
6eme section
à Marmagne (Cher)

23 mars 2015

Eugène AUBARD Un territorial dans la Grande Guerre (1917)

Le journal d'un pépère
du 65ème Régiment d'Infanterie Territoriale
Année 1917

Janvier

Le 29
Départ à 17 heures par Villers–Franqueux, Bouillon où nous couchons dans une cave. Température très froide neige et routes couvertes de verglas.

Le 30
Départ pour Coulommes la Montagne par Merci, Chenaux, Chalons sur Vesle, Muizon, vrigny. Arrivée à 10 heures. Pain et vin, gelées, couchons dans un grenier

Le 31
Neige et froid. Nous montons en camions et nous allons cantonner à Perles par Jonchery et Fismes. Nous couchons encore dans un grenier ouvert à tous les vents et continuation du froid

 

Février 1917
Le thermomètre se tient entre 10 et 18 en dessous de zéro. Nous allons travailler entre Bazoches et Courcelles à 7 kilomètres à une ligne de 0m60 : Nous allumons des feux pour dégeler le pain et le vin quand nous en avons, sans cela impossible de manger. La neige fond un peu au soleil.

Le 13
Je reste de garde, je suis relevé le 13 à 11 heures, toujours très froid.

Le 16
Départ pour le 4eme tour de permission par Fismes, et retour à Perles le 27

 

Mars 1917

Jusqu’au 30
Travaux soit à Bazoches ou vers Longueval, bombardés quelques fois

Le 31
Départ pour Epitrey par Bazoches, Braines et Couvrelles, encore des obus en route.
Mois très froid, neige, pas une fleur

 

Avril 1917

1er et 2
repos, je suis versé à la 7eme compagnie.

Le 4
Marche par Serches, Jury. Pluie et neige

Du 5 au 15
Repos en alerte et continuation de l’hiver, neiges, gelées.

Le 15
Nous quittons Epritey à 23 heures et nous partons pour la grande offensive (6)

Le 16
Le matin nous arrivons un peu en avant de Braisne. Notre division est en réserve et comme la première attaque sur Chavannes échoue nous couchons deux jours dans une carrière vers Brenelle

Le 19
Départ à 4 heures par Cyr la commune et St Mard. Nous allons jusqu’à Soupir et ensuite nous revenons à Chavonne pour la réparation de la route vers Vailly qui est complètement détruite par le bombardement. Les effets sont terribles le terrain est tout bouleversé et les maisons rasées. Pour la première fois, je vois un champ de bataille. Les morts sont restés sur place, on continue à ramasser les blessés. Beaucoup de prisonniers. Le soir nous recevons l’ordre de retourner, nous avions tout emporté et très fatigués. Le mauvais temps continue et les chemins impraticables

Le 23
Départ pour Bourg et Comin par Vieil Arcy, nous couchons dans une péniche. Travail à la réparation des routes, la lutte continue sur le Chemin des Dames, très violente . Bombardés surtout la nuit. Nous y restons jusqu’au 11 mai

 

Mai 1917

Le 12
Départ à 4h du matin, nous allons coucher à Ciry Salsogne par Braisnes. Très chaud, arrivée à 11 heures

Le 13
Départ à 5h30, nous passons par Missy sur Aisne, Sainte marguerite, Bucy le long, Crouy et nous faisons la halte à Leuly. Toujours très chaud. Pays dévastés, arbres fruitiers sciés ou entaillés. Départ de Leury à 19h, arrivée à Crécy au Mont vers 24h

Le 14 mai
Nous couchons à la belle étoile dans un petit bois et nous y passons la journée. Départ pour les tranchées en avant d’Anizy à la nuit, arrivée à 24 heures. Nous prenons dans un bois par une nuit sombre, pas de tranchées ni d’abris, nous prenons aux avant- postes sur une petite route. Sitôt la relève deux blessés au poste voisin. Le lendemain pluie. Nous y restons jusqu’au 31 et pas heureux, mauvaise nourriture et insuffisante, service très dur, de garde toutes les nuits, souvent bombardés. Durant notre séjour la compagnie compte six blessés et quatre prisonniers.

Le 31
Relève à 22 heures et nous venons au repos vers Crecy au Mont. Nous logeons toujours sous la tente mais comme le temps est très chaud nous n’en souffrons pas .

Eugene Aubard en 1917
Eugène Aubard en 1917
A noter la présence de trois chevrons d'ancienneté (2 ans) sur la manche gauche.

Juin 1917

Le premier,
Repos, nous y restons jusqu’au 10 et nous allons travailler en première ligne toutes les nuits, trajet 12 à 14 km.

Le 10
Au soir nous retournons aux tranchées vers Quincy-Bas aux avant-postes jusqu’au 17

Les 17 et 18
Au travail et patrouille

Le 19
A la visite et je suis envoyé au repos au Paradis près de Crécy. J’y reste jusqu’à la relève qui a lieu le 23

Le 24
Nous montons en autos à 3 heures, arrivée à Fontenoy par Loeuilly, Vaurope, Cuffies, Pommiers, Osly à cinq heures.

Le 25
Repos

Le 26 et le 27
Au travail à Osly pour sortir les décombres des maisons qui peuvent se réparer

Le 28
Départ pour le 5eme tour de permission. Je prends le train en gare d’Ambleny Fontenoy à 9 heures par Compiègne, Creil et Survilliers où nous changeons de train

 

Juillet 1917

le 8
retour du 5eme tour de perm par Voisy, Pantin, Ory la Ville, Compiègne. Arrivée à Fontenoy à 19 heures

le 9
départ pour Osly ou je travaille pendant deux jours à la réfection des maisons détruites

le 12
départ pour Leury par Tommiers-Cuffies, Vauxropt arrivée à 23 heures

le 13
au travail à 7 heures au pavage d’une piste en bois pour camions et au déchargement des munitions.

Le 18
Au tir au fusil mitrailleur à Osly

Le 22
Départ à 20h pour les tranchées, nous faisons une partie du chemin en autos, arrivée à 24 heures très chaud faut patauger dans la boue, en arrivant  je prends la faction au fusil mitrailleur

Les 23 et 24
Forte chaleur

Le 25
Fort orage

Le 26
Temps couvert, assez calme et malgré que je suis revenu au même endroit le service est moins dur et la nourriture meilleure, j’y reste jusqu’au 2 août. A partir du 28 jusqu’au cinq pluie tous les jours

 

Août 1917

Du 2 au 6
Un peu en arrière et je fais des travaux

Le 6
Au soir je reviens à un nouveau poste sur la route d’Anizy

Le 7
Bombardement, un fusil mitrailleur de cassé par un obus qui n’éclate pas

Les 8, 9 et 10
Toujours quelques obus sans accidents

Le 11 août
Des grenades

Le 13
Relevés à 24 heures au pont de la Glorie nous montons en autos et descendons à Fontenoy

Le 16
Départ  à 4 heures par Roches, Autreche, Morsains, Andignicourt et nous couchons à Blerancourdelle. Pays ruiné

Le 17
Départ à 4 heures par  Le Fresne, Camelin, Cuts, Brétigny et nous couchons à Mondescourt. Tous les villages que nous traversons ont été épargnés les champs bien cultivés et les arbres chargés de fruits comme j’ai vu rarement.

Le 18
Départ à 5h et demie. Les arbres sont encore épargnés mais les villages détruits , notamment Bethancourt dont toutes les maisons sont sautées ou brûlées et nous couchons à Cung le Gay. Le pays a un peu moins souffert, nous y restions deux jours.

Le 20
Départ à 1 heure par Villequier au Mont arrivée à Rouez à 3 heures

Le 21
Déchargement

 

Septembre 1917

 ………  retour de la 6eme permission

 le 3
départ de Mers à 9 heures, je prends le train de 14 heures à Chateauroux

le 4
à 1 heure arrivée à Ory la Ville, changement de train, arrivée à Albicourt à 6 heures et à Villequier au Mont à 7 heures et demie
ma compagnie est toujours à Rouez et occupée aux mêmes travaux.

Le 8
Je suis évacué à l’ambulance de Villequier et de là dirigée en autos sur l’hôpital de Noyon

Le 9
Départ pour le centre de prothèse dentaire de St Just, changement de train à Creil et arrivée à St Just à 16 heures

Le 10
A 7 heures au travail, confection des lits

Le 13
Le dentiste prend les empreintes pour mon appareil

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Une CPA envoyée à son fils Camille le 13 septembre 1917

13 septembre 1917 17 heures
Mon cher Camille
Comment allez-vous? C'est terriblement long d'être si longtemps sans
avoir de vos nouvelles. Ton doigt est il guéri et la Bichette est elle raisonnable.
Je viens de manger le plâtre et la cire. J'ai bien trouver le temps long. J'en
suis débarrasser pourvu que je puisses me servir de mon appareil. Ce soir,
est arriver un autre camarade du 65, il couches dans la même baraque. Celui-ci
est de Seine et Oise. Je suis toujours en bonne santé, mais j'ai envie de
consulter le médecin au sujet de mon oeil à présent que l'empreinte est prise.
C'est tout ce que j'ai à te dire. Bon courage pour les pommes de terre et les vendanges.
Ton papa qui t'embrasse bien fort
Eugène

Le 23
Je reçois mon appareil

 

Octobre 1917

Le 5
Je suis dirigé sur Le Bourget au dépôt des isolés.

Le 6
Je repars à 18 heures pour Creil au dépôt des isolés encore et j’y reste la journée du dimanche 7

Le 7
Le soir à 6 heures départ par la pluie . Bien trempé en route  pour Flavy le Martel dans le train de ravitaillement par Montdidier, Ham, Vesle . Je passe la nuit dans le wagon.

Le 8
A 7 heures je monte dans une voiture de ravitaillement, je me rends à Villequier et de là à Tergnier.

Le 9
Je vais au travail la nuit charger des cailloux ou des briques. Pays détruit complètement ainsi que les pays voisins
Fragniers, Quécy, Vouel, etc.…
Nous ne sommes pas éloignés des lignes mais c’est tranquille, quelques obus la nuit et c’est tout.

Le 15
Quelques marmites tombent au moment du repas du soir, pas loin mais sans causer d’accidents
Jusqu’au 21 même travail

Le 21
Les soir départ pour Rouez où je reste jusqu’au 23 novembre.

 

Novembre 1917

Le 23
A une heure et demie départ pour Remigny où nous arrivons vers cinq heures et demie

Les 24 et 25
Repos. Tempêtes, pluies, mal logés, pays complètement ruiné, les arbres sont tous coupés et les maisons sautées. Pendant deux nuits nous allons travailler vers Moy aux boyaux

Le 28
Au soir départ pour Tergnier

Les 30 et 1er décembre
Au travail sur les routes de Farnier, Quessy, Liez. Nous comblons les trous d’obus car les routes ont été bombardées pendant 24 heures.

 

Décembre 1917

Le 1er
A notre arrivée au travail nous recevons l’ordre de nous préparer pour partir aux tranchées à 7 heures. Nous arrivons à Travecy vers 10 heures salués par quelques obus sans accidents. Nous prenons aux avant postes en avant du village sur les bords de l’Oise non loin de La Fère. Tous les jours le pays est bombardé. Temps froid.
La 1ere faction se prend du soir à 4 heures et demie jusqu’au matin à 1 heure et la 2eme de une heure jusqu’au jour

Le 16
Départ pour la 7eme perm, je suis averti à 18 heures. Je quitte Travecy à 19h après des tours et détours ne connaissant pas les routes. La neige commence à tomber à Farniers et en arrivant à Abécourt la couche est déjà épaisse . Je passe par Tergnier, Viry, Chauny et Ognes.

Le 17
Départ d’Abécourt à 2 heures, arrivée à Chateauroux le soir à cinq heures avec du retard, la correspondance de La Châtre est partie, je couche à Argenton et j’arrive le 18 à 11 heures. Neiges et froid pendant ma permission

Le 29
Je repars à 6 heures du soir par un temps très froid

Le 30
A 7 heures du soir arrivée à Abécourt, coucher à Villequier

Le 31
Une tournée à Rouez chercher les sacs et je rejoins ma compagnie à dix km de là au fort de Liezt. Je passe par Faillouêl, Frière, Mennessis et Liezt.

 

L'année 1918

 

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